AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 1320 notes
Khalil signifie « ami intime, confident, le préféré ou encore le bien-aimé ».

Tout de suite, on y est.
L'incipit nous place dans la tête du narrateur de ce récit, à bord d'un véhicule aux côtés de trois autres kamikazes belges, en route pour le stade de France.

En route pour l'horreur ! Les séquelles post-traumatiques du 13 novembre 2015 sont encore bien présentes dans tous les esprits.
Allah nous accompagne : « il avait suffi d'un soupçon d'éveil pour déloger le Malin qui squattait mon esprit ».
Yasmina Khadra nous invite donc dans le monde des addictions. Ici, la religion sera l'opium de cette jeunesse.
Tous les effets de la drogue sont là : action sur le psychisme des individus, amollissement sédatif et analgésique de leur raison. Mais …
Mektoub !
Oui le destin veille, nous rendant ainsi témoin de la narration pour comprendre qu'est-ce qui peut bien pousser des jeunes gens à choisir ce chemin de la lutte armée … jusqu'au son propre meurtre ?

Khalii va donc tout nous dire sur sa dépendance.
Il a poussé comme une herbe folle sans éducation (« la morale n'était pas le rayon de mon père) sans un amour maternel tel celui reçu par son ami d'enfance Rayan.
A l'adolescence, il se sent complètement à la marge, rejeté « j'étais la lie de l'humanité ».
Ainsi sont nées ses frustrations et l'envie de montrer à cette société que la marge fait aussi partie du cahier !

Tout comme le libéralisme fait de l'argent avec ses déchets, la mosquée l'a recyclé comme l'ordure qu'il va devenir. Intouchable rebut, l'islam lui donne une visibilité lui rendant le respect qu'on lui a confisqué jusqu'alors.
Peu à peu, les imams et autres émirs recruteurs ainsi que les frères (la Fraternité du rebut) vont s'appuyer sur cette insatisfaction existentielle pour y développer une dimension paranoïaque, lui permettant de trouver, par un harcèlement présentiel permanent, une spiritualité qui le rassure et donne du sens à sa vie. Une simple technique d'isolement du reste de la société pour se regrouper au sein d'une fraternité uniquement guidée par une foi prosélyte dans le changement radical de cette société libérale du rejet.

Mener des actions violentes devient alors le seul moyen pour instaurer un climat de peur, de panique qui doit permettre de rapidement modifier la conscience des populations. Ce qui n'est en fait qu'une altération en profondeur du système.
Khalil, convaincu (en deux mots, imbécile!) finit par adhérer à ce dogme. Conviction délirante, psychotique, mégalomaniaque.

Mais voilà. Nouveau rejet, la Mort n'a pas voulu de lui.
Jusqu'au bout, Yasmina Khadra nous suspend à la dimension d'une possible rédemption, nous rendant, de ce fait, son personnage un peu plus attachant.

Un livre dur qui terrifie, qui empêche la circulation du sang dans les veines.

Cinq étoiles.


Ancelle, le 25 avril 2024

Commenter  J’apprécie          66
Khalil faisait partie des terroristes du 13 novembre 2015. Il devait se faire sauter dans une rame de RER, parmi les personnes qui fuyaient le Stade de France ensanglantés par ses comparses. Lorsqu'il presse le bouton-poussoir de sa ceinture piégée, rien ne se passe. Cette défaillance sauve la vie aux passagers, déjà traumatisés par le reste des évènements de cette tragique soirée.
Khalil, quant à lui, doit trouver un moyen de fuir la capitale française pour regagner la Belgique. Il a grandi à Molenbeek, quartier de Bruxelles désormais tristement célèbre pour être l'une des plaques tournantes de l'islamisme en Europe. Nous suivons Khalil dans ses péripéties des semaines et mois suivants, ainsi que dans le fil de ses souvenirs.
Yasmina Khadra nous invite donc, dans ce roman, à nous glisser dans la peau d'un terroriste. Cet écrivain est un adepte des sujets épineux et c'est aussi en cela qu'il plait. Je dis "aussi" car Yasmina Khadra, c'est avant tout une plume envoûtante. Dans ses livres, le fond intrigue et la forme impressionne. Mais revenons à Khalil... On voit ça d'ici : le milieu socio-culturel défavorisé, le décrochage scolaire, le père peu présent, le sentiment d'être rejeté par la société dans laquelle il vit... En somme, le "ouin ouin" habituel dès qu'on essaie d'envisager ce qui pousse ces jeunes à devenir des tueurs. L'intégration, ça ne tombe pas du ciel, il faut s'en donner les moyens et ce n'est certes pas en séchant les cours et en ne faisant rien de ses dix doigts que Khalil pouvait s'attendre à devenir autre chose qu'un antisocial, un de plus. Ces petits bons-à-rien sont ensuite des proies faciles pour les réseaux de fanatiques.
On voit ça d'ici, donc, mais je m'attendais à ce que Yasmina Khadra tourne cela d'une façon magistrale. Or, cela n'a pas été le cas. Autant j'avais été touchée par l'épouse du chirurgien dans L'attentat, autant Khalil m'a laissée de marbre. Il est antipathique au possible, drapé dans ces petites certitudes et ces idées étriquées de ce que sont le bien et le mal. "Grâce à ma religion, je vaux bien plus que vous", semble nous dire ce salopard qui cache en réalité une énorme fragilité narcissique. Même son affection pour sa soeur Zahra, autrement plus méritante que lui, ne m'a pas émue. Peu avant la fin du livre, il donne l'air d'avoir un sursaut de clairvoyance et envisage un scénario de suicide. Aussi, quand on apprend que l'attaque de Marrakech a été déjouée suite à un signalement anonyme, je me suis demandée si Khalil n'en était pas à l'origine. Évidemment, l'auteur ne nous donne pas la réponse. Nous ne saurons pas si le jeune homme a fait volte face.
Comme vous l'aurez sans doute compris, j'ai été déçue par ce roman. Probablement, je ne serai plus jamais charmée autant qu'avec Ce que le jour doit à la nuit qui est, selon moi, la meilleure performance de Yasmina Khadra, mais tout de même je m'attendais à un personnage bien moins creux que ce Khalil.
Commenter  J’apprécie          80
Khalil est prêt. Aux côtés de ses trois frères, il se rend au Stade de France. En cette soirée du vendredi 13 novembre 2015, ils ont une mission : faire le maximum de morts. Avant d'actionner sa ceinture d'explosifs, Khalil traîne dans les rues de Paris ; les terrasses sont noires de monde, les gens se pressent pour regarder le match. Et puis le monde bascule : « Paris, Ville lumière. Qu'un seul de ses lampadaires s'éteigne, et le monde entier se retrouve dans le noir. »

« Khalil » est un roman écrit par Yasmina Khadra et publié 3 ans après les attentats du 13 novembre 2015. S'inspirant de ces événements, l'auteur nous immerge dans le monde intérieur de Khalil, le kamikaze, et s'efforce de répondre à deux questions : qui est-il ? Comment en est-il arrivé là ? Pour ce faire, il adopte le point de vue narratif du jeune homme, en première personne du singulier, afin que l'immersion soit plus complète.

Et le résultat est d'un réalisme glaçant. Pièce après pièce, Khadra reconstitue l'entrelacement des faits et ressentis qui amènent Khalil au moment du 13 novembre et au lieu du Stade de France. Il analyse de manière implacable et dérangeante la mécanique de l'endoctrinement, puis de la radicalisation. Sous sa plume, Khalil quitte ses oripeaux de monstre pour prendre forme humaine. Donner à comprendre n'est bien sûr pas cautionner l'horreur, mais tenter d'en cerner les contours : l'humiliation vécue au quotidien par Khalil, l'exclusion et le racisme, l'avenir sans horizon. Dans ces circonstances, être reconnu par un autre comme quelqu'un, un personnage qui a une légitimité est un trésor inestimable ; même si cela exige bien des sacrifices, jusqu'à sa propre vie.

Sous la plume de Yasmina Khadra, Khalil devient un personnage complexe qui suscite autant d'émotions ambivalentes : dégoût, répulsion, pitié, mais aussi un certain attachement. Et une question taraude le lecteur : pourrait-il basculer, vers un autre horizon ? Un trait de lumière pourrait-il éclairer autrement ces oiseaux de malheur, porteurs de toute la noirceur dont le monde est capable, leur donner d'autres possibles que la destruction ? « Khalil » est un roman dérangeant et bouleversant, d'une justesse glaçante.
Commenter  J’apprécie          70

Khalil est le genre de bouquin que l'on ne veut pas poser avant de l'avoir terminé, que l'on veut lire d'une traite, sans reprendre son souffle. Il m'a happé du début à la fin.

Il conte l'histoire de Khalil, terroriste du 13 septembre 2015, dont la ceinture d'explosif n'a pas fonctionné. le roman est écrit à la première personne, et se situe autour des attentats du 13 septembre 2015. Cet encrage dans un événement réel et cruellement marquant place le lecteur au plus près du personnage, chose rare s'agissant du terrorisme. le pari est réussi : la proximité est percutante en ce qu'elle humanise la figure bien trop abstraite du « terroriste ». le livre traite avec brio le processus insidieux d'endoctrinement, la manière dont la psychologie du sujet peut basculer vers la radicalisation, comment ce processus remet en question les certitudes, utilise les doutes, les faiblesses, la solitude et le mal-être pour implanter une nouvelle idée, qui finit par étouffer toutes les autres.

Khalil n'a pas eu une enfance simple: ses relations avec son père étaient difficiles, il ne ressent que de la pitié pour sa mère, le racisme à peine voilé de la société belge lui a fait ressentir très tôt sa différence, et un énorme sentiment d'injustice gît en lui. Cette existence pleine de désillusions fait de Khalil une cible parfaite : il trouve une nouvelle famille, des « frères » sans lesquels il ne se voit plus vivre, trouve des réponses à ses interrogations, une justification à son mal-être, une solution à sa tristesse.

«Arrivé à ce stade de lévitation, il n'y a plus de marche arrière. On retirerait un seul écrou que toute la charpente s'effondrerait - et qui voudrait voir l'échafaudage de son mausolée se disloquer ?»

La psychologie du personnage est excellemment bien traitée par l'auteur, mais certains points auraient peut-être pu être approfondis : [/masquer] pourquoi la ceinture n'a pas marché ? Qui est la dénonciation anonyme déjouant l'attentat projeté à Marrakech ? et certains personnages manquaient un peu d'épaisseur à mon goût. [/masquer]
Commenter  J’apprécie          10
Et si nous plongions dans la tête d'un terroriste ? C'est ce que nous propose Yasmina Khadra dans ce court roman, et il fallait tout le talent de cet auteur, pour réussir ce pari délicat.
Nous suivons Khalil, jeune belge, vivant à Molenbeeck, issu de l'immigration marocaine, qui comme beaucoup d'autres subit sa vie plutôt que de la vivre.
Allant de désillusions en mauvais coups, il traine avec ses amis d'enfance, sans avenir, sans réelle envie.
Une proie facile pour les recruteurs qui guettent de nouvelles proies pour accomplir les actes qu'ils prêchent mais ne sont certainement pas prêts à commettre eux-mêmes.
Mais entre adhérer à cette doctrine et passer à l'action, il y a un fossé à franchir et quand, en plus, le destin s'en mêle ...
Il est tellement facile de juger et beaucoup plus difficile de comprendre, et je pense que Monsieur Khadra a tout compris.
Commenter  J’apprécie          60
C'est un superbe livre.

Durant toute cette histoire, la facilité à se mettre à la place des personnages et de tout ce qui entour, cette histoire est incroyable.

cela explique aussi comment le destin d'une personne peut basculer d'un sens, comme dans un autre. la vie est une question de détail, de choix et d'opportunités, une belle leçon de vie ce livre.

C'est un livre qui se lit tellement vite, grâce à l'immersion que l'auteur nous permet de s'immerger.
Commenter  J’apprécie          10
Depuis le temps que j'entends parler de cet auteur, je suis contente d'avoir enfin lu un de ces livres, et surtout d'avoir apprécié sa plume.
Bien que le roman soit relativement court, je l'ai trouvé bien développé, autant l'histoire que les personnages.

J'avais quelques appréhensions concernant l'intrigue, mais finalement, ça n'a pas été aussi badant que je le pensais, compte tenu du sujet abordé.
Au-delà de l'histoire de Khalil, l'auteur aborde aussi des sujets importants.
Un roman intrigant et édifiant.
Commenter  J’apprécie          50
Ayant été intrigué par l'auteur dont j'entendais le nom citer plusieurs fois régulièrement, décrit comme un excellent auteur, je m'attendais à beaucoup. Pourtant j'en ressors plutôt déçue.

D'abord, je n'ai pas su accrocher à la plume de l'auteur, sauf à certains moments qui étaient joliment poétiques. Pourtant, ces moments poétiques ne collent pas au personnage principal Khalil, ce qui perturbe énormément.

Enfin, je trouve quand même le livre assez intéressant. On arrive a s'immiscer dans la tête d'un terroriste et à comprendre son raisonnement, surtout la manière dont il est manipulé ou victime de propagande et autres,…
Commenter  J’apprécie          20
Quelle audace, je ne m'attendais pas à ça. Plutôt à une exploration du passé de Khalil et des événements qui l'ont conduit à ce jour, mais c'est bien plus qui nous est décrit.
J'ai lu le résumé en librairie et ai tout de suite eu envie de lire le livre.

L'auteur s'est non seulement mis dans la peau d'un terroriste, chose très sensible, mais a élaboré une histoire qui l'a fait se remettre en question afin de nous en apprendre plus sur la psychologie d'un tel personnage qui pense être conscient et engagé. On se rend compte qu'il ne se comprend pas lui-même, vu la fin. C'est l'image de ces êtres qu'a Yasmina Khadra et qu'il a voulu nous transmettre.

Je trouve qu'il utilise pas mal d'expressions et de métaphores peu communes, ce qui ne va pas avec le langage moderne qu'il emploie.

Déjà qu'un récit fictif sur ce domaine soit difficile à lire, cette histoire est inspirée de faits réels, qui nous ont tous choqués, que nous avons suivis en direct.
C'est ainsi d'autant plus ardu car on essaie de comprendre l'incompréhensible. de comprendre l'état psychologique qui peut mener à de telles convictions.
De plus, c'est écrit à la première personne, et généralement, avec ce style de narration, on cherche à vivre le personnage et non à être un simple spectateur, ce qui va contre notre morale ici.

On s'engage sur un terrain miné, qui ne va pas plaire à tout le monde, mais c'est en partie à ça que servent les livres : découvrir de nouveaux mondes.

Ça reste donc une belle découverte, bouleversante bien sûr, sur un sujet osé, peu commun, bien écrit ; du Yasmina Khadra.
Commenter  J’apprécie          40
Que se passe-t-il dans la tête d'un kamikaze ?

Paris, 13 novembre 2015, un jeune jihadiste molenbeekois est déterminé à se faire exploser.

Comment en est-il arrivé là ?

Yasmina Khadra excelle comme toujours à nous dévoiler les coulisses de la radicalisation. L'analyse d'un embrigadement méticuleux et brutal. Sans excuser le comportement de ces kamikazes, il décrypte les raisons de leurs perditions qui reflètent les failles de notre société en matière d'intégration. Un sujet captivant et sulfureux que l'auteur manie avec habilité.
Commenter  J’apprécie          120





Lecteurs (2872) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres de Yasmina Khadra

Comment s'appelle le personnage principal de "Ce que le jour doit à la nuit" ?

Malik
Yousef
Younes
Mehdi

5 questions
229 lecteurs ont répondu
Thème : Yasmina KhadraCréer un quiz sur ce livre

{* *}