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3,92

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce court roman est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) : écrit comme une fable intemporelle, et pourtant doublement ancré dans l'Histoire de notre temps - celle à laquelle il emprunte cet épisode remontant au printemps 1942, plus ou moins inspiré par le personnage réel du roi du Danemark Christian X, et l'histoire de l'auteur, dissident russe, dont on se passait le livre sous le manteau, mais qui ne fut jamais publié dans son pays. La traductrice l'explique bien dans la postface.

J'ai rapidement pensé au Danemark à l'évocation de ce petit royaume inutile, figé dans le froid et dans ses traditions séculaires, qui avait gardé une position neutre à l'égard du Reich (cherchant à éviter le sort de la Pologne). L'auteur mentionne le château d'Elseneur, et chez moi, ça a fait tilt : Royaume du Danemark, Hamlet. Il y a donc bien un roi du Danemark, mort en 1947, à qui l'on prête des faits de résistance aux Nazis, notamment cette légende - dont on sait pertinemment qu'elle en fut une - du Roi se promenant avec l'étoile juive fixée à ses vêtements. Il avait également l'habitude de cette promenade à cheval à heure fixe, l'"heure du roi" dans le roman.

Dès le début du roman, nous assistons de l'extérieur, sur un ton considérablement détaché, froid, chirurgical, à l'entrée des Nazis au Danemark, et à l'instauration du régime "concentrationnaire" de surveillance généralisée et de perte des libertés ; le tout donnant lieu à d'intéressantes réflexions sur l'acceptation insensible par les citoyens de la perte totale de leurs libertés, sous couvert de ne pas trop perdre de leur confort de vie (ce qu'ils croient). On se doute que, si le roman vise le IIIe Reich et Hitler nommément, le regard du lecteur ne peut que se tourner plus à l'Est, surtout à la fin des années 70. C'est une dénonciation de TOUS les mécanismes totalitaires, mais aussi de la résignation des masses, du renoncement aux moments décisifs où l'on pourrait encore dire non, quoique l'inutilité de certaines résistances soit également posée, surtout lorsqu'elle peut engendrer des représailles brutales sur la population qui n'en peut mais. Cela revient parfois, comme dit l'auteur, à se frapper la tête contre un mur (ce qui ne fait pas tomber le mur) ; il faut dès lors peser le pour et le contre et agir selon sa responsabilité.

Ainsi, comment le roi Cédric X, âgé de 70 ans, vit-il cette invasion, et ce rôle de marionnette qui lui est laissé comme une aumône ? Comment concilie-t-il sa véritable passion, la chirurgie, et l'exercice d'un pouvoir fantôme ? Que faire, lorsque ce pouvoir délirant des Nazis, et l'auteur ne mâche pas ses mots lorsqu'il en démonte les rouages, commence à mettre en oeuvre l'extermination de l'ennemi désigné, car ennemi il faut à ce type de pouvoir (et là, on pensera à la fable d'Orwell, La Ferme des animaux) ? Il me semble que le roman prend sa pleine densité à partir de ce moment, et lorsque des cauchemars ou des péripéties presque oniriques atteignent le souverain dans sa vie quotidienne, provoquant une remise en cause du monde réel, comme des bouffées délirantes exhalées de l'antre d'un monstre.

J'ai été en tout surprise par ce texte : d'abord, pour tout dire, je m'attendais complètement à autre chose : je croyais avoir affaire à un roman sur les échecs ! Ensuite, j'ai été dérangée par le ton clinique de cette oeuvre, ainsi que par le statut indistinct de l'auteur, dont on ne sait trop s'il se pose en témoin ou mémorialiste de cette histoire ; je n'arrivais pas à déterminer s'il s'agissait d'une fable purement fictive ou de réels faits historiques. J'ai oscillé entre l'impression de me trouver face à un morceau de bravoure digne d'un génie, et une certaine déception face à des creux moins réussis - ici je pourrais citer la paraphrase ou le pastiche de la propagande nazie anti-juive. Toutefois, d'une certaine manière, le récit parvient à une épure tranchante, et atteint la qualité d'un roman de Kafka, de par l'absurdité des situations. Il apparaît évident que le fil rouge de ce roman est le personnage de Don Quichotte, maintes fois évoqué derrière la silhouette dégingandée et quelque peu ridicule de Cédric X, et sa révolte inutile contre les géants. Mais ne vaut-elle pas mieux qu'une soumission triste ?

Je note ce livre 4,5/5 pour sa portée, et pour son utilité dans les heures politiques que nous traversons, je ne ferai pas de dessin...
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Boris Khazanov nous offre avec L'Heure du roi un court roman philosophique, parfaitement construit, où affleure une ironie souvent légère, mais qui se fait parfois plus grave. Son style est d'une grande limpidité et son écriture est élégante et désuète à l'image du royaume imaginaire qu'il décrit, aux moeurs anachroniques. Ce pays improbable est brusquement arraché à ses traditions surannées et à son mode de vie paisible par la faute de l'invasion nazie, aussi brutale que prévisible. Les nouveaux maîtres imposent leurs lois d'airain, pillant sans vergogne les principales ressources du pays vaincu. Une fois la stupeur passée, et après quelques actes de bravoure sans résultat mais férocement réprimés, les habitants du petit royaume et leur souverain se résignent à leur sort, pliant sous le joug sans jamais céder. Mais sous ses airs débonnaires, le vieux roi Cédric, aimé et respecté par ses sujets, autant qu'il les aime lui-même, va alors commettre un acte insensé, en flagrante contradiction avec son habituelle prudence…
La force de ce livre réside d'abord dans la description de l'incompatibilité absolue entre vainqueurs et vaincus. On en trouve un exemple savoureux dans le dialogue entre le conservateur de la bibliothèque royale et un officier nazi. Dans le magnifique chapitre 8, l'auteur déconstruit l'essence mythique du régime nazi qui ne peut prospérer que sur la peur et le mensonge. Mais son propos ne se limite évidemment pas à cela, comme l'illustrent les citations en exergue, celle de Camus notamment. La responsabilité collective est un leurre, seule existe la responsabilité individuelle. « le cours des événements, pas plus que la trajectoire des astres, ne dépend de personne, bien sûr. Sommes-nous pour autant impuissants devant cet ultimatum perpétuel ? L'impuissance nous décharge de notre responsabilité, mais envers qui ? Envers les autres, mais nullement envers nous-mêmes. » Faut-il respecter les lois ? Oui, sauf lorsque notre conscience morale nous impose de résister à des lois inhumaines, et même si les actes accomplis à cette occasion semblent dérisoires ou ridicules.
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Ce tout petit livre qui ne paye pas de mine, dont l'auteur m'était complètement inconnu, ce petit livre est un chef d'oeuvre!

Il contraste étrangement avec les grands romans russes, ces pavés et toutes ses fresques romanesques…Ici l'auteur mélange les genres et il est à la fois un roman contestataire russe, une sorte de parodie, un roman philosophique… Quand on commence à le lire, on pense d'abord à une parodie…Quand on arrive à la fin, on se rend compte qu'on est en face d'un roman philosophique.


Ce livre est quand même une grande critique de l'Union Soviétique et de ses crimes…L'auteur utilise le Reich et Hitler, mais le parallèle est vite fait avec un autre envahisseur …on va dire que le thème de dictature n'est pas tout à fait étranger à la Russie, de même que “régime totalitaire”.


J'ai bien aimé retrouver tous ses parallèles…ici on ne cite pas le nom du pays, un petit pays ridicule de taille, dont tout le monde se moque…à l'époque du Reich, c'était les Pays-Bas ? le Danemark ? Dans le quotidien de l'auteur…c'est l'Estonie ? La Lettonie ?


Le Roi, au début du roman montre à son peuple la marche à suivre : Il ne fait rien. Surtout ne pas provoquer, ne pas déclencher de crise, laissez aller, se soumettre et attendre. Tout finira par se passer bien.


Donc il ne fait rien et tout le monde suit et comprend son comportement…mais comment alors expliquer la fin ? Que s'est-il passé ?


[Attention, je dévoile la fin]


L'auteur nous fait remarquer avec justesse qu'il y a une différence entre se savoir libre et utiliser cette liberté.


Le Roi était étroitement lié à son pays, ses sujets, il les représentait, il était l'exemple pour tous. Mais durant une de ses promenades, durant 15 minutes, il a utilisé sa liberté et il a montré ce qu'il pensait de cette stigmatisation des juifs. Sans bruit, sans éclats, sans même parler, main dans la main avec sa femme, il a fait sa promenade habituelle…Seulement, il avait cousu une étoile de David sur son manteau et sa femme avait fait de même.


Cet acte, insensé et provoquant lui a couté la vie…sa femme et son fils ont été envoyé en camps de concentration…ce fut un geste pour ne rien faire finalement…quel est l'intérêt de faire ça ? Une fois mort, est ce que cela a vraiment servi à quelque chose ?



On serait tenté de dire non, surtout que son geste a resserré la dictature et les effets négatifs de celle-ci…Est-ce qu'il ne vaut mieux pas survivre et ne pas commettre des gestes stupides et extravagants qui ne changeront finalement pas grand-chose ?
Ne vaut-il mieux pas baisser la tête et essayer d'oeuvrer dans l'ombre, que de faire un “beau et grand geste”, quitte à en mourir ? le temps de ce genre de héros n'est-il pas passé ? Qui trouverait encore, comme Achilles que mourir jeune mais connu (pour des milliers et milliers d'années) est un destin enviable ?


Qu'est ce qui est plus important finalement ? La responsabilité individuelle envers notre intégrité, ou notre responsabilité envers les autres ? C'est tellement simple de dire qu'on n'a pas le choix, qu'on est obligé, mais on a tout le temps le choix. Ce sont juste les conséquences qu'on n'arrive pas à assumer (et souvent à juste titre !).


“Le roi avait seulement cédé à une lubie” Il n'y a pas de réponses dans ce livre, c'est au lecteur de trouver celle qu'il préfère. Tout ce qu'on sait finalement, c'est que le Roi a cédé à une lubie. C'est tout. Et c'est ce qui rend ce livre encore plus formidable, je trouve, cette absence de réponse.


Il y avait un autre passage assez étrange dans ce roman…la rencontre du Roi avec Hitler, dans un cadre médical. le Roi est presque déçu une fois devant lui…Ce n'est pas un Dieu, ni un surhomme, c'est juste un homme ordinaire habité par le démon -comme il dit – et qui se sent aussi mal à l'aise et respectueux envers son médecin que n'importe quel autre personne…Le Roi avait l'impression d'être trompé, de se retrouver devant un usurpateur d'identité…


———————————–

J'ai eu du mal à faire cette critique. Ce livre m'a beaucoup touché et je me rends compte en me relisant que cela ne se voit pas tant que ça, mais que je serais incapable de la recommencer autrement. Je le conseille vivement à tous, il fait partie des livres qu'il faut avoir lu je trouve.
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Elena Balzamo, la traductrice de час короля, dans le commentaire qui suit le récit de cet acte héroïque d'un roi qui ne fut jamais plus grand, plus noble, plus haut que lorsqu'il descendit de son cheval, compare ce samizdat à « une miniature médiévale : le même caractère clos, la même netteté de dessin, la même élégance de style. Mais également le même caractère anachronique et bigarré, la même confusion entre les époques et les pays – là-bas, des chausses et des pourpoints pour les personnages bibliques, ici des références à des ouvrages historiographiques récent dans un récit allégorique atemporel, un mélange d'accessoires géographiques et historiques de provenances variées. Cette stylisation extrême, frôlant le maniérisme, se trouvait mise au service d'une problématique on ne peut plus actuelle et brûlante : le roman de Khazanov soulevait plusieurs thèmes qui non seulement ne pouvaient être traités dans la littérature – ils ne pouvaient même pas être nommés [la question des Juifs et l'autre question de la nature dictatoriale du pays]».

Ce récit imaginaire est d'une telle force, d'un tel à propos, d'un tel réalisme qu'on a le sentiment de lire livre d'histoire et que l'on est tenté, à chaque page, de mettre en nom sur la ville, sur le pays, et sur les personnages.

Quant au geste « royal », ô combien, s'interroger sur sa portée n'a pas de raison d'être : qu'elle soit symbolique, en l'occurrence, en fait sans doute un acte d'une portée des plus éminentes, pour des êtres de sens, les animaux sensibles aux symboles que nous sommes.
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Pas vraiment le genre « livre pour l'été » (je n'aime pas cette expression et ce postulat commercial), c'est ce qui m'a fait le choisir, petit livre isolé, perdu parmi d'autres aux titres commerciaux et aux couvertures criardes. Je voulais de la pensée au cordeau et je n'ai pas été déçue par ce texte concis et efficace dont on mesure la portée universelle à chaque page. Mais pourquoi ne l'ai-je pas découvert avant ?
1940 : l'irrépressible Wehrmacht se rend maître en quelques heures d'un royaume minuscule (non identifié mais l'éclairante postface nous apprend qu'il s'agit d'un « mixte du Danemark et des Pays-Bas »). Gouvernement, population sont obligés de se soumettre et on attend la même docilité du vieux roi, Cédric X, chef d'une monarchie désuète mais familière. Urologue de métier (oui, il travaille), le monarque est une figure rassurante, gage de stabilité et de bons sens dans cette période troublée. Pourtant, à l'image de sa jeune cavalerie qui s'est sacrifiée par héroïsme qu'elle savait voué à l'échec, le vieux roi s'apprête à faire un geste insensé, (d'aucuns diront absurde). Absurde ou symbolique ?
Ecrit en 1976 par un dissident soviétique et lu sous le manteau, ce récit peut être compris à l'aune d'une autre oppression ou de toute forme de totalitarisme.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Ce pamphlet allégorique miraculeusement rescapé des autodafés soviétiques impose dès les premières pages une lecture consciencieuse, prudente et graduellement impavide au lecteur qu'il entend instruire des méfaits de la terreur, et par delà des grandeurs tragiques de la responsabilité individuelle.
Conte exemplaire, charge philosophique et politique enveloppée, à l'exemple d'Orwell, d'une fine pellicule de fiction, L'Heure du Roi fait la démonstration d'une écriture sobre et concise au service d'un questionnement à la fois inépuisable et tristement lucide: La liberté et la justice sont-elles solubles dans les compromissions de notre conscience morale? Et en dernier recours, l'acte héroïque n'est-il qu'une dangereuse, absurde et inutile vanité?

Les trois épigraphes du livre résument superbement les enjeux humanistes qui y sont mis en scène, comme dans cet extrait, dû à Miguel de Unamuno:

"Grâce à notre Seigneur si perspicace, on ne peut plus vivre avec la conscience tranquille. La foi ne se réconciliera point avec la raison. Le monde doit être tel que le veut Don Quichotte, les auberges doivent se transformer en châteaux. Don Quichotte lancera son défi au monde entier et, de toute évidence, il sera battu; néanmoins, il restera vainqueur, même en s'exposant au ridicule. En riant de lui-même, il vaincra…"

L'arbitraire, l'hégémonie, la brutalité, le pouvoir inique. Ces systèmes s'oxydent au contact ténu de l'ironie et des symboles. Défier le mépris par un acte désespéré mais poétique, car lavé de la peur de mourir, voilà une posture épique et admirable; mais aussi très romantique.
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L' Heure du roi

Boris Khazanov met en scène l'invasion et l'occupation d'un royaume imaginaire par les nazis. Une réflexion sur la capacité d'un individu à lutter contre la barbarie.

Il y a des auteurs qui fâchent les puissants. Boris Khazanov en fait certainement partie. Ses oeuvres ne sont toujours pas publiées en Russie où elles circulent sous le manteau. Elles sont en revanche abondamment diffusées en Allemagne par l'éditeur DAV. C'est d'ailleurs dans des écrits clandestins que L'Heure du roi a connu ses premiers lecteurs russes, dont Elena Balzamo, traductrice du livre pour les éditions Viviane Hamy. Dans sa postface, elle souligne d'ailleurs que les thèmes chers à l'écrivain ne pouvaient pas être abordés, ni même simplement nommés en Russie : censure oblige. Khazanov a en effet rompu avec la tradition séculaire des romans fleuves à la Dostoïevski. Il délaisse un courant réaliste qui construit les relations entre les personnages en se fondant sur leur position sociale pour se consacrer à l'étude des mentalités et de l'individu.
Malgré son pouvoir, d'ailleurs très limité, le roi dont il parle est ainsi un homme comme les autres. Dans son royaume, situé au nord de l'Europe, il assiste impuissant à l'entrée des troupes nazies. En quelques heures, le minuscule État est occupé. La population se réveille dans la dictature, sans avoir l'impression d'avoir vécu une révolution : " Ils s'accommodaient du nouvel état de choses comme un malade qui revient à lui après une anesthésie et qui apprend qu'on l'a déjà opéré et qu'il ne lui reste plus qu'à vivre sans les jambes ". La fin des libertés a pourtant bien du mal à s'installer dans un pays qui ne vit pas dans le culte du secret, ni même dans celui de l'Ennemi omniprésent et irréductible prôné par l'occupant. Les nazis éprouvent les plus grandes peines du monde à obtenir des habitants qu'ils s'adonnent à la délation. Qu'à cela ne tienne, tout est organisé pour faire pression sur le roi, l'humilier dans sa fonction et obtenir de lui une collaboration sinon active, du moins passive. Confronté à sa responsabilité dans les actes xénophobes, le souverain déchu vacille. Il semble tout d'abord accepter la défaite. Il exhorte même " son peuple, et avant tout la jeunesse à s'abstenir de toute action susceptible de compliquer les rapports avec les autorités occupantes ". La charge désespérée de la cavalerie royale contre des troupes motorisées, les mises en scène grotesques du nouveau pouvoir et enfin les brimades imposées aux juifs, contraints de porter l'étoile jaune, auront raison de sa léthargie. Arborant à son tour la terrible étoile jaune, il arpente, à pied et non plus à cheval, les rues de sa capitale, à la plus grande surprise de ses sujets. Un acte de résistance individuel pur qui ouvre toute une série de questions. A-t-il pensé aux représailles ? Sa sortie certes héroïque peut-elle changer l'attitude de ses concitoyens ? Ne plonge-t-il pas le pays dans l'horreur en provoquant les nazis ?
L'auteur laisse ses questions ouvertes, mais a bien évidemment choisi son camp. Khazanov, qui a passé plusieurs années dans les goulags soviétiques, élargit ainsi son interrogation. Dans les anciens pays de la dictature communiste, son récit parle aux opprimés, victimes d'un État totalitaire et lui aussi antisémite : une des raisons de son interdiction, sans doute. En proposant une réflexion sur le pouvoir de l'individu dans un système autoritaire, il rend possible la formation d'une conscience politique. Un acte inacceptable pour qui souhaite noyer le citoyen dans une masse obéissante. Diffusé à partir de 1976, L'Heure du roi reste un exemple d'engagement littéraire, une oeuvre entre le roman et l'essai, le conte moderne et le récit philosophique. Un livre en dehors du temps, qui mérite de rester au chevet de toutes les consciences.

L'Heure du roi
Boris KhazanovTraduit du russe
Lien : http://www.lmda.net/din/tit_..
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Un couple d'amis m'avait prêté ce livre juste avant que je ne parte en Palestine. Je l'ai lu à Ramallah. Vraiment troublant. Ce livre se passe pendant la guerre 40 mais peut aisément être transposé à toutes les époques. Un hymne à la liberté, au geste désespéré qui fait la différence entre être tranquillement libre en faisant l'autruche ou défendre la vraie liberté en donnant sa vie! Vraiment à lire et ensuite, à méditer! Encore plus criant de vérité après les derniers et dramatiques évènements de la semaine dernière.
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Ce petit livre d'une centaine de page est absolument à classer dans les incontournables à lire.Il dépeint l'invasion d'un minuscule pays imaginaire par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Ce minuscule territoire (pas plus grand que le bec d'un oiseau) est en fait une royauté. La population vie dans le calme et le respect envers son très vieux monarque. Cédric, ce dernier, et sa population avec lui, s'incline sous le joug de l'occupant, non sans résister (au tout début du récit la cavalerie royale est décimée dans un combat éclair sabre contre canon) mais du moins sans provoquer trop effort du côté des allemands puis dans la résignation. Au fil du récit Cédric sera amené à réfléchir sur sa condition et a accepter son destin en entrant en résistance.L'auteur dresse avec brio un état de la condition de l'homme / individu contre l'oppression. La résistance n'est pas un exercice simple. Comme le dit la traductrice dans sa postface "Se sentir libre ne suffit pas, il faut agir en homme libre". Quelque action que nous devons prendre, aussi insignifiante peut-elle paraitre pour les autres, n'est pas à mésestimer dans la mesure où elle nous permettra de vivre debout.Un sublime exemple de littérature qui donne à penser. L'histoire de ce livre, interdit de publication en Russie, et de son auteur, qui a vécu plusieurs années au goulag sont aussi à mettre en transparence sur le calque de cette fiction.27 aout 2011
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Merci à Dominique qui tient « à Sauts et à Gambades », c'est grâce à son article très élogieux que je me suis procuré et lu ce petit livre.
Il est écrit par un dissident russe, il paraît en 1976 en Israël mais il est interdit en Union Soviétique. Il a pour sujet la résistance face à la barbarie, le nazisme, bien sûr, mais les autorités soviétiques ne s'y sont pas trompés, il n'y a pas de si grands différences entre le nazisme et le communisme.

Le problème posé est simple : Qui doit s'opposer à l'injustice d'une dictature ? Pourquoi, quand, comment, et la question annexe est ce que ça sert à quelque chose ?

Tous les faits qui sont racontés sont dans notre mémoire historique à propos de la seconde guerre mondiale, ils concernent soit la Pologne soit les Etats du Nord en particulier le Danemark. L'auteur a choisi un état fictif gouverné par un roi qui finira par coudre sur sa poitrine l'étoile juive.

Etait-ce utile ? Autant ? Moins ? Plus ? que le fougueux commandant de la garde royale qui sabre au clair a foncé contre les mitraillettes allemandes, laissant sur la place, devant le palais, la garde royale entièrement décimée par les mitraillettes ennemies, ne retardant que de quelques minutes l'entrée de l'armée allemande.

On retrouve dans ce petit livre l'humour distancié des dissidents russes, c'est un des charmes du livre
Je fais une réserve sur ce roman et je ne parlerai pas de chef d'oeuvre. Certes, si je l'avais lu à l'époque mon avis aurait été complètement différent, aujourd'hui on a beaucoup lu sur le sujet, le problème posé est toujours passionnant, en revanche la forme sous laquelle il est traité n'apporte aucun éclairage nouveau en tout cas pour moi (mais je dois dire que j'ai déjà beaucoup lu sur cette période, et ce sujet).

Je pense que c'est un livre à lire dans les classes de première et seconde pour faire réfléchir au totalitarisme et à la résistance les jeunes générations.


Lien : http://luocine.over-blog.com/
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