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Citations sur Les derniers jours de Mandelstam (17)

Superflue la poésie quand le ventre est vide et que les cadavres sont lancés dans la fosse commune du même geste que le boulanger qui enfourne son pain.
Les morts, pain quotidien du camp de transit de Vladivostok.
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      Poème de Mandelstam sur Staline,
   à l’origine de son arrestation en mai 1934


Nous vivons, insensibles au pays qui nous porte.
À dix pas, nos voix ne sont plus assez fortes.

Mais il suffit d’un semi-entretien,
Pour évoquer le montagnard du Kremlin.

Ses doigts épais sont gras comme des asticots,
Et ses mots tombent comme des poids de cent kilos.

Il rit dans sa moustache énorme de cafard,
Et ses bottes luisent, accrochant le regard.

Un ramassis de chefs au cou mince l’entoure,
Sous-hommes empressés dont il joue nuit et jour.

L’un siffle, l’autre miaule, et un troisième geint,
Lui seul tient le crachoir et montre le chemin.

Il forge oukaze sur oukaze, en vrai forgeron,
Atteignant tel à l’aine, tel à l’œil, tel au front.

Et chaque exécution est un régal,
Dont se pourlèche l’Ossète au large poitrail.
                          novembre 1933

p.129
Le dernier mot, et c'est bien ainsi, reste au poète Ossip Mandelstam.
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Dolente et muette Cassandre
Tu gémis et tu brûles... Pourquoi vraiment,
Brillait le soleil d'Alexandre
Brillait pour tous il y a cent ans ?
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Mandelstam avait pour ennemi l'homme le plus puissant du pays.

Quelle terreur de devoir vivre
De s'envoler comme feuille d'arbre
Ou de sombrer comme pierre sans nom

écrit celui qui sentait l'étau se resserrer autour de lui, prêt à le broyer.
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La pire des morts, celle de la pensée, disait-il.
Le poète parlait de cette mort dans ses poèmes mais personne n'y prêtait attention.
Maïakovski parlant de suicide n'était pas écouté non plus.
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Une lettre de Mandelstam parmi ses papiers aggrava le cas du puissant Boukharine, accusé de complot contre l’Etat. Fusillé comme un vulgaire comploteur alors qu’il avait servi le dictateur.
Chanceux ceux qui laissaient un cadavre derrière eux. Tant de gens disparaissaient. Où ont-ils atterri? « On assistait rarement à un enterrement », écrit Nadejda. Disparus du jour au lendemain. Pas de cercueil, pas de linceul, pas de nom sur une pierre tombale. Pas de veuves ni d’orphelins non plus. Le mari déporté, la femme était considérée comme divorcée et pouvait se remarier. Pour sauver leur peau, les enfants criaient leur désapprobation au père, le dénigraient. Des mises en scène immondes, Mandelstam se bouchait les oreilles pour leur échapper.
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"La terre est morte mais elle ne le sait pas encore. Elle continue de tourner" dit Mandelstam.
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Odeurs opaques de sueur, d'urine, de diarrhée.
Ouvriers-paysans ou condamnés pour des délits, aucun des déportés ne sait qui est Man­delstam. Il est le seul intellectuel du groupe.
Son voisin lui lève le bras chaque matin lors de la distribution du pain mais garde sa ration pour lui.
Le poète Ossip Mandelstam n'a pas faim. N'a pas soif.
Le poète Mandelstam se veut à l'écoute des battements désordonnés de son cœur malade. Âgé de quarante-sept ans, il en paraît le double.
Mort, son voisin de châlit continuerait à lui lever la main pour bénéficier de sa ration de pain.
Incapable de parler, Mandelstam est inca­pable de s'y opposer.
Ses lèvres balbutient mais aucun son ne sort de sa bouche.
Il récite le même poème de peur de mourir avant lui.
Le répète même dans son sommeil et lorsqu'il lui arrive de rêver.
 
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Allongé depuis des mois sur la planche de bois qui lui sert de matelas, Mandelstam se demande s'il est mort ou encore vivant.
Le premier mois passé il n'a plus compté.
Moins malades, ses voisins pourraient lui dire s'il est encore en vie.
Mais le typhus fait des ravages dans le camp. Trois déportés sur quatre en sont atteints
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Fallait déménager avant, ne laisser aucune trace derrière soi.
Pas de téléphone ou d'abonnement à l'électricité, pas d'enfants enregistrés à la naissance, pas de scolarisations, ni d'hospitalisations.
Ni d'acte de décès.
S'évanouir. Au besoin pénétrer sous terre. Creuser son propre terrier. Imiter le lièvre, la fourmi, la belette...
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