Un homme pouvait donc oublier l’existence de son épouse en si peu de temps ? Ce constat a provoqué en moi un terrible sentiment de solitude.
Il faut laisser suffisamment de temps au brouillard pour admirer le port et la ville. C’est ce séquoia qui m’y a fait penser. Les arbres aussi grands que celui-là ont du mal à puiser dans la terre toute l’eau dont ils ont besoin pour vivre, c’est pour ça que leur partie supérieure se nourrit de brume. Ce séquoia pousse donc grâce au brouillard.
Depuis 2005, tu es plus âgée que moi et malgré tout, tu resteras éternellement mon enfant, même si j’ai du mal à y croire. Dire que toi, qui est plus âgée que je ne le serai jamais, tu es sortie de mon corps ! Je voudrais que tu saches à quel point c’était extraordinaire de te mettre au monde, mais je n’ai pas de lèvres pour formuler ces mots. J’aimerai te regarder dans les yeux, mais je n’ai pas de pupilles. J’ai envie de te serrer dans mes bras, mais je n’en ai pas. Je ne peux ni t’enlacer, ni t’embrasser. Et comme je n’ai pas non plus de rétines, je ne vois pas la moindre lumière, c’est triste ici, dans cet endroit où il n’y a pas d’amour.
Ce que souhaite une histoire, c’est être entendue jusqu’au bout, tout comme un paysan espère une bonne récolte, ou les grues cherchent un abri humide.
Un fils doit toujours accepter son père tel qu’il est, quoi qu’il fasse.
Le temps passé ne revient pas, tout comme ce qu’on a vécu.
Les erreurs que l’on fait dans la vie, si banales soient-elles, sont toutes cruciales dans le sens où elles sont irréversibles. Malgré tout, nous ne cessons d’en commettre et nous sommes désormais à l’âge où l’on en prend conscience. Une vie est donc loin d’être suffisante. Comme ce serait bien si on en avait trois ! Avec une seule, on a parfois l’impression de ne pas avoir vécu.
Le jour et la nuit sont si différents ; pourquoi les associe-t-on pour parler d’une journée ? Il en va de même pour l’existence avant trente ans et celle après trente ans, elles sont très différentes mais on les englobe toutes les deux sous un même mot : la vie.
Les individus agissent en tant que nous pour ne pas se sentir seuls, mais au fond, chacun se sent seul à l’intérieur même de ce nous. Tout être humain est forcé de tendre la main vers un autre.
Autrefois, on pouvait encore cultiver sa solitude en lisant. Il y a encore vingt ans, la solitude était partout, mais depuis, elle a disparu de notre quotidien, repoussée par tous ces appareils numériques, elle n’a plus du tout le même sens.