La Tour Sombre, Tome 7 : La Tour Sombre

J'achève enfin cette saga commencée il y a une éternité.
Et je dois avouer que j'ai bien failli renoncer à un moment donné (vers la page 200 je dirais). Non pas parce que je m'étais lassée ou désintéressée, mais parce que j'avais laissé passer trop de temps et ne m'y retrouvais plus ni dans l'histoire et les personnages secondaires, ni dans le vocabulaire.
Mais ayant une incapacité presque pathologique à abandonner un livre commencé, j'ai persisté et j'en suis bien contente !
Il aurait été vraiment dommage de ne pas aller au bout après tant de pages lues.
Comme Roland et ses amis, je voulais aussi arriver jusqu'à la Tour et voir ce que Stephen King avait pu nous réserver...
Je ne spoilerai pas la fin bien sûr par respect pour tous ceux qui parcourent encore (ou parcoureront un jour) ce chemin avec les pistoleros, mais je l'ai trouvée déstabilisante (c'est presque le contraire qui aurait été étonnant...) sans pour autant pouvoir déterminer si c'est de manière positive ou négative.

Lu il y a une quinzaine d'années, La tour sombre m'avait laissé en mémoire sa fin et pas grand chose d'autres.
Le livre est un beau pavé. Avec ses près de 1000 pages en version poche on peut dire que l'on en a pour son argent. Contrairement au tome précédent qui m'était apparu décousu avec des pages parfois à moitié rempli et beaucoup d'illustration, on retombe sur un récit mieux construit et plus clair.

Alors que dire de ce tome ? Déjà il est long. J'aurais même tendance à dire que certaines longueur sont dispensables mais c'est subjectif.
Ensuite le traitement des personnages est contraire à tout ce qui précède. Sans spoiler j'ai eu du mal avec le traitement infligé à Eddie et globalement si je comprends pourquoi l'auteur inflige ces différents traitements ( la fin justifie les moyens ), j'ai trouvé ça plutôt désagréable. On notera le gros deus ex machina concernant Eddie, Jake et Susannah à la fin ... C'est paresseux mais je suppose que c'était pour avoir une note positive.
On notera également le deus ex machina concernant Mordred. C'est moins gros mais c'est pas franchement fin. Mordred apparait comme pas si utile au récit en définitive, ce qui est encore plus gênant.

La fin, j'entends la vraie fin, a pas mal fait parler d'elle chez les fans. Notamment parce qu'après 7 tomes dont un dernier qui est un beau pavé on aurait pu s'attendre à mieux ou en tout cas plus fini. L'auteur explique en intro et à la fin que c'est comme ça, on ne peut pas revenir dessus et qu'au final ce qui compte c'est le chemin parcouru. Je suis plutôt en accord avec cela et j'ai eu la sensation d'une fin ouverte donc ça me convient.

Petit apparté mais à la fin l'auteur explique qu'il a du modifier des éléments sur sa vie et son train de vie parce qu'il s'inquiétait des répercutions mais surtout qu'il aimerait bien qu'on lui foute la paix. Bon, j'ai envie de dire "Sans déconner Billy ?". Je ne sais pas à quel moment ça peut sembler une bonne idée de s'inclure dans son récit alors que des tarés ont déjà débarqué chez soi mais il aurait peut être fallu y réfléchir. La présence de l'auteur est moins prégnante dans ce tome mais on la ressent à plusieurs passages de manière insistante relativement désagréable. Comme dirait l'autre : "Tu forces là".

Au final, la saga de la tour sombre n'est pas totalement terminée puisqu'il me restera La clé des vents à lire mais j'ai bouclé le principal. Cette saga m'aura bien plu avec des tomes un peu en dessous mais un récit cohérent de manière globale. le premier tome restera pour moi très différent de la suite. du reste, la saga dans son intégralité est à recommander sans condition à tout fan de Stephen King ne serait ce que pour le lien qu'elle effectue avec les autres livres de l'auteur. Comme il le dit lui même, La tour sombre est la Jupiter de mon système solaire. Je pense qu'il entends par là qu'elle est massive par rapport au reste. Pas que c'est gigantesque amas de gaz dans vie.

C'est avec beaucoup d'émotion que je finis cette série. Je l'ai beaucoup aimée.

Comme d'habitude, le point fort de Stephen King à mon goût est de savoir exactement comment créer une cohesion de groupe qui fait que même moi, lectrice, je me sens faire partie du groupe. Moi aussi j'ai voyagé dans les époques. Moi aussi je suis tombée sous le charme de la rose. Moi aussi je voulais aller jusqu'à la Tour.

Malgré une fin en demi-teinte, de nouveau, de façon très prévisible avec cet auteur, je ne regrette pas le temps passé avec Roland de Gilead et son ka-tet. le Chevalier Roland s'en vint à la Tour noire.

C'est avec émotion que je clos cette lecture, terriblement prenante.

Comme toujours, les fins de romans de King ne sont pas à la hauteur des enjeux avancés dans les récits, de l'ampleur même de l'histoire : les obstacles balayés (mais non sans de lourdes et terribles pertes), le but atteint s'avère moins satisfaisant que le voyage en lui-même. S'ajoute à la frustration un fort sentiment d'abandon car on a vécu des dizaines d'heures aux côtés de ces personnages qui ont mûri, souffert et accompli des exploits inimaginables devant nos yeux, dans notre tête. Pourtant l'auteur réussit l'exploit de rester cohérent tout en brisant de plus en plus le 4e mur, interpellant le lecteur, le mettant même en garde de poursuivre la lecture, se permettant le luxe de dresser un portrait peu flatteur de lui-même, démiurge et personnage de sa propre création. Magnétique, fascinant, riche en émotions, intense et entièrement soumis à l'implacable image du Pistolero, archétype du héros romantique post-moderne.

Attention Spoiler
Les 3 premiers tomes sont captivants! Ensuite on dirait que King n'a pas été à la hauteur de ce qu'il a commencé. Les 4 tomes suivants apportent beaucoup de questions mais pratiquement pas de réponse : Qui étaient les anciens ? comment vivaient ils et quel était leur rapport avec la tour sombre? Quel est leur lien avec North central positronic ? Qui est le roi cramoisi et d'où vient il ? Qui occupait le château Discordia ? Est-ce que l'entre-deux-monde correspond à notre monde mais des milliers d'années plus tard ?
Bref, au lieu de nous donner des réponses, king nous pond 600 pages sur la romance de Roland à meijis (la moitié aurait suffit) ou introduit le personnage insipide de calahan et son histoire sur les vampires qui n'apporte rien à la quête du ka tet ! Ou encore l'ajout peu convaincant de son propre personnage qui « écrit » l'histoire …ça n'apporte rien.
Bref un début excellent (tome 1 2 3), un tome 4 "à part", et les tomes 5 6 et 7 qui s'attardent sur des histoires secondaires inutiles pour combler un manque d imagination.

7 livres. 30 ans d'écriture. Des milliers de pages.
Une aventure onirique, fabuleuse, intemporelle. Basculement dans un monde parallèle.
Un Ka-tet, un groupe très soudé, de 6 personnages. Des cowboys, des monstres, des démons, de l'amour, de l'action.

Très bien.