Ce tome fait suite à La famine auquel l'histoire fait référence régulièrement. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2007/2008, écrits par
Robert Kirkman (l'auteur de Walking Dead), dessinés et encrés par Sean Phillips, et mise en couleurs par June Chung.
40 ans après les événements du premier tome, les zombies dans l'espace se rendent compte qu'ils ont tout bouffé. le groupe se compose de Phoenix (Jean Grey), Iron Man (Tony Stark), Wolverine (Logan), Hulk (Bruce Banner), Giant Man (Hank pym), Spider-Man (Peter Parker) Power Man (Luke Cage), Gladiator et Firelord (Thanos apparaît brièvement, mais ne reste pas longtemps). Ils décident de rentrer sur Terre pour mettre la main sur la machine à passer d'une dimension à une autre, celle de Reed Richards.
Sur Terre les rescapés se sont organisés autour de T'Challa, devenu régent. Les zombies restant ont réussi à maîtriser leur faim dévorante et vivent en bonne intelligence avec cette petite communauté. Un enfant retrouve même la tête d'Hawkeye (Clint Barton) qu'il prend avec lui pour la ramener au village.
Après l'outrage iconoclaste et sacrilège du premier tome, la barre était placée très haut.
Robert Kirkman, explique dans la postface qu'il a souhaité écrire une histoire nouvelle, plutôt que de se contenter de réitérer le même jeu de massacre. du coup, il se trouve dans l'obligation d'accorder un peu d'intelligence aux zombies, et de les rafistoler.
Le lecteur peut éprouver un sentiment de décalage, en voyant ces zombies dotés de conscience et de raison, capables de parler distinctement, en conservant même leur personnalité originelle. Par exemple Spider-Man recommence à aligner les vannes, les réparties et les saillies sarcastiques. Il est même capable de développer une longue tirade face à Luke Cage pour exposer son regret d'une vie consacrée à bouffer tout ce qui se trouve sur son chemin. de la même manière, Tony Stark et Hank Pym ont conservé assez de capacité mémorielle pour se souvenir de la machine de Reed Richards. le fonctionnement de Janet van Dyne est encore plus opérationnel et normal dans la communauté des humains.
Du coup, dans un premier temps, le lecteur se sent un peu lésé de voir ces zombies réduits à de simples individus affectés d'une maladie contagieuse, et à la faim dévorante, ou calmée. Certes le sort d'Ego la planète vivante rappelle le caractère insatiable de cette faim, mais c'est un peu juste en termes d'horreur.
Kirkman a également demandé à Phillips de montrer les superhéros zombies avec des prothèses pour qu'ils retrouvent la capacité de se déplacer de manière autonome. Wolverine a même retrouvé toutes ses griffes.
Le lecteur suit donc avec un intérêt amoindri le chemin du retour des superhéros zombies, et la remise en question de l'autorité de T'Challa par Malcolm Cortez (le fils de Fabian Cortez). Les dessins de Phillips sont bien noirs, avec un encrage un peu pâteux qui rend compte de la noirceur de la situation, mais rien de très gore ou outrageant.
Kirkman s'amuse avec ses jouets (les superhéros Marvel), avec des choix qui laissent à désirer (Thanos dévoré comme le premier venu, ou Phoenix en zombie sans se servir de la force Phénix). le lecteur peut également se demander pourquoi
Kirkman a tenu à inclure Frenzy (Joanna Cargill, personnage des plus secondaires dans la mythologie Marvel, difficile à identifier pour un non initié).
Il faut patienter jusqu'au troisième épisode pour les auteurs se lâchent un peu, voire beaucoup. Ça commence avec une calotte crânienne coupée en deux et la cervelle à l'air libre qui coule, puis ça continue avec un superhéros de premier plan déchiré en 2 par un autre affamé et très puissant. Les 2 épisodes suivants comportent leur lot d'images choc, avec un savant dosage de Phillips entre ce qui est montré et ce qui est suggéré pour une efficacité maximale.
Robert Kirkman n'est pas en reste en recommençant à montrer les superhéros Marvel dans des actes vils et cruels, avec un coup de projecteur sur Hulk plus incontrôlable que jamais. Il propose également une version bien décapante de Captain America, débile à souhait. Par contre l'intrigue suit son cours pour arriver sur une fin ouverte, pas très satisfaisante. Phillips réalise une prestation plus intéressante, avec ces moments bien abjects, ces zombies aux lèvres absentes, dénudant leurs gencives et leurs dents acérées, ainsi que leurs expressions primales. Par contre il est moins convaincant dans les combats physiques, et comme dans beaucoup de comics, les arrières se simplifient au fur et à mesure des pages et des épisodes.
Comme pour la première minisérie, les couvertures restent un met de choix pour gourmet consentant. Elles ont à nouveau été réalisées par
Arthur Suydam en pleine forme. le responsable éditorial de ce recueil a pris la peine de rappeler en petite vignette la couverture originale dont s'est inspiré Suydam pour la zombifier. Ça commence très fort avec une réinterprétation de la couverture du premier épisode de Civil War réalisée par Michael Turner, avec un oeil pendant hors de l'orbite de la tête de Wolverine. Ça continue avec la première apparition de la Torche Humaine (Jim Hammond), encore plus inquiétant et affamé. Il y a ensuite une réinterprétation très pince-sans-rire de la première couverture dédiée à Iron Man, un hommage déglingué à
Jim Steranko, et un face-à-face entre Thor et le Silver Surfer du meilleur effet (le Surfer tenant sa tête dans la main).
Pour cette deuxième histoire, il faut reconnaître à
Robert Kirkman le courage et l'honnêteté intellectuelle de ne pas s'être contenté de reproduire le même schéma que pour la première. Toutefois son intrigue se limite à faire s'affronter les superhéros zombies de retour vers la Terre, contre la communauté d'humains soumise à une lutte de pouvoir, avec des zombies de plus en plus humains. Sean Phillips s'acquitte avec intelligence de donner corps à ces chairs en putréfaction, à ces zombies à la faim dévorante, avec un sens très sûr du dosage de ce qui peut être montré. le lecteur a la surprise de découvrir plusieurs moments vraiment horrifiques, et un humour bien noir et irrévérencieux dans quelques scènes. le tout est rehaussé par des couvertures toujours exceptionnelles d'
Arthur Suydam.