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Citations sur Il était sept fois la révolution. Albert Einstein et les .. (26)

Certaines révolutions sont lentes et ne font pas couler de sang. Au cours des années 1920, la physique a connu une telle révolution, un bouleversement pacifique qui a concerné le seul monde des idées : les physiciens ont alors compris que les atomes, ces petits grains de matière découverts quelques années plus tôt, ne sont pas des objets ordinaires. Leur comportement n’obéissant pas aux lois de la physique habituelle, il a fallu en mettre au jour de nouvelles. Cette entreprise a obligé les scientifiques à abandonner, parfois dans la douleur, souvent dans l’ivresse, quelques-uns des principes les mieux ancrés de la physique classique. D’illustres credos se virent alors contestés pour la première fois. En l’espace de quelques années, le monde est devenu méconnaissable. Et les physiciens ont dû inventer une nouvelle physique, la physique quantique, celle de l’infiniment petit.
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« Taille : 1,68 m. Visage allongé, grands yeux vifs, cheveux noirs, teint mat. Pardessus gris fer, chapeau marron foncé. » C’est ainsi qu’est sobrement décrit Ettore Majorana, physicien de génie âgé de trente et un ans, dans une note du ministère de l’Intérieur italien envoyée à toutes les polices : datée du 31 mars 1938, elle marque l’ouverture des recherches pour retrouver le jeune Sicilien, « avec la plus grande discrétion vis-à-vis de l’intéressé », porté disparu quelques jours plus tôt.Le 25 mars 1938, à 22h30 précises, Majorana quitte Naples à bord du paquebot-poste qui effectue la liaison avec Palerme. Quelques heures auparavant, il a adressé une lettre à son ami Antonio Carelli, directeur de l’Institut de physique de Naples, pour lui annoncer « une décision désormais inéluctable » : la vie en général et la sienne en particulier sont inutiles. La lettre se termine sur ces mots ambigus : « De vous tous [ses collègues de l’Institut] je conserverai un affectueux souvenir au moins jusqu’à 11 heures ce soir, et, si cela est possible, même après. » Et si cela est possible… Majorana croit-il pouvoir emporter dans la mort comme une mémoire de ses proches ou bien se pressent-il encore capable de ne pas renoncer à ce monde ?
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À la fin des années 1930, la physique théorique apparaissait de plus en plus comme une construction formelle surplombant le langage, en principe impossible à transmettre hors du petit cercle des initiés. Pourtant, un jeune physicien du nom de George Gamow (prononcer Gam-off) entreprit de présenter au public les acquis révolutionnaires de la physique quantique et de la relativité, sans jamais laisser le lyrisme déborder sur les terres de la raison. Non, voulut-il démontrer, toute bardée de mathématiques qu’elle est, la physique ne vise pas l’éradication des mots. Comme toutes les entreprises humaines, elle exige une narration passant par la langue de tous les jours, un processus de diffusion qui la transporte par-delà son cercle d’origine. Il y a même urgence à réveiller la Belle au bois dormant. Mais comment procéder ? En trouvant des astuces, des détours, des analogies permettant de verbaliser – de baliser par le verbe – l’étrangeté de ses concepts. Il ne s’agit pas de photographier la physique, mais de la traduire, de la re-transcrire. Le « truc » de Gamow ? Mettre en scène les concepts, jouer avec, les sortir de leur contexte, les faire évoluer à l’air libre, dans la vie de tous les jours, plutôt qu’essayer de les expliquer d’une façon lourdement, tristement didactique.
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En ce premier automne du XXe siècle, Albert Einstein a tout juste vingt-deux ans et il se retrouve sur le carreau. Ce jeune homme au visage pâle et plein, aux yeux noirs et souriants, à la bouche gourmande ornée d’une fine moustache, a perdu sa sérénité. Voilà plus d’une année qu’il a obtenu le diplôme d’ingénieur de la prestigieuse École polytechnique de Zurich – le Polytechnicum, en abrégé – au terme d’un parcours atypique (rebelle à toute discipline imposée, il a quitté le lycée de Munich à seize ans) et avec des notes plus qu’honorables. Il a envoyé de multiples lettres, certaines à l’étranger, mais il ne parvient toujours pas à décrocher le poste universitaire qui lui permettrait de se consacrer à la recherche. C’est pourtant ce qu’il souhaite viscéralement.
Hermann Einstein, son père, est un ingénieur autodidacte qui s’est installé à Pavie, en Italie, où il dirige une petite usine électrochimique. Ses affaires périclitent, et les difficultés financières s’accumulent lentement mais sûrement. Pis, il vient de tomber malade. Le jeune diplômé ne peut donc plus se contenter de donner des cours particuliers de physique ou de mathématiques. Il doit absolument trouver un travail stable et convenablement rémunéré s’il veut pouvoir se lancer sereinement dans ce qui sera – il le sait depuis l’adolescence – la quête de toute sa vie : comprendre la réalité objective, le monde réel, véritable, de ses plus petits constituants au cosmos.
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Une anecdote du même genre (...) raconte un voyage en train que Pauli et Dirac firent un jour ensemble. Après une heure de silence de la part de Dirac, Pauli commença à chercher désespérément une remarque grâce à laquelle il pourrait amorcer une conversation. Voyant au loin un troupeau de moutons, il se tourna vers Dirac : « On dirait que ces moutons ont été tondus tout récemment. » Dirac regarda dans leur direction, et répondit : « Au moins de ce côté-ci. »
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Il a ajouté de la vie à ses années plutôt que des années à sa vie.
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Un soir lors d'une réception à Copenhague, Dirac propose à Gamow une théorie d'après laquelle il doit exister une distance optimale pour contempler le visage d'une femme. Son raisonnement est le suivant: à une distance infinie, on ne voit rien du tout; à une distance presque nulle, l'ovale du visage est déformé et les imperfections se laissent trop voir. Il doit donc exister une distance à laquelle le visage d'une femme est à son maximum de beauté.
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Parler, c'est bien parler, et bien parler, c'est toujours éclaircir
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La science n'est intrinsèquement ni théorique ni pratique : ces deux facettes, conceptuelle et technique, sont tissées ensemble en une sorte de continuum.
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Paul Adrien Maurice Dirac fut un grand taiseux. Un presque mutique. Un champion olympique de laconisme. À son sujet, les anecdotes abondent. Elles vont toutes dans le même sens.
En 1931, en séjour à l’université du Wisconsin, Dirac mit un jeune journaliste au bord de la crise de nerfs en répondant ainsi à ses questions :
« Professeur Dirac, j’ai remarqué que vous aviez beaucoup d’initiales devant votre nom de famille : P, A, et M. Ont-elles une signification particulière ?
Non.
Vous voulez dire que je peux les interpréter à ma guise ?
Oui.Par exemple, si je disais que les lettres P, A et M signifient Poincaré, Aloysius et Mussolini, cela vous irait ?
Oui.
Pouvez-vous me donner des nouvelles de vos recherches ?
Non.
Qu’est-ce que vous aimez le plus en Amérique ?
Les pommes de terre.
Allez-vous au cinéma ?
Oui.
Quand ?
En 1920.
– ? »
Après un long silence :
« Peut-être aussi en 1930.»
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