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Citations sur Tout finit par un baiser ! (16)

Chère Madame 6B,

Je suis sincèrement désolé de vous avoir si maladroitement bousculée en embarquant. Je me ferai un plaisir de vous rembourser le nettoyage de votre chemisier ou de vous en acheter un autre. Mais à vrai dire, je serais plus heureux encore si vous me permettiez de vous inviter à dîner lorsque nous serons rentrés l’un et l’autre outre-Atlantique. Si tant est que vous ayez l’intention de retourner aux États-Unis. (Vous pourriez très bien être parisienne. Vous en avez d’ailleurs l’allure.)

Si je voyageais seul, j’aurais peut-être l’audace de me présenter à notre arrivée à Paris. Mais pour l’heure je ne peux que vous inviter à m’envoyer un e-mail, au cas où vous auriez envie de rencontrer un admirateur terriblement confus d’avoir endommagé vos atours de voyage.

Très cordialement,
Mr. 13C

Mon e-mail : Lineman@com

P.S. : Vous êtes vraiment une femme de première classe.
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Un chignon ? Non, ça évoque un truc de la génération de ma mère, et cette femme était résolument postmoderne. À en juger déjà par ses lunettes rectangulaires – très chics, en parfaite harmonie avec la géométrie de son visage. Dans une autre vie, elle aurait pu être une jeune noble italienne ayant posé pour Botticelli.
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– Oh, merde !

– Qu’est-ce qui t’arrive ? m’a lancé maman, de la pièce voisine.

Elle m’avait gentiment proposé de prendre la chambre, mais je préférais de loin dormir sur le futon, dans le séjour. Je n’avais qu’à ouvrir les volets en bois pour voir Paris. Paris !

Ça faisait des mois que j’attendais ce moment. À Noël, maman m’avait offert un sac de voyage noir L.L. Bean, genre sac marin, avec, en prime, plusieurs guides de Paris. J’avais passé presque tout le vol, depuis Chicago, à noter tout ce que je voulais voir pendant ces vacances de printemps.

Et maintenant, je n’avais plus qu’une envie : me suicider.

– Merde ! ai-je répété.
– Tu sais que je déteste ce mot, m’a dit maman en parcourant la courte distance qui séparait la chambre à coucher du séjour, dans le petit appartement qu’on nous avait prêté, rue des Trois-Frères.

– Oui, eh bien moi je me déteste, ai-je répliqué en me laissant tomber sur le futon.

– Mais qu’est-ce qu’il y a, à la fin ? a insisté maman.

Un seul regard à l’infâme tas de fringues qui gisait par terre a répondu à sa question. Au lieu des vêtements que j’avais soigneusement choisis et méticuleusement rangés dans mon sac, elle avait sous les yeux une pile de vieux tee-shirts, de jeans sales (Il y a vraiment des gens qui emportent en voyage des jeans pas lavés ?), des chaussures de marche qui puaient les pieds, des caleçons et une chemise blanche toute chiffonnée.

– C’est à qui, toutes ces affaires ? a demandé maman.

– J’en sais rien.

– Mais alors, comment sont-elles arrivées là ? Et où est ton sac ?– J’en sais rien, ai-je répété d’un ton glacial. Et aussitôt je m’en suis voulu encore plus de répondre aussi mal à ma mère. J’ai péniblement avalé ma salive et changé de ton pour achever de m’expliquer : Je me suis trompée de sac à l’aéroport. Comme une idiote !

– Tu n’es pas une idiote, a martelé maman, en regardant partout autour d’elle. Tu as ton sac à dos ?
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– Oh non, j’y crois pas !

Dès que j’ai ouvert la fermeture Éclair de mon sac de sport noir, j’ai compris qu’il y avait un problème. Ces fringues, bien rangées sur deux piles, n’étaient pas les miennes. Mais alors, pas du tout.Des tee-shirts aux couleurs vives (taille S). Des jeans repassés. (Il y a encore des gens qui repassent leurs jeans ?) Une paire de tongs. Des sandales à talons. Une jupe. Une espèce de tunique style gitan. Des slips et des soutiens-gorge à fleurs.

– Oh, non, j’y crois pas ! ai-je grommelé, plus fort, cette fois.

– Qu’est-ce qui t’arrive ? Drapé dans le peignoir en éponge de l’hôtel, mon père sortait de la salle de bains en s’essorant les cheveux.– C’est pas mes fringues.

– Comment ça ?

– Ce sac, c’est pas mon sac. J’ai dû prendre celui de quelqu’un d’autre, à l’aéroport.

– Oh, bon Dieu, Webb !

Chaque fois qu’il blasphémait comme ça, j’avais l’impression que mon prénom lui-même devenait un juron, du style : « Webb, alors ! ».Une demi-heure plus tôt, nous étions arrivés à l’hôtel Palace, en plein centre de Madrid. Papa venait pour installer, dans un musée d’art contemporain, une exposition dont il avait conçu la mise en espace. L’inauguration était prévue pour dans deux jours, ce qui voulait dire qu’il bosserait tout le temps et que je pourrais passer mes vacances de printemps à me balader dans la ville. C’était pour ça, d’ailleurs, que j’avais emporté mes chaussures les plus confortables.Et maintenant, j’avais quoi à me mettre ? Des sandales à talons, une tunique gitane et des soutiens-gorge.

– Qu’est-ce que je vais faire ? ai-je gémi, assis sur mon lit.

– Appeler la compagnie, a répondu mon père. Si ton sac de voyage est toujours à Paris, ils le mettront dans un avion et l’enverront ici. On peut leur demander de le faire, en tout cas. Il n’avait pas l’air convaincu.

– Et ça, c’est ton sac à dos ?– Ouais, ai-je répondu en donnant un coup de pied dans le sac en nylon vert posé à mes pieds.

– Et ton autre sac, tu l’avais quand on est passés à la douane, à Paris ?

J’ai fait un effort pour me souvenir. J’avais dormi pendant presque tout le vol et j’étais à peine réveillé quand on avait passé la douane.

– Ils n’ont pas ouvert mes bagages, ça je m’en souviens, ai-je remarqué, en fouillant dans mon sac à dos à la recherche de mon portable. C’est alors que la mémoire m’est revenue.

– Oh, non !

– Quoi encore ? a lancé mon père.

– Je crois que j’ai oublié mon portable au lycée.

Nouveau soupir, plus prononcé, celui-là.

– Tu as gardé ton ticket de retrait des bagages, au moins? Ou ta carte d’embarquement?
J’ai vidé les poches de mon jean : papiers de chewing-gum, une pièce de dix cents, un Tic Tac tout poussiéreux.

– Je sais pas.

Avançant jusqu’à la chaise où il avait jeté sa veste, mon père a fouillé dans ses poches.

– Tiens.

Il brandissait une poignée de papiers.

– Au moins avec ça, on va savoir sur quels vols on était.
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Pourquoi fallait-il se battre pour tout ? J'en avais assez. Vivre avec une adolescente équivalait bien à sept ans de goulag.
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chaque bouchée frisait la perfection et confirmait que la cuisine est bien un art à part entière. La bonne cuisine, c'est aussi important que l'amour. Le corps en a autant besoin. Et en cuisine comme en amour, la qualité compte énormément.
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Parce que c'est bien là le rôle de l'art : vous briser le cœur. Vous émouvoir. Si l'art ne vous émeut pas, c'est qu'il ne sert à rien.
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"Il n'y a pas de place pour les secrets entre deux personnes qui veulent construire une relation."
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J'aurais pu essayer de courir jusqu'à la salle de bains pour cracher cette horrible chose dans les toilettes, mais ça m'obligeait à passer par la cuisine. En cachant quelque chose dans la main, ça aurait fait un peu louche, non ? En plus, à moins de coller le truc sur le côté de la cuvette, ça aurait fait un énorme plouf, accompagné d'une odeur nauséabonde. Elle aurait pensé que je venais de faire couler un bronze archpuant.
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– Mais je ne pouvais pas deviner qu’ils allaient perdre mon sac sur ce foutu vol. On n’a même pas eu de correspondance. Si au moins tu m’avais laissée emporter mon iPhone, j’aurais pu prendre des photos avec.
– Ma chérie, a rétorqué maman d’un ton ferme, on va de ce pas chercher un cybercafé et faire une déclaration de perte à la compagnie aérienne.
Et, aussitôt sorties du restaurant, on a trouvé un cybercafé juste à côté d’un distributeur de billets où maman a pris des euros. Elle m’en a donné une petite liasse.
– Tiens, mets ça dans ta poche. Fais-y bien attention.
– Mais maman ! C’est pas ma faute si mon sac s’est perdu !
– Je n’ai pas dit ça. Je te conseille seulement de faire attention aux pickpockets.
– D’accord, ai-je marmonné.
J’avais les yeux qui me piquaient. Si je ne me contrôlais pas, j’allais me remettre à pleurer.
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