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3,5

sur 1119 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Deux couples ont rendez-vous dans un restaurant chic et branché d'Amsterdam. Paul et Claire s'y rendent à reculons. C'est Serge qui a choisi le jour, l'heure et le lieu, Serge, le frère de Paul, Serge, populaire, admiré, Serge, propriétaire d'une vaste demeure dans le Périgord Serge, mari de la belle Babette, père comblé qui a poussé la générosité jusqu'à adopter Beau en Afrique, Serge qui a tout réussi, Serge, futur Premier ministre des Pays-Bas et Serge qui veut parler des enfants. Car les enfants ont fait quelque chose de grave. Paul le sait, il en a encore vu la preuve l'après-midi même en fouillant le portable de son fils unique, Michel, sur une vidéo qui ne laisse aucun doute. Mais le dîner s'éternise, Serge est au centre de toutes les attentions, la cuisine minimaliste agace Paul, le gérant donne de longues explications sur chaque plat et le sujet des enfants, attendu et redouté, tarde à être abordé. La tension monte.

Une belle surprise que ce roman néerlandais, une claque même, tant Herman Koch s'est ingénié à retourner, malmener et manipuler un lecteur stupéfait qui ne sait plus que croire, qui aimer, qui détester de ces quatre personnages attablés devant un dîner fin. de l'apéritif au digestif, il déroule un menu au goût de plus en plus amer. le début est sans équivoque, Paul, professeur en congé maladie, et sa femme Claire forment un couple équilibré et aimant. Ce sont des gens simples et sympathiques qui apprécient moyennement de gâcher un samedi soir dans le restaurant le plus en vue d'Amsterdam alors que leurs goûts les portent plus vers un petit café populaire où l'on mange à sa faim et pour moins cher. Paul est drôle, sarcastique, il décortique l'ambiance, les manières des serveurs, les chichis superflus avec verve. Serge et sa femme sont absents, en retard comme d'habitude. Mais grâce à Paul, on sait déjà que va arriver un couple qui a réussi. La femme est belle à tomber, le mari est un politicien ambitieux, sans doute un arriviste, un sale type opportuniste qu'on juge d'emblée infréquentable. Quant aux enfants...Certes, ils ont fait une grosse bêtise mais Michel est un bon garçon, il a dû être influencé par les fils de Serge, probablement Beau, le fils adoptif qui n'a pas su s'intégrer. Oui mais voilà...Il ne faut pas se fier à sa première impression. de joyeusement ironique, le ton passe au grinçant, au cynique, à l'immoral et le temps du repas devient le temps des règlements de compte et de la vérité. Sur le thème de la famille et de la parentalité, le roman aborde aussi l'éducation, la violence gratuite, le bien et le mal. Une comédie qui tourne à l'aigre et qui vaut le détour.
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"Le dîner" est la première oeuvre littéraire néerlandaise que je lis : plus de 300 pages que j'ai dévorées avec avidité. Ce roman a suscité de ma part à chaque page admiration, étonnement, stupeur aussi : la rareté d'une lecture dont on ne peut décrocher à la fois par plaisir mais aussi avec un sentiment de malaise car rien de ce que l'on y découvre n'est confortable. Plus le livre avance, plus il m'a dérangée, provoquant une réflexion personnelle sur des sujets profonds qui concernent chacun de nous au travers d'une fiction formidable alliant suspense, humour féroce, portraits au vitriol de la société politique, culturelle, nous interrogeant sur les relations familiales (fratrie, couple, enfants), et nos valeurs sociétales (éducation, médias, rapport à l'argent).
Une des clés de la réussite de ce livre est que c'est avant tout une très bonne histoire. le roman s'ancre dans le décor d'un restaurant étoilé où se retrouvent deux couples, la quarantaine, plutôt aisés, dont les deux hommes sont frères.
Chaque partie du roman suit la chronologie du dîner, de l'apéritif au pourboire. Un des deux frères, Paul, prof d'histoire, est le narrateur, l'autre, Serge, est en passe de devenir le futur Premier Ministre. Claire et Babette sont leurs épouses respectives. Les deux couples ont des enfants.
Très tôt, la tension est palpable : sous le vernis des gens civilisés mais aussi célèbres et publics (Serge), l'instinct humain primal se révèle. Nous sentons que ce dîner a un enjeu terrible, que nous allons découvrir au moyen de flash-backs, mais personnellement je ne m'attendais pas à un tel développement et une telle résolution.
Pour employer une expression à la mode dont se raillerait le narrateur, rien n'est politiquement correct dans ce qui est énoncé. Chaque fois que l'on se sent rassuré par telle ou telle idée émise, telle manifestation sentimentale, telle bouée de sauvetage, le bien-être ressenti est mis en pièces quelques lignes plus loin. le sol ne cesse de se dérober sous nos pieds, à l'image des saveurs du dîners pour les convives de plus en plus acides. L'auteur nous gratifie en prime d'une satire du monde culinaire sacralisé des plus réjouissantes.
H. Koch promène et manipule son lecteur avec délectation : au départ, les quatre personnalités semblent bien définies : tel est détestable, telle est un peu cruche. Mais ce serait trop simple. le fort devient faible, l'intelligence moyenne se révèle diaboliquement rusée, et ayant fini le livre, je me demande encore si le narrateur ne m'a pas menée en bateau plus que je ne le soupçonne.
Car c'est un aspect que j'ai vraiment apprécié : tout n'est pas dit. En ces temps de fameuse "transparence", ici nous seront dissimulés certains faits, même déterminants. Rien ne sera justifié par une démonstration psycho-médicale, même si des indices nous questionnent. H. Koch joue aussi sur notre sentiment de frustration, ce qui est en parfaite adéquation avec "Le dîner" puisqu'il contrôle avec jubilation notre faim de savoir, expliquer, et surtout juger. Aucun jugement n'est possible, à moins d'un rejet viscéral du lecteur, ce qui me paraît improbable vue la qualité de la narration. Les questions sont posées : que sommes-nous prêts à sacrifier, quels actes sommes-nous capables de commettre pour préserver le peu de bonheur qui nous maintient en vie, et, en apparence, aptes à côtoyer nos semblables, jouer le jeu d'une vie sociale conforme ?
Si vous pensez avoir de solides réponses personnelles à ces questions, H. Koch vous fera vaciller.
"Le dîner" est féroce, subtil, impitoyable, drôle, tragique, violent.... et jubilatoire !!
J'ajoute, pour terminer mon billet, que l'auteur a mis en exergue de son roman un extrait du dialogue du film de Tarentino "Reservoir dogs". le livre refermé, j'en ai souri.
Bien joué, Monsieur Koch !
Vivement la prochaine invitation.
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C'est dans son édition 10/18 que j'ai avalé ce Dîner, dans une lecture toujours plus surprenante.
Mon premier auteur néerlandais, dans une histoire néerlandaise.
Le bonheur... Que ne ferait-on pas pour le conserver (ou, plutôt en garder un ersatz, une apparence) lorsqu' un acte abominable commis par vos enfants compromet l'avenir de votre famille?
Certains répondent à cette question, par une abjection encore plus grave et inacceptable: Ne rien dire, faire le gros dos en toute inconscience d'un enfer qui ne pourra que perdurer.
D'autres, plus douloureusement conscient et-au final-responsables, voudront avouer la vérité en vue d'une possible rédemption avec purgatoire.
Qui l'emportera, du bonheur à tout prix ou de la rédemption possible?
Habilement, Herman Koch déroule son Dîner dans un restaurant aussi prétentieux que coûteux. Les assiettes y sont emplies de vide et d'un peu de nourriture.
C'est Paul qui est le narrateur... Et son récit va crescendo dans la perplexité et l'effroi que j'ai ressenti en tant que brave lecteur immergé dans le livre.
Lecteur à qui ne sera rien épargné... Mais c'est l'écrivain qui mène la danse de son quatuor et qui fait ce qu'il veut: Un roman noir moderne et terrifiant.
Un livre diantrement habile et qui mérite amplement ses cinq étoiles.

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Deux frère et leurs femmes dînent dans un restaurant branché.Leurs enfants ont commis" l'irréparable"et ils se retrouvent pour en parler.
Le roman est structuré autour des différents services de ce dîner.chaque personnalité se dévoile et chacun analyse la situation pour aboutir à une solution familiale,Jusqu'où les parents vont ils aller pour sauver leurs enfants?Le drame qui a eu lieu est l'aboutissement d'une grande violence,familiale elle aussi.
Du grand art!
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On ne peut qu'admirer le talent narratif de l'auteur. Qui est capable de faire s'étirer un repas sur autant de pages ? Et avec quelle facilité on se met à la place du narrateur... Une invitation à lire tous les autres livres de l'auteur. Vous les rangerez côte à côte dans votre bibliothèque.
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Publié en 2009 et traduit en français l'année dernière, "Le dîner" est un roman de l'écrivain néerlandais Herman Koch.

Paul et son frère Serge dînent dans un restaurant guindé en compagnie de leurs femmes.
Une soirée normale en famille, entre gens bien sous tous rapports qui ne peuvent pas se sentir mais ont néanmoins la courtoisie de pouvoir se tenir à table, se dit-on.
Après avoir traversé l'apéritif et l'entrée en ayant épuisé tous les sujets bateau qu'il est possible d'évoquer à ce genre d'occasion, tous les 4 doivent bien se rendre à l'évidence : ce qui les réunit dans ce restaurant n'est certainement pas l'envie commune de goûter à la haute gastronomie de l'établissement.
Leurs enfants se sont rendus coupables d'un acte grave et l'heure est venue d'en débattre et de laver son linge sale en famille.

Les nombreux avis élogieux sur ce roman ont fini par me mettre en appétit. Aussitôt attablée, je n'ai pu être rassasiée avant d'avoir goûté tout le menu.
L'apéritif et l'entrée furent en tous points délicieux. Paul, le narrateur, verse allègrement dans la raillerie, critiquant tout et tout le monde, particulièrement son frère Serge.
Loin de le trouver agaçant, je me suis attachée à cet homme simple et honnête, beaucoup moins à Serge qui brigue le poste de Premier Ministre des Pays-Bas et qui, à travers le regard de Paul, apparaît comme un hypocrite de première.
Si l'ambiance se veut tendue dès le départ, on est loin de soupçonner le tournant à venir.
C'est à l'arrivée du plat de résistance que les choses se corsent. le rire fait soudainement place à la consternation alors que les masques tombent et que la moralité des uns et des autres se révèle au grand jour !
Si Serge et sa femme Babette affichent dès le départ leurs désaccords, le couple formé par Paul et Claire bénéficie d'une complicité silencieuse d'un bout à l'autre du récit.
Paul témoigne du soutien indéfectible de sa femme, des épreuves que leur famille a traversées et qui les ont amené à se serrer les coudes.
Racontant certains épisodes peu reluisants de sa vie attestant de son étrange rapport aux autres, il occulte volontiers certains détails qui selon lui sont dénués d'importance mais dont l'absence dévoile son obsession à vouloir maintenir l'illusion d'une famille heureuse.
Car tel est bien l'enjeu de ce dîner particulier : sauver les apparences, peu importe l'ampleur du délit commis par les enfants, puisqu'on semble ici prôner une hiérarchie de droits, le plus faible étant naturellement soumis à la loi du plus fort.

Comme il fut frustrant de ne pas pouvoir mettre son grain de sel dans ce dîner !
Heureusement que l'auteur joue le rôle de dénonciateur en laissant poindre dans son récit une aversion pour cette bourgeoisie névrosée qui se trompe de débat, incapable de distinguer le bien du mal et d'autant plus mal placée que pour inculquer des principes moraux et encourager ses enfants à faire face à leurs responsabilités.

"Le dîner" est un roman brillant de par sa construction. Les chapitres, revêtant chacun une étape du repas (apéritif, entrée, plat,...) coïncident parfaitement avec la progression de l'histoire.
Si l'humour est certes présent à tous les stades du repas, celui-ci prend une tournure plus amère une fois que l'intrigue se met en place.
Mélange savoureux de peinture sociale, de suspense psychologique et de roman noir, "Le dîner" ne vous laissera pas sur votre faim :)
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Le dîner est l'un des romans néerlandais contemporains qui ont connu le plus de succès. Il a fait l'objet de deux adaptations à l'écran et d'une pièce de théâtre. Je serais curieux de voir ce que ça donne sur les planches, d'ailleurs, car l'histoire se prête parfaitement à l'exercice. Entre roman noir, comédie de moeurs et satire sociale, le livre est en tout cas une totale réussite.

Il s'agit d'un dîner dans un restaurant huppé d'Amsterdam entre deux frères et leurs épouses. L'un des deux frères, Paul (le narrateur) est un prof d'histoire mis en disponibilité pour raison médicale ; l'autre, Serge est un politicien en pleine campagne électorale, pressenti pour devenir le prochain premier ministre des Pays-Bas.

Ca commence de manière légère, avec des réflexions personnelles du narrateur assez salées sur les pratiques commerciales aux Pays-Bas ou sur le caractère parfaitement superficiel et m'as-tu vu de son frère. Et plus ça va, plus les caractères et les actes des uns et des autres se dévoilent, et notamment une énorme connerie qu'on fait les enfants des deux couples. Et plus ça va, plus ça devient glauque et on se demande en permanence quand ça va déraper. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas spoiler. En tout cas, j'ai pris énormément de plaisir à lire ce livre, qui se lit particulièrement vite. L'humour et le cynisme dont font preuve l'auteur n'ont d'égale que son art de la mise en scène et de la montée en puissance dramatique.
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Deux frères Paul et Serge accompagnés de leurs épouses Babette et Claire se donnent rendez-vous dans un restaurant branché d'Amsterdam,
Les hommes comme les femmes sont fort différents, déjà par leurs accoutrement ; Claire est habillée simplement tandis que Babette elle, doit montrer ses orteils dépassants de ses sandales tropéziennes. Voilà un roman habilement construit : un huis-clos oppressant, des chapitres qui se divisent par le nombre de plats que les couples consomment et des révélations qui arrivent au compte goutte. Les personnages sont tous complexes, sombres, plein de secrets et cachent pas mal de leurs vies respectives et. ce roman m'a fait penser à aucun autre et je comprend maintenant le succès de ce livre au Pays-Bas.
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Ce roman m'a laissé une impression bizarre... C'est piquant et très bien écrit mais c'est dérangeant...

Deux couples se réunissent au restaurant : d'un côté, Serge, l'homme politique qui souhaite devenir premier ministre et, de l'autre, son frère Paul, prof d'histoire qui a pété les plombs et ne travaille plus. C'est à travers le regard de ce personnage que nous découvrons l'histoire. Bien entendu, les deux frères se « supportent » mais ne s'apprécient pas tant ils sont différents. Il faut pourtant qu'ils dînent au restaurant avec leurs épouses respectives car ils doivent discuter de quelque chose d'horrible...

La manière dont l'auteur nous propose de suivre l'histoire est très intéressante : on partage la vision de Paul, totalement à l'opposé de son frère. Ses pensées sont sans cesse interrompues par des souvenirs, des réflexions... On ne voit pas très bien où il veut en venir, c'est tortueux... On sent qu'il est perdu, il semble maladroit, plein de doutes, en marge de la société. On compatit car, par certains côtés, on parvient à s'identifier à lui.

Et... on se rend compte que finalement, le vrai psychopathe n'est pas celui que l'on croit...

A découvrir !

[Critique rédigée le 12 octobre 2016]
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Les Lotman se retrouvent pour un dîner dans un restaurant chic. Ils doivent discuter d'une affaire de famille qui embarrasse Serge, candidat au poste de premier ministre. Il est entouré de son frère Paul, étrangement nerveux et agressif, Babette, sa femme, et Claire, sa belle-soeur.
Peu à peu, au cours du repas, une histoire sordide se développe.
Le roman est raconté par Paul. Nous avons donc tendance à adopter le point de vue du narrateur. Cependant, dès le début, nous sentons que quelque chose cloche, le malaise plane.
Au fil du récit, les véritables personnalités de chacun vont se dévoiler. Tous ont d'embarrassants secrets à cacher. L'atmosphère s'opacifie, la tension monte, le trouble s'installe. Les personnages sont antipathiques, voire odieux. La fin est frustrante.
On ne peut presque rien révéler de ce dîner bien amer, mais on en sortira complètement déboussolé.
L'auteur ne nous donne pas son avis Il laisse à son lecteur le soin de se forger son opinion. Et c'est terrible, car le roman subjugue, hypnotise presque, mais déstabilise en même temps. On ne peut pas en sortir indemne !
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