Le Diner est un roman énervant, très énervant.
Deux frères se retrouvent à diner dans un restaurant chic d'Amsterdam avec leurs épouses. Ils ne s'entendent pas, mais quelque chose les poussent à ce rendez-vous. L'un est un politicien très en vue, qui a de fortes chances de devenir Premier Ministre, l'autre un ancien professeur un peu marginal. Mais s'ils sont très différents, ils ont en commun un cynisme sans limite. de l'apéritif au digestif, nous découvrons qui ils sont réellement (ce n'est pas beau à voir) et ce qui les pousse à se retrouver pour ce dîner dont personne ne voulait (qui est tout aussi immonde). le cas de conscience de ces êtres abjects sera alors abjectement résolu…
Ce livre est un poil à gratter de bout en bout. le frère marginal en est le narrateur, et est d'une odieuse prétention. Il se moque d'à peu près tout et notamment de nous, petits français, accusés d'escroquer les étrangers en vacances dans notre pays…. Sympa! La gastronomie en prend pour son grade également, tout comme l'adoption et nombre d'institutions. Mais surtout, pas une lueur d'humanité ne semble exister chez ces êtres et leurs rejetons décérébrés, tous plus antipathiques les uns que les autres, au fur et mesure que le pourquoi du comment se dessine.
L'intrigue est bien construite, par petites touches laissant planer un suspense tout au long de l'ouvrage, dont les tenants et aboutissants ne se découvrent qu'à la fin et donnent un éclairage nouveau sur ce concours de monstres. de style, il n'y en a aucun. Surtout le traitement et son propos m'ont réellement exaspéré. Je comprends l'idée de jouer avec la morale et la bien-pensance du lecteur, je comprends le principe du cas de conscience qui nous interroge sur nos valeurs et notre société. Je ne doute pas que l'auteur de ce livre condamne ses héros, mais pourquoi nous infliger cela ? Quel plaisir peut-on prendre à suivre des êtres odieux se dépêtrer odieusement de choses odieuses ? Si au moins, il y avait un peu d'humour, un peu de distance… Mais non ! Enfermé dans le regard d'un type qui devient à chaque page plus antipathique, on ne peut qu'enrager et râler au fur et à mesure que les horreurs et les jugements de valeurs à l'emporte-pièce s'amoncèlent.
Chez
Bret Easton Ellis par exemple, qui s'y connait en monstres, il y a une invention de langage, une folie, voire une forme de beauté dans le nihilisme et ses héros. Aussi terribles soient-ils, ils ont une part d'humanité, qui laisse supposer une souffrance, un déchirement. Là, il n'y a rien.
Mais je dois reconnaitre que ce livre désagréable réussit à interroger le lecteur et que l'agacement qu'il suscite en fait une oeuvre dont on se souvient.
Si
Michael Haneke cherche un livre à adapter pour son prochain long métrage putassier, ce Diner est pour lui. Pour les autres, gare à l'indigestion.
Lien :
http://coincescheznous.unblo..