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« PAR OÙ ?
- de quoi parles-tu ?
- LA SORTIE.
- Oh et bien c'est très simple, un véritable jeu d'enfant je dirais même ! Continues tout droit pendant trois cents mètres, quand tu verras un arbre sans feuille tournes à gauche. Ensuite, avances dans la direction de la lumière, tu ne pourras pas la louper ! Quand tu auras atteint une immense palissade rougeâtre et glissante, tu devras l'escalader au péril de ta vie. Une fois cette étape réussie, il ne te restera plus qu'à slalomer entre les cadavres, zigzaguer et éviter les obstacles qui se dresseront sur ton chemin. Un vrai jeu d'en...
Excédé, l'immense créature avait soulevé de terre le pauvre guide avant de le projeter contre un gros rocher en hurlant “TROP LONG !” »

Un message. Une proposition. Aucune hésitation. Lorsque Joseph Kochmann me contacte pour chroniquer son dernier livre, j'accepte sans même réfléchir. Je ne sais jamais à quoi m'attendre et j'avoue ne même pas lire la quatrième de couverture ; je saute à pieds joints dans ces histoires. Joe (c'est toujours plus cool que Joseph non ?) fait partie de ces auteurs dont l'imagination débordante n'a de cesse de me surprendre, chacun de ses livres est un savant mélange de réflexions sur nos sociétés et de violence, le tout avec un côté décalé non négligeable. Avec le temps - j'en suis quand même à ma cinquième chronique - je ne cherche même plus à comprendre, je me laisse transporter par l'histoire sans savoir où celle-ci me mènera ; je ne résiste plus, me prêtant au jeu afin de savourer le dénouement.

« PAR OÙ ?
- Tu cherches La Sortie ?
- OUI !
- Cela tombe bien, moi aussi. Je crois qu'il faut suivre cette direction (il pointe du doigt un halo lumineux au bout d'un long tunnel).
- MARCHONS ALORS, VITE! »
C'est ainsi qu'un adolescent et une bête, ressemblant à s'y méprendre à un gorille, prirent la route vers une destination inconnue.

Ce livre, bien que relativement court, narre dans une atmosphère angoissante et quasi anxiogène la course effrénée de nombreux individus. Un groupe de spationautes a atterri sur une planète étrange dont nul n'a jamais entendue parler. Tous sont animés par le désir, que dis-je, le besoin vital de rejoindre au plus vite La Sortie.

« ACCÉLÈRE !
- Je voudrais bien… Je dois faire trois pas quand toi tu n'en fais qu'un… »
D'un naturel peu patient, l'animal laissa l'homme en pestant, grognant un “TROP LENT” presque inaudible. Il devait arriver le premier et personne ne le ralentirait, surtout pas un misérable garçon incapable de suivre l'allure.

Un long et douloureux voyage attend les personnages, un véritable parcours du combattant dans un monde hostile. L'urgence de la situation se fait sentir à chaque chapitre, accentuant l'angoisse et la tension, le rythme s'accélère jusqu'à devenir insoutenable. Les pages défilent et l'atmosphère se charge d'une délicate odeur de mort un brin saturée par la transpiration des uns et les déchets organiques des autres… Tout s'enchaîne rapidement tel un tourbillon prêt à tout ravager.

« ARRIVER LE PREMIER… RÉUSSIR AVANT LES AUTRES… »

La violence ainsi que la mort sont omniprésentes au sein de cette courte histoire, elles agissent main dans la main comme deux vieilles amies. Ne soyez pas surpris par les passages sanglants, gores et décalés dont regorgent ce livre, je pense pouvoir affirmer qu'il s'agit de la marque de fabrique de l'auteur. L'univers angoissant dans lequel Joe plonge le lecteur donne l'impression d'un piège se refermant progressivement et inexorablement sur ses victimes. Les individus fraîchement débarqués ne font pas dans la dentelle et se massacrent sans pitié avec tout ce qu'ils trouvent sous la main, prêt à tout pour atteindre La Sortie avant les autres... le monde de brutes qu'il nous dépeint ne laisse que très peu de place à la tendresse et la douceur, ces deux termes étant des notions étrangères aux personnages ou alors très lointaines… L'Homme n'est pas le seul danger pour l'Homme sur cette planète inconnue, c'eût été trop simple sinon ! Une étrange maladie sévit, un mal dont personne ne connaît l'origine et qui ronge petit à petit les corps… Une fois la maladie contractée, vous mourrez à petit feu, violemment et sûrement…

« BESOIN D'UNE PAUSE, COURTE. »

Prenons maintenant quelques instants pour évoquer la plume de Joseph Kochmann, son style ainsi que sa patte d'auteur. Laissons le gorille se reposer tranquillement après avoir parcouru des kilomètres entiers et savourons ce répit. Joe possède un style unique que je trouve particulièrement savoureux et qu'il maîtrise parfaitement. Il a l'art et la manière de raconter des histoires absolument loufoques, le genre qui vous retourne le cerveau si vous tentez de suivre une quelconque logique. Et pourtant, eh oui, tout est calculé, millimétré, rien n'est laissé au hasard. Chaque élément trouve sa place dans l'immense puzzle que représente l'histoire, s'emboîtant à la perfection. La violence, omniprésente, n'est jamais gratuite et trouve toujours une justification, renforçant les propos et accentuant le malaise. J'aime énormément la plume de Joe, belle et fluide, elle m'embarquerait dans n'importe quelle histoire ! À chacune de mes lectures, je retrouve des points communs, autant d'aspects qui permettent d'identifier la patte de l'auteur, qui le distingue des autres. Les clins d'oeils à ses autres livres me font toujours sourire, tantôt discrets, tantôt flagrants, ils créent des liens et des passerelles entre les histoires.

« COURIR… LA SORTIE… »

Qui sont les personnages de cette histoire absurde ? le lecteur ne sait rien d'eux si ce n'est le fait qu'ils n'ont pas de prénom ni de nom… Ils ont un numéro. Un chiffre. Un nombre. Anonymes parmi les anonymes. Ils sont un parmi la foule, noyés sous une masse grouillante, incapables de s'affirmer. Cela ne nous renvoie-t-il pas à notre propre situation ? Numéros de carte bancaire, numéros de carte d'identité, numéros de carte vitale, numéros de commande, numéros de candidats… Autant de numéros qui toujours nous désignent mais jamais ne nous définissent. Chaque instant de notre existence nous souhaitons nous affirmer, montrer que nous sommes là, que nous méritons d'exister, que nous voulons vivre… La vie est un combat de tous les instants, ce livre l'illustre à sa manière. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller ? Que sommes-nous prêts à faire quand il est question de survie ? À travers le parcours chaotique des personnages, des problématiques sont soulevées, des comportements sont mis en exergue. Quelle est la valeur de l'amitié entre deux inconnus ? Doit-on faire confiance au premier venu ? Qu'est-ce qui peut unir plusieurs personnes ? Quel est le prix de la trahison ? Autant de questions qui se bousculent avec fracas, autant de mots posés qui donnent le tournis. Quelques personnages se détachent bien du lot, comme le GROS SINGE ou encore certains numéros, 0, 6, 12, 24, 26… Des personnalités que l'on distingue, des individus guidés et animés par l'envie de trouver La Sortie. Un mantra leur donne la force d'avancer, des paroles répétées encore et encore, tournant en boucle, insufflant la détermination dont ils ont besoin. Tout va si vite que finalement, nous réalisons que l'amitié et la confiance ne sont que peu de choses, que nous sommes tous des inconnus pour les autres...

« JE LA VOIS… TOUT PRÈS… SI PROCHE...»

La force des livres de Joseph réside sans doute dans la maîtrise du suspense et la manière dont les messages sont distillés. Bien que tout nous y prépare, je n'ai pas vu venir la fin. Un final en apothéose, presque deux en un d'ailleurs, vraiment bien trouvé et orchestré. Une fois de plus, toute cette mise en scène nous donne à réfléchir sur notre société et sur la place que nous y occupons. Nous constatons (surtout en ce moment…) que nos instincts primaires ont très facilement tendance à refaire surface, que lorsqu'il est question de survie plus rien d'autre ne compte… Joseph Kochmann nous livre un récit tristement humain, questionnant la déshumanisation dès lors que l'on plonge les individus dans l'inconnu. Les métaphores de notre époque sont nombreuses, disséminées de telle façon à nous faire réagir, à nous donner à voir. de la réflexion sur les numéros à l'anonymat en passant à celle sur les vêtements qui reflètent l'intérieur des gens, les images convoquées dans ce livre parlent à notre inconscient, à notre imaginaire. Qu'est-ce qui nous distingue les uns des autres si ce n'est les chemins que nous empruntons et la volonté dont nous pouvons faire preuve ? Peut-être pourriez-vous, vous aussi, rejoindre La Sortie… et qui sait, peut-être reviendrez-vous nous dire ce qui se cache derrière…

« PAR OÙ ? »
Par où… Paroù… Par… P… Seul l'écho lui répondit.

Lien : https://wolkaiw.blogspot.com..
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Ayant dévoré les quatre précédents livres de Joseph Kochmann, je ne pouvais pas passer à côté de sa nouvelle parution, La Sortie. Merci à cet auteur autoédité qui me renouvelle sa confiance. Si vous êtes déjà adeptes de son style, vous vous y retrouverez sans mal dans ce court roman. On ressent très vite sa patte avec un univers dans lequel on s'interroge continuellement et dans lequel la violence et la mort sont omniprésentes. Un groupe de quatre personnes, deux femmes et deux hommes, se retrouvent dans un lieu qui leur ait inconnu sans plus aucun souvenir. Avec seulement des numéros tatoués sur leur bras pour se démarquer les uns des autres, ils décident de prendre la route afin de découvrir ce que recèle ce lieu qui semble au premier abord bien calme. Mais c'est alors que cette simple escapade va bientôt se transformer en course pour un seul but : leur survie.

Plongés au milieu du danger, cette bande va devoir venir à bout de plus d'un obstacle afin de parvenir à la Sortie tout en essayant de comprendre leur place dans tout cela. le lecteur doit lui aussi patienter avant de comprendre dans quoi il s'est lancé. Personnellement, j'étais vraiment perdue au début de ma lecture. Cependant, Joseph Kochmann sait comment nous faire patienter en créant de l'intérêt autour de tous ces mystères et interrogations. Dans ce monde sans foi ni loi, il y aura ceux qui font tout pour survivre quitte à laisser derrière eux des vies humaines et d'autres qui croient en leur destin et à la générosité de l'être humain. Dans tous les cas, cette histoire étonne par ses choix et prend souvent le contrepied de certaines attentes ou à priori du lecteur. Ces risques ont été totalement gagnants pour moi ayant été agréablement surprise plus d'une fois.

Par contre, le manque d'approfondissement au niveau des personnages et du lien entre eux aura parfois pêché avec moi, certains protagonistes s'attachent ou se désintéressent vite les uns des autres sans que nous-mêmes, on ait pu au préalable les assimiler au maximum. Si vous avez lu la Trilogie des singes de la bêtise et/ou En fait, c'est le rêve du chien, vous serez amusés à la fin des références et surtout de leur lien avec ce nouveau récit qui est encore plus original que je ne le pensais. Moyennement convaincue par ma première escapade au sein des Chroniques d'Inspiterre, La Sortie m'a donné envie de poursuivre l'aventure avec les tomes prochains au sein de cet univers fantasque.
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Je suis Joseph Kochmann depuis ses premières parutions, et il parvient systématiquement à me surprendre par l'audace et l'ambition de ses scénarios et des messages qu'ils véhiculent. La Sortie ne fait pas exception, et une fois de plus je me suis régalée !

On suit un équipage de vaisseau qui se retrouve livré à lui-même sur une planète inconnue. Chacun des membres possède un numéro, qui fait office de nom, et ils se mettent en route sans trop savoir vers quel but, avec juste la conviction intime qu'il leur faudra rester unis malgré les embûches. C'est du moins l'avis de 24, qui prend en quelque sorte la tête du groupe et semble connaître d'instinct leur destination : La Sortie, échappatoire ultime de ce lieu hostile.

La construction de l'intrigue est, comme d'habitude, un délice. Pendant un bon tiers du bouquin, je n'avais aucune hypothèse valable quant à la situation de ces cosmonautes mystérieux, et quand j'ai commencé à avoir des soupçons (qui se sont avérés plutôt corrects), je me suis fait avoir par une deuxième grosse vague de surprise en fin de roman. Je commence à savoir, pourtant, qu'il ne faut jamais relâcher sa garde avec cet auteur !

Un autre élément fondamental à toute son oeuvre et qui ne fait pas défaut ici, c'est les réflexions sur la vie, sur l'identité et sur les émotions. D'un point de départ plutôt ludique et innocent, on nous emmène dans des questionnements bien plus profonds et j'avoue avoir été touchée plusieurs fois par le sort de certains personnages. Au fil du roman, les gens évoluent et on les voit différemment, on change d'avis sur eux et on se prend à espérer que tout ira pour le mieux. Il y a toujours un petit côté théâtral dans la construction des dialogues, mais ça me plaît bien, ça ajoute un effet de mise en scène à ces histoires qui cachent souvent une autre réalité.

Et enfin, j'aime toujours autant les clins d'oeil qui foisonnent, dans ce roman comme dans les autres. Chiffres symboliques, références aux anciennes histoires, je prends beaucoup de plaisir à tenter de les repérer (même si j'en rate probablement un tas et que je ne pourrais pas trouver la signification de chacun d'entre eux). Bref, il y a beaucoup de couches de lecture superposées, et c'est véritablement stimulant pour le cerveau !

Je préfère ne pas en dire plus, au risque de trop dévoiler de ce petit roman fort satisfaisant. Mais une chose est sûre, je reste au rendez-vous pour les prochaines parutions de Joseph Kochmann, et je trépigne d'avance !
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