On connaît le caractère anticonformiste de l'oeuvre d'
Arthur Koestler, qui n'hésita pas à contester à Gallilée l'essentiel de ses découvertes dans « Les somnambules », et qui n'hésita pas non plus à prendre parti pour Kammerer dans le conflit qui l'opposa aux néo-darwinistes dans «
L'étreinte du crapaud ».
On ne s'étonnera donc pas si en 1976, à la recherche de ses origines juives et hongroises, il est amené à contester la thèse couramment admise de la filiation des juifs Ashkénazes d'Europe de l'est avec ceux expulsés de Palestine et « remontés » via le nord-est de la France, les Flandres et la Rhénanie.
Une étude fouillée que sa connaissance de l'hébreu, de l'allemand, du français, de l'anglais et du hongrois, lui permit de baser sur des textes parfois non encore déchiffrés, sur la langue, la géographie… le conduit à penser que ces juifs Ashkénazes sont issus d'une conversion massive d'une peuplade vivant entre Don, Danube, et Volga : les « Khazars », vers 740, sur les conseils éclairés de leur Roi, coincés qu'ils étaient entre une poussée de conquérants islamiques et les ambitions des puissances chrétiennes autour de Byzance.
Une théorie dont on mesure à quel point elle est dérangeante dans la mesure où le même lieu semble bel et bien constituer le berceau de la race aryenne. Si cette thèse devait se confirmer, le mot « antisémitisme aurait-il un sens ? Où ne témoignerait-il que d'un sombre « malentendu partagé entre les bourreaux et les victimes ».
Des conclusions, on l'aura compris qui sont loin de faire l'unanimité ; il n'est pour s'en convaincre que de lire le pavé de
Jacques Attali « Les juifs, le monde et l'argent » . Un ouvrage fort intéressant néanmoins pour qui se passionne d'histoire des religions ; une (hypo)thèse parmi d'autres, pour paraphraser un ancien président du CRIJF, interrogé sur ce livre et qui déclarait : « Il y a tellement d'hypothèses qui vont de l'orient à l'occident, sans oublier l'Afrique ! ».