"La nuit était tombée sur l'Ukraine" et K. avait conservé au poignet sa montre arrêtée sur 19h06, comme un symbole .
Dès ce premier bombardement, elle aurait pu fuir ou rejoindre les combattants mais elle s'est résignée. Elle est restée. Dans les rues qu'elle ne reconnait plus, elle est devenue Veilleuse. Dans l'appartement de son enfance, elle veille sur sa mère qui peu à peu s'éteint. Et dans la bibliothèque, poursuivant son travail d'archiviste, elle veille sur un trésor. Car c'est dans ses galeries souterraines qu'ont été rassemblés à la hâte les tableaux, les statues, les oeuvres dans lesquels bat le coeur de l'Ukraine mutilée.
K aurait pu veiller ainsi, dans son sanctuaire, attendant des jours meilleurs, petite lumière patiente, timide, fragile. Mais l'Homme au chapeau a d'autres projets. C'est à elle qu'il confie l'odieuse mission de profaner les oeuvres pieusement conservées. Elle doit les falsifier pour en éliminer toute trace de l'âme ukrainienne, tout ce qui témoigne de l'esprit de résistance et qui fait l'identité de son peuple.
Au fil des pages, Alexandra K. nous fait découvrir les symboles et l'histoire d'un peuple qu'on essaie de museler depuis des siècles. Au fil des pages, la petite K, studieuse, dévouée, pâle et blonde s'enflamme à l'image de sa rousse jumelle. Elle se métamorphose. Elle s'étoffe de toutes les ombres qui peuplent ses rayonnages. Elle trouve sa place et sa guerre. D'abord dépositaire, vestale et porte-parole de tous les artistes ukrainiens dont elle refuse d'abolir le message, elle grandit jusqu'à devenir une Antigone droite et combative, une 11e Muse, créatrice et immortelle.
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Dans leurs déconstructions si caractéristiques, les guerres ont une tradition souvent ignorée, — condamner les portes malgré tout offertes à une renaissance. La signification de la guerre, c'est en finir avec une présence et le signe de sa réussite, que les forces survivantes ne parviennent plus à redresser les façons d'être qu'elle a vaincues. C'est de cela dont il est si subtilement question dans ce beau livre.
Commenter  J’apprécie         10 Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité
Le style d'écriture m'a rebuté des la première ligne. Des phrases sont trop longues et lourds de mots superflus. Les idées exprimés si générales que ça frôle le moralisme. Je ne sens pas la présence de la vie. du personnage principale, on ne connaît pas son nom. Elle est indiqué par sa profession, ou par une lettre majuscule. Si Kafka
s'est servi de ce procédé pour renforcer une impression d'étrangeté qui captive l'attention du lecteur, ici cela me provoque que de l'ennuie. La construction de l'histoire me semble artificiel, forcée. Désolée, je n'ai pas trouvé de plaisir à lire ce livre.
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