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sur 156 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans l'Ukraine en guerre, de nos jours.
K. est une jeune archiviste responsable de la bibliothèque municipale. Dès les premiers bombardements, les oeuvres d'art des différents musées de la ville ont été abritées dans les sous-sols de la bibliothèque.
Un jour, K. reçoit la visite de l'Homme au Chapeau, à la solde de l'ennemi, qui lui ordonne de falsifier les oeuvres d'art entreposées dans les caves, pour en expurger toute trace de culture ukrainienne. Achever d'anéantir un peuple en annihilant ce qui fait son identité...
Tout doit y passer : hymne national, poèmes, romans, tableaux, sculptures,... K. est atterrée, mais l'Homme au Chapeau s'est assuré de sa « collaboration » en exerçant sur elle un chantage abominable.
Mais K. va trouver le moyen de résister, en intégrant dans les oeuvres qu'elle doit « retoucher » d'infimes indices de cette falsification, destinés aux générations futures.
« L'archiviste » est un conte tragique qui permet au lecteur de découvrir la culture et l'histoire ukrainiennes, par le biais des rêveries de K. qui l'emmènent au coeur même des oeuvres qu'elle doit modifier et du processus de leur création, et qui lui font vivre de l'intérieur les événements plus contemporains de Tchernobyl, de la Révolution Orange et de Maïdan.
Un roman onirique et touchant, un livre de résistance et un émouvant hommage à l'Ukraine.

En partenariat avec les éditions Aux Forges de Vulcain via Netgalley.

#LArchivisteukraineartpatrimoine #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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(*4 novembre 2022 )

Plus d'un mois et demi que j'ai acheté et lu ce roman, en forme de fable , et comme je veux faire partager cette lecture étonnante, l'offrir, je me hâte de rattraper mon retard !!...

Une très belle lecture et la toute première découverte de cette auteure d' origine ukrainienne, dont la famille est arrivée en France dans les années 1930..

Le personnage central est une jeune femme, archiviste à Odessa; pour sauver sa soeur de la mort,elle se voit contrainte d'accepter un contrat honteux de la part d'un homme gradé, appartenant à l'envahisseur russe...qui lui demande dans son domaine des Archives où elle exerce ses talents de falsifier documents anciens, textes littéraires...jusqu'à falsifier des oeuvres d'art...afin qu'aux yeux de la postérité et de l'histoire, la Russie ait le
beau rôle , encore et toujours...!

Ce qui vaut pour tous les systèmes fondés sur la terreur : propagande du vainqueur et transformation des faits, à son profit !

"K.avait aussi sorti de l'enveloppe une autre feuille.C'était le fac-similé de la partition de l' hymne.(..)
Il fallait avoir l'esprit retors et la méthode de toute une administration pour produire et se permettre une telle infamie, et réviser ainsi un chant national !
Dans la balance des âmes, la vie de sa soeur d'un côté, l' hymne de l'autre.Comment se résoudre à choisir ?
K était encore une enfant, quand l'Ukraine était devenue indépendante ; c'était d'ailleurs son premier souvenir, la liesse de ses parents lors de cette annonce historique.
L' hymne avait résonné dans toute la ville, le drapeau était brandi dans le flot des mains.
Ce chant adopté par la République populaire d'Ukraine en 1917 avait été interdit dès 1920 par les Soviétiques, mais avait continué d'être fredonné dans l'intimité des maisons, comme une prière dans cette vie d'emprunt, un appel au passé éternel contre le provisoire. Les paroles s'étaient révélées prophétiques : " L' Ukraine n'est pas morte ".

Pour rentrer dans cette fable des plus évocatrices, il faut juste faire abstraction de quelques invraisemblances...Ce roman a le grand mérite de nous faire parcourir le parcours et les oeuvres d'artistes dissidents Ukrainiens et de "réactualiser" notre connaissance de
l' histoire de l' Ukraine... :

Parmi ces artistes rebelles et talentueux :

- Taras Chevtchenko ( poète, peintre et ethnographe)
- Gogol
- Pavlo Tchoubynsky ( poète et ethnographe)
- Alla Horska ( artiste peintre)
- Lessia Oukraïnka ( poétesse, écrivaine et critique)
- David Bourliouk ( peintre et illustrateur)
- Alexandre Archipenko ( sculpteur)
- Alexandra Exter (artiste peintre)
- Alexandre Dovjenko ( cinéaste)
- Vladimir Tatline ( peintre et sculpteur)...etc

Un livre des plus instructifs sous le couvert d'une fiction...menée allègrement !

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«Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes»

Le troisième roman d'Alexandra Koszelyk est né dans l'urgence de réagir à l‘envahissement de l'Ukraine par l'armée russe. À travers le portrait d'une archiviste chargée de détourner les trésors du patrimoine, nous découvrons la richesse d'une culture et la force de résistance du peuple.

Jamais terme n'aura été aussi juste: ce roman est brûlant d'actualité car il parle du conflit en Ukraine. Mais si Alexandra Koszelyk a ressenti l'urgence d'écrire, ce roman évite l'écueil de la colère aveugle pour s'élever au rang de conte universel qui souligne toute l'absurdité de ce conflit grâce à un scénario habile.
Dès les premières heures du conflit, la nécessité de sauver les trésors du patrimoine et les oeuvres d'art ont conduit les responsables des biens culturels à choisir de transporter les pièces les plus précieuses dans les sous-sols de la bibliothèque où travaille K. Quand la ville a été prise par les troupes russes, l'archiviste était toujours présente, un peu par choix et beaucoup par nécessité, car sa mère est mal en point et a besoin de soins. Dans la journée, elle reste près d'elle et part le soir contrôler et répertorier les biens entreposés.
Ce ne sont pas les bombes qui vont les mettre en péril, mais un homme énigmatique qui vient lui proposer un bien curieux marché. Elle sera chargée de falsifier certaines oeuvres, d'en modifier d'autres afin qu'elles correspondent davantage à la vision de l'envahisseur. Son mystérieux visiteur lui expliquant alors: «Il n'y aura plus qu'une vérité, celle que vous allez créer, grâce à vos connaissances et vos compétences artistiques». En échange de quoi il la renseignera sur les conditions de captivité de Milla, sa soeur jumelle. Partie défendre son pays, elle est désormais aux mains des Russes et sa vie est au coeur de cet abominable chantage.
Contre son gré, K accepte cette mission présentée comme salvatrice: «Il ne s'agit pas de tout changer, vous l'aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d'un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d'État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n'est pas grand-chose! Il ne s'agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création! de devenir l'autrice de cette nouveauté!»
La première oeuvre à modifier n'est autre que l'hymne national qui doit défendre et illustrer la fraternité et les bienfaits qu'apportent le pays voisin. Puis ce sont des tableaux qu'il faut retoucher, des poèmes et des chansons qu'il faut réadapter, ou encore des vitraux qui doivent être «réparés» pour réécrire l'histoire originelle qu'ils retracent. Après cela, il faudra s'attaquer aux événements contemporains, à l'accident de Tchernobyl, à la révolution orange, à Maïdan. Des classiques russes comme Les âmes mortes de Gogol jusqu'aux toiles de Sonia Delaunay, rien ne semble faire peur à l'homme au chapeau.
Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que l'obéissante K est entrée en résistance. Elle a trouvé le moyen de contourner son travail de sape.
Quant à Alexandra Koszelyk, elle a trouvé avec ce récit un formidable moyen de nous faire découvrir la richesse de la culture ukrainienne. En suivant K jusque dans le processus créatif, en entrant littéralement dans les oeuvres, elle fait à son tour oeuvre de résistance. Et inscrit ce troisième roman dans la lignée de ses précédents, à commencer par le premier, À crier dans les ruines, qui évoquait Tchernobyl pour mieux parler de l'Ukraine. Plus étonnamment peut-être, je vois dans le second, La dixième muse, l'histoire de ce jeune homme passionné par Apollinaire ce même désir de faire de la culture une arme et de sauver un patrimoine, ou au moins de le redécouvrir. Urgence et cohérence font donc ici bon ménage. C'est comme ça qu'Alexandra est grande et que nous sommes tous Ukrainiens!


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Toutes les nations n'ont pas la chance de naître sur des légendes, de celles qui inspirent de glorieux récits. Certaines surgissent d'un tas de cendre ou d'un bain de sang (Holodomor, Tchernobyl, Maïdan). En sont-elles moins légitimes pour autant ? Leur martyr les rend-elles moins respectables, pitoyables aux yeux des vainqueurs proclamés ?
L'archiviste s'appelle « K ». K comme Koszelyk, Kafka ou M. Klein. Gardienne de la bibliothèque, elle est harcelée par un émissaire de l'envahisseur, décidé à réinitialiser la mémoire de l'Ukraine. Pour ce faire, il l'oblige à réécrire les poèmes, repeindre les tableaux, falsifier les documents… dévier le cours naturel de l'histoire, tel un dieu mauvais. Sa mission est impossible. Chaque mot barré accentue la défaite (p52). En servant les dessins du censeur, elle anéantit l'espoir de recouvrer la liberté.
L'art survit aux hommes. le profaner, c'est mourir deux fois. Alors K résiste. En confiant la contrefaçon à sa faussaire, l'émissaire en oublie son pouvoir d'agent double : dissimuler les signes de la révolte sous son apparente résignation.
Chaque oeuvre examinée par K permet à l'auteure de nous faire redécouvrir les fondations de la culture ukrainienne. le procédé de la rêverie nous emmène à la rencontre de figures telles que Tchoubynsky, Chevtchenko, Horska ou Primatchenko.
Brouillon dans la forme (la construction patchwork entre récit, souvenirs et histoire contemporaine), brillant sur le fond (la culture classique de l'auteure est un régal), l'Archiviste est un hommage émouvant à la nation ukrainienne.
Bilan : 🌹
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Le troisième roman d'Alexandra Koszelyk, L'archiviste, aborde très justement la manière d'effacer un peuple en détruisant sa culture, son histoire, son essence avec autant de réalisme que des armes !

La soeur de k, Milla, photographe de presse, est détenue par la bande de l'Homme au chapeau, représentant du pays agresseur, qui exerce un chantage artistique. Ainsi, il impose à k, archiviste de son métier, de détruire petit à petit toute la culture de l'Ukraine afin d'éradiquer son peuple, sa civilisation, son histoire. Ainsi, sa soeur sera libérée.

« Il ne s'agit pas de tout changer, vous l'aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d'un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d'État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n'est pas grand-chose ! Il ne s'agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création ! de devenir l'autrice de cette nouveauté !»

Bien sûr, K trouve une manière créative de se soumettre au chantage tout en préservant les richesses de son pays. Néanmoins, le roman étant si proche de la réalité actuelle, je n'ai pu m'y plonger avec détachement et légèreté.

Alexandra Koszelyk a répondu à sa manière à l'invasion de son pays d'origine en se donnant pour mission d'expliquer ce qui fonde l'histoire et la culture de son pays. du coup, force est de constater notre ignorance !

Taras Chevtchenko, poète qui a aidé au réveil de la nation ukrainienne au XIXè siècle côtoie Gogol. Alla Horska, artiste peintre, première représentante du mouvement underground des années 60, était elle-même archiviste ! Alexandra Exter, amie de Sonia Delaunay dont k a la consigne de falsifier une de ses oeuvres, a illustré les albums du Père Castor. Etc.

Une très belle manière d'appréhender la culture d'un pays découvert par les chars et les obus qui tentent de le détruire, ainsi que sa culture que la propagande russe tente de dénaturer pour mieux la museler. Alexandra Koszelyk et son Archiviste sont à découvrir, comme un soutien, certes muet, à ce peuple si courageux !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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À travers l'histoire de K, une archiviste chargée par un homme au chapeau, représentant de l'envahisseur de l'Ukraine, de détruire la culture ukrainienne, l'auteur décrit celle-ci et la nécessité de la sauvegarder. C'est un roman émouvant et un devoir de mémoire pour le peuple ukrainien qui défend, actuellement, avec courage et force, son territoire et son identité, au prix de son sang.
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Là, ici, dans cette ville Ukrainienne en partie détruite par la guerre
Assise au milieu de ce qu'il reste de son pays, K veille sa mère
Rester
Courageuse
Humaine
Il lui a proposé un marché : falsifier les oeuvres pour retrouver sa liberté
Vivre en oubliant l'Ukraine, mille fois bafouée
Invincible
Sauveur
Tenace
Elle fera revive l'Espoir

Pour se sauver et sauver les siens, il lui demande de bafouer la mémoire de son pays et sacrifier les générations à venir. Habitée par ses oeuvres et les grands moments de l'histoire Ukrainienne, K se pose en Gardienne de la Mémoire et habilement la sauvera.

Alexandra Koszelyk écrit avec son coeur et rend hommage aux artistes Ukrainiens et à ce pays tant de fois scarifié. C'est un beau roman sur la résistance, la mémoire, les hommes et femmes qui font un pays et ceux qui le sauve. En tournant les pages, au fur et à mesure des rencontres, j'ai eu l'impression de passer une nuit au musée, le coeur serré. Et mon coeur s'est serré jusqu'à la dernière page …
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Ayant beaucoup aimé les 3 autres romans d'Alexandra Koszelyk (dont un coup de coeur pour A crier dans les ruines), j'avais très envie de lire L'Archiviste, bien ancré dans la réalité actuelle. L'écrivaine a expliqué sa fulgurance d'écriture suite à l'envahissement de son pays culturel par la Russie en février 2022. Il y avait une urgence viscérale pour elle et cela se sent.
On suit le parcours de K (clin d'oeil à Kafka, je suppose), l'archiviste la nuit, garde-malade le jour.
Quand son pays subit une invasion, elle doit, à tout prix, protégé sa culture, les livres, l'art en général ; et lorsque surgit un homme mystérieux du camp d'en face qui lui propose un marché, elle doit choisir la résistance intelligente sans prendre de risques pour mettre en danger sa famille, l'art et sa vie.
Dès les premières phrases, nous sommes dans l'univers d'Alexandra Koszelyk, son écriture poétique et cultivée.
Le thème très intéressant, pour une passionnée d'Histoire comme moi qui prêche depuis des décennies pour la conservation du patrimoine, de la mémoire vive, les arts oraux ou écrits, la transmission, et la non-modification du passé (mais plutôt l'explication pointue pour relier le passé au présent, puis le futur), était un plus immédiat dès la lecture du résumé.
Cette thématique est très atemporelle, en fait. C'est une réalité pour chaque pays qui a connu une invasion, une guerre sur son territoire.
Que doit-on sauver ? conserver ? laisser s'échapper ?
Comment résister sans mettre en danger sa vie, sa famille, son patrimoine, sa culture et sa vision du monde ?
A travers les propos, actions des protagonistes, on entre dans un cheminement de pensée… et aussi d'appel au secours… Les autres pays, quels qu'ils soient, ne doivent-ils pas se mettre en danger pour sauver une autre culture ?
On sent, à travers les mots de l'auteure, cette urgence de dénoncer, de remuer les consciences, de partager des artistes ukrainiens, la richesse d'une Histoire, et cela en fait un livre fort.
Petit à petit, le fantastique poétique prend le dessus et c'est charmant fait.
Pourtant, j'ai décroché deux ou trois fois surtout à cause de K.
Néanmoins, c'est un roman à lire, à « écouter » pour entendre le cri d'un peuple.
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Bonsoir,
L'archiviste ce soir d' Alexandra Koszelyk ( dont j'avais adoré A crier dans les ruines).
Nous sommes en Ukraine et l'héroïne est archiviste dans un musée de la ville. C'est la guerre et K va tout faire pour protéger les oeuvres en sa possession. Elle vit avec sa mère et sa soeur photographe est partie sur le front. K va être obligée pour sauver sa soeur de faire disparaitre d'oeuvres les références qui vantent le peuple ukrainien par un homme russe qui lui donne les instructions.
Un roman sur la force de la culture populaire dans la force d'un peuple, une découverte de personnalités. J'ai beaucoup aimé ce roman sur la transmission, sur la culture et la force de l'art sur un peuple. Une fin inattendue, un peu de fantastique, bref un très bon moment. Aux Editions Aux forges de Vulcain
Quatrième de couv. K est archiviste dans une ville détruite par la guerre, en Ukraine. le jour, elle veille sur sa mère mourante. La nuit, elle veille sur des oeuvres d'art. Lors de l'évacuation, elles ont été entassées dans la bibliothèque dont elle a la charge. Un soir, elle reçoit la visite d'un des envahisseurs, qui lui demande d'aider les vainqueurs à détruire ce qu'il reste de son pays : ses tableaux, ses poèmes et ses chansons. Il lui demande de falsifier les oeuvres sur lesquelles elle doit veiller. En échange, sa famille aura la vie sauve. Commence alors un jeu de dupes entre le bourreau et sa victime, dont l'enjeu est l'espoir, espoir d'un peuple à survivre toujours, malgré la barbarie.
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Odessa, en temps de guerre, de nos jours.
K s'occupe de sa mère mourante, et continue à travailler dans la bibliothèque, seule, puisque la ville a été évacuée. Elle veille sur les oeuvres d'art et les livres précieux cachés dans les sous-sols.
Survient un homme menaçant, très bien informé, qui lui impose de modifier les oeuvres en menaçant sa famille.
Ces modifications dupliquées par la suite serviront à "instiller le doute". Et l'homme de préciser : "Puisque nous sommes chez nous désormais, il sera facile de placer nos pions au bon endroit. Nous mettrons des professeurs dociles, ils sauront étudier les bonnes oeuvres, appuyer sur ce qu'il faut apprendre".

Ainsi chaque jour, K reçoit une enveloppe qui contient la commande de modification. Et chaque jour, avec l'aide des "ombres" de la bibliothèque, elle visite le passé, revit le moment de la création de l'oeuvre et, malgré les risques, invente une solution pour en conserver le message original à travers le temps.

Alexandra Koszelyk parvient à installer en quelques pages une atmosphère lourde de danger, de menace permanente, qui s'allège rarement tout au long de la lecture. Et dans le même temps ces aller-retour au coeur de la mémoire ukrainienne, dans les objets et les écrits qui font son histoire, sont autant de moments où la vie s'incarne, puissamment, où la force de la résistance jaillit de manière inattendue et joliment créative.
Chaque contournement de la commande de l'envahisseur forme un contrepoint soulagé à la petite musique de mise à terre qui irrigue le roman.

Ce livre est une belle et dure démonstration de ce qu'est la guerre : violence, mort, destruction, annexion. La culture, le patrimoine, souvent négligés si ce n'est comme arguments politiques, en temps de paix, deviennent des enjeux de pouvoir en temps de guerre. Derrière ce qui ressemble à un conte cruel, on retrouve une réalité bien souvent décrite : la destruction du patrimoine, la silenciation des artistes, la manipulation des informations.

Victor Klemperer avec ses Soldat de papier avait décrit en son temps le travail de propagande nazie sur la langue allemande. Avec l'Archiviste, Alexandra Koszelyk apporte sa contribution personnelle, sous forme romanesque, avec grand talent.
"L'esprit humain a ceci d'étrange : il n'aime pas le factice, mais à force d'y vivre, on finit par lui trouver du vrai. Vos semblables ne se souviendront plus de ce qu'ils avaient vu auparavant. A force, ils se rallieront à ce nouvel état, puisqu'il sera le seul, et cesseront de me parler de cette liberté si chère à leurs yeux."

Merci à NetGalley et les éditions Aux Forges de Vulcain pour cette pépite dont je recommande la lecture.
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