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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel plaisir de retrouver la littérature hongroise du début de XXème siècle , les descriptions imagées des lieux, des personnages et des objets ainsi que l'art de faire d'histoires simples de grands romans .

Alouette est le surnom donné à la fille unique d'un couple vieillissant .A 35 ans , elle n'est pas mariée car elle est laide et la vie s'est rétrécie sur ce trio qui habite la ville provinciale de Sàrszeg .

La jeune femme est invitée, événement rare, par son oncle à passer une semaine à la campagne et le roman débute au moment des préparatifs des bagages puis du départ en train dans un état de fébrilité pour cette famille non habituée à être séparée, même pour si peu de temps .

Si le lecteur pense ensuite assister aux aventures d'Alouette à la campagne, il se trompe car l'écrivain s'attache aux pas des "vieux parents" qui reviennent , orphelins de leur fille , dans leur maison. Leur prison devrait-on dire , car libérés en fait de ce qui peut s'apparenter à leur geôlier au moins mental , ils re-découvrent des plaisirs qui faisaient leur quotidien avant... Monsieur Akos retourne , malgré une opposition de façade à son cercle et la mère ouvre le couvercle du piano si longtemps fermé et joue. Deszlö Kosztolanyi dans un langage élégant et par petites touches dresse le portrait de parents peu à peu enfermés dans leur fatalisme et qui avouent dans un moment d'ivresse le malheur de leur vie , aveu terrible dont ils ne reparleront plus, acceptant leur sort avec fatalité !

J'ai plus apprécié ce récit qu'Anna la douce , m'immergeant avec délectation dans cette façon d'écrire si descriptive et qui entre facilement en résonance dans les pensées de ses personnages.
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Alouette, gentille alouette, alouette, je te plumerai…

Nul besoin de plumer cette alouette-là. Plumée par la vie dès la naissance, Alouette est une aimable potiche utilitaire et non décorative. Alouette est un laideron. Un laideron ayant dépassé l'âge de se marier et dont nul prétendant jamais ne voudra. Un vrai laideron dont personne n'avoue la disgrâce physique. Un laideron de presque trente-six printemps.
Alouette, gentille Alouette, Alouette, tu es déjà plumée...

Mais personne n'ose dire la plumaison initiale. Et les vilaines conséquences d'arborer un si moche plumage. Condamnée au célibat, Alouette n'a pas d'autres perspectives que de lisser quelques rémiges anémiques entre ses deux parents aimants jusqu'à la fin de leurs jours.
Il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat, plumer une oie ou faire un roman n'était la plume remarquable d'un Dezsö Kosztolányi et son talent de conteur de vie humaine. Si l'existence banale ne virait à la tragédie.

Un évènement va bouleverser l'existence réglée du triste trio affectueux. Alouette est invitée chez un oncle. L'oiseau provisoirement envolé, le nid s'ébouriffe ailleurs. La semaine sans rejeton ingrat ouvre le temps d'une liberté nouvelle: on va au restaurant, au théâtre, on joue du piano, aux cartes, on boit. Mais surtout s'ouvre le moment d'une insoutenable prise de conscience : le malheur des Akos, malgré tout leur amour, c'est Alouette. «Elle est laide, elle est laide et rien d'autre, a dit Akos presque avec volupté, elle est laide et déjà vieillie, la pauvre, aussi laide que ça, il a fait une grimace affreuse en tordant sa bouche et son nez, aussi laide que moi.»
Alouette, gentille Alouette, Alouette tu nous as plumés…

Lorsque l'oiseau revient à tire-d'aile, il a enlaidi dans la graisse nouvelle. Il est aussi plus malheureux.
La parenthèse se ferme. On va s'aimer entre soi. de part et d'autre, on anesthésie la souffrance dans le quotidien étriqué.Tout rentre dans l'ordre parce que l'obsession, même celle du malheur, est confortable. Elle donne une raison d'être.
Watzlawick a rédigé un essai sur la résistance au changement. Bien avant lui, Kosztolanyi a écrit un petit roman cruel et tragique d'une écriture aussi humoristique que meurtrière.

Ce petit oiseau hongrois qui prête à rire et à pleurer a sa place dans la volière où rêvent mes livres, la nuit venue.

Alouette, gentille Alouette, Alouette jamais je ne t'oublierai.
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Alouette est fille unique, elle a 35 ans et elle est laide.
Ses parents, petits bourgeois de province, désespèrent de lui trouver un mari.
Chacun, sans se l'avouer, c'est fait une raison. Et la vie, ô combien ritualisée, de cette famille suit son cours.
Jusqu'au jour où Alouette part une semaine chez un oncle à la campagne, et laisse en tête à tête ses vieux parents.
Les préparatifs du voyage donnent à eux-seuls une idée de "l'obsessionnalité" de cette famille !


D'abord désemparé au premier soir, le couple va devoir s'organiser pour "survivre" aux sept jours d'absence de leur fille chérie.Trés vite, une seconde jeunesse s'emparera d'eux. Restaurants, sortie au théâtre, rencontres, retrouvailles, tout va s'enchaîner avec le naturel propre à la vie.
Le père renouera avec ses anciens compagnons, Les Guépards, dont la devise est de "populariser la consommation des boissons alcoolisées tout en cultivant l'amitié virile". Ce qui nous vaudra une description savoureuse de leurs agapes et d'une fort sympathique partie de tarots.
La mère retrouvera des gestes simples de séduction toute féminine et rejouera même du piano.
Mais la veille du retour de l'enfant prodige, la crise éclate. le père craque, aidé il est vrai par une alcoolémie en forte hausse ! Et le sujet tabou, la laideur de la fille, arrive enfin sur le tapis. Les parents videront leur sac lors d'une nuit blanche telle qu'ils n'en ont sans doute jamais connue.
Au retour d'Alouette, l'ordre reprend sa place.
Les parents redeviennent vieux, banalisant l'insouciance retrouvée pendant ces quelques jours. Et la fille rentre plus laide encore, car le régime crème et beurre de la campagne lui aura été profitable.
Parents et enfant s'enferment à nouveau dans leur souffrance et leurs mensonges, chacun se persuadant qu'il a manqué à l'autre.

Que les amateurs de romans au rythme trépidant passent leur chemin, ce livre n'est pas pour eux. N'attendez pas non plus un jeu de massacre, ni un ton acerbe et décapant. On est plus proche De Balzac et de Flaubert, n'oublions pas que ce livre parut pour la première fois en 1924.
L'auteur nous décrit la vie d'une petite ville de province et de son microcosme, et dépeint à merveille la vie étriquée de ces trois personnages que les rituels aident à lutter contre l'angoisse. Et gare à la vie si par hasard elle tentait de s'immiscer dans cet univers figé !


Lien : http://moustafette.canalblog..
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Belle découverte que ce roman hongrois paru dans les années 1920, d'un auteur de moi inconnu jusque là. le style, l'ironie douce font tout le sel de ce roman au sujet en apparence banal : Alouette, une vieille fille de trente cinq ans, vit avec ses parents, issus de la petite noblesse. Elle est vraiment très laide. le trio mène une existence routinière, sans trop se faire remarquer, dans une petite ville de province. On est en 1899, au début de septembre. Mais, grande aventure, Alouette part pour une semaine, à la suite d'une invitation à la campagne d'une branche de la famille. Nous ne suivrons pas Alouette, du moins pas directement, mais ses parents, soudains désemparés de son absence.
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Un trio délabré par la proximité. Les vieux parents et leur fille, si laide et si couvée qu'elle ne se mariera pas. Beaucoup de tendresse entre ces trois la et un douloureux train train quotidien. En une semaine, la durée du roman, tout aurait pu changer.
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