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Vous cherchez un grand roman africain? En voici un.
Fama, de la lignée Malinké des Doumbouya, seigneurs du Horodougou, n'est plus ce qu'il était. Il vivote à la capitale, est obligé de courir les fêtes, mariages, naissances et enterrements, pour subsister. Sa dignité en prend un coup, sa vitalité sexuelle aussi. Sa femme Salimata n'arrive pas à avoir d'enfant et qui dit que c'est elle qui en est la cause?
C'est que le pays a subi successivement la colonisation et le régime du parti unique. Tout est déstructuré, il n'est plus possible de se fier à aucun repère, la vie est difficile. L'indépendance n'a pas tenu ses promesses, elle a été l'occasion de s'enrichir pour quelques profiteurs. Mais il n'est plus possible non plus de vivre selon la tradition. Les rites subsistent, souvent dévoyés, mais la société qui leur donnait un sens n'existe plus, ou en tout cas est en mutation. Il reste qu'ils révèlent ce mélange si caractéristique de foi musulmane et de religion traditionnelle.
Quand meurt son cousin qui dirigeait la chefferie en désuétude, Fama est dans le désarroi. Doit-il redevenir un chef au rabais? ou laisser son pays natal à son destin? le roman raconte son chemin dans cette situation inextricable.
Et quelle narration! quelle prose! Ahmadou Kourouma a eu l'idée géniale d'écrire le français comme on parle Malinké. le procédé a le double résultat positif de nous faire mieux percevoir la tournure d'esprit de cette partie de l'Afrique (en Côte d'Ivoire) et d'enrichir la prose française. Peu d'écrivains peuvent se vanter d'un tel résultat pour leur premier roman. Près de cinquante ans après sa parution, on peut qualifier ce livre de classique de la littérature africaine.
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Dans ce roman nous suivons les mésaventures d'un homme volubile, un griot coléreux et pas toujours réfléchi, stérile mais ne l'admettant pas, si ce n'est tardivement.
Dans ce conte africain, religion musulmane et croyances animistes sont mêlées, la magie et la duplicité aussi. de nombreux proverbes émaillent ce récit, écrit dans une langue on ne peut plus imagée ; les éléments naturels, en particulier à la campagne, jouent un rôle prédictif et souvent néfaste.
Les têtes de chapitres, qui ne dévoilent pas beaucoup la suite, sont énigmatiques.
La condition féminine est mise en relief, dans toute sa cruauté et avec ses multiples souffrances (cf. la description de l'excision, une lecture difficile pour moi).
Je précise que ce roman date de 1970 mais il reste d'actualité et surtout voici un nouveau livre indispensable pour connaître ce continent, détruit par la colonisation et qui a eut du mal à s'en extraire. C'est d'ailleurs l'époque de ces nouveaux gouvernements indépendants qui tâtonnent et se cherchent qui est évoquée, comme l'indique le titre.
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Découverte d'un auteur africain, de coutumes et croyances africaines, de la vie de l'Afrique de l'ouest et du peuple Malinké peu de temps après l'indépendance...
A la suite des indépendance Fama ancien prince d'une tribu africaine est contraint, pour survivre, de suivre des enterrements dans le mosquées et au domicile des défunts. C'est la tradition...ceux ci peuvent durer jusqu'à quarante jours et réunir des centaines de personnes. Il est marié avec Salimata qui a été excisée, comme le veut la tradition. Elle est stérile malgré, grigris, décoctions, amulettes, mixtures, cornes de béliers, etc.
Critique du quotidien socialiste à la suite de l'indépendance, mais aussi un regard sur cette culture, cette langue, ces superstitions.....le moderne confronté à la tradition.
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Dans l'Afrique des griots, des marabouts et des sortilèges, l'indépendance et le parti unique ont-ils été salutaire ? En tout cas pas pour Fama, prince déchu de Togobala et du Horodougou, descendant Doumbouya qui a tout perdu sous le soleil des indépendances. Comment une panthère a-t-elle pu devenir vautour ?! Comment trouver sa place ? Et sa femme Salimata dont le ventre reste sec malgré les rites et sacrifices, qui se démène pour subvenir aux besoins de son mari...
Traduit directement du Malinké, langue très imagée, ce roman est beau, dépaysant, envoûtant.
Une belle introduction dans ce pays et ses traditions.
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Les soleils des indépendances est une allégorie de la période postcoloniale dans un état d'Afrique de l'ouest.
Les modes de vie et de gouvernement traditionnels ont été balayés par la colonisation et l'accession à l'indépendance, quand arrive au pourvoir un parti socialiste unique corrompu.
Fama est le dernier d'une lignée Malinké, il a tout perdu à l'indépendance. Sa femme Salimata caractérise la situation féminine ? Montrée du doit en raison de sa stérilité (à moins que ce ne soit celle de Fama, mais ça, il ne faut même pas le dire), traumatisée par ce qu'elle a subit à l'adolescence, elle a recourt à de multiples superstitions.
Un livre très coloré, une langue imagée très riche qui saisit, une fable politique qui présente la vie africaine, entre vie quotidienne et mythes africains.
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Superbe roman qui donne l'impression d'être un enfant qui écoute le poète raconter son histoire au pied du baobab ou au centre du village. C'est drôle et dérisoire comme une fable, titanesque et cruel comme un récit mythologique.
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Livre lu dans le cadre du prochain café littéraire dont le thème du premier trimestre est "voyage en littérature étrangère"
Ce court roman (moins de 200 pages), paru en 1968, est le premier roman de Kourouma.

La Côte des Ebènes (Cote d'Ivoire) a obtenu son indépendance, évènement qui n'a pas eu d'effets bénéfiques pour Fama, prince déchu de la lignée des Doumbouya. Commerçant prospère sous la colonisation, il a tout perdu. Marié à Salimata, sans enfant l'un des deux serait stérile. Ils vivent une période de vache maigre.

La mort de Lacina, le cousin qui avait évincé Fama de la chefferie du Horodougou, va lui permettre de retrouver son rang dans son village de Togobala. Mais une fois sa position retrouvée il décide de retourner vivre à la capitale. Il y sera arrêté, enfermé dans des caves, puis dans un camp et enfin libéré. Fama a vieilli , il est malade. Il meurt. Sa fin est digne.

Personnellement j'ai eu du mal à entrer dans ce livre, sans doute par manque de culture sur l'Afrique (le fétichisme, les sortilèges, les sacrifices, les marabouts....) méconnaissance de l'histoire ( si le nom de Houphouët-Boigny est connu, sa politique et sa gestion méconnues, sa durée 33 ans au pouvoir ).

Côté positif de la lecture : l'écriture et quelques passages très intéressants comme les obsèques de Lacina ou dramatiques comme l'excision, le viol de Salimata et leurs conséquences.

Même si ce livre est l'histoire de Fama mon personnage préféré reste Salimata, femme courageuse et fière.
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Parfois, cette écriture m'a fait presque jouir. Cette façon d'imager, la crudité, sans tabou, pour tout sujet du plus pauvre au plus élevé, dans la drôlerie folle. Pas loin d'être jouissif, oui.
Alors que.
L'agression est permanente dans ce grand coin du monde, tellement puissante, tellement "normale", "banale", c'est ça qui tue. L'Occident doit comprendre ça. Et évidemment dans quel sens il ne fait qu'en profiter, aveugle ou cynique qu'il est.
L'Islam aussi doit comprendre ça. Lui aussi est aveugle. Ou cynique.
Le traitement des femmes est une ignominie.

Ce qui est à lire, n'est écrit nulle part ailleurs*.
Si je ne mets que quatre étoiles, c'est parce que trop souvent ma lecture et ma compétence et attention de lecteur se sont perdues. Dans de l'autre. Dans de l'ailleurs. Perdu.

---
*Récemment, j'ai lu le devoir de violence de Yambo Ouloguem, on peut y trouver des élément ressemblants, mais en plus sombre (bien que), en plus dur (bien que), et en moins drôle (bien que).
Deux livres qui ne seront jamais anodins.
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J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire au début et ai ensuite été entraînée par le rythme et les voix empruntées par le narrateur : celle de Fama et de Salimata. En effet, c'est un procédé que j'aime particulièrement chez Ahmadou Kourouma : il mêle l'oral à l'écrit et on a vraiment l'impression d'entendre ses protagonistes parler. Ce procédé que j'avais beaucoup apprécié dans « le vote des bêtes sauvages » (où on écoute un griot au cours de veillées successives) et dans « Allah n'est pas obligé » (où on entend un enfant soldat), m'a un peu rebuté au début car j'étais moins sensible à la voix de Fama : dernier descendant d'une lignée de grands chefs tribaux Malinké, ruiné, mis à l'écart et aigri par la colonisation et l'indépendance de la « Côte d'Ebène ». Il est très amer vis-à-vis de la période qu'il nomme « les soleils des Indépendances » et analphabète, son discours est au départ violent et déstructuré, ce qui le rend difficile à comprendre.

On entend ensuite sa femme : Salimata, femme courageuse, loyale, généreuse qui m'a permis de vraiment enlever le recul de la lecture (objectif de ce procédé selon moi : ressentir les péripéties et émotions des protagonistes de première main) et plonger dans l'histoire.
Grâce à ses deux héros, Ahmadou Kourouma nous fait naviguer entre traditions et modernité, entre islam et magie fétichiste, entre villes et villages de brousse. Dans une Afrique qui vient d'accéder à l'Indépendance et essaye de se débarrasser de l'héritage de la colonisation et de son héritage de chefferies traditionnelles, on y découvre une société pleine de violence et de misère, écrasée par les politiques, et sans beaucoup d'espérance pour les protagonistes qui n'ont d'autre choix que de « s'adapter, d'accepter le nouvel ordre du monde » ou d'être englouti.
En définitive un roman intrigant, qui ne laisse pas indifférent et qui me conforte dans l'idée que Ahmadou Kourouma est décidément un grand conteur.
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Quelque part en Afrique, on en a fini de la colonisation, l'indépendance a été proclamée, c'est l'heure du socialisme et du parti unique. Pas sûr que le peuple s'en trouve mieux

En tout cas pour Fama le malinké c'est une certitude. Lui prince du Horodougu, le dernier des Doumbouya, se voit réduit à faire la hyène ou le vautour, c'est à dire suivre les enterrements en quête de subsides. Les traditions et le respect se perdent. En lui semble être promis l'extinction des Doumbouya. Son mariage ne lui apportant pas d'enfant. Ça n'est pas faute d'essayer. Salimata sa femme, qui a connu l'excision rituelle, le viol et la séquestration, ne néglige aucun précepte de l'Islam, donne aux nécessiteux, consulte même le marabout, rien est fait, la matrice est sèche où la semence de Fama stérile.

Ahmadou Kourouma, auteur ivoirien, évoque les traditions, les coutumes et les superstitions de l'Afrique subsaharienne dans une prose colorée, savoureuse, évocatrice. le français est assaisonné de vocable malinké , cela reste lisible et original.
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