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4,11

sur 590 notes
Un très gros livre, un pavé. Intéressant tout du long on ne peut pas le nier, mais faut rester concentrer, ne pas se disperser sinon on risque de se perdre. D'ailleurs j'avoue m'être plusieurs fois perdu dans les différents services secrets, y'en a trop, trop d'acronymes. J'ai bien aimé le façon dont le récit s'effectue, la façon qu'il a d'obliger ce pauvre Basti à subir son récit alors que le pauvre homme n'en peut plus. En fait je pense que ce Koja est vraiment un salaud, même si on pourrait croire le contraire à la vue de son récit, dans le genre "c'est pas ma faute, c'est les autres, moi j'ai rien fait ou alors j'avais pas le choix".
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« La fabrique des salauds » est le tout premier roman paru en France, aux éditions Belfond, d'un auteur allemand dont vous allez entendre parler : Chris Kraus. Une fresque monumentale d'une acuité saisissante, un tourbillon romanesque, une tragédie grecque à l'échelle d'un continent meurtri par la déflagration que fût l'irruption du nazisme et de ses velléités hégémoniques destructrices qui aboutirent au second conflit mondial. La plume de Chris Kraus est ciselée, délicate, sensible, non dénué d'un humour qui fait du bien car il s'agit ici de plonger dans les méandres de la folie, de la colère, de la trahison, un monde où les ténèbres obscurcissent l'horizon d'une humanité à l'agonie. Ce roman dantesque, à tout point de vue, est une réussite totale et le fruit d'un travail prodigieux sur la montée du nazisme, ses crimes, les complicités, les lâchetés, petites et grandes, qui ont pu entraîner ces hommes et femmes dans un immense brasier. Début des années 1970, dans la chambre d'un hôpital allemand, Koja est l'homme de toutes les compromissions, de tous les rouages de la machinerie des services secrets. de la SS en passant par le KGB, la CIA et même le Mossad, notre homme sera telle une anguille capable de se faufiler dans les moindres interstices pour suivre son instinct premier et grégaire : survivre à tout prix. Ce vieil homme avec une balle logée dans la tête qui ne l'a, ô miracle, pas fait succomber, se décide enfin à se confier pour dire ce qu'il n'a jamais pu raconter jusque là. C'est à un vieil hippie qui est dans le lit d'à côté qu'il va vouer ces quelques jours à libérer sa conscience de tous les méfaits qu'il a commis au nom d'une propension à changer les règles selon les préceptes politiques, idéologiques du moment. Oui, Koja est un salaud mais c'est surtout un homme qui s'est perdu, d'identités factices en mensonges éhontés, il traverse ce XXème siècle, lieu de toutes les confrontations. de Riga, en Lituanie au début du XXème siècle, en passant par les années de montée du nazisme dans les années 1920-1930, le second conflit mondial, la Shoah, la reconfiguration des rapports de force après 1945 dans un monde devenu bi-polaire entre l'Ouest pro Américain et l'Est soumis au communisme et à l'URSS, la fondation de l'État d'Israël, la traque des criminels de guerre nazis mêlée des compromissions de l'État fédéral allemand avec ces derniers.. c'est tout ce magma d'évènements écrasant les individus sous leurs poids, dont Koja fût le témoin. On suit son destin et celui de son frère Hub et de sa soeur Ev dans ce roman foisonnant et passionnant, véritable réflexion sur « la banalité du mal » chère à Hannah Arendt, les compromissions de ceux qui, à chaque échelon, du plus infime au plus élevé, ont permis ces crimes contre l'humanité durant la guerre 1939-1945. C'est aussi un roman sur la fin d'un monde et l'irruption d'un autre non moins inquiétant. On ne peut s'empêcher de songer à Jonathan Littell en lisant ce roman crépusculaire, envoûtant, magnétique. Si vous aimez les romans historiques, d'espionnages, les fresques familiales, le tout servi par un style d'écriture plein de souffle et d'une puissance d'évocation rare, alors « La Fabrique des salauds » devrait vous emportez. C'est, à mon sens, un des romans majeurs de cette rentrée littéraire.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Prés de 900 pages
Le livre a surement des vertus car j'ai été jusqu'au bout!
De 1905 à 1972,c'est l'histoire de l'Allemagne et c'est aussi des histoires d'amour
Un roman picaresque , rempli d'humour noir , un exemple parmi 100"et surtout Otto Barnewald,ancien administrateur des camps de concentration de Mauthausen,Neuengamme et Buchenwald,avec lequel il m'était arrivé de jouer au tennis de table à. Pullach.il avait un service remarquable."
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Pendant un long moment je me suis demandée ce que je pensais de ce personnage de Koja dont La Fabrique des salauds nous raconte l'histoire. Je suis passé de l'amusement, au questionnement pour finir par le mépris et la révolte, et là j'ai bien failli refermer le livre.
Allemand originaire de la ville de Riga en Lettonie, Koja Solm, amateur de peinture et architecte raté, né d'une famille aristocratique de pasteurs, a connu tous les grands mouvements du XXème siècle, depuis la révolution communiste russe jusqu'aux attentats terroristes de Septembre noir, en passant par l'occupation russe de la Lettonie, la montée du fascisme en Allemagne, la deuxième guerre mondiale et la guerre froide.
Préservé par son frère Hub, un nazi de la première heure et amoureux de sa soeur adoptive Ev, une juive cachée dans sa famille, Koja va traverser toutes ces périodes mouvementées comme agent de liaison, un crayon à la main, avec un détachement et une inconscience qui le rendent presque attachant. Il sera en fait un agent double durant toutes ses années, des Nazis, du KGB, de la CIA puis du Mossad, changeant de cause mais trahissant toujours avec la même désinvolture, sa Nation, ses amis, sa famille.
Cette fresque historique nous fait découvrir les rouages du parti nazi, puis les dessous de l'après-guerre avec la reconstruction de l'Allemagne et l'espionnage institutionnalisé par l'ensemble des services secrets mondiaux.
Avec ce roman fleuve de 900 pages que j'ai trouvé déroutant par sa vision décalée de l'histoire du siècle dernier, Chris KRAUS nous livre une saga étonnante faite d'un mélange d'insouciance et de gravité qui ne laisse pas indifférent.
Au final, je l'ai trouvé intéressant du point de vue historique mais moralement dérangeant. C'était sans doute le but.
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Koja, Hub et Ev. Deux frères qui accueillent sans le savoir une petite orpheline juive dans leur fratrie. Plus tard, bien plus tard, ils l'épouseront chacune à leur tour, leur amour pour elle, nourrissant les ressorts dramatiques de l'immense roman qu'est La fabrique des salauds de Chris Kraus. Immense par la taille – 900 pages – mais surtout par le propos, 50 d'histoire – de 1920 à 1970 – d'une famille allemande de Lettonie et de l'Allemagne.

Comment devient-on un nazi, puis le plus sombre des salauds, quand on est comme Koja peintre, amateur d'art et très paresseux? Par opportunisme d'abord, puisque la SS paie bien et que la famille n'a plus aucun revenu. Les deux frères s'engagent, Hub plus convaincu que Koja et s'efforçant tout au long de la guerre de protéger son jeune frère. Koja devient espion au service des SS, et dans un tour de passe-passe continue de l'être pour l'Allemagne fédérale, la Russie et même le Mossad. le tendre jeune homme devenant un monstre froid qui ne recule devant aucune traîtrise même quand elles touchent les êtres qui lui sont le plus proches.

Plus que la partie de la guerre elle-même qui a déjà été maintes fois racontée, c'est la reconstruction de l'Allemagne après la guerre que j'ai trouvée la plus intéressante, les anciens nazis se retrouvant dans tous les rouages du pouvoir.
Le roman est passionnant et addictif. Une fois commencée la lecture du long monologue que Koja vieux et blessé, adresse à son voisin de chambre d'hôpital, un hippie très vite horrifié, impossible d'arrêter sa lecture.

Verdict: c'est magistral, tout simplement. Un tout grand roman qui marquera la rentrée littéraire 2019 de son empreinte, comme il m'a profondément marquée, moi.










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Traduction Rose Labourie.
Il y a certains romans dont il est difficile de parler parce qu'ils sont tellement riches, tellement élaborés que cela prendrait des pages et des pages de chronique.
La fabrique des salauds en fait partie.
Ce roman, fiction reposant du des faits réels de l'Histoire mondiale, retrace soixante dix ans de conflits, de politique, qui font de l'Europe ce qu'elle est aujourd'hui et bien au-delà de ses frontières.
Au travers de la vie de Koja et de son frère Hub, Allemands nés au début du siècle dernier, vous allez traverser l'Allemagne Nazie, vivre en pleine Guerre Froide, naviguer entre le KGB, la CIA et le Mossad.
Deux frères, deux hommes différents, souvent opposés, avec un point commun, leur amour pour Ev.
On pourrait parler et débattre des heures sur ce roman et pour preuve, voici un échange que j'ai eu avec deux libraires : Alexandre Carreca, libraire Decitre Chambéry, et Aurélie Barlet, libraire La Pléiade Nice.

Alexandre : Tes premières impressions ?
Moi : C'est assez confus : magnifique, très dur, déstabilisant. Disons que je déteste aimer ce roman. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.
Alexandre : Tu veux dire : comme "Les bienveillantes", une sorte de fascination pour l'horreur ? Mais je trouve qu'il y a pas mal d'humour et de légèreté dans ce roman.
Moi : Non, c'est superbement écrit mais j'ai du mal à concevoir ce que je lis. Je n'arrive pas à déterminer si l'auteur excuse ou accuse.
Aurélie : Je rejoins Alexandre.
Aurélie : Lau Lo il expose non ?
Alexandre : Comme le dit le titre du livre : comment un type sensible, artiste et pas forcément courageux devient un salaud. L'Histoire, les événements, l'amour...
Moi : Il y a une tentative d'humaniser l'inhumain, pour exposer il faudrait plus de distance. C'est vraiment compliqué à expliquer. J'aime beaucoup ce roman, son écriture et cette façon d'aborder l'Histoire, inédite jusqu'ici. Mais ça reste un roman dur parce que très réel.
Alexandre : On est d'accord. Hâte d'arriver à la fin.
Aurélie : Lau Lo pour ma part je n'ai pas l'impression qu'il tente d'humaniser l'inhumain, beaucoup d'hommes et de femmes ont eu des comportements plus que discutables parce que les événements s'y prêtaient, qu'ils y trouvaient leur compte. C'est la réalité et l…Voir plus
Moi : Aurélie là-dessus je te rejoins. Les salauds sont pires que les monstres.
Alexandre : Aurélie et Lau Lo : si Koja devient un salaud, c'est d'abord parce qu'il a faim et que la SS paye bien, et ensuite pour l'amour d'une femme détenue par le KGB. En quoi est-il pire qu'un monstre ?
Moi : Alexandre, on va finir par spoiler !
Aurélie : Alexandre un "monstre" tel qu'on peut l'entendre agit par goût du mal ou par folie, non parce qu'il a faim ou qu'il aime, si ?
Moi : Alexandre tu aurais dû faire avocat, t'es doué pour trouver des circonstances atténuantes
Aurélie : Alexandre du coup ses faiblesses rendent ses exactions encore plus difficiles à avaler.
Alexandre : Lau Lo je préfère "divulgacher". Mais non, on en est qu'à la moitié du roman.
Alexandre : Aurélie justement ! Koja ne commet pas ces actes horribles par plaisir, mais par instinct de survie. Il n'est donc pas pire qu'un monstre.
Moi : Alexandre ouais, là j'ai des doutes
Aurélie : Alexandre moi je trouve que si, les monstres ont l'excuse d'être des monstres, c'est leur nature. Lui profite de la situation et est donc bien plus coupable à mes yeux.
Moi : Aurélie tout à fait d'accord
Alexandre : Mengele ou Heydrich avaient le choix. Ils sont devenus des bouchers par conviction. Pas Koja.
Moi : Non lui c'est par opportunisme, c'est pire.
Moi : Un grand texte, assurément !

Oui, c'est un grand texte, magnifiquement écrit, d'une façon qui rappelle les romans de Zafon (Actes Sud).
L'auteur retrace avec minutie les événements, tout comme il crée ses personnages. D'une profondeur incroyable, tous les personnages de ce roman paraissent si réels qu'on oublie que c'est une fiction et qu'il est assez improbable qu'une quelconque personne réelle ait pu vivre toutes ces aventures.
Ce roman dérange, bouscule, fait réfléchir et nous oblige à nous positionner, selon notre vécu, notre éducation ou nos opinions. C'est texte qui m'aura autant marquée que Crime et Châtiment de Dostoïevski, un des classiques que je préfère.
Et les questions fusent en nous :
Un monstre est-il pire qu'un salaud ?
Est-ce qu'on devient un salaud parce que l'on n'a pas le choix ?
Est-ce l'amour peut tout justifier ou excuser ?
Est-ce que votre lieu et date de naissance, votre éducation, fait ce que vous êtes ou pouvez-vous influer sur la personne que vous allez devenir ?
La politique est-elle l'apanage des salauds qui utilisent les monstres pour parvenir à leurs desseins ?
Ce roman est de ceux que j'ai détesté avoir aimé, un texte parfois très dur, violent, dont on a du mal à accepter ce qu'on peut y lire et pourtant…
Un roman phénomène qui nous explique et nous montre ce qui a été, ce qui est et ce qui risque d'être à nouveau. A la lecture de certains passages, on se dit même « on est en plein dedans ».
A chacun de juger, de se faire son opinion sur les salauds, et ce ne sera pas aussi facile que ça.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Après avoir tant lu de romans en contexte du nazisme, je ne m'attendais pas à prendre « plaisir » à la lecture d'un nouvel épisode littéraire concernant la période.

Il faut être sacrement culotté pour accoucher d'un pareil pavé en tragi-comédie, suivant tambour battant l'ascension de deux frères germano-baltes de Riga (Lettonie), et du triangle amoureux avec leur improbable demi-soeur. Le livre s'apparente à un monologue en confession d'un vieil homme malade, pas vraiment repentant et souvent ironique.

Accompagnant les turbulences politiques de l'Europe Centrale, la famille Solms va se retrouver embringuée dans la violence de l'Allemagne du 20e siècle et l'histoire politique de la République fédérale.
Impossible pour Hunsi, Koja et Evi d'échapper au national-socialisme, au communisme, à l'émergence d'un état israélien et aux manipulations internationales en périphérie. Sur plusieurs décennies ils seront SS, puis espions pour le BND, le KGB, la CIA et le Mossad, double ou triple agent de renseignements pour sauver leur peau ou chasser les vieux nazis.
La fratrie décompose une palette de personnalités entre jugements moraux à la carte, loyauté assumée à ses propres choix, opportunisme manipulateur. Un combat serré entre le bien et le mal dont il est difficile d'extirper des moments d'humanité.

Rien n'est épargné au lecteur, mais là où Les bienveillantes de Jonathan Littell nous faisait monter la nausée, le roman est aussi extravagant que parfaitement documenté. On peut sans doute y voir une certaine complaisance et justification d'une génération et se révulser face à une morale à la carte. C'est aussi un surprenant récit sur la trahison et le désir.

Ma lecture s'est accompagnée d'une fascination pour la forme littéraire lyrique, nerveuse, débridée, décomplexée, et pour la belle puissance narrative avec des personnages sur le fil, anti héros à la fois décalés et représentatifs d'une époque.
Un livre fort surprenant et dérangeant mais qui arrive à être séduisant et divertissant.
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Logiquement comparé aux Bienveillantes qui avait lui-même été comparé à La mort est mon métier, La fabrique des salauds a autant de ressemblances et de dissemblances avec les précédents qu'il y en avait déjà entre les deux premiers. Je ne compte pas me lancer dans la liste qui a certainement déjà déjà été établie et j'invite ceux que ce sujet intéresse à aller voir par eux-même. Bref, s'il ne renouvelle pas réellement le genre, le livre de Chris Kraus est une oeuvre ample, ambitieuse et très romanesque qui n'a pas à rougir de marcher dans les traces de Littell et de Merle.
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