Ce deuxième opus débute par la séparation des jumeaux. Lucas resté derrière le 'rideau de fer' guérit sa profonde déprime en secourant le curé privé de revenu par le Parti, en adoptant le fruit difforme d'un inceste ou aidant la bibliothécaire Clara dont le mari fut pendu et qui cache les livres défendus.
J'ai été touché par la douceur des personnages, particulièrement Peter, membre du Parti dissimulant sa générosité et ses amitiés profondes.
Je ne peux qu'adorer l'économie de mots qui sublime l'imaginaire. Deviner un drame le rend d'autant plus poignant. Il y a de la beauté dans ce qui est simple et la monotonie ne peut s'y installer.
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Dans ce deuxième volet, on retrouve l'un des jumeaux, Lucas, seul sans son frère qui a passé la frontière. Claus n'apparaît que dans le dernier chapitre, juste avant l'épilogue. le texte n'est plus écrit à la première personne du pluriel, ni à la première personne du tout. Place à une narration à la troisième personne, ce qui installe une distance avec l'histoire de Lucas, l'écriture reste sobre et sèche mais les phrases sont un peu plus complexes, pas réduites à sujet-verbe-complément, les chapitres n'ont plus de titre et sont plus longs. Lucas a gagné en maturité, il devient adulte, il est égal à lui-même, on sent sa violence, les traces de sa colère, une grande froideur qui par moments s'estompe, laissant entrevoir de l'humanité chez Lucas : il s'occupe de voisins, du curé, prend en charge une jeune femme, Yasmine, et son fils Mathias, infirme. Mais tout cela en ayant bien du mal à exprimer ses sentiments et émotions, on se demande toujours s'il en éprouve et en même temps on sent que son frère lui manque. Mathias semble être pour lui un substitut de son jumeau. Il y a plusieurs personnages secondaires, mais leurs histoires sont toutes sombres, toutes liés à un triste passé, soit pendant la guerre, soit sous le joug du régime qui s'est installé dans le pays. Contre toute attente, bien des années après, au dernier chapitre le frère revient et tout ce que le lecteur pensait avoir compris vole en éclat, y compris le premier volet de l'histoire. Toutes les certitudes du lecteur sont ébranlées, mais c'est addictif, il ne me reste plus qu'à attaquer le troisième volet pour avoir, je l'espère, le fin mot de l'histoire.
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Dans ce deuxième tome, Kristof se concentre sur l'histoire d'un des deux jumeaux, même si la présence de l'autre se fait sentir tout le long du roman. L'écriture est un peu moins froide que dans l'opus précédent, mais tout autant efficace. Même si ce tome est un chouia en dessous, je l'ai lu avec autant d'intérêt. Une ribambelle de personnages secondaires font leur apparition, tous autant pertinents et intéressants les uns que les autres. Pendant toute la lecture, nous sentons l'omniprésence d'un trouble, sans arrivé à mettre le doigt dessus. C'est très étrange comme sensation. Réalité ? Mensonge ? Trouble mental ? Bref, j'espère que la lecture du tome trois nous donnera un peu plus de réponses.
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Cette trilogie était dans ma pile à lire depuis des années, le premier tome ayant été commencé et vite abandonné, suite à cette première scène de zoophilie qui m'avait complètement dérangée, j'ai décidé de reprendre la lecture de ces romans.
Dans le premier tome de cette trilogie, les jumeaux n'avaient pas de prénom. Cela donnait un côté aseptisé et cruel au récit. Comme si l'auteur ne voulait pas que l'on s'attache à ces deux petits garçons. Nous retrouvons l'un des deux jumeaux, Lucas, qui lui n'a pas traversé la frontière. Après la séparation avec son frère, Lucas semble indifférent à la course du monde, jusqu'à sa rencontre avec Yasmine et son bébé. Dans ce deuxième tome écrit à la troisième personne du singulier, Lucas semble plus humanisé, plus vivant, mais je reste persuadé que ce sont ses échanges avec les autres qui rendent le récit plus vivant, parce que dans le fond Lucas reste le même. La violence est néanmoins moins présente dans ce deuxième tome, mais pourtant à chaque page tournée, une terrible menace semble prête à éclater à tout moment. L'auteur nous emmêle les pinceaux encore une fois, dans une écriture limpide et fluide, fictive ou réelle, la vérité se lira dans le dernier tome de cette trilogie.
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Une grande, oui, une grande. N'abusons plus de ce mot "grand" - "grand philosophe", "grand historien", "grand sociologue", "grande romancière" - ne prenant à témoin que l'influence limitée de leur école d'appartenance. Rien derrière elle, personne à ses côtés, singularité absolue dans le temps et dans l'espace, Kristof a créé. C'est la seule preuve de la grandeur. Nous sommes honorés de pouvoir la compter parmi les écrivains de langue française.
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