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EAN : 9782020859615
128 pages
Seuil (09/03/2006)
3.44/5   71 notes
Résumé :
Un homme est changé en statue au moment où il embrasse son chien pour la dernière fois ; une femme s'étonne que son mari se soit fendu le crâne en tombant de son lit sur une hache ; un enfant marche près d'un puma " splendide, beige et doré ", comme sorti d'un tableau surréaliste, pour aller retrouver son père... Entre la fable et le cauchemar, ces vingt-cinq récits baignent dans une atmosphère étrange et émouvante, qui constituent peut-être la part la plus secrète ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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“ce n'est pas en écrivant que les idées arrivent” déclarait l'écrivaine hongroise d'expression française Agota Kristof.

A l'occasion d'un documentaire, l'écrivaine, disparue en 2011, racontait comme l'inspiration la saisit à tout instant du quotidien, en marchant, en faisant le ménage, en travaillant à l'usine où l'on a pas à se concentrer sur la tâche d'automate que l'on commande au cerveau humain.

Ce recueil de 25 textes, sortes d'affabulations réalistes, paru en 2005, est une expérience de jouissance (au sens Barthésien du terme ! je vous vois venir…), car l'écrivaine suisse d'adoption, déconcerte le lecteur par l'anatomie de ses textes, elle va droit au but de ce qu'elle veut écrire, sans s'embarrasser d'amener doucement l'action par des prolégomènes facultatifs.
Et si la nouvelle ne fait qu'une page, qu'importe, c'est une modernité qui n'est pas sans rappeler les fragments de Barthes ou de Cioran.
Son style diaphane, ciselé, est au service d'une émotion brute, sans suggestion, le lecteur la chope ou passe à coté. Les situations nous sont parfois lointaines mais jamais étrangères. L'empathie pour le spleen de personnages à peine croisés évoque également la fugacité produite par le haïku japonais.

Les venins de la folie, du désespoir, de la solitude violacent chacun de ses grains de vie.
La machine humaine s'enraye, et en même temps qu'elle quitte doucement l'impératif du sens, tout devient plus clair. Je pense par exemple à la nouvelle “La maison” où le personnage se rappelle la maison de son enfance et commence à lui parler “tu as pris quelqu'un d'autre, tu ne m'aimes plus” lance le personnage à la maison, et celle-ci de répondre un peu plus loin “tu vois comme tu m'as oubliée (…) pourquoi es tu parti ?”

Pourquoi “c'est égal” ? Eh bien peut-être parce que Kristof ne porte aucun jugement sur les situations que vivent ses personnages ni ne tente d'interférer dans leur destin…qu'importe, aucune victoire cathartique sur le spleen n'est concédée au lecteur.

Qu'en pensez-vous ?
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Recueil de vingt cinq petites nouvelles inspirées de ses rêves, de son enfance, souvent noires, tristes, glauques, absurdes.

Il m'en reste des images de maison, de nuit, de train, de mort.
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✨ « Ils sont assis là, sur une terrasse de bistrot. Ils regardent les gens passer. Les gens passent, comme d'habitude, comme n'importe qui, comme il faut, ils passent.
Les gens aiment passer à leur tour. »
(P.34)

⭐️ Photographies du quotidien, extraits d'une routine lancinante, manifestes d'un désespoir ambiant, Agota Kristof saisit avec précision et cynisme toute la cruauté d'une vie dénuée de sens, entre présences et absences, entre fiction et réalité. Qu'il s'agisse de la mort d'un père, de la solitude d'une épouse le soir de son anniversaire, le désespoir d'un enfant perdu, un seul thème transparaît inlassablement dans chacune de ces 25 nouvelles : l'impossible solitude de chacun.

✨ « Je pense qu'au dehors il y a une vie, mais dans cette vie il ne se passe rien. Rien pour moi. »
(P.100)

⭐️ A quoi bon attendre ? A quoi bon espérer ? L'émotion qui sous-tend ces textes est palpable : le vide est incommensurable, qu'il soit en nous, dans nos actes ou nos paroles, dans ceux de nos proches, de parfaits inconnus ou des êtres aimés…

✨ « Madeleine vide les cendriers, ramasse les bouteilles vides, les verres sales, les morceaux de verre brisé, débarrasse la table. Avant de se mettre à faire la vaisselle, elle va a la salle de bains, et elle se regarde longuement dans le miroir. »
(P.90)

⭐️ Quel est LE sens ? L'essence de la vie ? Agota Kristof s'est créé un univers propre dans lequel elle explore les infinies possibilités, les mystères troublants, les doutes persistants…
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Ce recueil de nouvelles n'est sans doute pas fait pour moi , la lecture a été trop rapide et je m'y suis ennuyée . J'avais lu quelques critiques élogieuses sur l'auteur et j'ai été déçue , bien sûr , je sais bien qu'un seul livre ne suffit pas pour se faire une idée d'un écrivain .
Mais , ces petites histoires qui se passent d'un un temps et un lieu imprécis ne m'ont ni émues ni surprises , c'est peut-être un beau exercice de style , moi , j'ai besoin de ressentir quelque chose .
Ceci est un avis tout personnel .
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Retour par hasard aux sources de l'écriture de cette grande autrice. Je l'avais déjà lu mais je l'avais oublié. Pas de drame, les 25 histoires courtes sont saisissantes. On y décèle toute la bizarrerie, la cruauté, l'absurdité des situations dans lesquelles l'artiste nous emmène. du meurtre refoulé à la folie ordinaire ne passant par la métamorphose en objet, tout y passe. À travers ce spectre narratif, on décèle une critique du système contemporain où détachement, inhumanité et vacuité font loi. La condition humaine n'est facile pour personne, mais bon c'est égal...
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
“Je suis un grand écrivain. Personne ne le sait, car je n’ai encore rien écrit (…) l’ennui c’est que je ne sais pas quel sera le sujet de mon roman. On a déjà tellement écrit sur tout et sur n’importe quoi.”
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Je me souviens...
Et je ris en observant mes convives qui se penchent, voraces, sur le civet de lièvre tiré par moi-même dans les champs étriqués de leur pays natal.
Qui n'est, en réalité, que leur chat domestique favori.
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer.
C'est toi.
Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas.
N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi.
Je marche, je marche dans les rues, je tue.
Mais toi, tu n'as rien à craindre.
Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancées de la nuit, quand tu es faible, quand tu trébuches, quand tu te voûtes.
Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant.
Jamais, presque jamais, peut-être jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville.
Et de quoi pourrais-tu avoir peur?
De moi?
Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime.
Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal.
N'aie pas peur. je suis là. Je te protège.
Pourtant, je souffre aussi.
Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'éclaire. Les nuages me cachent. Le vent me déchire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement.
Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien.
Je veux te suivre très loin, partout, longtemps.
Je veux te voir souffrir encore plus.
Je veux que tu en aies assez de tout le reste.
Je veux que tu viennes me supplier de te prendre.
Je veux que tu me désires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles.
Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour.
Je t'emporterai.
Tu avais peur de naître, et maintenant tu as peur de mourir.
Tu as peur de tout.
Il ne faut pas avoir peur.
Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle Éternité.
C'est moi qui fais tourner la grande roue.
Tu ne dois pas avoir peur de moi.
Ni de la grande roue.
La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais déjà.
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La torture inutile des professeurs me révoltait. Même quand ils donnaient de mauvaises notes. Les mauvaises notes n'ont aucune importance, alors pourquoi faire du mal à ces êtres faibles et sans défense?
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[...] ce sont les canalisations de la ville qui emportent les déchets. Les morts, et tout ce dont on voudrait se débarrasser, comme la mauvaise conscience, les erreurs, les abandons, les trahisons, les crimes, les meurtres.
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Videos de Agota Kristof (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agota Kristof
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Quelle romancière hongroise et suisse mais qui écrivait en français est l'auteure d'un roman magistral qui montre que les enfants en péril deviennent bien souvent pervers ?
« le grand cahier » d'Agota Kristof, c'est à lire en poche chez Points.
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