Je me suis éloigné des hommes et rapproché de la bouteille. Je bois.
Maintenant, même les enfants du quartier s'ecrient quand ils me voient : " Voilà le pépé au nez rouge qui va de travers ! " Eh bien, mieux vaut avoir le nez rouge et aller de travers que le nez creux et aller dans le sens du vent.
Au facteur
Camarade facteur, cette lettre n'ajoutera rapport aucun pas à votre travail déambulatoire et n'alourdira pas d'un gramme votre besace. Je crains seulement que l'habitude de porter des lettres ne vous entraîne à emporter ces lignes jusque dans votre appartement. Mais je vous conseillerais plutôt de l'ouvrir sur-le-champ, de la lire et de la jeter - dans la poubelle la plus proche,.
Il sauta de la vie en marche.
"Cette vision du monde ne correspond pas à mes dioptries".
Je bois parce que l'ivresse est un modèle réduit de la vie (l'eau-de-vie) : d'abord, l'attente de la vie - puis l'excitation adolescente - puis l'impression juvénile à la fois d'ivresse et de lucidité, l'apparition d'images érotiques - puis le sentiment d'inertie, verre après verre, la confusion mentale, l'envie de dormir, l'indifférence de la vieillesse - et enfin la décrépitude, la désintégration des pensées, le verre pas terminé, la saturation - et, pour finir, le sommeil sans rêves, la mort... et tout ça en vingt minutes.