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Voilà, j'ai enfin réuni la totalité (?) de l'oeuvre de cet écrivain, annoncé comme l'un des génies oubliés du XXème siècle… et pour cause : quasiment rien n'a été publié de son vivant, provenance et époque oblige… dans l'ombre de la grande moustache…

J'ai patienté le temps qu'il fallait à la poussière pour que chaque livre en émerge, avant d'en entamer la moindre page, comme un série-toxico : attendant qu'une saison de son spectacle adoré soit disponible en entier, afin de l'avaler d'un seul coup, les yeux croutés au carré, la journée foutu par une nuit... ce que la langue anglaise, dans son génie adaptatif, appelle « binge watching », se référant à la manière de boire des étudiants de Bristol, Brighton, ou d'ailleurs, la nuit à peine tombée que déjà dans le caniveau…

On pourrait s'essouffler, sans même avoir commencé, à réfléchir à sa nationalité…
Né à Kiev (alors dans l'Empire Russe) d'une famille de la petite noblesse polonaise — déportée à la suite des terribles et incessants malaxages de cette nation au 19ème siècle, inrésumable en quelques lignes (le Prussien ne parlant pas forcément l'autrichien…) — brillant étudiant et intellectuel actif dans les mouvements de sa ville, jusqu'à son déménagement en 1922 à Moscou, de manière définitive. Sa langue littéraire a toujours été le russe, parmi les sept langues qu'il maitrise couramment.
Je n'aurais pris la peine d'écrire cela si, de ses huit ouvrages en face de moi, trois sont bleu ciel, quand les autres sont jaune poussin…

Ce petit livre est constitué de ses derniers écrits retrouvés. Sa présentation — l'histoire extraordinaire de l'exhumation, quasiment du néant, de ces textes par le poète Vadim Perelmouter — prendrait quasiment plus d'espace que son noyau de matière si elle était rédigée avec davantage d'emphase... mais l'ineffable s'impose de lui-même.
Sa traductrice Catherine Perrel nous ouvre délicatement le chemin…

Commencer une oeuvre par sa dernière partie éditée, tout en confiance, permet de l'aborder par ces petits fragments diablement autobiographiques, jeux de piste dénudant sans attendre cet auteur que l'on va découvrir avec ardeur.

Ces lettres écrites à personne sont en premier lieu adressées à lui-même, dans le huis-clos de sa chambre de 8 mètres carré, partagée uniquement avec une carafe de vodka, chaque jour vidée afin de bien marquer le temps qui passe.

On y touche à l'intime du créateur d'histoires : ce petit passage secret entre nos mains, feuilleté tel un trésor, nous rapproche plus qu'on y pensait de ce génie retrouvé, dont la tombe n'a jamais été localisée, alors qu'il nous demandait d'y laisser pousser les orties — « et qu'elles piquent ! » — clôturant ses carnets.
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Encourage par Bobfutur et Booky je suis parti a la recherche de Krzyzanowski et ce petit livre est le premier que j'ai reussi a degotter.
Trois recits ou coule la Volga. Comment ca, la Volga? Mais pas du tout, il y a erreur, cela se passe a Moscou, et a Moscou, c'est bien connu, le seul fleuve qui coule c'est la Vodka. Un fleuve impetieux et turbulent qui possede le don inespere de calmer les ames desesperees.

Dans le premier recit, Rue Involontaire, le narrateur boit. “Je bois. À cause de quoi ? me demanderez-vous. Un regard trop sobre sur la réalité. Je suis vieux – j'ai les cheveux filasse et les dents jaunasses – et la vie est jeune, donc il faut me laver, comme une tache, m'effacer avec de la vodka. C'est tout.” le narrateur est peut-etre l'auteur lui-meme, car il ecrit. Il ecrit et il boit. ”Car au fur et à mesure que le niveau d'encre baisse – goutte après goutte – dans l'encrier, dans l'écrivant – verre après verre – le niveau de vodka monte.” Boit-il parce qu'il est esseule? “Je me suis éloigné des hommes et rapproché de la bouteille. Je bois. Maintenant, même les enfants du quartier s'écrient quand ils me voient : « Voilà le pépé au nez rouge qui va de travers ! » Eh bien, mieux vaut avoir le nez rouge et aller de travers que le nez creux et aller dans le sens du vent.” Houla! Aller contre le vent est dangereux a Moscou! Boit-il pour oublier les menaces, noyer son inquietude? Mais non, c'est plus simple et plus complique que ca. “Je bois parce que l'ivresse est un modèle réduit de la vie (l'eau-de-vie) : d'abord, l'attente de la vie – puis l'excitation adolescente – puis l'impression juvénile à la fois d'ivresse et de lucidité, l'apparition d'images érotiques – puis le sentiment d'inertie, verre après verre, la confusion mentale, l'envie de dormir, l'indifférence de la vieillesse – et enfin la décrépitude, la désintégration des pensées, le verre pas terminé, la saturation – et, pour finir, le sommeil sans rêves, la mort… et tout ça en vingt minutes.” Une addiction assumee, donc. “Je bois— à m'en rendre malade –à votre santé. […] Ce ne sont pas des larmes que je verse, mais de la vodka.”

Mais voila, quand il achete sa vodka on lui rend la monnaie en timbres-poste. Alors il les utilise pour ecrire des lettres a des inconnus, qu'il jette par sa fenetre ou met devant des portes fermees. Il ecrit au sous-locataire d'un appartement communautaire, qu'il faut appeler par six coups de sonnete, donc le moins important des locataires, celui qui risque d'avoir le temps et la patience de le lire. Un qui n'a rien d'autre a faire, comme lui. Il ecrit a quelqu'un dont la fenetre est allumee la nuit, donc qui ne dort pas, comme lui. “Et donc, vous et moi, nous sommes frères de cierge. Compagnons de la pensée qui ne s'éteint pas.” Il recidive avec une deuxieme lettre, et une troisieme, ou il lui propose des themes d'ecriture, supposant que c'est un ecrivain. Qui d'autre resterait eveille la nuit? Il ecrit au facteur, celui qui a l'habitude – ou la mission, le devoir - d'ouvrir les lettres. Il ecrit a l'habitant d'une maison qui n'est pas encore construite, rue Involontaire. Il ecrit a l'homme du timbre, l'homme dont le portrait est sur le timbre. Ce doit etre quelqu'un d'important, tellement important qu'il serait oiseux de s'attendre a une reponse. Et de toutes facons il ecrit pour ecrire, pour se defouler ou tout simplement pour continuer a vivre avec la vodka, exactement comme l'auteur dont la majorite – la tres grande majorite – de ses ecrits n'ont ete publies qu'apres sa mort.

Dans le deuxieme recit, La Clepsydre, un homme achete une clepsydre, mais au lieu d'eau il y met de la vodka. Buvant les gouttes seconde par seconde il devient homme-orloge pour une usine: on sait que la journee de travail est finie quand il s'effondre. Jusqu'a ce qu'il essaye d'accelerer le debit. Renvoye! Et la fin? On s'y attendait: un suicide.

Dans le Feutre Gris un chapeau qui passe de mains en mains, de tetes en tetes, y inocule une pensee la ou il n'y en avait pas ou peu: “a quoi bon?” Et cette pensee pousse les porteurs vers le suicide. Vers quoi d'autre?

Voila. C'est tout. Trois courts recits pour exprimer peut-etre l'inaptitude, l'incapacite de l'homme pensant a vivre dans un pays ou le pouvoir ne lui repond pas, ne l'entend pas, ne le voit pas. A quoi bon s'efforcer? Il vaut mieux se perdre dans la vodka, le seul fleuve ou on puisse se noyer a Moscou. La Volga est tellement loin…
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La langue ivre de Sigismund Krzyzanowski.

Malgré la considération dont il jouissait auprès des intellectuels, aucun livre de Sigismund Krzyzanowski ne fut publié de son vivant, jusqu'à la découverte extraordinaire de ses écrits dans les archives soviétiques et le début des publications près de quarante ans après sa disparition. Né en 1887 en Ukraine de parents polonais, il s'installa en 1922 à Moscou, dans une petite chambre du quartier de l'Arbat, d'où il ne bougera quasiment plus jusqu'à la fin de sa vie en 1950.

C'est d'une chambre minuscule comme celle-ci que le narrateur insomniaque de Rue Involontaire expédie, par le vasistas, des lettres à sept destinataires anonymes et hasardeux, lettres écrites avec leur coauteur la vodka pour écluser un trop-plein de timbres, reçus comme monnaie pour l'achat de bouteilles de ladite vodka.

«Voilà comment j'ai contracté cette étrange maladie qu'on pourrait appeler épistolomanie. C'était il y a deux ans, quand la vodka suscitait de longues et soudaines files d'attente, et qu'on nous rendait la monnaie en timbres-poste. Je bois. À cause de quoi ? me demanderez-vous. Un regard trop sobre sur la réalité. Je suis vieux – j'ai les cheveux filasse et les dents jaunasses – et la vie est jeune, donc il faut me laver, comme une tache, m'effacer avec de la vodka. C'est tout.
Comment je commence mes matinées ? Levé de bonne heure, je vais au croisement et j'attends. Comme un chasseur à l'affût. Assez vite, ou parfois pas vite du tout, d'un côté ou de l'autre du carrefour apparaît une carriole remplie de caisses en bois. Dedans, bien fermé sous du verre et des bouchons, il y a de l'alcool. Je sors de mon immobilité et je suis la carriole, où qu'elle aille, jusqu'à l'arrêt et le déchargement. Voilà qui vous donne l'impression de marcher d'un pas solennel derrière un catafalque portant vos propres cendres.»

Plongeant le lecteur dans le Moscou du début des années 1930, ces lettres frappent surtout par leur écriture, déstabilisante comme l'abus de vodka, progressant en zigzags inventifs et fulgurances, sur le langage, le temps, et la possibilité de dompter par l'ivresse des mots l'avancée vers la mort.

«Le temps m'apparaît tantôt comme un tourbillon d'instants, tantôt comme une chute d'eau tombant vers l'avenir».

«Je bois parce que l'ivresse est un modèle réduit de la vie (l'eau-de-vie) : d'abord l'attente de la vie – puis l'excitation adolescente – puis l'impression juvénile à la fois d'ivresse et de lucidité, l'apparition d'images érotiques – puis le sentiment d'inertie, verre après verre, la confusion mentale, l'envie de dormir, l'indifférence de la vieillesse – et enfin la décrépitude, la désintégration des pensées, le verre pas terminé, la saturation – et, pour finir, le sommeil sans rêves, la mort… et tout ça en vingt minutes»

Ce recueil traduit du russe et présenté par Catherine Perrel pour les éditions Verdier comporte aussi deux nouvelles fantastiques et très gogoliennes, «La clepsydre», la légende d'un ivrogne moscovite, et «Le feutre gris», les pérégrinations d'un chapeau et les pensées noires qu'il inspire aux crânes qu'il recouvre successivement.

«Quand je mourrai, laissez les orties pousser sur ma tombe - et qu'elles piquent !»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/04/03/note-de-lecture-rue-involontaire-sigismund-krzyzanowski/
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Recueil de 7 lettres plus 2 textes que l'on pensait perdus à jamais et découverts par hasard dans les archives de Moscou restituées par le KGB. La vie de l'auteur elle aussi est pleine de mystère.
Rien qu'avec cette introduction digne d'un film d'espionnage, cela m'a donné envie de le lire.
Soyons honnête, l'auteur a bien raison de préciser que le coauteur est la vodka. Il flotte dans ces lettres une brume alcoolisée mais pas une ivresse totale, c'est à dire que l'auteur est bien conscient qu'il écrit alors qu'il est sous l'emprise de la vodka, qui, pour lui, est son état normal maintenant.
Disposant de timbres rendus comme monnaie pour tout achat de vodka, et ne sachant pas quoi en faire, l'auteur décide d'écrire et d'envoyer des lettres au facteur, à ses voisins d'immeuble ou de rue.
J'ai trouvé ces lettres pleines d'humour noir, de réflexions faites à base de vapeurs d'alcool mais avec une certaine conscience de cette réalité , du coup son auteur, en pleine solitude, en devient plus touchant,
J'ai bien aimé le style de l'auteur et ce côté autobiographique. Les nouvelles, quant à elles sont un plus alambiquées mais restent sympathiques.
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Composé de trois texte, Rue involontaire, la clepsydre et le feutre gris pour clore l'ouvrage. Si ces trois récits sont passionnants, je coupe tout suspense en déclarant avoir préféré le dernier.
Dans le premier texte qui est épistolaire, le narrateur écrit à des gens qu'il ne connait pas. Seul, souffrant de cette solitude, et ayant des timbres qui ne servent pas, il décide d'écrire à ses voisins, des voisins semblant partager une vacuité existentielle dans un lieu vide également. C'est triste, mais tristement vrai.

Le second est l'histoire d'un homme qui, pour combler son inutilité ontologique, décide de boire de telle sorte que son ivresse puisse renseigner du temps qu'il passe et de l'heure qu'il est. Sa fonction deviendra alors sa nature, et son vide sera un trop plein de ce qui lui nuit. Sage conclusion philosophique de penser que le vide comme le plein peuvent constituer le néant de nos vies. grosse leçon qui n'en est pas une, un bien bel apprentissage que seuls les livres peuvent nous indiquer avec tant de clarté.

Le dernier est l'histoire d'un chapeau parasité par un pessimisme dépressif personnifié. Dès qu'un quidam passe et porte le chapeau qui se transmet suivant une malédiction fatale, le pauvre homme broie du noir par cet esprit Aquoibon jusqu'à désirer le suicide. Encore un très bon enseignement philosophique que de penser que le nihilisme et l'inertie sont davantage une cause de suicide que le simple mais douloureux malheur. Car à l'inverse de ce dernier, ne plus savoir quoi faire, ne plus tenir compte des conséquences et ne plus rien ressentir sont déjà des débuts de mort.

Très petit livre par le nombre de pages, chef d'oeuvre par le style, ouvrage indispensable par le contenu. Kant déclare qu'il y a des impératifs catégoriques en morale, il y a je pense des impératifs littéraires, des livres qui par leurs écrits conduisent à un universel et doivent donc être lus par l'univers entier. Cet ouvrage en fait partie. Magnifique.
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C'est un petit ouvrage d'une cinquantaine de page qui regroupe 3 textes. Rue involontaire, la clepsydre et le feutre gris et cela présenté de façon aéré ou s'insère en page entière quelque petites citations de l'auteur tirées de son carnet :

« Je bois a m'en rendre malade. A votre santé ! »

La lecture de l'ouvrage peut s'apparenter a l'absorption par procuration d'un petit shot de Vodka, frappé par le froid d'un hiver rigoureux, au crépuscule jaunie par le soleil pâle de saison. L'alcool se mêlant au sang, la solitude se dilue dans quelque chose de joueur, un cynisme grinçant mais non pas dénué de tendresse. Enfin tendresse est un mot surement un peu trop "tendre" pour cette écriture qui exhale une haleine chargé d' alcool claire et perçante comme la glace, mais moite de salive et de chaleur humaine.

Un court texte à boire cul-sec et à laisser faire…

A la tienne !
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Sigismund Dominikovitch Krzyzanowski est né à Kiev en 1887 et mort à Moscou en 1950. Il fait de brillantes études, parle sept langues et fait partie du monde fermé des érudits.
On perd sa trace durant la première guerre mondiale.
On le retrouve à Kiev en 1919, où, connu des milieux intellectuels et étudiants par les conférences qu'il donne et les séminaires qu'il anime.
En 1922, Krzyżanowski s'installe à Moscou, dans le quartier de l'Arbat, où il habite une chambre de huit mètres carrés qui lui inspirera sans doute l'un de ses récits fantastiques : La Superficine. Il ne la quittera pratiquement plus jusqu'à sa mort, en 1950.

Il aurait écrit plus de 3000 pages dont pratiquement aucune n'aura été publiée dans son pays. Jugé insignifiant une partie de ses textes ont été saisis par l'appareil politique de l'URSS et conservé dans des conditions qu'on pourrait estimer désuète. En 1995 ils réapparurent aux archives à Moscou et oubliés dans une réserve.

Rue involontaire est composé de sept lettres. L'auteur miné par l'alcool, la maladie et la solitude donne ici quelques fragments de sa personne.
Même si l'écrit en soi (un trentaine de pages) n'est pas vraiment un joyau de la littérature au point de vue technique d'écriture, cela passe presque en second plan. La réelle émotion c'est de pouvoir les consulter en imaginant le chemin qu'ils ont parcouru. Pour passer d'un cerveau désespéré, imbibé de vodka, dans le pays le plus surveillé du monde. Conservés pendant des décennies (la date de création étant inconnue) et reprises par les éditions Verdier qui tente une belle aventure dont l'appât du gain n'est certainement pas le but premier.

a lire : le Marque-page, traduit par Catherine Perrel et Eléna Rolland-Maïski, 1992 qui comprend le texte "la superficine" qui serait celui qu'il ne faut pas laisser au bord du chemin.



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Voilà le genre de livre qui me fait dire qu'il me manque une case, ou que mes cases n'ont pas la bonne forme (ou, comme l'écrit Krzyzanowski "Cette vision du monde ne correspond pas à mes dioptries"), car il est unanimement encensé un peu partout, à juste titre je pense, et que je passe complètement à côté. Si la forme courte n'est pas idéalement adaptée pour moi, ce n'est pas que cela, car c'est une contrainte que je sais parfois dépasser.

Certes je ressens la noirceur, la solitude et le désespoir, cet insomniaque alcoolisé, qui parcourt les rues la nuit et s'adresse aux fenêtres éclairées.
Certes je perçois cette absurdité du système soviétique, si inepte qu'il faut écrire des lettres pour utiliser des timbres inutiles, sonner selon des codes incongrus pour rencontrer l'autre, et si c'est çà la Révolution....
Certes je perçois la beauté de l'écriture:

" Ainsi, j'aime me promener la nuit. le jour, quand l'espace rayonne de soleil et que dans la ville tournent les rayons des roues et s'arrachent les pas, le temps est peu perceptible. Mais avec la nuit, quand les objets, vivants et morts, s'inaniment, l'ombre prend la place de la chose et la repousse dans les rêves, dans la vie ombreuse."

Peut-être même un peu trop ciselé pour un ivrogne alcoolisé, dont on attendait un certain empâtement de la pensée et de l'expression.

J'aime les promenades nocturnes, j'aime les fenêtres éclairées dans le noir, parlant des insomniaques "compagnons de la pensée qui ne s'éteint pas »". La vodka n'est pas mon recours, et je n'écris pas de lettres, encore moins aux inconnus, mais parfois des commentaires qui, pourquoi pas, m'aident à lutter contre certains désarrois. Mes jours ne sont pas solitaires, mais néanmoins parfois effrayés, mais mes timbres sont utiles et non absurdes. J'aurais dû partager avec cet auteur, ce ne fut pas le cas.

Je ne parlerai guère du deuxième récit, La clepsydre où je ne reconnais rien, et ne comprends pas beaucoup mieux, histoire absurde ou sens caché ? Ni du troisième, le feutre gris où les pensées, qui naviguent, semant la mort, d'un cerveau à l'autre à dos de chapeau, comme des puces à dos de chien, ne m'ont guère convaincue, malgré la pirouette finale.


J'analyse donc les qualités de cette oeuvre, mais elles ne m'accueillent pas. Il y a là une poésie sombre et absurde qui m'échappe et me désarçonne. Peut-être aurais-je dû préparer ma lecture par un bon verre de vodka, j'aurais été plus réceptive.
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Ce texte a connu une histoire rocambolesque digne de l'imagination d'un écrivain. Confisqué par la censure, le texte a été archivé par le KGB dans le dossier d'un autre écrivain et perdu avant d'être retrouvé et exhumé des méandres administratifs des archives russes. Même l'histoire de ce livre est un roman.
L'auteur livre avec acuité des histoires du quotidien d'un écrivain raté, pauvre, perdu dans l'absurdité de la vie et dans l'alcool. Sous forme de lettres à un voisin inconnu, au facteur, à l'homme figurant sur le timbre ou à la fenêtre dans la rue qui ne s'éteint pas… le narrateur s'en donne à coeur joie. Ce très court livre est rempli de citations bien senties.
Au fil des lettres, nous apprenons pourquoi le narrateur jette ses lettres aux quatre vents : en URSS, à cause de la pénurie de liquidité, les commerces rendaient la monnaie en timbres. le narrateur, sans personne à qui écrire des lettres voit ses timbres s'accumuler et dans un moment de beuverie décide de les utiliser, pour notre plus grand bonheur de lecteur.
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Ce court texte de Sigismund Krzyzanowski a eu un destin particulier, puisqu'il a d'abord été perdu, confisqué par le KGB et oublié ensuite aux archives de Moscou. Qu'il n'ait pas provoqué l'arrestation de son auteur reste un mystère.

Il est constitué de sept lettres "écrites par l'écrivain et son co-auteur, la vodka". L'auteur a reçu en guise de monnaie des timbres-poste dont il ne sait que faire, il a donc envoyé des missives à n'importe qui, le premier venu, une fenêtre éclairée, le facteur ...

Suivent deux petits textes complètement loufoques et des extraits des carnets de l'écrivain.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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