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La Guerre du Pavot" fut un véritable ascenseur émotionnel en terme de lecture. J'ai vraiment apprécié cette histoire, qui commence comme un roman d'apprentissage avant de prendre une tournure beaucoup plus sombre ensuite. Toutefois, si ma lecture s'est avérée périlleuse, ce n'est pas tant dû au travail des mots, qu'aux pièges que recèlent les réseaux sociaux... Je me suis fait salement, impitoyablement, spoilée la fin par une bookstagrameuse américaine que je suis depuis des années, et qui a trouvé amusant de publier des memes de la saga en story. Et quand je vous dit " la fin" , je ne parle pas de la fin du livre, non... mais de celle de la TRILOGIE. Arrivée au ¾ de ma lecture donc, il me fut assez difficile de l'achever en raison de cette énorme frustration, et j'ai dû laissé le livre de côté pendant une semaine avant d'avoir le courage de m'y remettre.
Je suis toutefois contente d'être arrivée jusqu'au bout, car l'intrigue en elle-même est vraiment plaisante, j'ai passé un très bon moment (ce qui rend le spoil encore plus frustrant, en un sens). le roman fait référence à l'histoire de la Chine, les provinces de Nikan et de Mugen représentant successivement la Chine et le Japon. Certains éléments sont des clins d'oeil à de véritables événements historiques :
la guerre du pavot est un écho des guerres d'opium, Golynn Nis est un rappel du massacre de Nankin...
Dans cet univers féodal orientale, Rin est une orpheline de guerre, servant de bonne à tout faire à sa famille d'accueil. Afin d'éviter un mariage arrangé, elle étudie dur dans le but d'être admise dans la sévère Académie Militaire de Sinegard. Là bas, elle y étudiera les arts martiaux, le maniement des armes, l'art de la stratégie mais aussi... le shamanisme. Car Rin n'est pas n'importe quelle étudiante...
Si toute la première moitié du roman a vraiment des vibes « Harry Potter » pour le côté roman d'apprentissage dans une école presque coupée du reste du monde, la seconde partie, elle, change de ton directement. Elle est beaucoup plus sombre, violente, crû dans ce qu'elle met en jeu. Ces changements d'ambiance, et ces successions de violences font parfois que les transitions sont un peu lourdes ; passé ce cap, la lecture s'est révélée toutefois très fluide et prenante.
Les personnages sont assez intéressants, même si la protagoniste principale est une énigme à mes yeux : orpheline misérable au début, élève prodige face à l'adversité ensuite, pour finalement devenir une soldat impétueuse, colérique voire même complètement psychopathe sur la fin. Plus d'une fois, j'avais envie de la secouer par les épaules pour lui dire " Wouhou, c'est la GUERRE ma grande, arrête de pleurnicher parce que ton commandant n'a pas constamment les yeux tournés vers toi ". Dans un contexte gravissime et urgent, la voir se comporter comme une enfant égoïste et capricieuse me rendait complètement folle.
Et en même temps, j'ai apprécié cet aspect car l'autrice en a fait quelque chose d'assumé : Rin n'est pas une Mary-Su, il est clairement statué qu'elle est impulsive, dangereuse, cruelle et immature sur de nombreux points. Ces traits de caractère ne sont pas de " faux défauts ", j'avais vraiment l'impression pour le coup que l'autrice me disait clairement : " mon héroïne n'en est pas une : elle ne va pas bien tourner ". Ce qui fait que j'ai envie d'observer son évolution.
J'ai donc vraiment hâte de découvrir la suite, car je pense que si le premier volume est assez manichéen sur bien des aspects et semble vouloir apporter beaucoup d'éléments en un seul tome, c'est pour mieux se nuancer et se développer ensuite. Les deux autres ouvrages n'étant pas encore traduits en français, cela me donnera le temps de digérer (et oublier !) le spoil auquel j'ai eu le droit, afin de mieux apprécier la suite des événements.