Citations sur La fête de l'insignifiance (108)
– Se sentir ou ne pas se sentir coupable. Je pense que tout est là. La vie est une lutte de tous contre tous. C’est connu. Mais comment cette lutte se déroule-t-elle dans une société plus ou moins civilisée ? Les gens ne peuvent pas se ruer les uns sur les autres dès qu’ils s’aperçoivent. Au lieu de cela, ils essaient de jeter sur autrui l’opprobre de la culpabilité. Gagnera qui réussira à rendre l’autre coupable. Perdra qui avouera sa faute. Tu vas dans la rue, plongé dans tes pensées. Venant vers toi, une fille, comme si elle était seule au monde, sans regarder ni à gauche ni à droite, marche droit devant elle. Vous vous bousculez. Et voilà le moment de vérité. Qui va engueuler l’autre, et qui va s’excuser ? C’est une situation modèle : en réalité, chacun des deux est à la fois le bousculé et le bousculant. Et pourtant, il y en a qui se considèrent, immédiatement, spontanément, comme bousculants, donc comme coupables. Et il y en a d’autres qui se voient toujours, immédiatement, spontanément, comme bousculés, donc dans leur droit, prêts à accuser l’autre et à le faire punir. Toi, dans cette situation, tu t’excuserais ou tu accuserais ?
L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence. Elle est avec nous partout et toujours. Elle est présente même là où personne ne veut la voir : dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les pires malheurs. Cela exige souvent du courage pour la reconnaître dans des conditions aussi dramatiques et pour l'appeler par son nom. Mais il ne s'agit pas seulement de la reconnaître, il faut l'aimer l'insignifiance, il faut apprendre à l'aimer.
Alain s'était souvenu tout de suite de son amie car, grâce à elle, il savait que même le dialogue des vrais amoureux, si les dates de leur naissances sont trop éloignées, n'est que l'entrelacement de deux monologues qui gardent pour l'autre une grande part d'incompris.
L’atmosphère froide du matin rend encore plus orphelin ce paysage sans charme, quelque part entre la fin d’une banlieue et la campagne, là où les maisons se font rares et où l’on ne rencontre pas de piétons. » p 45
Il se mit debout devant le miroir et observa son visage pour y trouver les traces de la double haine simultanée qui l'avait fait naître : la haine de l'homme et la haine de la femme au moment de l'orgasme de l'homme ; la haine du doux et physiquement fort et la haine de l a courageuse et physiquement faible.
Et il se dit que le fruit de cette double haine n'avait pu être qu'un excusard : il était doux et fin comme l'était son père ; et il resterait un intrus comme l'avait vu sa mère. Celui est à la fois un intrus et un doux est condamné, avec une logique implacable, à s'excuser toute sa vie.
- Et tu te trompes. Qui s'excuse se déclare coupable. Et si tu te déclares coupable, tu encourages l'autre à continuer à t'injurier, à te dénoncer, publiquement, jusqu'à la mort. Ce sont les conséquences fatales de la première excuse.
- C'est vrai. Il ne faut pas s'excuser. Et pourtant, je préférerais un monde où les gens s'excuseraient tous, sans exception, inutilement, exagérément, pour rien, où ils s'encombreraient d'excuses....
Se sentir coupable. Je pense que tout est là. La vie est une lutte de tous contre tous. C'est connu. Mais comment cette lutte se déroule-t-elle dans une société plus ou moins civilisée ? Les gens ne peuvent pas se ruer les uns sur les autres dès qu'ils s'aperçoivent. Au lieu de cela, ils essaient de jeter sur autrui l'opprobre de la culpabilité. Gagnera qui réussira à rendre l'autre coupable. Perdra qui avouera sa faute. Tu vas dans la rue, plongé dans tes pensées. Venant vers toi, une fille, comme si elle était seule au monde, sans regarder ni à gauche ni à droite, marche droit devant elle. Vous vous bousculez. Et voilà le moment de vérité. Qui va engueuler l'autre, et qui va s'excuser ? C'est une situation modèle : en réalité, chacun des deux est à la fois le bousculé et le bousculant. Et pourtant, il y en a qui se considèrent, immédiatement, spontanément, comme bousculant, donc comme coupables. Et il y en a d'autres qui se voient toujours, immédiatement, spontanément, comme bousculés, donc dans leur bon droit, prêts à accuser l'autre et à le faire punir.
C'est seulement depuis les hauteurs de l'infinie bonne humeur que tu peux observer au-dessous de toi l'éternelle bêtise des hommes et en rire.
C 'est seulement depuis les hauteurs de l'infinie bonne humeur que tu peux observer au-dessous de toi l'éternelle bêtise des hommes .
Il s'était alors promis de l'ouvrir le jour de son anniversaire pour fêter sa gloire, la gloire du très grand poète qui, grâce à son humble vénération de la poésie, avait juré de ne jamais écrire un seul vers.