AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 123 notes
5
6 avis
4
16 avis
3
11 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Certaines accroches font davantage mouche que d'autres ; avec le Magicien quantique, chez Albin Michel Imaginaire, on nous promet un Ocean's Eleven dans l'espace, alors banco pour le premier roman de Derek Künsken, annoncé comme l'étoile montante de la « science-fiction canadienne »…

Le casse du millénaire Belisarius Arjona arnaque à tout-va et se fait même appeler le « Magicien quantique » ! C'est un homme quantique, c'est-à-dire qu'il a été modifié pour que son intellect cohabite avec une intelligence supérieure de type quantique et qu'il puisse s'en servir en plusieurs « modes » de pensée. Quittant la planète-laboratoire où il est « né », Arjona survit en devenant un as du braquage, d'argent mais bien vite aussi d'informations, son cerveau quantique en étant bien sûr très friand. Une fois sa réputation faite, même parmi les autorités dirigeantes qui usent parfois de ses services, Arjona est l'objet de convoitises devant un potentiel aussi talentueux. C'est ainsi qu'une flottille de vaisseaux ressortie des tréfonds de la galaxie l'embauche pour lui faire traverser l'un des trous de ver les plus surveillés du coin. Son art de « transformer la probabilité en réalité » est donc mis à rude épreuve, car ses capacités ont tendance à s'amenuiser avec le temps et organiser un tel passage va nécessiter une équipe hors-normes.

Du hard et du fun On se souvient de la volonté affichée par Gilles Dumay au lancement d'Albin Michel Imaginaire de proposer des romans si besoin funs et décomplexés, pouvant rendre le genre SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique) attrayant pour un public non initié. C'est clairement dans ce créneau que s'affiche le Magicien quantique. Ainsi, il y a quelques passages un brin typé « hard SF » dans ce bouquin, mais il ne constitue pas un obstacle majeur pour profiter de l'aventure. Il y a l'inverse davantage d'aspects « bon enfant », à commencer par la constitution du groupe, le choix parfois très pittoresque de ses composants et puis l'usage régulier sans être lourd d'un vocabulaire québécois qui fait mouche pour « folkloriser » le récit de notre point de vue très français : les termes comme « hostie », « tabernacle » et « câlice » sont de sortie, ça dépayse un peu sans gêner la lecture.

Humanité modifiée Si certains peuvent voir dans ce livre assez peu de « world-building », ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas de décor très science-fictif. Certes, certains mots peuvent servir un peu de « totems », à commencer dans le titre par l'attrait pour le « quantique » ; toutefois, il y a l'effort de créer des espèces humaines variées, toutes plus ou moins issues de celle que nous connaissons actuellement (l'auteur en profite pour utiliser le plus souvent possible des terminologies latines comme si ces espèces existaient). Ainsi, le personnage principal est un « homme quantique » (Homo quantus) : son esprit est colonisé par quelque chose ressemblant à une intelligence artificielle qui lui permet de temps à autre d'entrer dans une phase « réflexion accélérée » ou « analyse surdimensionnée » ; cela apparaît au départ comme un super-calculatrice portable, mais cela a aussi comme conséquence de se donner l'impression de quitter son corps, d'être une entité extérieure ; c'est bien développer au moment de la résolution de l'intrigue. Ensuite, l'Homo eridanus est un mastodonte transformé génétiquement et contre son gré pour résister aux plus fortes pressions : résultat, il ne survit que dans les abysses les plus profonds ou dans un conteneur spécial. Troisième exemple, tout aussi étranges sont les Fantoches : petits êtres transformés également génétiquement, ils sont toute leur vie subjugués par leurs créateurs qu'ils considèrent comme des dieux ; problème, ceux-ci ont disparu et l'objet d'une quête sans fin pour les Fantoches. le casse peut alors apparaître comme un prétexte pour faire se confronter ces différentes espèces du genre humain. Ces différents changements appliqués à l'humanité sont autant de questionnements sur notre propre finalité. Je dois bien l'avouer, j'ai lu ce roman au moment où j'ai développé un virus (pas un coronavirus !) qui m'a créé une sacrée fièvre au point de pas mal délirer deux jours et trois nuits de suite. Alors, entre deux cauchemars sudoripares, la lecture du Magicien quantique m'a à la fois tenu en haleine et complètement confirmé dans mon délire. Car, au fond, ne pourrions-nous pas être déjà des êtres dont le subconscient est parfois en train de prendre le dessus ? Vaste questionnement métaphysique en perspective qui est parfois touché du doigt par ce roman.

Le Magicien quantique est donc un récit fun qui transporte très loin, il mérite clairement le détour !
Commenter  J’apprécie          250
Les monstres se rebiffent.

Tout le monde sait ce qu'est un magicien, personne ne sait ce qu'est le quantique. Mais à la fin du roman, tu sauras ce qu'est un magicien quantique. Enfin, un magicien assez orthodoxe, sa spécialité étant de flouer, d'arnaquer pour son propre profit (l'homme moderne dans toute sa splendeur ;p).

Le pitch : un péage a été mis en place au bord de l'autoroute spatiale, soit tu raques, soit tu passes 500 générations à faire le parcours via les nationales. Comme il existe toujours des radins, il y en a qui tente de se faufiler, ni vu ni connu, en te collant au train pour passer à l'as. C'est, en très gros, ce qui se passe ici en remplaçant autoroute spatiale par trou de ver. Mais on ne passe pas dans un trou de ver comme dans un péage. Alors dans ce cas précis, l'utilisation d'un magicien quantique est ce qu'il faut.
L'astuce t'es donnée ici pour la modique somme de 12€, soit beaucoup moins cher qu'un avocat.

On va pas se mentir, si le quantique te donne des boutons, prépare la crème apaisante : le jargon scientifique à toute sa place dans le roman, la dénomination de hard SF n'est pas usurpée. Mais comme personne ne comprend ce qu'est le quantique, ce n'est pas grave, il faut voir cela comme une licence scientifique. Donc tu fais somme moi, tu mets par-dessus ta tête les explications Hard SF et tu profites du reste, car il y a du lourd et même du sense of wonder.

L'arnaque étant ici gigantesque, notre magicien va faire appel à toute une équipe pour l'aider dans sa résolution. La galerie de personnage vaut clairement le détour et c'est surtout avec eux que j'ai pris mon pied. Nous avons le droit à une Intelligence Artificielle qui se prend pour un Saint, une otarie ordurière, une fanatique de dynamite, un savant fou et un duo d'adorateur pervers. Même si Derek te fout tout ça dans la gueule sans t'en donner les codes au départ, plus tu avanceras, plus tu pousseras des Ouah, des Oh et aussi des Yeah.

Un peu ardue, mais c'est sans compter l'humour qui nous est apporté par l'otarie, la fana d'explosifs et l'otarie ordurière qui permet d'alléger l'ensemble. Et tu apprendras quelques formules grossières pas piquées des hannetons !
Plus sérieusement, les interrogations sur les modifications génétiques, la bio-ingénierie font et sont le coeur et le sel du roman. Qu'en est-il des monstres créés, quelle libre arbitre, comment donner un sens à sa vie alors que tu as été conçue dans un seul but ? Les Numens et les Fantoches sont clairement flippant : Deux peuples liés on ne peux mieux dans une relation sadique, couplée d'un retour à l'envoyeur.
J'ai franchement adoré ces parties du roman.

Le côté Ocean Eleven m'a beaucoup moins convaincu et j'avais parfois l'impression que l'auteur ne s'en préoccupait pas trop par moment, pour mon plus grand bonheur car il abordait d'autres thématiques ayant eu mon intérêt. J'ai eu du mal aussi avec les différents lieux, n'ayant jamais réussi à me les imager, rendant mon immersion difficile. Donc je n'ai pas réussi à me représenter comment l'arnaque se mettait en place et comment le magicien quantique allait s'y prendre (et comment il s'y est pris). La première moitié, la mise en place, m'a paru longue mais j'ai dévoré le reste, avec son action tonitruante et ses réflexions.

Un univers complexe, drôle, brouillon aussi. Un mélange audacieux de space opera, de batailles stellaires et de whodunit qui aurait mérité peut être d'un peu plus de bagout pour maintenir cohérent l'ensemble. Cela reste cependant un premier roman réussi, et laisse présager un auteur qui nous offrira de bien beaux romans dans l'avenir.
A réserver tout de même aux amateurs de SF
Commenter  J’apprécie          210
Un homme aux capacités au-delà des normes humaines, Belisarius Arjona, un homme quantique (homo quantus) engage une bande d'êtres tous plus étranges ou barrés les uns que les autres pour organiser le casse du siècle. Leur tâche : permettre à une flotte militaire de passer par un trou de ver ennemi. Mission en principe impossible. Mais l'est-ce vraiment pour ce maître des possibles ? Et avec quelles conséquences ?

Un Ocean's quantique
Cette série (car le Magicien quantique est le premier d'une série qui en compte trois à ce jour) met en scène un homme quantique. Quézaco ? En cette époque avancée, on tripatouille les espèces et on en crée certaines, pour de multiples raisons. Obtenir des esclaves dévoués et prêtes à se sacrifier pour vous (enfin, en principe, mais il faut toujours se méfier des petites lignes en bas du contrat, ou des effets indésirables non imaginés au départ) : et voici l'Homo pupa, aussi appelé « Fantoche » (j'ai eu du mal avec ce terme, trop connoté pour moi). Créer un groupe capable de vivre sous des pressions marines phénoménales : et voilà l'Homo eridanus, surnommé Bâtard, et au langage fleuri à un point jouissif (ou agaçant, selon) et au doux parfum québécois (l'auteur est canadien). Enfin, inventer un être capable d'effectuer des calculs d'une puissance inégalée, en maniant les concepts quantiques : arrive l'Homo quantus, dont Belisarius Arjona est un représentant un peu particulier. En effet, il a quitté la réserve où l'on place ces êtres peu adaptés au monde extérieur, intéressés uniquement par la connaissance.
Et il s'est trouvé, pour éviter la folie, une occupation à plein temps : les arnaques à la Ocean's (vous savez, les films avec Georges Clooney, Brad Pitt et matt Damon, entre autres). Il a une couverture : propriétaire d'une galerie d'art fantoche. Et il monte des coups, avec des figurants, comme dans les bonnes vieilles arnaques, popularisées entre autres par un autre film, plus ancien celui-là, L'Arnaque, de George Roy Hill, qui date de 1973 et met en scène Paul Newman et Robert Redford. Même principe : on imagine un plan, avec des coups par la bande, des mensonges, des trahisons, des surprises. Mais pas nécessairement avec le même résultat.

Un faux rythme
En effet, j'ai eu du mal à entrer dans ce roman, tant le rythme m'a paru irrégulier. Entamer un récit de SF demande toujours un effort, plus ou moins violent, et cela ne me rebute pas (par exemple, la lecture de Périphériques de William Gibson demande de la patience, puisqu'il faut attendre une centaine de pages avant de vraiment pouvoir être dans l'histoire). Mais là, la mise en place des personnages et du décor, la découverte des Fantoches (je sais, je fais un blocage dessus, cela nécessite sans doute un passage chez un psy, mais en attendant, cela m'a bien gêné) et de leurs particularités ont été laborieuses pour moi. Ensuite, par contre, cela a glissé tout seul. Même si je n'ai pas tout compris quand Belisarius part dans ses fugues et autres calculs aux termes trop obscurs pour l'ancien élève de classe littéraire et au bagage scientifique trop maigre. Mais cela n'enlève rien, par contre, au récit ? Au contraire, cela le parsème de cette magie accolée au personnage central.
Central, car c'est lui qui accepte la mission réputée impossible de permettre à une flotte de traverser un trou de ver contrôlé par des ennemis. Central, car c'est lui qui réunit une troupe de personnages aux compétences et aux caractères bariolés, entiers, étranges et donc attachants. Central, car c'est lui qui mène l'action, même si elle semble lui échapper à certains moments et si on se demande si et comment il va retomber sur ces pieds. Central, car sa particularité est telle qu'il ne peut que fasciner le lecteur (en tout cas, moi, il m'a impressionné).

À tel point que j'attends, malgré mes réserves, la parution de Quantum Garden, suite directe du Magicien quantique et déjà acquis par Albin Michel Imaginaire, avec une certaine impatience (c'est prévu pour début 2022). Car il n'est pas donné à tout le monde de pénétrer l'esprit d'un arnaqueur quantique.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          130
c'est tonique, inspiré , agrémenté de personnages originaux dans un monde inventé biensur puisqu'il s'agit de science fiction....Il manque , à mon goût , une dose d'explication préalable du monde dans lequel l'action se passe...les peuples sont nombreux et on peine à mettre du sens à tout cela...Et puis , et ce n'est biensur pas une critique, il y a tellement d'invention qu'on apprécierait des dessins pour visualiser à quoi ces personnages imaginés pourraient ressembler....cela pourrait donc être de la bande dessinée ? oui , ou un livre agrémenté de dessins comme on le voyait dans le passé ( c'est mon coté bibliothèque verte qui a bercé mon enfance qui ressurgit!)
Commenter  J’apprécie          120
C'est avec cette superbe couverture signée Manchu que le Magicien Quantique a attiré mon attention. Sauf que qui dit "quantique" dit Hard SF en général et j'appréhendais un peu cet aspect. Alors, je remercie énormément Gilles Dumay d'Albin Michel Imaginaire de m'avoir proposé de tester quand même ce roman et ainsi de mettre fin à mon hésitation.

Le Magicien Quantique est le premier roman de Derek Künsken, un auteur de science-fiction canadien. Il y mélange avec réussite SF militaire, science quantique et arnaque à la Ocean's Eleven. C'était totalement inédit pour moi. Pour cela, nous apprenons à connaitre Belisarius Arjona, un homme quantique qui a des capacités cognitives poussées à un niveau extrême. Mal dans sa peau à cause de ses particularités, il a trouvé un certain équilibre en tant qu'escroc. C'est ainsi qu'il se fait remarquer et embaucher pour déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi. Pour cela, il recrute une équipe de post-humains comme lui ainsi qu'une I.A. Sauf que ce n'est pas qu'une simple mission militaire et qu'il y a un terrible plan dans le plan qui pourrait les tuer tous.

J'avais quelques appréhensions avant d'entamer ce roman, je vous en ai parlé et dans les premiers temps elles se sont confirmées. En effet, le début du récit est un peu abrupt pour le lecteur, comme moi, peu habitué aux termes de Hard SF. L'auteur place pas mal de concepts scientifiques qui ne sont pas toujours facile à appréhender, à imaginer, ce qui a rendu ma lecture des premières pages un peu compliquée. Mais l'univers étant ce qu'il est, j'ai persévéré et cette difficulté s'est vite évanouie parce qu'au final on tourne rapidement autour des mêmes notions et qu'elles étaient juste présentées en masse au début pour nous introduire dans le concept du roman.

En effet, nous sommes dans un futur lointain de notre humanité. Pour survivre celle-ci a dû évoluer. Elle a créée des hommes quantiques capables de vrais prodiges grâce à leurs capacités cognitives boostées. Mais ce ne sont pas les seuls post-humains que nous croisons. L'auteur profite de son intrigue pour nous présenter tout un panel de possibilités d'évolutions plus ou moins hasardeuses de l'homme avec ses conséquences pas toujours positives voire toujours négatives. Il y a les Fantoches, vrais fanatiques religieux qui ne peuvent vivre loin de leurs divinités et dont on va découvrir l'extrémisme glaçant. Face à eux, les Numens sont des humains modifiés pour justement apparaitre comme des divinités à suivre mais ils ont perdu leur libre arbitre entre temps. Il y a également les Bâtards, peut-être les premiers à avoir été modifiés, qui sont devenus de terrifiants et horribles hommes poissons ne pouvant vivre que dans certains milieux et qui en sont venus à détester leurs propres congénères. Enfin, existent bien sûr les I.A. dont le représentant que nous suivons est complètement fou puisqu'il se prend pour Saint Matthieu... Tout un panel qui fait frémir mais passionne le lecteur curieux.

Tout ce petit monde va être réuni pour mener à bien une vaste arnaque qui pourrait déclencher une guerre interplanétaire voire plus. Et toute l'astuce de l'auteur est de mélanger cette intrigue pleine de promesses d'action avec la mise en place d'un univers post-humains très riches en enseignements. J'ai beaucoup aimé l'équilibre qui s'est dégagé au fil des pages. Au début, on est dans une exposition pure et dure, un peu complexe à suivre à cause des concepts qu'englobent le héros et la flotte qui va l'embaucher. Puis, on le suit dans son recrutement et la mise en place de son plan, ce qui donne des dialogues vraiment savoureux avec la constitution d'une équipe disparate composée de fortes personnalités. Enfin, le plan se met en branle et là, on retient notre souffle jusqu'au final tant ça part dans tous les sens avec une bonne dose d'imprévisibilité nous faisant trembler pour eux. le final est une excellente surprise même si l'arnaque est un peu surfaite. C'est vraiment bien mené surtout qu'en parallèle l'auteur n'oublie pas de nous parler des différentes catégories de populations, des différentes planètes/clans et détaille un univers assez fascinant sur ce qu'il dit de la terrible évolution de l'humanité, surtout dans le dernier tiers du récit. Je ne m'attendais clairement pas à ça et j'ai aimé être surprise.

Ainsi, en plus d'avoir de la bonne science-fiction militaire avec le montage d'un vrai plan pour faire passer ses vaisseaux menant à une bonne bataille à l'ancienne, on a également une science-fiction plus réflexive qui interroge sur le devenir de l'humanité et les travers qu'il pourrait y avoir dans ce qu'on pense être bien au premier abord. L'auteur interroge sur notre quête d'intelligence toujours plus poussée, sur notre relation à la religion des deux côtés : croyants et objet de leur croyance, mais aussi notre humanité au sens large. Jusqu'où est-on prêt à aller pour s'adapter et avec quels conséquences ? La réponse proposée ici est assez terrible et fait réfléchir.

Du côté des personnages, j'ai trouvé ceux-ci très bien écrit. le héros a un côté vieux roublard gentil qui m'a beaucoup plu et amusée. Malgré son intellect supérieur, il a ses failles et fragilités, il n'est pas parfait et j'ai apprécié cela. Ce n'est pas un être déconnecté de tout. Il en va de même pour sa compagne qu'il va recruter pour le projet. L'ensemble de l'équipe est également bien défini, que ce soit l'I.A. qui se prend pour un martyr sans l'être (qu'est-ce que j'ai ri), l'homme-poisson à la gouaille vulgaire mais au courage immense, la fana d'explosifs qui en fourre dans les endroits les plus inattendus, le Numens qui ne veut pas en être un et qui a un grand sens du sacrifice et j'en passe. Ce sont tous des personnages marquants qui sont très bien exploités dans l'histoire et ne font pas tapisserie.

Pour un premier roman, je suis vraiment très surprise par la qualité du récit que nous offre Derek Künsken. Certes le texte n'est pas d'un abord facile au début mais il faut persévérer pour vraiment toucher son essence et se laisser prendre par l'univers proposé avec sa gouaille, ses réflexions et son aventure si particulière. Pour ma part, je le trouve très prometteur et je serai curieuse de le retrouver dans une autre aventure.
Commenter  J’apprécie          102
Une histoire intelligente qui arrive à retomber sur ses pieds grâce à plein de bonnes idées qui amènent à de belles réflexions.

Belisarius Arjonan ou Bel pour ses amis est un Homo Quantus. Dans le lointain futur dans lequel se passe ce livre, les humains à diverses périodes et pour diverses raisons (plu ou moins bonnes) se sont lancés dans la modification extrême du patrimoine génétique humain donnant de ce qu'on pourrait appeler des sous espèces humaines, parmi elles les Numen et les Puppets, ou la tribu des Mongrels ( Homo eridanus) qui font aussi parti de l'intrigue. Les résultats ne se sont pas vraiment révélés à la hauteur de leur espérances dans la grande majorité des cas, mais ces sous espèces ont perduré et vécu, et il faut faire avec maintenant.

L'Homo Quantus est un humain non seulement capable de détecter les courants magnétiques mais aussi les états quantiques. Il est également capable de réserver une partie de son esprit, jusqu'à la totalité, et de se mettre dans un état ou sa conscience disparait au profil d'un intellect dévoué au calcul quantique. Quand il l'est partiellement il s'appelle l'état Savant, et quand il l'est totalement c'est la Fugue.

La plupart des Homo Quantus sont à la limite de l'instabilité, beaucoup souffrent de schizophrénie. Ils se sont donc fabriqué un espèce de paradis qui leur correspond et ou leurs esprit peuvent travailler sur des projets qui les intéressent. En fait dans leurs modifications ils ont fait en sorte qu'ils ressentent du plaisir à calculer et à se plonger dans ces autres états de conscience.

Mais Bel a décidé que cette vie protégée et enfermée n'était pas pour lui, il veut voir le monde. Et surtout il n'aime pas du tout se plonger dans la fugue parce qu'il a l'impression que plus il y va, plus il a de mal à en sortir, et il craint qu'un jour il reste bloqué dedans, sans conscience.

Du coup il lui faut quand même trouver des éléments pour occuper son cerveau, sinon l'envie de la fugue reste trop présent. Il c'est donc lancé dans la création et l'exécution d'arnaques de tout genre. Il a même fini par être appelé "le magicien" parce qu'il a un don pour réaliser l'impossible.

Quand il est contacté par un groupe militaire qui souhaite faire passer en douce 12 vaisseaux à travers le trou de ver protégé par les Puppets, il saute sur l'occasion.

Lorsque les humains se sont dispersés dans la galaxie, ils ont découvert un système de passages abandonnés sous forme de trous de ver permettant un voyage rapide d'un lieu à un autre. Bien sur ces passages sont en nombre limité et du coup ils sont très bien protégés par ceux qui ont la chance d'en avoir un dans leur zone.

Bien sur pour que le plan de Bel fonctionne il va devoir avoir besoin d'une équipe. Composée d'un panel de personnalités très différentes qui ne se connaissent pas, ils vont devoir apprend à travailler ensemble pour la réalisation du projet.

*****

Ce qui marche dans ce roman, c'est le fait de prendre un type d'intrigue très familier (l'arnaque que Bel met en place), avec tout ce qu'on attend dedans : la formation de l'équipe, les différents personnalités qui s'entendent ou pas, les personnages qui se chamaillent et les divergences qui peuvent être plus profondes. Vont-ils réussir à s'entendre suffisamment pour que tout fonctionne? Et si il y a un dysfonctionnement les autres sauront-ils s'adapter?

Et de plonger cette intrigue dans un monde totalement différent et qui pourrait être difficile à appréhender dans d'autres circonstances. Mais la familiarité des éléments précédents aide en fait à ne pas trop se sentir submergé. On sait ou l'intrigue va nous mener, au final, malgré tout le reste. du coup en très peu de pages il arrive à nous faire assimiler plein de choses.


Le point le plus marquant n'est toute fois pas l'intrigue, mais surtout les différents sous espèces humaines et leur façon de fonctionner. Cette partie la était vraiment très intéressante, soulevant de nombreuses questions et réflexions. Notamment celle sur ce qu'est la liberté pour une personne qui a été modifiée sans qu'on lui demande son avis, ou celle sur la responsabilité qu'un humain a sur les fautes/actions de ses ancêtres.

Finalement c'est vraiment ça qui fait le gros plus de cette lecture. J'ai été à la fois fascinée et horrifiée par les relations entre les Numen et les Puppets, ou par la difficulté à vivre des Mongrels. Mais en même temps on se dit que l'humain serait tout à fait capable de réaliser ce genre de chose, et c'est ça qui nous effraye le plus, je pense, et nous met mal à l'aise. Ça a trop de résonance vis à vis de notre passé pour ne pas sembler réaliste.


Au final, je n'ai pas été particulièrement impressionnée par l'arnaque en elle même, je trouve même que c'est le point faible du roman. le plan semble limite trop simple au départ pour un grand cerveau comme Bel. En plus qu'il est dévoilé un peu trop tôt à mon gout ce qui gâche un peu le suspense et apporte pas mal de mou à l'intrigue au milieu - heureusement compensé en partie par les autres idées qui arrivent à ce moment la.
Mais elle trouve bien sa place au milieu de tout le reste. Heureusement qu'il y avait tout de même de bonnes idées bien développées sur l'ensemble du roman.


16/20
Lien : https://delivreenlivres.blog..
Commenter  J’apprécie          100
En Résumé : Même si tout n'a pas été parfait, The quantum Magician m'a offert un très bon moment de lecture offrant un intrigue fun, efficace, qui ne manque pas de tension et de moments explosifs. Je me suis ainsi retrouvé rapidement captivé, à tourner les pages avec l'envie d'en apprendre plus. le gros point fort vient de cette humanité futuriste que présente l'auteur, une humanité qui a connu énormément de modifications, que ce soit biologique, génétique, technologique et autre, mais qui a amené de nombreuses problématiques. Une humanité qui fait réfléchir, qui ne laisse pas indifférent et nous fait nous poser des questions que la façon dont on voit l'avenir, nos besoins, nos envies et nos folies. le tout est aussi porté par un aspect scientifique solide, très hard-science, mais présenté de façon compréhensible et efficace, même si cela risque d'en déranger certains. Je regretterai par contre dans l'univers un travail géopolitique et social un peu grossier, un peu simpliste, même si par certains points il est intrigant, alors qu'il a son importance. En ce qui concerne les personnages, dans l'ensemble je les trouve intéressants, j'ai même énormément accroché à Marie dans sa folie, son envie de tout exploser, sa vision. Je suis un peu moins emballé par notre couple de héros, Belisarius et Cassandra qui, même s'ils apportent de bonnes choses à l'univers, m'ont paru manqué de profondeur et tombent parfois dans la caricature. J'avoue aussi que l'aspect Ocean's Eleven à travers le groupe soudé, le sourire Colgate, fait que, parfois, le récit en fait parfois un peu trop,, m'a paru un peu artificiel. Maintenant cela n'empêche pas ce roman d'être très bon, bien porté par une plume simple, efficace, entraînante et je lirai la suite sans soucis, même si, à noter, ce premier tome a sa propre conclusion et peut être lu comme un one-shot sans soucis. Pour ceux tentés par la VF il sort début 2020 chez Albin Michel Imaginaire.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          90
C'est un livre que j'ai mis un peu de temps à lire (une semaine et demie) alors que d'habitude je vais beaucoup plus vite, mais il faut savoir que le lecteur doit être bien concentré (ou au moins dans sa bulle) pour garder le fil de l'histoire et comprendre toutes les subtilités du scénario et des personnages.
J'ai beaucoup aimé !

Tout d'abord les personnages eux même et leurs caractéristiques diverses (chacun a une origine, une lignée, des aptitudes propres à elle-même, du genre des "homo quanticus" qui sont très évolués et fait pour comprendre l'univers, en passant par les fanatiques religieux ou encore les hommes baleines pilotes de vaisseaux, parmi pleins d'autres).

L'histoire se pose comme une grande arnaque que le héros va devoir mettre en place et exécuter, avec un joli twist final !
Nous sommes dans un mélange de space Opéra, de guerre et de hard SF. Les passionnés de science-fiction vont adorer :)
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          80
LE MAGICIEN QUANTIQUE de Derek Künsken
Traduit du Canadien par Gilles Goullet

Dans un futur très éloigné et inimaginable, transmuter la plausibilité en réalité, l'homo quantus en est capable, pour cela, il doit être en fugue quantique.

L'homo quantus a un pouvoir, celui de deceler les états qui relèvent du quantique selon diverses courants. Sa conscience est capable de disparaître totalement lorsqu'il est en État savant et il est programmé pour en être totalement épanoui.

Belisarius Arjona, en est un, et qui plus est, surnommé “le magicien”.

Officiellement marchand d'art, c'est un véritable escroc. 

Des militaires lui proposent une mission, contre un gros paquet d'argent, une escroquerie de grande ampleur : Déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi exploité à des fins commerciales.

Pour cela il doit recruter les meilleurs pour former un équipage qui sera composé de post-humains, d'une Intelligence Artificielle nommée Saint Mathieu, de Cassie son Ex petite-amie… cette mission sera t-elle couronnée de succès malgré les personnalités et attentes si différentes de chacun des protagonistes ?

Au-delà de l'intrigue assez simple et de sa réalisation ou pas … j'ai été séduite par l'idée de la fugue quantique. La plongée en fugue, la corporalité du héros transportée, sa température à 41,7 qui provoque la décohérence de la fugue quantique, son estomac qui se purge, il frôlera lors de ce passage du roman deux fois la mort par hyperpyrexie :

“Aborder la fugue quantique donnait à Belisarius l'impression de se tenir debout sur un plongeoir. le moi était au-dessus de l'eau, s'y reflétait. La dissolution attendait dans l'eau, l'extinction du moi. Plonger était devenir partie intégrante de l'environnement, tels l'espace, les étoiles et le néant, cesser d'être un sujet capable de ressentir. Plonger signifiait rejoindre la catégorie de choses qui étaient des ensembles de règles et d'algorithmes sans esprit, tels les insectes et les bactéries. Entrer en fugue vous transformait en une des innombrables choses dans l'indétermination du monde quantique. Son estomac se serra. il s'était tenu sur le plongeoir à regarder son propre reflet. Il n'en avait pas sauté depuis dix ans.”

J'ai été étonnée par les Homos eridanus, la Tribue du Bâtard, ils sont terriblement laids, de taille humaine, mais rien d'humain dans les traits, peau de style baleine, au lieu de jambes une imposante queue…leur langue éléctrique qui tutoie tout le monde et utilise à profusion des mots crus et orduriers de toutes les langues depuis le Français 8 en remontant jusqu'au français 1 :

“Tu parles Bâtards ? J'ai entendu parler de votre bande de torche-cul. Je croyais qu'elle chiait sur la cime des montagnes en pensant aux étoiles.”

J'ai passé un bon moment de lecture, et sincèrement, je ne vais pas me jeter pour autant sur le tome 2 “ le jardin quantique”. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'ai pas tout saisi, il manque selon moi la genèse pour comprendre et j'ai trouvé quelques passages assez emmêlés (il me semble que c'était le premier roman du Canadien Derek Künsken). Paradoxalement, je n'avais jamais envie d'abandonner cette lecture, car j'ai été happée dès le début par les états en fugue et les transformations qu'elles opéraient sur Belisarius, et Cassie… puis il y avait d'autres idées originales et je voulais connaître la fin du premier opus, et je n'ai pas été déçue !
Commenter  J’apprécie          70
Le Magicien quantique est un roman hard science, un space opera de l'écrivain canadien Derek Künsken, traduit et publié en mars 2020 chez Albin Michel Imaginaire.
Récit d'un escroquerie interstellaire menée par une équipe de post-humains aussi intelligents que grossiers et caractériels, ce livre relègue les « Ocean's Eleven » au rang de cambrioleurs amateurs atteints de crétinisme avancé et de sénilité précoce…
Amateurs de d'IA iconoclastes, de trous de ver générés et de chats de Schrödinger, foncez !
Lien : http://les-carnets-dystopiqu..
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (306) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4899 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}