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EAN : 9782226478443
544 pages
Albin Michel (31/05/2023)
4.07/5   54 notes
Résumé :
Vénus. Seconde planète du Système solaire. Des conditions de vie effroyables. En surface, une pression équivalente à une plongée à 900 mètres sous le niveau de la mer et une température infernale de 462° Celsius. En altitude : une atmosphère composée en grande partie de nuages d’acide sulfurique qui ronge tout.Une seule erreur et vous êtes mort.Cent familles sont arrivées du Québec afin de coloniser Vénus, où elles luttent au quotidien pour gagner leur vie. L’une d’... >Voir plus
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Autant la colonisation de Mars est un thème prolifique en science-fiction, autant celle de Vénus se rencontre plus rarement. Disons qu'avec une température en surface de 470°C, une pression atmosphérique 90 fois plus forte que sur Terre et une météo assaisonnée de fréquentes tempêtes d'acide sulfurique, les défis techniques sont de taille, même pour les romancier·ères. Mais cela n'empêche pas Derek Künsken de s'y attaquer, pour un résultat franchement bluffant.

Vénus a été colonisée, oui… en atmosphère plutôt qu'en surface, là où les conditions sont, disons, un peu moins atroces. Les plus jeunes générations ne conçoivent même plus l'idée d'un sol rocheux sous leurs pieds. En haute atmosphère, où se concentrent les élites politiques, financières et culturelles, la vie peut être presque confortable, quoique très strictement rationnée, mais les conditions sont très dures en basse atmosphère, domaine des « coureurs des vents », champion·nes de la débrouille, toujours à la recherche de nouvelles ressources pour améliorer le sort de la colonie. C'est là que les d'Aquillon, une famille de la basse atmosphère, fait une découverte qui pourrait tout chambouler… à condition de protéger leur trouvaille de la voracité des banques qui ont financièrement permis la colonisation de la planète.

L'aspect hard science du récit, avec tous les problèmes techniques causés par les dures conditions de Vénus, est vraiment époustouflant. Mais Derek Künsken n'en oublie les enjeux humains pour autant. La famille d'Aquillon a été contrainte de s'exiler en basse atmosphère pour avoir voulu garder leur fils Jean-Eudes, trisomique, contre l'avis du personnel médical qui a jugé qu'il représenterait une bouche inutile à nourrir dans un monde aux ressources limitées. Un choix qui aura des conséquences différentes sur la vie de chaque membre de la famille – ce qui permet à l'auteur d'aborder de nombreux sujets : l'art, la politique, la transidentité… Cela rend son microcosme vénusien particulièrement vivant. Les personnages m'ont paru très touchants – j'ai adoré Marthe à la lecture, mais quelques semaines plus tard, c'est surtout Pascal(e) qui me reste en tête.

Les personnages ont pour particularité d'être Québécois·es et j'avoue avoir été ravie de retrouver noms et expressions typiques de la Belle Province (je mettrai toutefois un bémol sur la traduction, qui aurait à mon avis mérité une révision québécoise pour les dialogues : voir des personnages utiliser parfois des expressions typiquement franco-françaises telles que « faire la grasse mat' », ça m'a un peu sortie du roman). le choix de personnages québécois ne me semble pas purement gratuit, parce que le récit de la colonisation de Vénus rappelle beaucoup celle de la Nouvelle-France au 16e-17e siècle : l'implantation dans un nouveau territoire aux conditions de vie plus qu'hostiles, la fracture sociale entre la haute atmosphère au rythme de vie citadin et les coureurs des vents directement inspirés des coureurs des bois, la mainmise des banques anglophones sur la circulation des ressources… A priori, il ne manquerait que les relations avec les Autochtones (on a des formes de vie locales avec les chalutiers, mais le parallèle n'a pas l'air très pertinent…)

En bref, une superbe lecture à laquelle je reprocherais peut-être un découpage narratif un peu étrange. C'est peut-être parce qu'il s'agit du premier tome d'un diptyque, bien que l'histoire se suffise à elle-même. J'espère en tout cas pouvoir lire la suite bientôt. D'ici là, j'irai me consoler en allant (finalement!) lire le magicien quantique en me demandant pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt.
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Autant on s'est beaucoup penché sur la colonisation de la Lune ou de Mars, autant Vénus a moins inspiré les explorateurs. On se demande bien pourquoi ? Serait-ce dû à sa température moyenne de 470°C ? Ou à son atmosphère épaisse constituée essentiellement de dioxyde de carbone ? Peut-être bien… Cela n'a pas empêché Derek Künsken d'imaginer comment un groupe de colons québecois s'est retrouvé suspendu dans le ciel de Vénus, à lutter pour sa survie.

Derek Künsken, si vous suivez les éditions Albin Michel Imaginaire, vous connaissez. C'est l'auteur d'une série que j'ai fortement appréciée : le cycle de l'évolution quantique. Une trilogie, en langue originale. Pas en français. Car vu le manque de succès des ventes, l'éditeur semble avoir décidé que The Quantum War, le troisième tome, ne serait pas traduit. le Magicien quantique et le jardin quantique resteront donc orphelins en France [edit : suite à un échange partant de cette chronique, j'ai cru comprendre que l'éditeur ne ferme pas définitivement la porte à cette publication : cela dépend en partie du succès des Profondeurs de Vénus]. le diptyque consacré à la planète Vénus va-t-il permettre à l'auteur canadien de voir sa cote remonter par chez nous ? Mystère. L'avantage, c'est qu'il n'est composé, comme son nom l'indique, que de deux romans (The House of Saints paraitra en août de cette année en V.O.). Alors je me retrouve, une nouvelle fois, à croiser les doigts pour que les chiffres soient suffisants et que la suite et fin paraisse dans l'Hexagone. Tout cela me fait fortement penser à ces lecteurices qui refusent de commencer à lire une série ou un cycle tant que le dernier tome n'est pas paru. J'ai toujours trouvé ce comportement excessif, d'autant que j'ai souvent du mal à réfréner mon impatience à la sortie d'un ouvrage. Mais ces temps-ci, je commence à réviser mon jugement. Parce que c'est terriblement frustrant de se trouver bloqué avant la fin de l'histoire (comme quand une série n'est pas renouvelée et que l'on se retrouve avec une fin un peu trop ouverte et des tas de questions en suspens). Et comme je manie assez mal l'anglais, je me retrouve parfois le bec dans l'eau. Dépité. Fin de la parenthèse éditoriale.

Vénus est souvent comparée à la Terre, car sa masse et sa taille sont assez proches. Mais pour le reste, diantre ! On comprend pourquoi les principales nations n'ont pas voulu la coloniser. Et pourquoi elles ont laissé le Québec s'en occuper : « Personne ne s'était opposé, soixante ans auparavant, au nouveau Québec souverain quand il avait revendiqué les nuages de Vénus. » Nos cousins par la langue ont envoyé une centaine de familles de colons sur cette planète aux températures extrêmes. Ils y ont installé leurs sacs. Mais pas sur le sol : la surface de la planète se mérite. Elle abominablement difficile à atteindre tant les températures et pressions y sont intenses. Aussi, les colons vivent dans les airs. Dans des habitats flottants. Avec des sas d'entrée qui permettent de conserver un taux d'oxygène suffisant. Avec des routines de neutralisation, pour supprimer l'acide omniprésent dans l'atmosphère et qui laisse sa marque indélébile sur les peaux de ces habitants du nouveau monde. Surtout ceux qui vivent dans les altitudes les plus basses. Les coureurs. Des familles qui vient un peu en marge de cette société complexe qui s'est bâtie peu à peu. Société où le moindre matériau est précieux. La surface étant inaccessible, il faut se contenter de ce qu'on possède. Ou de ce qu'on peut acheter. Et on peut faire confiance aux Banques pour profiter de la faiblesse de la colonie. Or tout s'use vite. Très vite. L'acide ronge tout. L'acide pénètre partout. La vie est donc précaire et on est constamment en équilibre sur Vénus.

Cette existence rude des colons, les pionniers l'ont choisie. Pas nécessairement leurs enfants. Car on en est à la génération suivante. À celles et ceux qui n'ont jamais vu de terre. Qui ne savent pas ce que c'est de marcher sur une surface solide et stable. Qui ne connaissent la couleur verte, inexistante sur cette planète teinte de jaunes multiples et variés, que par les plantes que les colons font pousser dans leurs habitats. Mais qui maîtrisent le vol dans les airs chargés d'acide à la perfection. Qui savent ne pas passer la ligne derrière laquelle les gens qui rentrent dans un habitat neutralisent les produits qui se sont accumulés sur leur combinaison lors de leur passage à l'extérieur. le moindre oubli et l'on est marqué dans sa chair d'une brûlure douloureuse et définitive.

Derek Künsken nous affirmerait qu'il a effectué un voyage sur Vénus, je le croirais sans hésitation (enfin, peut-être un peu) tant ses descriptions de cette planète et de son atmosphère sont riches et puissantes. À sa suite, on ressent la force et les caprices des vents. On sent et on voit presque les gouttes d'acide cogner la vitre de notre combinaison. On imagine sans peine les sensations procurées par un vol, des ailes sur le dos, au milieu des nuages jaunes. « L'averse d'acide sulfurique faiblit. Les nuages se déformèrent sous l'effet des changements de pression, avant de s'effilocher et de le relâcher dans la sombre caverne des Plaines. L'impression d'immensité était accablante. »

Et on croit apercevoir les chalutiers, immenses baudruches qui flottent dans et se nourrissent de l'électricité de cette atmosphère et de ses composants. Ces créatures m'ont instantanément fait penser aux méduses géantes de Stephen Baxter et Alastayr Reynolds (Les chroniques de Méduse, chez Bragelonne). Mais ici, les chalutiers sont de simples instruments. Pas de dialogues avec eux, pas d'interactions autres que pratiques. Les colons en capturent certains et les réunissent en petits troupeaux. Ils utilisent ensuite leurs capacités pour obtenir des éléments produits par ces sortes d'usines volantes. Cependant leur présence hante les paysages de Vénus, cette planète qui est très souvent personnifiée par Derek Künsken. « Vénus passait toujours d'abord. » : elle semble avoir une volonté propre, exiger que l'on sacrifie une part de soi-même, voire des personnes pour accepter la présence de cette colonie. Déesse terrible et cruelle, elle est aussi un miroir qui permet à chacun de se révéler. Mais cela ne se fait jamais sans douleur. Et les personnages sont, pour beaucoup, pétris d'interrogations, de doutes, de souffrances.

Et je finis par ce qui a représenté, pour moi, le point faible de ce roman pendant ma lecture. J'insiste sur le fait que tout cela est très subjectif et personnel. Mais je ne suis pas parvenu à m'accrocher à ces personnages. Malgré leur diversité, malgré leurs histoires fortes, je suis, la plupart du temps, resté en dehors de leur existence. J'ai eu du mal à me passionner pour leur vie et pour leurs nombreuses tergiversations. Peut-être est-ce dû au fait que certaines préoccupations me sont totalement étrangères et que l'identification en devient plus difficile. Cela m'attriste un peu, car ils ont tout pour être sympathiques, ces personnages. Tout d'abord, leurs prénoms. Cela change considérablement des productions anglo-saxonnes habituelles quand Georges-Étienne donne la réplique à Grégoire-Antoine. D'autant que le texte est empli de mots québécois, avec son lot de jurons bien sentis : « ostie » et « tabarnak », pour ne citer qu'eux, ponctuent les dialogues.

Et puis leur caractère : la famille dont nous suivons l'histoire, les d'Aquillon, ne sont pas du genre à se laisser faire. Ni par le destin, ni par le gouvernement. Parce que les parents attendaient un enfant dont on savait qu'il serait trisomique, les dirigeants de la colonie leur ont demandé d'avorter. Il ne faut rien gâcher et un enfant handicapé serait une gêne selon cette logique. Ni une ni deux, les d'Aquillon se sont placés au ban de la société et ont accepté des conditions de vie bien moins confortables. Et ils ont gardé Jean-Eudes, qui vit à présent avec eux. On peut ne pas partager leur choix, mais la force de leur volonté ne peut être remise en question. Des êtres humains entiers, donc, au destin desquels j'aurais aimé davantage m'intéresser.

Ben Bova avait pris Vénus comme cadre d'un roman d'action efficace et distrayant en 2000. Vingt ans plus tard, Derek Künsken lui offre un monument fait de larmes et de gouttes d'acide, de sang versé et d'électricité, d'amour et de haine entremêlés. Un portrait fort, réaliste. Une vision de la planète qui marque les esprits, comme l'atmosphère vénusienne marque les peaux.
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4.000 descendants de Québécois vivent sur Vénus : la plupart résident en haut de l'atmosphère, dans des habitats protégés surplombant les nuages toxiques ; et plus bas naviguent les « coureurs des vents », qui, à l'image des coureurs des bois du XVIIe siècle, connaissent des conditions de vie rudes et font commerce avec ceux d'en haut, y compris via des trafics qui échappaient aux autorités. Dans des chalutiers — sorte d'immenses plantes — modifiés par bio-ingénierie, entourés par une atmosphère à haute pression composée de souffre et de dioxyde de carbone avec dans des températures dignes de l'enfer, ces derniers vivent, ou plutôt survivent, grâce aux récoltes de métaux rejetés par les vapeurs des volcans qu'ils revendent.

Chez les Aquilon, voici le père, Georges-Etienne, homme dur à la tâche qui, 28 ans plus tôt, a refusé avec sa femme l'avortement imposé par la femme médecin de la colonie, qui jugeait qu'on ne va pas soigner et entretenir un trisomique alors qu'on manque de tout. le couple, et les enfants nés plus tard, ont été de facto condamnés à une vie à la marge d'une société déjà âpre, et sont devenus des coureurs des vents. Et cette femme médecin est devenue la présidente, n'hésitant pas à poursuivre la politique d'endettement massif auprès de la banque Pallas… là aussi, le parallèle avec l'histoire ne manque pas, si on pense aux Indiens condamnés à travailler toute leur vie pour rembourser les dettes acquises auprès des commerçants colons.

Dans cette situation générant de la rancoeur, le père Georges-Etienne et un de ses fils font une extraordinaire découverte dans le sol de Vénus, sol lui-même quasiment inatteignable en raison de la pression et des températures. Une découverte qui changerait le destin de Vénus, et par ricochet celui des Aquilon.

Mais la famille sait qu'elle serait spoliée par le gouvernement, dans un système légal présenté comme collectiviste et où les autorités peuvent réquisitionner ce qu'elles veulent pour « le bien de tous ». Les Aquilon refusent. Les Aquilon n'ont pas pardonné l'ordre de se débarrasser du foetus trisomique, devenu un Jean-Eudes auquel tout le monde est attaché et qui essaie de prendre sa part des travaux. Les Aquilon n'ont pas pardonné non plus d'être contraint de vivre à l'écart, dans un mode de vie qui a provoqué la mort de la mère, de la soeur et du beau-frère. Les Aquilon — et surtout le père — estiment mériter enfin une récompense pour tous ces sacrifices. Et quand la présidente fait voter un ordre qui dépossède la famille d'un de ses biens dans les nuages, les Aquilon se rebellent : le collectivisme montre ses limites avec des travailleurs durs à la tâche qui ont sué pour grappiller de maigres possessions, et qui jugent que les autorités gaspillent les ressources de la colonie et livrent la planète à la Banque Pallas.

L'un des héros de ce roman est la planète elle-même : fascinante pour ceux qui y sont nés, attirante et dangereuse, elle prend par surprise ses victimes. Dans les hauteurs des nuages, quelques illuminés s'enfoncent dans un culte mortifère à la planète ; tandis qu'en bas les coureurs des vents luttent pour leur survie au milieu des tempêtes de dioxyde de carbone et des pluies d'acides sulfuriques qui brûlent leur corps quand les combinaisons se déchirent. Pour autant ces derniers n'imaginent pas vivre ailleurs : les colons nés sur place n'ont qu'une vague idée de la Terre, et quoi qu'il en soit ils n'auraient pas les moyens de partir.

Les protagonistes, à savoir principalement les Aquilon, ont tous une personnalité intéressante voire forte, et qui évolue au fil des événements. Tantôt avec tendresse, tantôt avec rudesse, l'auteur brosse des caractères forgés par les obstacles, les espoirs et des déceptions. L'émotion est aussi présente dans ce roman, et il en profite pour décortiquer une famille éprouvée, avec des relations complexes construites au fil des années et des combats de chacun. Il décrit notamment la vie d'un adulte trisomique protégé par les siens, ainsi qu'un adolescent qui recherche son identité de genre tout en craignant la réaction de son entourage. Mais rien de tout cela n'empêche les Aquilon de naviguer dans les tempêtes de Vénus, et pas seulement à bord de leur chalutier : leurs prouesses, quand ils enfilent leur combinaison et leurs ailes pour littéralement voler dans les nuages en utilisant les courants, offrent de belles pages qui rapprochent le récit d'un roman d'aventures en terres hostiles.

Ajoutons que l'action devient très prenante quand les Aquilon imaginent un plan pour protéger leur découverte, car si le gouvernement est pris dans les griffes de la Banque Pallas et ne peut pas laisser des colons hors du système, Vénus elle-même peut être cruelle avec des dangers tapis dans chaque tempête…

Ce roman se déroule 250 ans avant un diptyque (Le magicien quantique et le jardin quantique) : à la question « peut-on le lire sans connaître les autres romans ? », je vous réponds « oui ! », puisque moi non plus je n'ai pas (encore) lu les autres romans, et cela ne m'a pas empêchée de beaucoup l'apprécier.

À la fin de ce roman, une page est tournée, et on devine assez aisément qu'une suite est possible. La VO est sortie récemment, espérons une traduction rapide.

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Ce roman se déroule avant "Le Magicien Quantique", mais il peut être lu indépendamment. Dans ce premier tome d'un diptyque de planet opera, des familles québécoises luttent pour leur survie sur une planète inhospitalière, avec des conditions de vie impitoyables : une pression écrasante, une chaleur étouffante et une atmosphère exécrable.

Parmi ces familles, les d'Aquilon font une découverte capitale dans les profondeurs de Venus. La question de la propriété de cette découverte se pose tout de suite, les confrontant à de redoutables adversaires. Les d'Aquilon n'ont pas eu la vie facile, marquée par la maladie, la mort et la marginalisation sociale. Mais ils sont soudés et déterminés.

Ce récit explore les défis de la colonisation et les enjeux de la propriété des ressources et des biens. Il aborde également la diversité en mettant en lumière des personnages atteint de trisomie 21 et queer, ce que j'apprécie énormément.

Même sur Vénus, les inégalités sociales persistent : les plus chanceux vivent près des nuages, où l'atmosphère est plus clémente, tandis que les autres endurent des conditions bien plus difficiles en basse altitude. Avec une surface inhospitalière, les habitants doivent se contenter de ce qui existe déjà pour survivre, tout en étant aux prises avec la corruption et la domination de l'argent.

Comme dans ses autres oeuvres, l'auteur nous offre des descriptions minutieuses et immersives, peignant un décor magnifique et réaliste. On a l'impression de visionner un documentaire sur les descendants québécois sur Vénus. Les personnages sont intéressants, même si aucun d'eux n'a suscité en moi un coup de coeur particulier.

Je reconnais que la hard SF n'est pas toujours la lecture la plus aisée, elle est souvent complexe. J'ai mis pas mal de temps à le terminer. Cependant, j'ai préféré ce roman à "Le Magicien Quantique", c'est un peu plus accessible selon moi. Et puis, les expressions québécoises... j'adore ça !
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Découvert et apprécié avec sa duologie du Magicien Quantique où l'auteur avait su m'offrir surprise, vertige et divertissement, j'étais très curieuse de voir ce que cette recette pouvait donner dans les profondeurs de Vénus comme le titre en fait la promesse. Verdict : une nouvelle belle réussite !


Je tiens à préciser avant toute chose que j'ai découvert à la fin de ma lecture, en cherchant un peu car j'avais un goût d'inachevé, que le récit est en fait enchâssé dans une duologie : Venus Ascendant dont le second et dernier tome doit sortir dans peu de temps aux États-Unis sous le titre de House of Saints, le titre original du premier tome étant House of Styx. Et le récit se déroule dans le même univers que le Magicien Quantique, quelques siècles plus tôt, mais il peut se lire en totale indépendance. Il est bon de le savoir avant d'entamer la lecture.

J'ai en tout cas retrouvé dans celle-ci la fascinante plume de Derek Künsken, cet auteur canadien qui parvient à allier avec une facilité géniale récit à la porte de la Hard SF et aventure endiablée. Cette fois pas de bande de potes imaginant un casse planétaire, mais une famille de colons en mode lutte des classes qui va faire une fantastique découverte !

Dès les premières pages, je me suis retrouvée fascinée par le décor de cette aventure. L'auteur place en effet celle-ci sur Vénus, une planète peu exploitée dans mes lectures personnelles en dehors de la BD steampunk Les Chimères de Vénus qui fait suite au Château des étoiles d'Alex Alice. C'est donc avec grand plaisir que j'ai découvert l'interprétation venteuse, dangereuse, électrisante et très stratifiée de l'auteur. Il nous plonge dans une Vénus colonisée mystérieuse et dangereuse où il est impossible de vivre à sa surface et où les colons, d'origine québécoise, ont développé une société dans les différentes strates de son atmosphère, en s'aidant des plantes vénusiennes qui croissaient à ces hauteurs pour fabriquer des véhicules et logements capables de résister à l'environnement hostile de la planète. Pour se déplacer, une seule option ces étranges vaisseaux ou bien des ailes fabriquées dans des matériaux similaires. Je vous laisse imaginer les étoiles que j'avais dans les yeux en imaginant des scènes telles que celle qu'on aperçoit sur la vertigineuse couverture de Manchu.


Cette société n'a rien d'égalitaire. L'auteur profite de ce cadre pour dénoncer un monde politique corrompu, la main mise des banques dans les entreprises de conquête, mais aussi la mise au rebu des gens différents tels que les handicapés. En effet, nous suivons une famille de colons qui va cristalliser tout cela et même plus. Les Aquilon vivent dans les basses strates car les parents ont refusé d'avorter et de tuer leur futur enfant trisomique. Cependant cela les a privés de toute aide de leur société et ils ont dû lutter seuls pour s'en sortir depuis, ce que certains de leurs enfants leur reprochent un peu, notamment Emile. Nous allons donc suivre les histoires de cette famille où l'on trouve un aîné alcoolique et drogué, une fille lesbienne, une autre décédée tragique, ou encore un enfant naît garçon mais qui se sent fille. Chacun sera un moteur dans l'histoire et contribuera à la grande fresque qui se dessine et qui met en parallèle leur destin et celui de la planète et des colons qui y résident.


J'ai beaucoup aimé le sentiment de vertige qui m'a saisie dans un premier temps en découvrant cet environnement hostile et insaisissable, et la façon dont les colons avaient tenté de s'en emparer. J'ai aimé suivre leurs querelles et magouilles politiques autour des ressources de la planète mais aussi des liens avec prêts que certains souhaitent souscrivent aux banques les finançant, ce au détriment bien sûr du bien général. C'est quelque chose de classique mais qui fonctionne très bien. J'ai été encore plus fascinée par la façon dont les héros évoluent dans l'atmosphère de cette planète et dont ils tentent de la dompter pour s'y faire une place. Il se produit ainsi une découverte fondamentale dans le premier tiers du récit qui donne un sentiment de vertige au vu de toutes les possibilités qu'elle offre. Malheureusement l'auteur fait vite diversion en exploitant plutôt les histoires familiale des Aquilon plutôt que de se concentrer dessus, ce que j'ai regretté, car c'était pour moi l'une des clés pour rendre ce récit génial.

Je n'ai cependant pas boudé mon plaisir à suivre leurs histoires. J'ai aimé voir Marthe tenter de louvoyer avec les instances politiques et prêter une oreille attentive à ses frères et soeurs, faisant la liaison entre tous. J'ai été touchée par le personne d'Emile qui n'a rien de sympathique et qui part à la dérive mais dont les maux proviennent des décisions de ses parents et qui finit par se relever par la force des choses. Leur aîné trisomique, Jean-Eudes, est hyper attendrissant car il participe vraiment à la vie de la famille et n'attend qu'une chose : qu'on lui confie des responsabilités. Et puis, le sujet me touche, ma soeur souffrant aussi d'un handicap. Enfin, il y le/la jeune Pascal(e) qui est un(e) génie dans son domaine mais qui se sent très mal dans son corps de naissance. L'auteur nous peint ici un portrait très juste d'une personne en pleine transition et découverte de qui iel est vraiment.

Alors j'ai aimé qu'on prenne le temps de nous raconter leurs histoires, surtout que cela se glissait très bien dans le récit. Il y a des pages saisissantes sur Vénus qui entrent en résonance avec chacun d'eux, en particulier Pascal(e), qui dit se sentir moche et intouchable comme la planète. Mais il y a également quelque chose entre les chocs électriques et les coups de vent qu'elle envoie et insaisissabilité des aînés ou le caractère fougueux du patriarche. Tout comme la découverte qu'ils feront sera le ciment de la création d'une nouvelle maison, la maison de Styx, qui unira des gens d'horizon très différents pour vivre cette colonisation autrement. J'ai du mal à trouver les mots et les angles mais je sens que l'auteur a cherché à faire entrer en symbiose planète et colons Aquilon, ce que j'ai beaucoup apprécié.

Après l'aventure n'a peut-être pas été à la hauteur de bout en bout. J'ai cru voir des promesses dans les premiers temps que je n'ai pas vu complètement tenues ensuite, l'intrigue partant dans une autre direction plus intime et familiale, plus politique aussi. Quand je lis du planet ou du space opera, moi, c'est plus le sense of wonder qui me tient et ici il fut un peu ténu. Il y avait certes ce vertige dès qu'on se déplaçait dans l'enceinte de la planète et son atmosphère mais Vénus a gardé énormément de ses mystères et c'est ce qui m'a poussée, par frustration, à aller voir si par hasard une suite n'était pas prévue et j'avais raison ! (Oui, c'était mentionné à la fin de la présentation de l'auteur sur la 4e de couverture, mais le connaissant déjà, je ne l'avais pas lue...). J'espère donc que cette suite saura allier cette belle atmosphère familiale que l'auteur a pris soin de développer ici avec quelques surprises cosmologiques !

Au final, j'ai vraiment adoré ma lecture des Profondeurs de Vénus même si elle m'a emportée là où je ne l'attendais pas. Son récit familial, queer et contestataire dans un environnement hostile à l'être humain où il faut faire preuve d'un sacré courage et de beaucoup d'ingéniosité, m'a fait rêver. C'est exactement ce que j'attends d'un planet opera. J'aurais peut-être aimé que le mystère rapidement dévoilé soit plus rapidement exploité mais j'ai également apprécié la place offerte aux personnages et aux relations humaines. J'attends donc avec une vive impatience la suite et fin de cette aventure vénusienne !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Jamais personne ne l'avait vénérée auparavant. Les chalutiers, les rosettes, les blastulas et tous les micro-organismes présents dans les nuages en étaient incapables. Personne n'avait aimé la déesse de l'Amour, et Vénus n'avait pas d'âme parce que personne ne l'aimait. Et les colons n'avaient pas d'âme parce qu'ils n'avaient pas de monde.
Émile se rapprocha du bord tandis que son champ de vision rétrécissait.
Vénus ne voulait pas de sang. Combien de colons avait-elle tuées ? Des dizaines ? Des centaines ? Sa mère. Sa sœur. Son beau-frère. Vénus buvait du sang en abondance. Vénus voulait un souffle de vie. Vénus voulait être aimée, tout comme eux. C'était leur sacrifice. Son casque lui glissa des doigts, roula dans son dos. Émile tendit les bras. Thérèse, aussi exposée à Vénus que lui, prit sa main.
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On n'est pas chez nous, dit-elle. Ici, ce n'est pas chez nous. On vit dans des boîtes en métal et en plastique. On n'est jamais en contact avec le vent. Avec la pluie. On ne voit les étoiles et le soleil que par des vitres.
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Je me sens tout le temps faux, murmura-t-il. Tout le monde a l'air d'être à sa place, d'avoir une place dans le monde. Je ne peux même pas me regarder dans un miroir.
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- Les ragots, je les entends comme tout le monde, tu sais.
- Tu devrais savoir ce qu'on dit de toi, alors.
- Je sais ce qu'on dit de moi, et je sais ce qu'on invente sur moi par ennui.
- "La salope des glaces", qu'on t'appelle...
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