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Inattendue apocalypse, fascinante enquête historico-policière, invention d'un avenir. Éblouissant.

Après CLEER, magistrale première collaboration entre Laurent et Laure Kloetzer, en 2010, le couple nous revient en ce mois d'avril 2013 avec 480 pages qui devraient – je pèse mes mots – faire date. « Anamnèse de Lady Star » est certainement l'un des meilleurs romans étiquetés « science-fiction » que j'aie lu ces dernières années, et l'un des meilleurs romans – tout court –, traitant avec ambition et exigence d'un agencement du devenir collectif et des devenirs individuels, que je connaisse.

Une difficulté pour en rendre compte reste d'éviter tout dévoilement dommageable, car si le suspense n'est pas, du tout, le moteur principal du roman, la joie des découvertes et des connexions inattendues y est bien présente, jusqu'au bout… Je vais m'y efforcer, en ne présentant « clairement » que les éléments factuels établis dès les premières dizaines de pages.

Dans un futur plutôt proche a lieu le Satori. L'espèce humaine titube quelques mois, quelques années, au bord de l'anéantissement, après qu'une bombe terroriste d'un genre tout à fait particulier – s'attaquant, visuellement, à la structure psychique et cognitive de l'esprit humain – a été utilisée à Islamabad, et ait rapidement contaminé des centaines de millions d'individus, bien au-delà des visées des apprentis sorciers ayant commis l'attentat.

Autour de ce point zéro du Satori, qui domine la chronologie des 70 années qui seront évoquées dans le roman (15 avant, 55 après), il s'agit bien de « refermer la boîte de Pandore » (que représente l'existence de cette bombe), boîte de malédiction ouverte par une poignée d'universitaires avant-gardistes « illuminés », avec le soutien de militaires dépassés par leur création et d'idéologues dévoyés à même de kidnapper le produit de leurs recherches conjointes… de la commission d'enquête internationale chargée d'établir les responsabilités du désastre et de traquer les coupables aux organisations plus secrètes s'auto-mandatant pour éradiquer le risque de récidive au plus profond possible, de base militaire japonaise en hôtel de luxe abandonné en Suisse, L.L. Kloetzer a su, comme dans le roman précédent, mais à la puissance 10, éviter le piège de l'essai futuriste bavard déguisé en récit.

Le roman suit au plus près quelques personnages, dont les puissances, les fragilités ou les faiblesses, à l'instar des deux consultants employés par CLEER, constituent les véritables moteurs du roman. Personnages d'enquêteurs dévoués, scrupuleux, voire doués, qui doivent toutefois s'inventer un destin individuel au-delà de la traque à laquelle ils se consacrent… Personnages, surtout, qui se réorganisent en permanence, qu'ils le veuillent ou non, autour de la figure centrale du récit, toute en beauté, en absence et en dissimulation, présence fantômatique mais pourtant bien réelle qui, créature fantastique nécessitant des trésors d'attention pour pouvoir exister, cherche elle-même une voie possible, une existence, en précédant les enquêtes pour mieux s'y fondre…

Car parallèlement à l'enquête devant clore le passé, l'espèce humaine décimée doit absolument s'inventer un futur, s'abstraire si possible d'une planète devenue trop dangereuse, tant que rôderont victimes en sursis et pièges symboliques à retardement. Dans cette quête d'univers nouveau où les plus pointus savoirs-faire en matière d'environnements informatiques ludo-poétiques ne peuvent que jouer un rôle essentiel, c'est peut-être de la fusion pourtant a priori impossible de ces désirs individuels contradictoires qu'une synthèse victorieuse pourra naître.

Un roman passionnant de bout en bout, dont l'écriture d'une rare précision technique reste nimbée, comme dans CLEER, d'une poésie diaphane, et dont la résonance, comme une ultime note de basse distordue mais porteuse, dure bien longtemps après la fin de la lecture.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment avec ce roman qui nous plonge dans une histoire vraiment fascinante, une traque efficace à travers des témoignages qui dévoilent petit à petit une frise complexe et entrainante. Un roman ou la compréhension est acquise autant par le travail d'écriture que par le lecteur et son travail d'imagination, mais aussi concernant l'assemblage des éléments du puzzle de l'intrigue. L'univers développé par les auteurs se révèlent tout aussi fascinant, mais demande aussi un petit travail pour bien tout assimiler, tout imaginer vu qu'il est déjà connu pour les personnages. Les auteurs nous offrent aussi des axes de réflexions et de travail vraiment intéressante et sur énormément de sujets, le tout sans jamais se perdre, forcer la main au lecteur ou l'ennuyer. Les personnages se révèlent vraiment complexes, fascinants et passionnants à découvrir. le tout est porté par une plume dense et pleine de magie et de poésie. Mon seul léger regret est la mise en avant d'un monde un peu « zombies » qui est légèrement en décalage par rapport à l'histoire selon moi, mais rien de bien gênant devant la qualité du livre.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Paru en 2013, « Anamnèse de Lady Star » est le fruit de la collaboration entre Laure et Laurent Kloetzer, (déjà co-auteurs de « Cleer » quelques années plus tôt) et a soulevé énormément d'enthousiasme lors de sa parution, ce qui lui a d'ailleurs valu d'être récompensé par plusieurs prix littéraires. Laurent Kloetzer est ensuite revenu à plusieurs reprises dans le même univers, que ce soit dans le roman « Vostok », qui se déroule quelque temps après les événements relatés ici, ou, plus récemment, dans la novella « Issa Elohim » parue dans la collection Une Heure Lumière du Bélial. Pour ma part, si j'avais énormément apprécié ma lecture des deux oeuvres précédemment cités, je dois avouer que celle-ci m'a laissée un sentiment bien plus mitigé. Posons un peu le décor : le roman est composé de plusieurs chapitres qui se déroulent à différentes époques classées de manière non chronologique. La première partie prend place dans une société qui pourrait tout à fait être la notre (à quelques petites exceptions près), dans laquelle des scientifiques et des militaires penchent sur une nouvelle arme capable de cibler les individus en fonction de leurs origines (on devine bien vite que les Blancs n'ont rien à craindre, et que ce sont les populations noires et arabes qui sont directement et volontairement visées). Seulement l'expérience tourne mal et aboutit à l'extinction d'une grande partie de l'humanité, toute origine confondue. La société qui émerge ensuite n'a toutefois pas grand-chose à voir avec celles mises en scène dans les romans de post-apo classiques, puisqu'il n'y est nullement question de course poursuite avec des zombies ou de rescapés en mode survie dans une nature redevenue sauvage. Les nouvelles technologies se sont, au contraire, encore un peu plus développées, et le mode de vie des survivants n'a finalement pas été si altéré que cela. Parmi eux, une jeune chercheuse en archéologie numérique se lance dans des recherches ambitieuses visant à prouver la présence d'une Elohim, une créature mi-extraterrestre mi-humaine, tout au long du processus de fabrication de la « bombe », et son influence sur plusieurs des événements majeurs qui ont suivi.

Si vous trouvez ce résumé complexe, dites-vous bien qu'il ne s'agit pourtant que d'une version extrêmement simplifiée de celle élaborée par L. L. Kloetzer dans ce roman qui n'est pas sans rappeler, par sa construction et sa volonté de faire perdre ses repères au lecteur, les ouvrages de Philip K. Dick ou de Christopher Priest (j'ai personnellement beaucoup pensé à « L'adjacent »). La lecture n'est en effet pas de tout repos et, si on prend dans un premier temps plaisir à suivre la trace de cette mystérieuse Elohim et à tenter de comprendre les enjeux dont il est question, j'avoue pour ma part avoir eu davantage de mal dans la deuxième partie, qui se fait encore plus sibylline et décousue. A cela s'ajoute que, changement d'époque oblige, l'ambiance et le style évoluent radicalement en fonction des chapitres qu'on pourrait parfois prendre pour des nouvelles à part, assemblées ici dans une sorte de fix-up (l'un d'eux a d'ailleurs déjà été publié sous la forme de nouvelle sous le titre « Trois singes » dans l'anthologie « Retour sur l'horizon » en 2009). Certes, tous sont liés par un même fil rouge qui prend de plus en plus d'ampleur au fil des chapitres, mais la lecture se fait néanmoins plus ou moins aisée, plus ou moins passionnante, en fonction des époques. Les deux premiers chapitres m'ont ainsi beaucoup enthousiasmée : le premier met en scène un attaché parlementaire français qui orbite dans l'entourage de scientifiques et d'artistes responsables de la création de la bombe, tandis que le second dévoile le témoignage du soldat à l'origine de son déclenchement. le décor est alors globalement posé, et l'intérêt du lecteur agréablement titillé. Et puis arrive le drame, désigné sous le nom de Satori, et on découvre alors un monde dont on ne comprend plus les codes, sans que l'auteur ne vienne jamais à notre secours pour contextualiser. Certains chapitres laissent échapper quelques indices, d'autres semblent totalement déconnectés du reste (et sont, par conséquent, encore plus difficilement compréhensibles), et la plupart vient de toute façon remettre en cause ce qui vient d'être énoncé dans le précédent. le concept d'Elohim, qui se trouve ici au coeur du récit, est quant à lui explicité trop rarement, et trop partiellement, si bien qu'on peine à cerner les enjeux pour les protagonistes.

« Anamnèse de Lady Star » est un roman extrêmement déroutant qui possède un charme certain mais donne trop peu de clés de compréhension au lecteur pour lui permettre de s'immerger dans ce monde futuriste dont on peine à cerner les contours et les spécificités. L'accueil unanimement enthousiaste qu'a rencontré le roman lors de sa sortie m'incite à penser que je suis complètement passée à côté de l'oeuvre, aussi vous encourage-je malgré tout à tenter l'aventure, d'autant que le reste de la bibliographie de l'auteur est d'un excellent niveau.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Je suis très partagé sur ce roman dont je ne vais pas vous raconter quoi que ce soit, d'autres s'en sont chargé. Juste dire que j'ai éprouvé des difficultés à le terminer, je l'avais abandonné dans le troisième tiers, victime de ce qui m'a semblé une longueur insoutenable. J'avais perdu le fil, entraîné dans l'errance des personnages, immergé dans Assur pour tout dire. Et puis je l'ai repris, sensible aux découvertes, à cette profusion des images poétiques qui font certainement le charme de cette oeuvre. Jusqu'à cette difficulté, peut-être aussi due à une lecture trop lente, trop fractionnée, j'étais littéralement capté par l'enquête, le mystère de cette Elhoïm, Marguerite. qu'est-elle, qui est-elle ?
C'est mon reproche qu'au moment d'Assur, le lecteur, en tout cas moi, se trouve englué dans les eaux noires, sans y comprendre plus rien. Voilà, c'est ça, à ce moment là je n'y comprenais plus rien. C'est une oeuvre difficile dont je ne suis pas vraiment sûr que ce qui lui est prédit dans le quatrième de couverture se réalise.
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La dernière page s'est refermée et je n'avais pourtant guère envie que le voyage s'achève.

Il s'agit bien d'une quête. La quête de la vérité. Retrouver celle qui sait, qui a besoin de vivre, sans pouvoir réellement exister par elle-même et pouvant prendre tous les visages et noms possibles dont ceux que vous voudrez bien lui donner. Instrumentalisée, idéalisée, sublimée. Evanescente, fragile, mystérieuse, manipulatrice, ingénieuse… Divine mais attachante.

La quête de la vérité et, en quelque sorte, un parcours initiatique. Rien n'est hasard. Tout n'est que point de vue, souvenirs, recherche de preuves. Existe t-elle vraiment ?

Au-delà des destinées individuelles et du monde qui sombre, le thème central est la foi quelle que soit sa forme à mes yeux. Les références y sont nombreuses et c'est bien tous les visages – et de ce qu'en font les humains - de la Foi et des Religions que peut refléter Celle-qui-sait à l'image d'Hypatie d'Alexandrie (peut-être ?). L'attentat à islamabad (la ville de l'Islam) avec « la bombe iconique », les elohims (Dieux en hébreu, pluriel d'eloha : la secte m'a d'ailleurs fait spontanément penser au mouvement Raelien), le satori (l'éveil spirituel bouddhiste), et les symptômes du mal qui ronge l'humanité. L'aveuglement, mains levées vers les cieux. Elle-qui-est-trois, la trinité étant un symbole connu, initialement païen mais repris par le christianisme si je ne m'abuse, faisant également écho à Hécate dont l'avatar se fond sur quelques pages. Et peut-être bien, la technologie et les nouveaux mondes pouvant en découler…

Bref, n'en-ai-je pas déjà trop dit ?

Ce roman a su me réconcilier avec le genre or ce n'était pas gagné. J'ai pourtant été agréablement surprise notamment par la bombe iconique et comment les fils se lient et se délient jusqu'à former une toile arachnéenne dans laquelle tout s'imbrique. Exit le nucléaire, le virus échappé d'un laboratoire secret semant des zombis cannibales surexploités jusqu'à l'indigestion… ! Ne riez pas, je n'en peux plus… ;)

J'ai joué, je me suis amusée des références, des noms, des lieux… J'ai aussi fouillé les archives pour écouter toutes les références musicales disséminées jusqu'à une chanson indienne et même « Elle-qui-est-trois », (D'ailleurs, le trio vocal concerné saurait-il tous les éloges se trouvant dans l'ouvrage ?), pour m'immerger d'autant plus sans jamais réellement me perdre dans ce récit labyrinthique. J'ai pris mon temps jusqu'à ressentir les changements de style entre les deux auteurs, mêlant brutalité et subtilité. L'alchimie a pris.
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Il est des auteurs qui génèrent automatiquement l'enthousiasme à chacune de leurs publications. Laurent KLOETZER est de ceux-là depuis ses débuts, notamment avec sa fantasy très personnelle et, depuis 2010, sous la signature L. L. KLOETZER, qui s'avère être une entité à quatre mains composée de lui-même et de son épouse, Laure KLOETZER. En 2010 ils avaient produit un roman d'anticipation économique original et percutant ; en 2013 ils nous proposent un roman qui « fera date dans l'histoire de la science-fiction française », pour reprendre l'accroche de l'éditeur.

Anamnèse de Lady Star est un roman apocalyptique. Dans un futur indéterminé, mais que l'on sent proche, un attentat d'un genre nouveau a provoqué depuis Islamabad une pandémie sur la totalité de la planète. La plupart des responsables ont été arrêtés, mais une femme, l'inspiratrice de la secte à l'origine de l'attentat, est demeurée insaisissable. Or, sa seule existence est un risque puisqu'elle détient le secret de la fameuse bombe iconique qui décime l'humanité depuis plus d'un demi-siècle...

A partir de ce pitch L. L. KLOETZER fait de son roman une véritable traque. Autour de la date clé de l'attentat d'Islamabad (nommé Satori, qui désigne l'éveil spirituel dans le bouddhisme zen), l'auteur rend compte de différents témoignages de personnages qui ont croisé (ou cru croiser) la route de la muse de la secte, soit quelques années avant, soit quelques années après le Satori. Chaque témoignage donne lieu à un chapitre particulier, et chacun est doté de son propre style. Il y a ainsi des allers et retours dans la trame historique qui font du roman un récit éminemment non linéaire, jusqu'à l'objet même de la traque (« Que cherchons-nous ? Une femme, peut-être, une idée, sûrement »).

Si cette non linéarité rend le suivi du roman complexe, ce n'est rien par rapport à la narration. Car quel que soit le personnage mis en scène cette narration est toujours dense, pleine de références à des faits que le lecteur ne peut guère appréhender, chaque témoignage étant relié aux autres d'une façon ou d'une autre. C'est aussi en cela que L. L. KLOETZER est l'auteur d'une véritable prouesse littéraire, puisqu'il parvient à relier la multitude d'éléments épars de son récit pour aboutir à une trame complète et cohérente qui tient en éveil le lecteur jusqu'à la conclusion.

Bien sûr cette lecture nécessite une attention de tous les instants. Bien sûr l'auteur maintient dans l'ombre bon nombre d'éléments de l'intrigue. Mais c'est aussi cela qui nous fait bénéficier de quelques fulgurances sur l'état de nos sociétés contemporaines (« Personne ne meurt. Quelque chose s'efface. Quelque chose n'a jamais existé »). C'est surtout cela qui fait travailler l'imaginaire du lecteur et donne tout son sel à un roman qui, de fait, est bel et bien anachronique dans un genre littéraire bien trop souvent standardisé.
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Le Satori marque profondément l'humanité car il est le point zéro d'une nouvelle ère historique. Dans un futur proche, un attentat à Islamabad annihile les trois quarts de la population mondiale, plongeant les survivants dans un chaos indescriptible. Une arme inédite a été utilisée pour cette action terroriste : une bombe iconique qui, grâce à des symboles bien spécifiques, est capable d'entrer dans sa victime pour détruire ses défenses psychiques. Pire, il peut même se transmettre tel un virus. Les auteurs de ce complot mondial sont vite identifiés, puis tous exécutés. Tous ? Non, une étrange créature, déesse ou extra-terrestre nul ne le sait vraiment, semble échapper à toutes les identifications, à l'appréhension de chacun, voire à la compréhension générale...

Précédé d'une réputation pour le moins élogieuse et couronné par un G.P.I. (catégorie roman francophone, en 2014), d'un prix du Lundi (2013) et d'un Rosny-Aîné (2014), Anamnèse de Lady Star (ALS) est le deuxième roman de l'entité hybride formée par les deux membres du couple Kloetzer, Laure et Laurent (à qui l'on devait déjà CLEER, déjà paru en Lunes d'encre).

Je dois bien l'avouer tout de suite, j'ai ressenti une impression partagée en refermant ce roman. En effet, tout le long de sa lecture, alors que je ne pouvais qu'apprécier le style développé par les deux auteurs, je me suis assez vite rendu compte que je ne comprenais plus rien à ce qui m'était donné à lire. En fait, pas si rapidement car je sais exactement où se situe le point de bascule. En effet, jusqu'à la page 252, j'ai eu l'impression que tout était clair. Pas tout à fait aisé d'appréhension, mais plutôt agréable à lire et semblant suivre un arc narratif à la fois complexe et tout de même linéaire. Bref, les ingrédients habituels d'une lecture exigeante telle que je peux les apprécier. Et puis, la page suivante, j'ai eu l'impression d'entrer dans un maelström littéraire qui ne semblait alors ne plus avoir qu'un lien plutôt ténu avec ce que j'avais lu dans la première partie. Des noms et des événements précédemment cités se retrouvaient, certes, mais plus j'avançais dans ma lecture, plus le fil qui me raccrochait à la réalité du roman semblait se déliter. Sans jamais se rompre, fort heureusement. C'est sûrement ce qui m'a permis, tout de même, de passer un très bon moment avec cette ALS qui est une entrée pour moi dans l'univers des LL Kloetzer (j'ai aussi CLEER qui m'attend dans ma bibliothèque et je compte bien un jour m'y plonger).

ALS est le genre de lecture qui travaille son lecteur longtemps après la dernière ligne lue. Pour preuve, je n'ai vraiment compris le titre que plusieurs jours après avoir fini le roman. Sous ce titre crypté, se cache en effet (peut-être ?) une sorte de clef pour mieux appréhender le personnage principal, celui autour de qui tout le monde (tous les événements issus de l'Evénement, le Satori lui-même) tourne, mais qui se dérobe dès qu'on tente la mise au point. Il échappe même au lecteur, qui ne le perçoit à chaque fois que de façon biaisée ou détournée. En somme, un personnage qu'on n'aperçoit que du coin de l'oeil.

D'une appréhension pas toujours aisée (surtout dans sa deuxième partie), ASL est donc un roman qui se mérite. le lecteur doit resté concentré, sous peine d'être largué. Un peu plus encore qu'il ne l'est à la première lecture. Parce que, bien sûr, pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il aurait fallu le relire. Je suis persuadé que ça aurait été la meilleure manière de vivre l'expérience qu'il offre mais, malheureusement, je n'ai pas eu ce courage (le premier passage m'ayant déjà pris trop de temps et celui-ci n'est pas extensible à l'infini ; ce qui, vous en conviendrez, est fort regrettable).

Cela fait bien longtemps que je répète dans ces pages que la collection Lunes d'encre fait un travail formidable car elle propose à ses lecteurs des romans qui sortent de l'ordinaire. Ici encore, Gilles Dumay a su donner sa chance à un livre aussi différent qu'ambitieux. Et si cet Anamnèse de Lady Star n'a pas su totalement combler les attentes que je portais en lui, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un excellent roman délivrant une expérience de lecture que je conseille à toutes et à tous de réaliser.
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Le projet littéraire est ambitieux et je comprends les dithyrambes à son propos. En nous plaçant dans la position d'archéologues numériques fouillant le monde virtuel pour reconstruire les événements passés et retrouver la trace d'un être presque irréel, Laurent Kloetzer place son lecteur dans une position inconfortable : il ne sait rien du monde, ni des principaux événements dont il est question ici. le lecteur est toujours perdu et, à mesure que l'enquête progresse, il reconstruit par brides incertaines et lacunaires l'histoire. En ce sens, ce livre est une expérience de lecture tout à fait unique.
Cependant, j'ai éprouvé énormément de difficulté à suivre ce roman. La narration éclatée, la densité du propos n'aident pas mais la principale difficulté réside, à mon avis, dans les références souvent absconses qui jalonnent chacun des récits. Kloetzer ne prends pas la peine de nous présenter son monde, c'est au lecteur de faire le travail. Mais les informations claires sur telle ou telle institution, telle ou telle événement sont trop rares et je me suis souvent senti perdu. J'aurai aimé être un peu plus accompagné…

Vraiment dommage car il y a dans ces pages de morceaux de bravoure fantastiques ! le travail formel est exemplaire (la plupart des récits épousent des formes narratives différentes, souvent complexes) mais ça manque peut-être un peu de repères…
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Anamnèse de Lady Star est un très bon roman de science-fiction.
Un roman intelligent, terrifiant qui m'a maintenu éveillée. Un roman que je ne suis pas prête d'oublier de sitôt.
Je le quitte à regret.
Je le recommande bien évidemment.
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En définitive, le couple Kloetzer signe avec Anamnèse de Lady Star un récit hors-norme, transgenre. Un véritable OLNI littéraire qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a au moins le mérite (et pas des moindres) de vous renverser par la puissance de son originalité et son sense of wonder indéniable !

La critique complète sur mon blog !
Lien : http://the-last-exit-to-nowh..
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