L'Harmonie universelle nous dit qu'on pouvait accorder le luth de mille manières ; en baissant des cordes, on obtenait l'accord « à cordes avalées ». Il y avait aussi le ton de la chèvre, celui du Juif. le ton enrhumé, et l'accord « nouveau » ou « extraordinaire », qui ne différait de l'ancien que par la substitution d'une tierce mineure ou majeure à la quarte située entre les deux premières cordes.
Les rapports établis entre le chant et l'instrument ne devaient pas manquer d'avoir leur écho chez les poètes. Nombre de ceux-ci sont musiciens et cultivent le luth; presque tous le mentionnent dans leurs oeuvres, tel, dès le XIIIe siècle, Gottfried de Strasbourg, dans Tristan et Yseidt. A l'aurore du XIVe, Dante, qui connaît fort bien la technique du luth, cite l'instrument à plusieurs reprises dans son divin poème de l'Enfer.
Vers le début du XVIIe siècle, le luth (Syntagma de Praetorius, 1615-1619) constituait une famille dont les membres différaient par la taille et par la tessiture. En outre, on avait construit des instruments dérivés, largement pourvus de cordes au grave, tels que le théorbe, le chitarrone, le luth théorbé et l'archiluth.
Au XVII° siècle, la musique de luth va subir une évolution dont les aspects apparaîtront très dissemblables d’un pays de l’Europe à l’autre, et on peut dire que le bilan du luth ne sera pas partout favorable. L'Italie, qui avait fourni son effort au siècle précédent, verra la littérature de l'instrument s’éclipser petit à petit, alors que la France, rattrapant son retard, prendra une place de premier rang, avant d'enregistrer, aux confins du XVIII° siècle, la décadence du luth. Seules, les nations germaniques parviendront à maintenir, pendant deux siècles, le culte de l’instrument.