Antoine-Jospeh Wiertz est né à Dinant le 22 février 1806 dans une famille modeste. Génie précoce, il a commencé à dessiner dès l'âge de quatre ans. Chaque objet et chaque paysage retenaient son attention. A dix ans, sans avoir pris de leçons, il s'est adonné à l'art du portrait avec une maîtrise déjà remarquable. Bénéficiaire d'une bourse d'études, il s'est lancé dans la peinture avec passion. Un voyage à Paris lui a permis de découvrir le Louvre et d'en revenir les yeux éblouis. L'Italie et Florence lui ont également fait forte impression. Si on lui a toujours conseillé d'étudier Raphaël, son admiration ne pouvait pas décoller des toiles de Rubens. Passé maître dans la technique du trompe-l'oeil, il ne souhaitait pas se subordonner aux modes. Légitimement, il entendait s'inscrire dans la veine de celui dont il voulait un jour devenir l'égal. Il savait qu'une participation à divers concours ne pourrait qu'attirer l'attention des gens de la presse et du public. Il rêvait de consécration et d'apothéose et était prêt à tout pour accéder aux plus hautes marches.
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Ni l'un ni l'autre, ce combattant de l'art pour l'humanité, un de ceux-là de qui Schiller a dit : « Il a vécu en citoyen des âges futurs, » et qui, dans l'orgueil nécessaire à son oeuvre, ne daigna -pas plus être le courtisan des rois que l'idole des papes. A cette oeuvre à part lui-même avait assigné une place à part dans la mémoire des hommes. Lorsqu'il passait inconnu dans les rues d'Anvers, alors déjà il voulait faire porter par la gloire le nom d'un misérable ouvrier dinantais. Il voulait être lui et savait déjà que, si les dieux lui prêtaient vie, il serait Antoine Wiertz.
Un amour infini .comme l'imagination, qui devait grandir avec la possession, auquel la vie n'a pu suffire ; qui, si la pensée humaine ne s'éteint pas avec la lumière du jour, possède sa grande âme au sein des mondes, avait répandu sur son adolescence tous les charmes d'un empire idéal.
Voici, en quelques traits, ce que la tradition rapportait, dès l'année 1828, dans la ville natale de l'artiste. Tout enfant, il avait dit à sa mère qu'il voudrait être roi. Et la bonne femme, assise à son rouet, lui demandant avec surprise pourquoi un tel voeu, et si c'était pour faire la guerre : « Pour devenir un grand peintre, » avait-il répliqué vivement. Un jour, lorsqu'on lui demandera pourquoi il refuse une médaille d'honneur accordée par le roi à Patrocle, il répondra : « Parce que le roi n'est pas Michel-Ange. »