Citations sur Le flûtiste invisible (69)
Lorsque, dans un lieu public, ou au milieu d'une foule, un ou une inconnu(e) braque ses yeux vers vous, même si c'est dans votre dos, il survient invariablement une seconde pendant laquelle vous sentez que vous êtes regardé, comme une onde qui serait passée.Un rayon, une vibration, appelez ça comme vous voudrez.
Mon dieu quelle chance vous avez ! Vous n'avez pas encore subi une seule fois les affres de l'amour ni goûté aux sortilèges du sexe. Connaissez-vous seulement ce qui se cache derrière les mots hypocrisie, passion, infidélité, mensonge, extase et néant après l'extase, invective, rancune, jalousie, solitude, gaspillage, frivolité, mépris, transgression et vengeance ? So-li-tu-de ! Que savez-vous donc de tout cela ? quel est le sens des sentiments ? Quel est le sens des sens ?
On ne sait jamais pourquoi un chanson plutôt qu’une autre vient surgir du fond de votre vécu, jusqu’au premier niveau de la mémoire — pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre? (Gallimard, p.17)
"[...] la vérité et le passé d'un homme sont plus visibles dans se yeux que sur ses lèvres. Les lèvres peuvent mentir, pas le regard."
(Nouvelle "Le regard de Toma")
"Les gens, il faut les regarder, il faut tenter, non pas forcément de les aimer, mais de les connaître et de les comprendre."
(Nouvelle ""Le regard de Toma")
"Les amours inaccomplis sont parfois plus mémorables que ceux aux gestes achevés."
(Nouvelle "La ligne de mire")
"_On ne choisit rien, m'a-t-elle dit. Et rien n'est impossible, sauf de refuser la mort. Et tout est possible, mais rien n'est important. Tout est fatal."
(Nouvelle "Bye Bye Blackbird")
Lorsque j’étais au plus mal du plus mal, je ne voyais plus les gens. Je regardais encore ma femme et mon fils… je les voyais encore tous les deux puisque je cherchais dans leurs yeux un réconfort, une réassurance dont, de toute manière, je ne parvenais pas à profiter. Pour le reste, je ne voyais plus personne. Le déprimé ne voit rien et ne retient rien d’autre que l’image de sa détresse, l’autoportrait de son autodestruction. P 139
Je me suis demandé pourquoi cet air m’était venu à l’esprit – pourquoi donc l’avais-je sifflé d’un seul coup comme ça ? Parce qu’un passant anonyme qui s’avançait vers moi en était, lui-même, habité et hanté ? S’agissait-il d’un phénomène d’ondes ? Il parait que ces choses-là arrivent. P 43
Personne n’est capable d’entendre l’ultime soupir d’une fleur qui se fane, pas plus qu’il n’est possible d’entendre le frisson de la descente d’un rideau de flocons sur une masse de neige déjà posée là, installée – structure éphémère.
Il y a des bruits, des sons, que nous ne sommes pas capables d’entendre, et cependant ils existent. Il y a, de la même façon, des formes et des couleurs que nous ne sommes pas capables de voir, et cependant elles existent.
Seul le vent sait quelle feuille tombera la première. P 13