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sur 38 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une femme et deux hommes voient leurs destins se croiser et basculer, lorsqu'en Afrique, ils se retrouvent confrontés au braconnage et au trafic d'ivoire qui déciment les espèces sauvages, et en particulier les éléphants : alors qu'Erin cherche un nouveau sens à sa vie et quitte peu à peu ses attaches européennes pour, pleine d'idéaux encore intacts, se consacrer à la gestion d'une réserve privée au Botswana, elle ne tarde pas à être confrontée à une réalité complexe, où la frontière entre le bien et le mal est bien poreuse. Elle est ainsi loin de soupçonner le passé de braconnier de Bojosi, son collègue ranger et son bras droit. Même Seretse, le représentant du gouvernement qui soutient activement ses actions de sauvegarde, doit assumer les activités troubles des membres de sa propre famille. Chacun devra faire face à ses propres contradictions et faire des choix aux conséquences sans retour.


Au travers d'une histoire de traque aux implications imprévues, qui vont bousculer les personnages dans un enchaînement irrépressible d'évènements dramatiques, l'auteur installe une tension et un rythme qui rendent son récit addictif. Indéniablement, ce livre se dévore avec grand plaisir, malgré quelques imperfections de style, notamment ce qui m'a semblé un abus de phrases sans verbe.


Le plus grand intérêt du roman est dans sa manière, tout sauf manichéenne, de dépeindre la complexité des enjeux des trafics d'animaux. Cela semble une évidence de condamner la destruction d'espèces, qui plus est pour le seul profit financier. Mais comment s'indigner vertueusement, sans prendre en compte la tenaille dans laquelle se retrouvent des populations souvent misérables, également victimes des trafiquants qui les exploitent, achetant leur âme pour quelques pièces ?


Le tableau de ces réseaux organisés à l'échelle de la planète, exploitant sans vergogne la nature, les animaux et la misère humaine, pour un enrichissement court terme irrémédiablement destructeur, apparaît peu à peu tellement noir et inextricable qu'une seule conclusion s'impose bientôt au lecteur : tant que la demande existera, rien ne pourra tarir le flux du trafic. Pourtant, cet effroyable constat s'assortit d'un message d'espoir et d'un formidable coup de chapeau à ceux qui, tels Erin, Bojosi et Seretse, s'acharnent à combattre l'hydre.


Ivoire est un roman qui fait froid dans le dos, accablant quant à la nocivité cupide et aveugle de l'espèce humaine pour la planète et ses autres habitants, et en même temps plein d'espoir quant à la capacité de quelques-uns à réagir.

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Lorsque j'ai refermé la dernière page de Ivoire, je me suis demandée si je n'allais pas consacrer toutes ces heures que je passe à lire à des romances, des histoires d'héroïne aux yeux violets, belle, riche, fiancée à un merveilleux jeune homme et pour l'intrigue juste un petit quiproquo qui s'arrangerait à la fin. Et surtout, surtout, pas d'animaux. Je serai même prête à exiger le label « aucun animal n'a été maltraité même en pensée dans ce roman ». Voilà ce que je me suis dit.

Parce que lorsqu'on termine Ivoire, de nombreuses émotions négatives vous envahissent les pensées . de la colère, du désespoir, de la tristesse, de la pitié et surtout un immense sentiment d'impuissance.

Que faire en effet pour endiguer cette progression inexorable vers la disparition de nombreuses espèces d'animaux? On ne parle même pas des hécatombes liées au changement climatique, mais juste de la tuerie organisée sur le continent africain, qui nourrit une foule d'intermédiaires qui ne voient que le profit immédiat. le commerce de l'ivoire aura beau être banni officiellement en Chine, les réseaux commerciaux illégaux continueront de fleurir, jusqu'à ce que le manque de denrée première, c'est à dire les éléphants, ne donne plus de possibilité aux trafiquants. Mais même alors, il faudra que les pangolins et les ânes fassent attention à leurs fesses, car ils seront les nouvelles proies .

Niels Labuzan nous offre là un roman qui explique bien les tenants et aboutissants de ce trafic et le règne universel de l'argent au mépris de toute considération pour la vie, qu'elle soit humaine ou animale.
Certes on voit bien que la lutte est présente, mais peu efficace.

C'est très instructif, assez décourageant, et cela aurait mérité 5 étoiles si quelques tournures maladroites ne m'avaient posé problème à la lecture.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Aidé d'une solide documentation et d'un séjour au Botswana, Niels Labuzan part sur les traces des braconniers et trafiquants d'ivoire et nous propose une réflexion sur la place des animaux sauvages sous la forme d'un thriller. Passionnant!

Ce qui frappe d'abord en lisant «Ivoire», c'est la somme d'informations – qui font souvent froid dans le dos – que l'auteur a rassemblé. Comme le rappelle le Monde, Niels Labuzan a passé des mois à rechercher et trier la documentation avant de se rendre au Botswana, en avril 2017: «Il a étudié les enquêtes d'Interpol sur le trafic d'ivoire et compulsé des articles sur les massacres d'éléphants commis au Cameroun ou au Congo par des janjawids, les sinistres miliciens soudanais, échappés du Darfour.»
Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est bien davantage un roman d'aventures, un thriller qu'une thèse sur le trafic d'ivoire qu'il nous propose. Dans les somptueux paysages de l'Afrique encore sauvage, une course contre la montre est lancée pour préserver une faune de plus en plus menacée. Si l'éléphant figure en début de cette terrible liste, c'est qu'il voit tout à la fois son milieu naturel subir les assauts de l'homme et du climat et les braconniers les abattre à une cadence infernale. La Tanzanie a perdu 60% de ses éléphants en cinq ans, le Mozambique presque 50%. le delta de l'Okavango peut sembler un sanctuaire, mais la menace se fait de plus en plus forte et visible. Face à une organisation mafieuse bien structurée, bien équipée et qui génère des milliers de dollars de bénéfices les rangers font ce qu'ils peuvent. Un soutien leur est apporté par Erin, une Française bien décidée à contrecarrer les trafiquants en traçant une carte des routes de l'ivoire. «Ça l'avait occupée pendant des années, avoir une vision claire du trafic, de la complexité de ces échanges globalisés. Elle était certaine de pouvoir exposer la manière dont la marchandise quittait le territoire africain et était acheminée à travers le monde. Elle avait réfléchi à la façon dont elle pourrait infiltrer un réseau de contrebande.»
Au moment où s'ouvre à Kasane une conférence chargée de faire le point sur les mesures prises au niveau international, on apprend que trente cadavres d'éléphants ont été retrouvés en RDC. le secrétaire permanent Felix Masilo décide alors d'envoyer Seretse, au service du gouvernement du Botswana, pour une mission délicate: intégrer des défenses équipées d'un traceur dans un chargement de défenses d'un réseau de contrebande.
Arrêtons-nous du reste sur les acteurs de ce trafic qui réservent aussi quelques surprises, comme par exemple le fait qu'une femme soit à leur tête. Yang, une Chinoise qui avait «eu l'occasion de faire passer deux défenses braconnées en Chine, pour un couple de touristes, gagnant en un aller-retour ce qu'elle gagnait en un mois comme traductrice» et qui en une quinzaine d'années avait monté un réseau florissant car 70% de l'ivoire des éléphants tués en Afrique partent en Chine.
Celui qui est familier des règles de ce milieu est Bojosi. Aujourd'hui garde d'un territoire qu'il connaît parfaitement, il a été braconnier et se fait fort d'infiltrer leur milieu. Une opération risquée à l'issue des plus incertaines.
Niels Labuzan réussit parfaitement à nous sensibiliser à cette question en nous menant au coeur de cette opération, en nous faisant découvrir des tonnes d'ivoire, en nous expliquant les enjeux politiques et économiques de ce marché et en nous offrant un épilogue aussi dramatique que spectaculaire.

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Ma première lecture de cette nouvelle session des 68 premières Fois, Ivoire de Niels Labuzan, un roman qui nous parle de l'extinction de la faune sauvage et plus particulièrement des éléphants d'Afrique et du trafic autour de leurs défenses.

Nous sommes tous conscients du péril encouru par de nombreuses espèces animales ; nous avons tous entendu parler du braconnage, des chasses organisées pour les touristes fortunés et du commerce illégal de l'ivoire ou encore de la corne de rhinocéros… Oui, mais c'est loin ; cela concerne l'Afrique et il y a comme un décalage entre la prise de conscience et le fait de se sentir personnellement concerné.
C'est un peu le propos de ce roman : nous plonger dans la réalité de la lutte pour la préservation des éléphants du Bostwana. Nies Labuzan met entre nos mains un roman d'aventure mais aussi un essai romancé sur l'action des hommes sur le monde sauvage entre motivations mercantiles, enjeux divers et variés et grands idéaux.
Le titre donne le ton : l'éléphant a perdu son identité animale, sa prestance et sa place dans la faune sauvage, réduit à la substance de ses défenses et au profit que l'on peut en tirer, ramené à une partie de son corps. On appelle cet effet de style une synecdoque.

D'abord, j'ai pris une carte de l'Afrique centrale et australe sous les yeux pour bien repérer les territoires car il est évident que Niels Labuzan nous propose un vrai dépaysement et que les lieux ont une grande importance dans le récit ; les zones et les surfaces à couvrir, à surveiller, à parcourir, à prendre en compte dans tous les sens prennent ainsi forme et surtout ampleur.
Les personnages viennent d'horizon différents, d'Afrique, d'Europe et d'Asie ; ils appartiennent aux types de protagonistes des romans d'aventures, trafiquants sans scrupules, braconniers, rangers, défenseurs de l'environnement, fonctionnaires zélés ou corruptibles... Pris individuellement, leur parcours explique et motive leurs actes quel que soit le camp où il se trouve, même quand ils en changent ; ils ont chacun leur part de mystère, leurs zones d'ombre et de lumière et l'auteur a travaillé leur psychologie au-delà de leur simple rôle ou place dans le trafic à démanteler ; il est question de couples, de familles, de relations mère-fils…
L'écriture est fluide et agréable, aérée et efficace, à la fois didactique et pleine de suspense. Niels Labuzan sait manifestement de quoi il parle : sa fiction est construite sur du solide, du vérifiable et du vraisemblable. On dévore facilement les 350 pages, pris dans l'action, savourant le stratagème mis en oeuvre pour remonter la filière.
Le dénouement est complexe : les héros ont fait leurs choix, pas forcément ceux qui paraissaient les plus en phase avec ce qu'ils étaient. le roman a une fin mais les choses continuent… Niels Labuzan nous a placé au coeur de l'action pour nous montrer de près l'un des travers de notre époque et c'est superbement réussi.

Un bon livre sur un thème d'actualité.
Une approche intéressante et originale.
Le premier roman de Niels Labuzan, Cartographie de l'oubli, me tente bien, toujours sur l'Afrique et la problématique coloniale.
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Au Botswana, du delta de l'Okavango à la rivière Chobe, les animaux, et en particulier les éléphants, ont trouvé un refuge : des hommes veillent nuit et jour pour préserver la vie sauvage. C'est là que le combat a été engagé avec la plus grande volonté contre le braconnage. Les personnages de ce roman sont tous partie prenante d'une guerre bien particulière qui se joue en Afrique mais qui nous concerne tous. Douaniers, rangers, militaires, éleveurs, civils, braconniers… ils tuent ou protègent, vivent au milieu de ces paysages grandioses, entourés de ces animaux qui ont pu conserver leur liberté et leur dignité. Tous connaissent le prix de ces vies, savent ce que certains hommes sont capables de faire pour de l'ivoire ou une peau. Parmi eux il y a Seretse, qui travaille pour le gouvernement du Botswana, Erin, qui a quitté la France pour vivre dans une réserve et Bojosi, un ancien braconnier reconverti en garde. Ils n'idéalisent pas la nature, ne la sacralisent pas, ils y vivent, la protègent et pourraient y mourir.
Un superbe roman qui ne m'a pas laissé indifférente. le thème du braconnage est difficile c'est un monde tribal. C'est pourquoi j'ai trouvé cette histoire émouvante et terrible à la fois. On s'attache aux différents personnages. Un récit qui créé un lien entre les hommes et les animaux. Ceux qui les protègent et ceux qui les tuent.
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Lire « Ivoire » c'est accepter de se retrouver face à des horreurs, des animaux massacrés, des rangers agressés, des braconniers sans scrupules, des acheteurs asiatiques âpres au gain, des parvenus chinois qui veulent exposer leur défense sculptée, signe de réussite. Mais c'est aussi faire la rencontre de gens motivés par la survie des espèces, prêts à y sacrifier leur temps, leur vie privée, leur santé. Enfin, c'est aussi approcher les organes internationaux, les hommes politiques, pas toujours intègres, qui participent de ce combat.

C'est le cas de Erin, jeune chercheuse britannique affectée au Muséum d'Histoire naturelle de Paris qui, avec son compagnon Simon, met en oeuvre un stratagème pour piéger les braconniers et trafiquants d'ivoire. Il s'agit de discrètement inclure deux défenses porteuses de traceurs pour suivre leurs déplacements et confondre les trafiquants.

Au Botswana, Bojosi, ranger après avoir braconné lui-même, Eretse, secrétaire permanent auprès du ministre, convaincu mais handicapé par le comportement délictueux de ses frères, les Africains sont partie prenante de cette lutte.
L'auteur nous entraîne au Botswana où les éléphants sont encore nombreux, au Zimbabwé, très impliqué dans le trafic et déjà vidé de ses pachydermes.

C'est à la fois un roman d'aventures, très bien illustré quant à la flore et à la faune tropicales, un thriller, un roman engagé, un roman bien écrit.

On ne peut s'empêcher cependant, malgré toutes nos convictions écologiques, de réfléchir sur le sort réservé aux habitants de ces pays, chaque jour concernés par le manque, l'insuffisance de ressources, l'absence d'espoir de progression. Ils nous est facile de les condamner, nous, bien installés dans notre confort occidental...
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Si vous voulez vous faire une idée exacte du trafic de l'ivoire entre l'Afrique et l'Asie ne ratez pas ce roman. L'évocation des paysages africains, m'ont entraînée vers un ailleurs qui me sortait agréablement de la grisaille bretonne. Mais bien loin des notes exotiques habituelles, nous sommes face à la réalité africaines : cette jeune Anglaise Erin, veut absolument arrêter le trafic de l'ivoire qui tue les éléphants africains. Oui mais, qui est-elle pour empêcher des hommes pauvres de vivre de ce qui leur rapporte un peu d'argent ? Que peut-elle contre les corrompus à qui ce trafic rapporte tant ? Et que faire face aux traditions qui pensent que les cornes des rhinocéros sont plus efficaces que le viagra ?

Est-ce un combat perdu d'avance ? En tout cas, la lutte semble tellement inégale, d'autant plus que, même si le trafic s'arrêtait, l'inexorable progrès et l'accroissement de la population africaine met en grand péril la faune sauvage.
Tous les aspects sont bien traités dans le roman, ce qui rend la lecture un peu laborieuse parfois, mais on ne peut pas reprocher à l'auteur d'être trop sérieux.

L'intrigue est bien construite, Erin a décidé de tracer les défenses d'éléphant pour frapper un grand coup contre la contrebande d'ivoire, elle sera aidée par un ranger qui connaît bien les habitudes des braconniers qu'il a été lui-même autrefois et un membre du gouvernement du Bostwana, cela nous permet un tableau assez complet de la population africaine impliquée dans ou contre le trafic de l'ivoire.

Je me demande toujours comment nous, les Européens, nous pouvons donner des leçons à l'Afrique, nous qui avons éradiqué tous, ou presque tous, les animaux sauvages qui peuplaient nos régions.
Lien : http://luocine.fr/?p=10302
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Niels Labuzan signe un magnifique livre aux mots fort dont l'urgence est à l'échelle de la cruauté humaine en matière de biodiversité et d'environnement.
C'est un constat amer que dresse l'auteur sur fond de récit (à peine) romancé mais le ton est donné pour mettre en avant une réalité poignante, celle du commerce de l'ivoire et du massacre d'éléphants.

Cette plongée au coeur de la rivière Chobe, dans ce repère pour animaux sauvage, m'a beaucoup émue et je suis admirative de ces belles personnes qui se battent pour protéger les espèces qui peuplent notre Terre. Certains humains ne comprennent pas l'urgence à préserver ce qui nous entoure et qui fait pourtant la véritable richesse de ce monde.

Le problème vient de la demande malheureuse des Occidentaux d'une part pour des objets « d'art » de plus en plus contrôlé mais toujours en circulation et d'autre part du continent Asiatique qui continue à alimenter le trafic. Ce trafic dont les acteurs sont redoutables par leur ingéniosité déplorable pour contourner les règles mais qui sont aussi souvent protégés par les instances gouvernementales.
On note cependant des avancées encourageantes, outre les mesures de préservation des ONG, les autorités chinoises viennent de démanteler un réseau international grâce à la saisie de 2750 défenses d'éléphantes, cela correspond à 7,5 tonnes (actualité du 19 avril 2019). Pékin renforce sa lutte contre ce commerce devenu illégal à l'intérieur de ses frontières et c'est une bonne chose même si en Chine par exemple l'ivoire demeure un signe extérieur de richesse. 

Lorsque l'on a rencontré ces grands mammifères en vrai, cette réalité ne peut que frapper fort. Ce respect que ces animaux majestueux m'ont imposé lorsque je les ai découvert au Kenya il y a quelques années ne m'a plus quitté.

Avec ce livre, c'est un cri que lance Niels Labuzan de la plus belle des manières et il nous encourage à en prendre conscience et à agir pour ne pas perdre les beautés de notre environnement les unes après les autres.
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Niels Labuzan jeune auteur trentenaire aime poser ses valises en Afrique. Son premier roman Cartographie de l'oubli était consacré à l'histoire de la Namibie. Son second, Ivoire nous emmène au Botswana plus précisément, aux côtés des rangers engagés dans la préservation des espèces sauvages et de leurs territoires.

Au Botswana, du delta de l'Okavango à la rivière Chobe, les animaux, et en particulier les éléphants, ont trouvé un refuge : des hommes veillent nuit et jour pour préserver la vie sauvage. Douaniers, rangers, militaires, éleveurs, civils, braconniers… ils tuent ou protègent, vivent au milieu de ces paysages grandioses, entourés de ces animaux qui ont pu conserver leur liberté et leur dignité. Tous connaissent le prix de ces vies, savent ce que certains hommes sont capables de faire pour de l'ivoire ou une peau. Parmi eux il y a Seretse, qui travaille pour le gouvernement du Botswana, Erin, qui a quitté la France pour vivre dans une réserve et Bojosi, un ancien braconnier reconverti en garde. Ils n'idéalisent pas la nature, ne la sacralisent pas, ils y vivent, la protègent et pourraient y mourir.

Préoccupé par la préservation des territoires et des animaux sauvages, et avant de se rendre au Botswana, Niels Labuzan lui a consacré des mois de recherche. Il a étudié les ­enquêtes d'Interpol sur le trafic d'ivoire et compulsé des articles sur les massacres d'éléphants commis au Cameroun ou au Congo par des janjawids, les sinistres miliciens soudanais, échappés du Darfour.
Les chiffres sont édifiants : au nombre de vingt millions sur le territoire africain avant l'époque coloniale européenne, les éléphants n'étaient plus qu'un million en 1970. À raison d'une centaine tués chaque jour en Afrique, ils ne seraient plus que trois cents à quatre cents mille aujourd'hui. Ce trafic alimente tant l'Asie que certains groupes terroristes africains.

À travers le parcours des personnages d'Ivoire dont celui d'Erin et de Bojosi, rangers isolés en guerre contre les braconniers, mais également la description d'une faune et d'une flore extraordinaires, Niels Labuzan a souhaité dénoncer ces cartels et rappeler que grâce aux initiatives prises au Botswana, qui a mis son armée et des unités d'élite au service de la lutte contre le braconnage et fait de son territoire un véritable sanctuaire pour les éléphants, il était possible d'endiguer ce phénomène ce, même si les réseaux restent opaques et qu'il est difficile d'avoir vue globale de ce trafic.

Ivoire aurait pu n'être qu'un plaidoyer destiné à lutter contre le trafic des défenses des éléphants, c'est finalement un roman engagé et très instructif mêlant aventure et action que Niels Labuzan nous propose. Son combat est servi par une écriture fluide.

Dès lors que nous ne voulons pas vivre dans un monde où les éléphants, les rhinocéros ou les lions ne seraient que des souvenirs, cette guerre, bien que se jouant sur un territoire éloigné, nous concerne tous. Ivoire nous sensibilise aux enjeux écologiques, économiques et politiques de celle-ci et surtout à l'urgence qu'il y a de l'endiguer.

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Pour moi, c'est une sorte de docu-fiction réussie sur la disparition des terres et de leur faune sauvage; braconnage que les interdits n'arrêtent pas. Un énorme trafic qui n'enrichit que les puissants; les petits gagne misère se retrouvent en prison; les personnages sont intéressants Erin quitte tout dans l'espoir de sauver les éléphants, se fait aider de Bojosi (braconnier converti ) et du représentant de l'état Seretse. Chacun risque sa vie ou son statut.
L'importance du trafic est assez déprimante; l'action est une goutte d'eau, un travail de colibri!
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