Précis de droit maritime, par Léon Lacour

Enserré dans sa jaquette noire marquée de quelques lettres dorées, ce petit ouvrage semblait se désespérer de ne jamais trouver acquéreur et le brocanteur qui, pour presque rien, me l'a cédé semblait presque soulagé.
Pourtant, à qui, avant moi, aurait décidé lui faire confiance, à qui aurait osé tourner ses pages et pénétrer ses secrets, il était certain que ce petit livre avait des confidences à faire.
Du second-maître fourrier, qui ne m'a jamais vraiment quitté ou de l'amateur de vieux livres, qui lui ne me quittera jamais, qui s'en ai saisi d'abord, qui l'a glissé dans sa poche, et qui l'a ouvert le premier ?
Ce petit livre est une mine.
Il ferait honneur à bien des commandants, bien des capitaines qui sont partis pour des courses lointaines.
Et qui, dans leur carré, debout, l'aurait glissé entre "Fortune de mer" et deux romans de Vercel.
Oui, mais voilà, aujourd'hui, c'est ma bibliothèque qui s'est enrichie à la fois d'un livre de marin, d'un ouvrage technique, d'un vieux livre et d'un manuel d'Histoire ...
C'est seulement au Moyen-Age qu'apparurent les premiers éléments du droit maritime.
Les deux principaux documents qui vont en former la base furent : "Les rôles d'Oléron" et "Le consulat de la mer" qui eurent, l'un dans le nord et l'autre au sud, une influence débordant largement du royaume.
La première codification moderne en fut la grande ordonnance sur la marine promulguée par Colbert en 1681 ...
Paru en 1928, ce petit précis, divisé en six parties, va traiter :
I des navires et de de leurs modes d'acquisition ...
II des personnes qui coopèrent à la navigation maritime ...
III des contrats auxquels donne lieu l'exploitation des navires, de l'affrètement et du contrat de passage ...
IV des accidents maritimes et de leurs conséquences légales ...
V des assurances maritimes ...
VI des moyens de crédit maritime, du prêt à la grosse aventure, des privilèges et de l'hypothèque maritimes ...
Mais qu'est-ce donc que le "prêt à la grosse aventure" ?
C'est un contrat qui dispense à l'emprunteur de rembourser une somme d'argent empruntée si les risques maritimes définis auparavant dans le contrat se sont réalisés, faisant ainsi disparaître le bénéfice de l'opération.
Mais si au contraire l'expédition se termine heureusement, l'emprunteur devra rembourser, en plus du capital, un intérêt très élevé qu'on appellera le "profit maritime".
Alors, prêts à prendre le large ? ...