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Quelle surprise que cette écriture ciselée pour raconter la défaite d'une amitié adolescente sacrifiée sur l'autel de l'antisémitisme.
Roman très actuel, bien que le récit se déroule dans les années 20, qui dérange et déconcerte : il anticipe les exactions du régime de Vichy et les tacites complicités de respectables notables, il véhicule des stéréotypes (la supériorité intellectuelle de la judéité engendrant la haine d'une société confrontée à sa médiocrité) et il s'achève sur un reniement. La chute est remarquable par sa parabole qui nous rappelle que la lâcheté est souvent le chemin le plus aisé à emprunter.
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Publié il y a tout juste 100 et une année, ce minuscule mais puissant roman est d'une troublante modernité.
L'amitié entre deux jeunes gens, le ravage de l'antisémitisme (déjà), l'exaltation de la sensibilité adolescente par de la très bonne littéraire portés une plume classique mais si élégante, voilà les ingrédients d'un roman à mettre entre toutes les mains. Lu hier, à lire aujourd'hui et demain, à faire lire et découvrir au plus grand nombre. Un bijou de justesse et de concision.
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Ce livre a 100 ans. C'est une réussite. Si l'antisémitisme est évidemment le thème central, De Lacretelle parvient à 'utiliser de façon inspirée pour mettre en scène, en peu de pages, plein de subtilités-facettes de l'humain. Essentiellement un camaïeu de ses limites : peureux, lâche, opportuniste, conformiste, faillible, grégaire, brutal, jaloux...
Mais il faut le lui pardonner à cet humain. Faire de son mieux.
100 après, je ferais encore lire ce livre à tous les jeunes lycéens. Il r.est.e inspirant. L'inverse d'une de ces briques assommantes que trop de professeurs infligent aux "chères têtes blondes".
Pour qu'un jour...

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Un court roman sur un jeune juif ,intelligent et doué pour les étude, persécuté par ses camarades, trouve un allié en la personne d'un jeune protestant qui se donne pour mission de le protéger contre les autres. Bien que ce roman ne fasse qu'une centaine de pages, plusieurs thèmes y sont abordés.
- La haine des juifs, le harcèlement et les brimades que subit Silbermann, la lâcheté des adultes.
- l'amitié entre deux enfants, même si je ne suis pas certaine que l'on puisse considérer cette relation, comme une véritable amitié. le narrateur remplit une mission et grâce à silbermann s'ouvre à la littérature et aux artsl, tandis que Silbermann trouve un oratoire et peut étaler sa culture, le narrateur étant le seul enfant qui lui témoigne de l'intérêt.
- L'amour des mots et des beaux textes.
Je trouve ce dernier thème, bien exploité. L'admiration de Silbermann envers les auteurs français est évoquée de telle manière, que l'on a l'impression de ressentir ce qu'il éprouve à la lecture des textes. L'enthousiasme de Silbermann pour les arts est tel, que le narrateur , lui même se découvre de l'attrait pour les livres.


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Un court roman publié voilà près de cent ans, en 1922. Et pourtant, quelle actualité dans ce texte!

Plusieurs thèmes sont abordés avec un grand talent : l'amitié d'abord, et à travers elle, la culture littéraire, puis l'antisémitisme, l'altruisme, la volonté du narrateur de remplir une mission en tentant de protéger son ami juif, développant une vénération sous laquelle on sent pourtant percer parfois un dégoût sous-jacent quant au physique de Silbermann, et puis les renoncements.

Deux personnalités, l'une très forte, celle de Silbermann, victime de la haine raciale, de la condescendance forcée des bien-pensants, l'autre bien plus faible, le narrateur, qui voudrait bien devenir un héros et qui reste une pâle figure.

Le jeune Silbermann est magnifique de lucidité, le narrateur voit chez lui de l'arrogance, se convainquant peut-être que celle-ci est dans les gênes de Silbermann, tandis que celui-ci est l'archétype de l'anti-héros aux yeux de ses collègues de classe.

Et puis les adultes, spécifiquement les enseignants et surtout les parents du narrateur, perdus dans un monde carriériste, au point d'être les acteurs du premier renoncement, qui leur vaudra une détestation éphémère de leur fils, le narrateur.

Le livre se termine sur une magnifique tirade de Silbermann sur le pourquoi de l'antisémitisme. L'auteur ne donne pas toutes les réponses mais en effleure quelques-unes.

Et pour conclure, un final superbe. le narrateur qui décrivait si bien "les deux paumes désarmées" de Silbermann, qu'il comparait à celles du Christ en croix, entendra-t-il le chant du coq lorsqu'il proférera, à la dernière page, l'ultime réplique?
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Le narrateur est un fils de la bourgeoisie parisienne protestante. A la rentrée de la classe de 3° il fait la connaissance de Silbermann, un condisciple juif. le roman a été écrit en 1922 et l'histoire pourrait bien se dérouler en 1905, semble-t-il, puisqu'il y a des allusions à une loi qui ressemble fort à la séparation des Eglises et de l'Etat. Silbermann est un élève précoce -il est passé directement de la 5° à la 3° et est néanmoins le premier de la classe. Je pense qu'aujourd'hui on se poserait la question de savoir s'il n'y a pas également un trouble du spectre autistique. le narrateur est vite conquis par ce camarade. C'est une étrange amitié qui se noue là avec un narrateur très admiratif de l'intelligence de son ami et qui en même temps se fait un devoir de le protéger contre les attaques antisémites d'élèves et de professeurs du lycée. Il y a une recherche d'absolu chez ce garçon dont un oncle missionnaire est mort jeune et qui s'identifie à ce martyr qu'il n'a pas connu. Quant à Silbermann, une fois qu'il est lancé sur son dada -la littérature- il peut discourir longtemps sans se soucier des réactions de son interlocuteur et le résultat est qu'il ne suscite guère la sympathie.

Face à ses parents qui reprouvent cette amitié le narrateur s'autonomise et la vénération aveugle qu'il avait pour eux fait place à un regard critique sur tous leurs actes : "J'avais souvent comparé la conduite de mes parents et le système de leurs actes à ces tapisseries au canevas que ma mère brodait avec régularité et patience durant nos veillées. Et maintenant, il me semblait découvrir l'envers de l'ouvrage ; derrières les lignes symétriques et les beaux ornements aux tons francs, j'apercevais les fils embrouillés, les noeuds, les mauvais points". Après une crise violente il commence à voir en eux des êtres humains avec leurs points faibles et leurs qualités.

Le propos de ce roman est clairement de prendre position contre un antisémitisme qui apparaît très présent à l'époque, notamment dans la bourgeoisie catholique. Il y a une ligue nationaliste, Les Français de France, prête à casser du Juif à la moindre occasion. Remplaçons Juif par Arabe ou musulman et certaines idées deviennent très contemporaines particulièrement quand il est question de la possibilité, ou non, des Juifs de s'intégrer à la société française.

J'ai souvent pensé à L'ami retrouvé en lisant ce roman et j'ai apprécié cette lecture. C'est bien écrit et j'ai trouvé l'étude psychologique des personnages convaincante, particulièrement en ce qui concerne les relations entre le jeune narrateur et ses parents. J'ai trouvé la chute très dérangeante.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ayant pris ce livre au hasard et comme je n'en avais jamais entendu parler auparavant, je ne savais pas à quoi m'attendre en le lisant.
Dès les premières pages, j'ai toute de suite été charmé par la plume de l'auteur qui m'a fait penser à celle de Bernard Clavel et à celle de Marcel Pagnol dans la manière de décrire des émotions, des décors etc...
Le narrateur dont on ne connaît pas son nom, est très attachant et nous fait apprécier de suite Silbermann, un Juif qui a des convictions, qui est également très intelligent et dont j'ai aimé particulièrement son intérêt pour la littérature. du coup, tout comme le narrateur, j'ai été révolté par cette méchanceté "gratuite" envers Silbermann et c'est ainsi que le lecteur prend conscience des injures entre autres qu'on subit les juifs.
Maintenant, au niveau de l'amitié qui unie le narrateur et Silbermann elle est très belle : le premier s'est donné la mission de protéger Silbermann quoiqu'il arrive jusqu'à couper les liens avec son plus proche ami Philippe Robin et pour cause, ce dernier avec son oncle ont l'idée de faire une campagne contre les Juifs.
Pour terminer, même si j'ai apprécié ce récit, j'ai vraiment été déçu par la toute fin car j'appréciais vraiment l'ambition et la vision de voir les choses du narrateur et là, à la dernière page, par facilité il fait d'autres choix.

Lien : https://les-breves-de-celine..
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Ce livre publié en 1922 est révélateur d'une époque ou l'antisémitisme parait banal à travers le harcèlement d'un jeune lycéen. Rejet des camarades , des professeurs qui jugent Silberman trop intelligent, trop arrogant mais aussi une belle amitié avec Jacques le jeune narrateur.
La fin du livre est cruelle et cynique et annonciatrice de toute l'horreur des années à venir.
Une belle écriture.
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Mon fils ayant ce livre a lire pour le lycée, j'ai décidé de le lire afin de connaître cet auteur.
En ces périodes difficiles, je me rend compte que ce livre ne change pas les avis des personnes sur les religions. Ce qui est bien dommage, surtout après ce qu'on vécu les juifs pendant la seconde guerre mondiale. C'est un bouquin bouleversant sur la condition des juifs et j'espère que ça va ouvrir les yeux des lycéens qui vont avoir a lire ce livre
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J'ai étudié ce texte au collège, je ne sais plus en quelle année car j'ai eu le même prof de français trois années de suite. Je n'ai aucun souvenir de l'étude que nous en avions faite, mais je me souviens du malaise que j'avais ressenti à la lecture de ce livre. J'ai rapatrié il y a quelques mois les livres qui me restaient chez mes parents, et depuis je tergiverse sur une possible relecture de ce Silbermann. Depuis ce week-end, c'est chose faite, et j'ai ressenti le même malaise qu'à l'époque. Je suis en fait effarée de me dire que ce livre nous a été proposé par un prof que pourtant j'estime beaucoup.

Silberman, jeune lycéen du début du XXème siècle dans un établissement parisien huppé est un élève brillant et qui aime briller. Il se retrouve très vite aux brimades de plus en plus vachardes de ses camarades du fait de sa judaïté. le narrateur, qui lui n'est jamais nommé, est un camarade de classe qui prend fait et cause pour Silberman. Vu comme cela, ce livre est une dénonciation de l'antisémitisme qui s'épanouit alors dans la société française, et c'est bien ce qu'il est et ce qui lui a valu le prix fémina l'année de sa publication, en 1922,
Mais il n'y a pas que cela. Silberman, avec sa manie de se mettre en avant, de systématiquement chercher à briller, est finalement assez antipathique. Impossible de s'attacher à lui. Vous me direz, une personne n'a pas besoin d'être sympathique pour mériter que l'on ne fasse pas preuve de racisme à son égard. C'est tout à fait vrai, mais si l'on fait de ces caractéristiques des traits de sa judaïté, que l'on ajoute à cela tous les traits physiques que l'on associe aux juifs, cela en devient malsain. On ne doit pas être antisémite parce que ce n'est pas bien, mais en même temps, les traits physiques et comportementaux prêtés sont loin d'être positifs et justifient presque qu'on les prenne en grippe.
C'est cette ambivalence du propos, que l'on retrouve aussi dans le caractère exalté du narrateur, qui n'est expliqué que par son statut de protestant, nécessairement très sensible aux questions d'honneur et de sacrifice, qui m'a dérangé et me dérange encore.

Avec une grille de lecture moderne, qui ne pouvait être celle des lecteurs de l'époque, j'ai la sensation que ce livre est une belle illustration de la notion de « racisme ordinaire ». Jacques de Lacretelle dénonce l'antisémitisme et il ne fait de manière convaincante, mais dans le même temps, il continue à associer des traits de caractère ou des traits physiques à un groupe donné, les renvoyant à leur appartenance à ce groupe (religieux ou culturel ici) avant de leur reconnaître une personnalité propre. Et c'est cela, je crois, qui définit ce racisme ordinaire qui peut être le fait de personnes se disant et se croyant non racistes. En furetant sur internet, j'ai vu que Jacques de Lacretelle, qu'on ne peut certes pas qualifier d'antisémite, était sensible aux thèses de Gobineau, ce qui me fait penser que mon analyse n'est pas complètement infondée.
Finalement, Silberman est un livre que je ne recommanderais probablement pas (et certainement pas pour être étudié dans les écoles), mais je suis contente d'en avoir fait cette deuxième lecture qui m'a permis, avec mon regard d'adulte, de mieux comprendre ce qui s'y joue et ce qui me dérangeait déjà il y a presque trente ans.
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