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3,78

sur 79 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est d'abord l'histoire d'un drame écologique, celui de la mer d'Aral qui, depuis les années 60 du siècle dernier, s'atrophie et se vide peu à peu de toute vie. Dans ces années-là en effet, les autorités décidèrent de détourner le cours des fleuves Syr-Daria et Amou-Daria pour intensifier l'irrigation des champs de coton. Une décision tragique qui entraîna assèchement, pollution, conséquences économiques et humaines désastreuses.
Ce livre parle aussi de l'histoire d'amour entre Alexeï, le narrateur, et Zana, son amie d'enfance, dont le lien affectif se construisit autour de ce paysage et qui, à l'instar de cette mer qui recule, va lui aussi s'étioler.
Deux histoires habilement mêlées, auxquelles s'invite un autre protagoniste subtilement introduit par l'autrice pour le placer au coeur même de ce livre: la musique. Car Alexeï est musicien, mais pour quel avenir, lui qui, souffrant de surdité depuis l'âge de 10 ans, n'entend que les vibrations de son violoncelle ?
Ce roman "n'impose pas" une histoire, il suggère toutes les possibilités qu'une vie pourrait malgré tout offrir, et, en mêlant toujours la réalité et le rêve, Cécile Ladjali apporte à l'intrigue une note d'espoir.
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Quel magnifique roman qui se passe au bord de l'Aral. Je pensais lire un roman d'amour, une histoire impossible. Mais en fait il ne parle d'amour que dans le premier tiers. Ensuite j'ai pensé lire une quête initiatique, un alchimiste oriental, mais ce n'était pas cela non plus. Enfin, il y avait aussi de la fable écologique, et du roman de l'intime et des secrets de famille. C'était un peu tout cela à la fois et je suis très contente de l'avoir découvert. de plus, cela m'a sensibilisé à ce qui se passe au bord de l'Aral et à la catastrophe écologique réelle dont j'ignorais tout qui a inspiré ce roman. Je regrette un peu la fin et quelques longueurs, mais le tout était bien écrit.
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Chronique d'une mort programmée, celle de la "mer " d'Aral, dont les deux fleuves qui l'alimentaient ont été détournés par les russes pour irriguer leurs champs de coton.
Exemple flagrant et consternant d'un désastre écologique significatif, une évocation puissante portée par une écriture poétique, charnelle, fouillée ( trop par moments) d'une auteure que je découvrais.

Nous assistons à l'amour naissant de deux adolescents, dans cette région du Kazakhstan, puis progressivement et parallèlement, au délitement de leur environnement, (provoqué par des "impératifs" économiques), et de leurs relations contaminées par la jalousie.
Un texte d'une beauté sombre mais un milieu de roman pesant, où tout part à vau-l'eau et où ça vous poisse en dedans.

Un roman "feel-bad", alimenté par des faits réels qu'il faut connaître, et loin d'une lecture d'été, surtout par temps caniculaire !
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Très beau roman. L'écriture de Cécile Ladjali y est poétique et sensuelle. Ce qu'il reste de la mer d'Aral, ses parfums, ses couleurs, la lumière, le souffle du vent, tout y décrit avec simplicité et maîtrise. Les thèmes de l'enfance, du désir, du rêve, de la création mais aussi de l'épreuve, de la séparation, de l'isolement, de la maladie sont empreints de lucidité mais aussi de pudeur.
Il y a chez Cécile Ladjali une forme de bienveillance, de sollicitude envers ses personnages. Tout ou presque vient les opposer mais l'écriture autant que l'intrigue renoue entre eux un lien jamais rompu. On sort de la lecture de ce roman comblé, serein.
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Magnifique livre que nous livre ici Cécile Ladjali, aux confins du Kazakhstan, au bord de la mer d'Aral agonisante.

Alexeï et Zena s'aiment depuis l'enfance. Dans leur village de Nadezjda, ils observent la mer se retirer lentement à cause du détournement de ses affluents par les communistes. Alexeï est sourd mais un musicien hors pair. Il compose, sur son violoncelle, pour Zena, l'Aral et pour la huitième note, celle qu'il cherche à travers les vibrations de son corps...

Autour de sujets tels que la création, le silence, la solitude, la nature mais l'amour aussi, Cécile Ladjali nous embarque pour un voyage au coeur du monde, celui de l'Aral, mais aussi au sein du monde particulier d'Alexeï et de sa quête personnelle.
Le style est incroyable d'intensité, et ne s'adresse pas à tous les lecteurs. Assez exigeant en effet, il ne s'agit pas de lecture "facile", mais qui donne à réfléchir et surtout qui plonge dans une ambiance très particulière. On s'y croirait, au bord de l'Aral, à regarder la mer disparaître petit à petit, bercés par le violoncelle d'Alexeï, à la fois douce et lancinante, angoissante et apaisante, vibrante.
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J'ai aimé. Beaucoup. Je dois avouer ce n'est pas le genre de littérature que je lis habituellement, et cela m'a fait du bien du coup de changer d'univers.
L'émotion est omniprésente, elle fait mal, elle réconforte, elle tranche avec l'univers floconneux de cette mer disparue. Disparue comme un passé qu'on recompose au long du récit.
Si le passé est par bribes l'avenir est incertain, presque maudit et les sentiments si forts des deux protagonistes disparaissent comme la mer disparut auparavant, Alexeï devient sec, vidé dans un silence assourdissant au propre comme au figuré.
Le style est agréable, il est poétique mais laisse la place à notre imagination, il est aussi rigoureux qu'il est esthétique, on ressent un vrai travail fait autour de chaque phrase, une très grande rigueur pour préserver un rythme continu.
Ce récit a la qualité rare désormais de savoir lier et de mettre en parallèle, les descriptions des paysages ainsi que les descriptions des personnalités.
Le seul petit bémol mais vraiment pour faire l'exigeant, le changement de personne ( passage de la 1ère à la 2e et de la 2e à la 3e) avec des fois un décalage, cela aide à bien ressentir la surdité d'Alexeï mais cela peut désarçonner au début. Une belle découverte et une belle réussite littéraire assurément qui m'a en plus appris des choses sur cette région que je connaissais mal.
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Au bord de la mer d'Aral mourante, une étrange fable de l'art et de la jalousie.

Le sixième roman de Cécile Ladjali, à paraître en janvier 2012, confirme tout le bien que l'on peut penser de l'auteur, et permet de mesurer le chemin parcouru depuis "Les souffleurs" en 2004.

Débarrassée des maniérismes abusifs qui encombraient au début son écriture, elle nous livre ici une fable moderne de la jalousie, du désenchantement et de la survie, incarnée en un jeune violoncelliste et compositeur russe, prodige et devenu sourd très tôt, dont la vie accompagne le reflux de la mer d'Aral dans les années 1980-1990, mer morte de détournements fluviaux incontrôlés, et son lent retour ensuite... Son mariage avec son amie d'enfance, sa terrible jalousie, sa séparation, ses errances jusqu'à trouver une voie, originale et forte, rythment une histoire poignante, mais pourtant traitée avec un certain humour détaché.

"Composer ? Pourquoi ? Pour qui ? Rentrer en moi. Avoir moins mal. L'Aral m'a ordonné d'être un meurtrier et de faire le mal pour rêver au bien. Je dois être en dehors de la nature, puisqu'elle n'est qu'une pute, la grande dame qui se débine et qui tue les enfants ou les défigure. Entrer en moi, achever cette oeuvre et la livrer aux bandits d'Almaty qui ensuite feront sauter l'univers. À l'occasion je me ferai adopter par une famille de meurtriers qui butent les salauds. Ceux qui privent l'hôpital de drogues et de remèdes. Ceux qui nous laissent crever avec leur blocus. À nous de décider de nos existences et pour cela n'importe quel moyen sera le bon."
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Belle écriture, toute en finesse, pour une belle histoire d'amour.
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un récit prenant dans une atmosphère lourde ...
une mer d'Aral qui disparait et qui revient comme l'amour passionné entre Alexeï et Zena ; la musique omniprésente et d'autant plus perceptible qu'Alexeï devient sourd; les horreurs environnementales de l'ex Empire soviétique et ses conséquences désastreuses dans la population ...
Un roman intime qui touche au plus profond de nous-même .
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C'est dans un paysage apocalyptique au Kazakhstan, là où disparait peu à peu la mer d'Aral, que se déroule le roman de Cécile Ladjali.
Roman de destructions, destruction de l'homme par l'homme sous pretexte de recherches bactériologiques, destruction de perception pour Alexeï atteint de surdité à 10 ans, destruction par la jalousie de l'amour entre Alexeï et Zena...
Pourtant, tout au long de ces pages, se dégage une multitude de sensations allant de la beauté à l'effroi pour revenir à la beauté...
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