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Que peut-il se passer lorsque Léo, jeune homme illettré, rencontre sa voisine Sybille, infirmière sensible aux livres et à la littérature ?
L'élan joyeux initial s'arrête brutalement tant son handicap devient une entrave à toute relation amoureuse. Que lui reste-t-il ? Apprendre à lire et ainsi dévoiler ses manques et sa fragilité ? S'embourber dans sa situation, trahir sa grand-mère analphabète et fuir la société ? Est-ce un rêve ou un combat perdu d'avance ?
La plume limpide, brillante, parfois sophistiquée, de Cécile Ladjali exprime avec une juste distance les tourments du jeune homme pris entre deux tensions contradictoires, tout en décrivant précisément les mécanismes qui l'ont mené à la marge de la société. le parcours singulier de Léo illustre autant l'illettrisme que la difficulté à la surmonter, particulièrement dans un monde où l'écrit est omniprésent et survalorisé. Ce roman empathique mais revigorant tient à la fois du plaidoyer en faveur de l'apprentissage de la lecture et d'une étude pointue sur ses failles aux conséquences dramatiques.
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Léo est jeune,beau il travaille à la chaîne dans une imprimerie.
Il occupe un petit studio en banlieue et cache un terrible secret:il ne sait pas lire.
Un infirmière qui le soigne suite à un accident va découvrir ses lacunes.
Cécile Ladjali est professeur de lettres,son écriture poétique nous retrace le parcours d'un gosse laissé pour compte par le milieu éducatif.
Ce secret le dévore ,le couvre de honte,l'éloigne des autres,il use de stratégies de dissimulations qui l'angoisse.
Histoire poignante sur ce terrible handicap qu'est illettrisme.
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L'auteur qui est professeur de lettres traite dans son 9è roman d'un sujet qui lui tient à coeur : les mots. Ceux que Léo ne sait plus ni lire ni écrire et que sa voisine Sybille, va tenter de lui faire réapprendre. le propos est de relater les dégâts psychologiques que ce handicap génère que le jeune homme. J'ai souffert tout au long du texte pour lui à qui rien n'est épargné, entre les parents disparus sans un mot, la grand-mère analphabète, la solitude, la perte de l'amour de sa vie. Je n'ai pu m'y identifier, of course ! mais le peut-on vraiment quand on a accès à la lecture soi-même. L'auteur a une plume particulière, un peu trop "chic" pour le sujet traité peut-être.

Un vibrant appel pour attirer l'attention sur ce fléau qui touche 7 % de personnes en France, dont 51 % travaillent. Une raison de plus pour vous recommander cette lecture qui n'est pas un coup de coeur, mais une lecture "utile" pour parler de cette cause.

Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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J'ai découvert cette auteure par ce roman. J'ai eu envie de le lire après avoir vu Cécile Ladjali en parler dans "La Grande Librairie".

Le sujet de l'illettrisme, des difficultés que cela comporte est remarquablement traité par l'écrivain. le personnage de Léo m'a énormément touché, ainsi que la relation qu'il entretient avec sa grand-mère notamment. Cette dernière est un des personnages qui me marquera le plus, avec celui de Madame Ancelme, la concierge. On trouve effectivement beaucoup de poésie dans l'écriture, ce qui m'a particulièrement plu.

La fin est effectivement plutôt terrible, pessimiste. La dernière phrase est en tout cas puissante.

Une lecture qui me marquera et qui donne envie de découvrir les autres textes de cette auteure.
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Léo ne peut pas « lire un courrier, lire les pancartes à l'usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleur compresseur, (..), faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (rien que le problèmes des nombres à virgule cette fois (…), lire le nom des stations de métro, lire le nom des rues, (..)» et la liste continue.
A vingt ans, il est illettré. de sa cité à la porte de Saint-Ouen pour se rendre à l'imprimerie où il travaille, il connaît par coeur le chemin. Il a eu une enfance chaotique : ses parents ont disparu alors qu'il avait six ans, sa grand-mère analphabète aimante, protectrice a pris le relais et l'a maintenu dans l'ignorance. Grâce sa mémoire auditive, cet enfant calme a pu passer d'une classe à l'autre mais au collège, tout est devenu trop compliqué. Impossible de faire comme si. Déscolarisé à treize ans (l'école de la République a fermé les yeux) puis le travail à seize ans.
Peu à peu, les mots se sont effacés pour devenir des barrières infranchissables. A cause de son handicap qui ne se voit pas, il en a acquis un autre à l'usine : deux doigts amputés. Sibylle l'infirmière venue le soigner a compris la honte profonde de Léo et l'aide en lui donnant des cours. Il peuple ses nuits, elle est en amoureuse. Léo veut réapprendre ce que sa mémoire a enfoui dans un coin mais il y a la peur « l'intuition soudaine que mémoire et conscience de soi dépendent en grande partie de la capacité qu'ont les gens à dire et à écrire qui ils sont lui flanque le vertige ». Epris de Sibylle, il aimerait tant lui écrire et il entame des cours pour adultes.
On pourrait imaginer une belle suite et un Léo fier de sa réussite. Il n'en sera rien.

Quand je lis, plusieurs paramètres entrent en compte. J'ai été touchée par la personnalité Léo : sa sensibilité, sa bienveillance et également par des passages absolument magnifiques car l'écriture de Cécile Ladajli est poétique. Mais il y aussi l'histoire et sa crédibilité ( je ne pense pas qu'à l'heure actuelle un enfant puisse entrer au collège sans certaines bases). de plus, j'ai eu l'impression que l'auteure alourdissait vraiment de trop le parcours de Léo. Un roman assez sombre, une fin affreusement horrible et un avis mitigé.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Beaucoup d'incohérences dans ce roman où Léo censé avoir une très bonne mémoire perd l'usage des mots et de la lecture en l'espace de 3 ou 4 ans.
Sur un sujet délicat et émouvant, l'auteur s'empêtre dans un style verbeux qui impatiente le lecteur.
Décevant !
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Tout le monde aura compris de quoi parle ce livre, et tout le monde aura compris que c'est un beau thème tragique et méconnu. Je ne reviendrai donc pas sur le parcours de Léo, illettré. (Malgré les années passées sur les bancs de l'école, malgré son excellente mémoire, malgré son assiduité en classe malgré son désir de bien faire, malgré son travail dans une imprimerie: il s'agit de bien comprendre que l'illettrisme peut être vu comme une sorte de fatalité qui n'arrive pas qu'aux autres.) Non, je suis au regret de constater que c'est le style si abondamment loué de l'auteure qui m'insupporte. Je vais me contenter d'une citation (et croyez bien que j'aurais pu piocher n'importe où) et j'espère que certains me comprendront: "Peinte sur le biscuit de la figure, une fraise boudeuse laisse fuser les politesses attendues au début d'un dîner entre riverains bien disposés." Léo a invité à dîner Sybille (qu'il aime) et sa fille Violette. C'est de celle-ci qu'il est question dans la phrase que je cite. Quel maniérisme, quel emploi abusif de la métaphore, et pour quel résultat: une fraise boudeuse et des politesses qui fusent malgré tout! On croit lire un pastiche des frères Goncourt au sommet de leurs prétentions. (Franchement, ce n'était pas mieux "Bonsoir, m'sieur, dit la fillette qui paraissait déjà s'ennuyer ferme." ?)
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Premier chapitre énigmatique : Léo suit une prostituée pour une étreinte courte dont il se sent honteux. C'est la première fois.
Léo a vingt ans, vit seul dans la cité Gagarine, dans le nord de Paris. Il travaille dans un atelier d'imprimerie. La presse à papier est passée sur sa main droite, lui écrasant deux doigts qu'il faut amputer. Cet accident lui est arrivé car il n'a pas lu le panneau « ATTENTION DANGER ». Ce n'est pas de l'inattention : Léo ne sait pas lire.

Une enfance dans un mobile home, ruinée dès l'âge de six ans par la fuite de ses parents. Une jeunesse protégée par une grand-mère analphabète, Adélaïde, qui lui fait suivre l'école où il parvient à apprendre par coeur des textes de théâtre ; puis au collège où il perd la quasi-totalité de ce qu'il savait. A vingt ans, Léo vit seul avec un iguane, Iggy, il écoute de la musique à tue-tête dans ses écouteurs. Son seul copain au boulot est Bébel, délégué syndical ne sachant ni lire ni écrire, mais que l'accès à la culture par une porte dérobée a rendu redoutable pour son patron. Dans son immeuble, Mme Ancelme, la gardienne aux cheveux décolorés et reflets changeants. Et Sybille, infirmière élevant seule sa fille Violette. Sybille, si belle … Léo est beau aussi, très beau, mais ne le sait pas. Sybille a pitié de Léo, le soigne, l'aide, l'invite, le désire… Léo aussi désire Sybille mais reste prisonnier de son sentiment d'infériorité et de la honte ressentie lors de sa première étreinte.

Léo affronte un monde qui ignore l'analphabétisme. Comment voter (on est en mai 2002) ? Comment travailler ? Comment aimer ? Léo peut-il oublier ses deux doigts coupés ? Peut-il vaincre son illettrisme ? Tout le livre narre ce combat, de victoires en défaites, entre compassion et affection, de désir en frustration… illettré, ce n'est pas seulement ne pas savoir lire, c'est « chaque matin, commencer par un blanc qui lui donne le sentiment de devoir repartir à zéro. Si la veille et le temps des rêves il a roulé sa pierre, à l'aube celle-ci a chu et il faut recommencer le même travail absurde. La hisser au sommet d'un mont triste, en sachant qu'elle reviendra toujours à la source de la sueur et des larmes sans que l'effort n'ait permis au bonheur la moindre ascension. » (pages 58-59). Camus imaginait que Sisyphe était heureux, Cécile Ladjali sait que Léo ne le sera jamais….

Cette pierre à hisser est décrite au fil des événements qui seraient anodins s'ils ne concernaient que ceux qui sont peu ou prou intégrés à la société. Pour Léo, chaque échec, comme d'être déclaré inapte au service national, est le signe humiliant de son handicap. Mais il a des dons que la société ne valorise pas car les mots lui manquent. Il décrypte ce que ceux qui savent lire ne voient pas, comme les hiéroglyphes égyptiens. « Il décèle la beauté là où les hommes ordinaires ne la remarque pas. ». Devant le cercueil d'Adélaïde, ce constat : « Les choses ne suffisent pas. Léo veut les mots. Tous les mots. Afin qu'ils enserrent les moments et les rendent plus présents comme ils enjoindraient à ce qui est mort de recouvrer la vie. ». Et cette indestructible réalité : « Hors des livres, il a le sentiment physique d'être le jouet d'une mauvaise fortune, d'un malin hasard. Avec les mots, il serait le maitre de son destin. Il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où se voit, par lequel on se connait, où l'on apprend à nommer et cesse de subir. ». Belle définition de la lecture… et âpre définition de l'illettrisme.

Ce récit est interrompu plusieurs fois par un dialogue dans le cimetière de St Ouen entre Léo et un autre – son autre ? Un mort ? Les deux peut-être ? Dialogue sec et intense fait de questions sans réponses : « J'aime être seul sous le ciel gris au coin d'une tombe. C'est tout. ». Et qui finit ainsi « Je suis l'auteur et le destinataire comblé de mon propre envoi. Personne n'a tenu le stylo à ma place. J'ai écrit le vide, j'ai posté le vide, et j'ai signé toute ma vie. » Léo se sent-il mieux parmi les morts ?

Cécile Ladjani n'a pas écrit un simple témoignage ou une enquête sur l'illettrisme, problème social souvent méconnu. En l'incarnant dans le personnage de Léo, elle lui donne une force romanesque et une intensité qui permet d'appréhender ce qu'est l'illettrisme et ses conséquences, mais aussi dépasse la seule explication sociale et psychologique pour en faire une figure littéraire à la fois vraisemblable et mythique. Et pose la question, non seulement des critères de réussite dans notre société, mais aussi celle de la part laissée à l'inexprimé … C'est très fort !
Lien : http://jmph.blog.lemonde.fr/..
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En évoquant le combat douloureux et perdu de Léo, vingt ans, contre l'illettrisme, Cécile Ladjali a écrit un texte extrêmement violent.

Pourquoi ?

Parce que l'auteur met en scène la vie de Léo, dans sa cité de la porte de Saint-Ouen, avec des mots recherchés et un style souvent flamboyant qui sont comme la démonstration du pouvoir et de la supériorité de la littérature et qui loin de nous faire ressentir l'inadéquation au monde de Léo ne font que renforcer chez le lecteur un sentiment de malaise.

Faire de Léo un conducteur de machines dans une imprimerie et souligner de manière récurrente la naïveté et le caractère solaire du personnage, sa « présence aux autres » relève d'une forme de condescendance.

Non pas qu'il eût fallu décrire la vie semée d'obstacles d'un illettré avec un style pauvre, mais dire que Léo est « la preuve incarnée que l'ignorance préserve sa pureté originelle à l'être humain… » est un peu dérangeant, surtout quand on considère l'issue du roman. Et le décrire regardant des fenêtres de son immeuble-barre « les signes bleus [qui] pâlissent dans le vide lactescent » est légèrement décalé…

A lire toutefois pour la beauté de l'écriture et pour la remise en question de toute une société.


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illettré raconte l'histoire de Léo, un jeune homme de vingt ans qui habite dans une cité de la région parisienne et pointe chaque matin à l'usine. L'illettrisme dont il souffre le hante, gâche sa vie et ses relations avec les autres. Comme une maladie honteuse, ce handicap transpire par les pores de sa peau et l'empêche même d'aimer sa jolie voisine Sibylle. Tout au long du récit, on suit l'itinéraire de ce jeune homme perdu qui tente chaque jour de dissimuler ou de s'accommoder de ne pas savoir lire et écrire : impossible de comprendre les itinéraires du métro, les pancartes de danger, les bulletins de vote lors des élections … Abandonné par ses parents à la naissance, privé du langage qui est la charnière d'une vie, il reste persuadé qu'il est incapable d'aimer. Et au fil des chapitres, on suit Léo vers un destin tragique et implacable.
Les mots de Cécile Ladjali sont ceux de Léo, ceux qu'il ne peut dire, écrire, lire. Ce récit poignant est porté par une écriture poétique, maîtrisée et sensible. L'auteur sait disséquer les errements, les pensées d'un homme en proie à une détresse profonde. Les phrases que l'on lit sont les pulsations du coeur du héros et aussi nos propres pulsations de lecteur.
Ce livre aborde l'illettrisme, ce mal qui touche une frange de la population le plus souvent silencieuse. Dans notre société envahie par les écrans, beaucoup d'enfants, de jeunes, éprouvent une réticence envers la lecture, activité obsolète, pour peu, d'un autre temps. Pourtant même, l'image nécessite un décryptage, une lecture a posteriori pour comprendre le monde dans lequel on vit.
Lire nous entraîne dans l'imaginaire et nous permet d'appréhender aussi la réalité. le destin de Léo montre bien que les mots sont la clé pour ouvrir les portes de la vie, ces mots qui disent les pensées les plus brouillonnes, les sentiments les plus profonds, qui évitent de sombrer dans la violence envers soi-même et les autres, qui permettent de tracer son chemin, son histoire
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
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