J'ouvre un oeil. Déjà le matin ? Ah bon... J'allume la radio et là, une chronique de ce vil tentateur de
Thierry Bellefroid, responsable de gigantesques piles qui m'attendent dans la bibliothèque. Eh bien vite ! Debout paresseuse. Il faut aller acheter ce «
Malgré tout ».
Évidemment, je suis déjà charmée par la couverture qui symbolise bien ce qu'on va trouver à l'intérieur du roman graphique. Ce qu'on y voit, c'est un reflet dans l'eau. Et les parapluies des deux personnages, qui ont fusionné, telle une bulle qui les enferme.
Ouvre !
Quoi ? On commence par le chapitre 20 ? Eh bien oui. Ce vieux rêve va se réaliser : on progresse vers le passé. Chacune des parties est annoncée par une page vide, excepté un sobre dessin en noir et blanc. le premier : les deux parapluies fermés que l'on retrouvera tout au long de l'histoire. Celui de Zeno est en bien piètre état. A croire qu'il n'en a jamais changé pendant toute sa vie. Les deux premières images sont aussi les deux dernières. Entre elles trente-sept ans.
Au fil des pages, on remonte le temps et on va découvrir comment a débuté cet amour qui dure depuis si longtemps, qui n'a pas pu se réaliser pourtant. Et pourquoi les deux personnages n'ont pas vécu ensemble. Beaucoup de symboles dans ce volume : le pont si difficile à construire, mais qui se réalisera malgré les obstacles. Les noms, Ana et Zeno, les deux extrêmes de l'alphabet. Les trois dames, éternellement assises face à la librairie, comme les trois Parques. La thèse de Zeno, sur laquelle il a travaillé toute une vie. Les papillons (comme dans «
Le grand secret » de
Barjavel) et bien d'autres encore (le pliage des draps par exemple).
Le découpage est traditionnel, les visages des personnages très simples et pourtant si expressifs, les couleurs tellement tendres.
Ce n'est pas commun de voir rajeunir les héros au fil des pages. Et lorsqu'on arrive à la dernière, on a envie de relire en commençant par la fin.
Une belle découverte et un enchantement pour moi. Je recommande cette bande dessinée sans hésiter.