Et puis, vous ne voyez pas que toutes les autres nations sont dans le pays ? (Il fait référence aux soldats des Nations unies qui occupent les rues de Port-au-Prince.) Que croyez vous qu'ils sont en train de faire ? Ils font des études, mon ami. Ils viennent ici pour étudier combien de temps l'être humain peut rester sans manger ni boire. Mais ils ne savent pas qu'on est déjà morts. Les Blancs ne veulent croire qu'à ce qu'ils peuvent comprendre.
-Bon, dit Elsie d'un air dégagé, maintenant que tu es revenu, raconte-nous ce que tu as appris là-bas...- C'est ce que je viens de dire à Philippe, je n'ai pas été là-bas pour apprendre quoi que ce soit. J'ai été là-bas pour être ailleurs qu'ici. Et maintenant, j'ai quitté là-bas pour être ailleurs que là-bas..
J’écris à ciel ouvert au milieu des arbres, des gens, des cris, des pleurs. Au cœur de cette énergie caribéenne.
Ma mère avait placé un petit poste de radio près de ma tête. (...) On passe déjà à la rubrique sport. Vois d'homme assez chaude et dynamique. Le but secret des chroniqueurs de sport, c'est de vous donner l'impression que vous êtes un flanc mou parce que vous n'êtes pas en train de courir le cent mètres, de lancer des javelots, de nager dans une piscine olympique. Ah! ce que je déteste les chroniqueurs de sport, tôt le matin.
Père et fils, exilés. Même destin. Ma mère, elle, ne quittera jamais son pays. Et si jamais elle le quitte, j'aurai l'impression qu'il n'y a plus de pays. J'identifie totalement ma mère avec le pays. Et elle est assise à côté de moi dans ce taxi qui file maintenant vers Martissant. Le torse bombé sous la douleur: ma mère, mon pays.