Une fois n'est pas coutume, mon avis sur ce roman de
Dany Laferrière est très mitigé... d'ailleurs il dénote un peu du reste de son oeuvre car pour une fois il ne se met pas lui-même en situation et crée des personnages à part entière. Mais ce n'est pas ça qui m'a dérangé, non, c'est l'écriture, que j'ai trouvé plate et l'ensemble désorganisé.
On suit des moments de vie de différents personnages - jeunes garçons haïtiens, femmes américaines et européennes d'âge mûr, jeunes filles aussi, qui se retrouvent dans un microcosme à forte énergie sexuelle. Ce que décrit ce roman n'est rien moins qu'une réalité haïtienne sordide, une sorte de tourisme sexuel concernant garçons et filles généralement dès leur adolescence.
Avec un cynisme auquel je ne suis pas habituée avec cet auteur, Laferrière se met tour-à-tour dans la peau de ces jeunes garçons indifférents au désir qu'ils provoquent, voire victorieux de cette dépendance envers eux, et dans celles de ces femmes oubliées en tant que telles, en manque de sexe, qui se découvrent ou se redécouvrent à la quarantaine passée à en devenir folles de désir pour leurs jeunes amants. Il y a, dans ces relations, un fort relent de racisme et de colonialisme et sous-jacent, une sorte de combat revanchard suite à des siècles d'esclavage et de domination.
Le thème est intéressant, et nouveau pour moi. Je ne connais Haïti que par Laferrière et quelques autres auteurs en général poètes, et jamais encore je n'avais lu de descriptions aussi crues et lucides sur ce pays.
En écrivant maintenant, je me rends bien compte que ce roman me restera en mémoire, que sans doute je voudrai en savoir plus sur cet aspect de cette île.
Ma déception vient du coup du fait que je n'ai pas retrouvée la plume de cet auteur que j'adore, au point où je me suis demandée s'il l'avait bien écrit lui-même ou seulement publié en son nom par jeu ou provocation.
Pourtant oui, même s'il ne m'a pas accroché, ce livre avait besoin d'être écrit et que ça devait être écrit par lui avec ce cynisme qui convient.