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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Le sexe, instrument de pouvoir et de commerce nord-sud, mais encore?
Danny Laferrière, Québécois d'origine haïtienne, a été élu en décembre à l'Académie française, il fallait bien mettre une de ses oeuvres sur ma PAL, j'ai donc choisi de tromper l'hiver en allant « Vers le sud ».

J'ai découvert une écriture agréable, mais un thème de la séduction et du pouvoir est traité de façon un peu superficielle. Des femmes du nord sont complètement obnubilées par des garçons qui monnayent leurs charmes sur les plages d'Haïti. Ces pauvres amoureuses deviennent esclaves de leurs sens et sont prêtes à s'humilier pour leur Adonis. Des réactions dont la crédibilité me semble parente de celle des héroïnes de romans Harlequin!

Quant aux gigolos, en plus d'un gagne-pain, ils semblent y trouver une douce revanche sur les colonisateurs de leur pays. Ces hommes ne sont pas des personnages d'une grande densité, mais peut-être que leur métier se passe facilement de questionnements philosophiques.

Le livre refermé, il ne reste pas grand-chose. Je n'ai pas vibré pour les beaux jeunes hommes et ma réflexion sur la société haïtienne et le tourisme sexuel n'a pas beaucoup progressé.

Meilleure chance la prochaine fois, ce n'est vraisemblablement pas le meilleur livre de cet auteur!
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N°1873– Mai 2024.

Vers le sudDany Laferrière – Bernard Grasset.

Ce sont 20 nouvelles qui forment entre elles un roman qui traite de la séduction et du pouvoir à Haïti, pays d'origine de l'auteur. Des femmes blanches, frustrées ou un peu vieillissantes viennent en célibataires pour un séjour de farniente afin de profiter sexuellement de jeunes éphèbes noirs dont elles rémunèrent les « prestations ». On peut y voir une réalité, un tourisme sexuel où le pouvoir réside certes dans l'argent mais aussi dans la jeunesse et la beauté ou une revanche sur l'ancien colonisateur. Bien entendu la prostitution féminine existe aussi mais dans ce roman où la vie des personnages s'entremêlent on a de ce pays pauvre, instable politiquement, meurtri par la dictature et la corruption, injuste socialement, une image un peu sordide malgré les paysages paradisiaques attachés aux Caraïbes.

Vers le sud – Un film de Laurent Cantet.

Ces nouvelles de l'écrivain haïtien Dany Laferrière, de l'académie française, ont été adaptées par Laurent Cantet (1961-2024), réalisateur et scénariste de cinéma et de télévision qui vient de nous quitter.

Avec ce film de 2005 le cinéaste s'attaque à un problème de sons temps, celui du tourisme sexuel, mais pas exactement dans le sens auquel on peut s'attendre. Pour cela il met en scène trois femmes blanches, américaines et québécoises, Ellen (Charlotte Rampling), Brenda (Karen Young) et Sue (Louise Portal) qui viennent, en célibataires, chercher à Haïti,en 1979, le plaisir avec de jeunes noirs et spécialement Legba (Menolty Cesar) que deux d'entre elles se partagent se partagent. Elles ne sont d'ailleurs pas les seules et Ellen confie revenir chaque année à Port au Princes pour le plaisir de rencontrer des jeunes qui deviennent leurs amants. Toutes passent ici un séjour après quoi elles repartiront vers leur quotidien parce que la règle non-écrite est que personne ne s'attache à personne et que chacun oublie l'autre après en avoir profité. Chacune de ces trois femmes se présente dans un monologue et Brenda nous confie être déjà venue avec son mari, il y a trois ans et avoir déjà connu Legba qu'elle n'a pas oublié. Lui ne vit que du plaisir qu'il donne à ces femmes et en retire de l'argent, des cadeaux... Sa mère voudrait bien qu'il revienne vivre chez elle, qu'il change de vie, se range, mais accepte son argent faute de pouvoir faire autrement.
Ce pays est pauvre et instable où l'armée est aux ordres d'un pouvoir corrompu et dictatorial. Il n'y a que très peu infrastructures touristiques et la prostitution aussi bien féminine que masculine s'ajoute au soleil, aux palmiers, à la mer, au farniente...les autorités tolèrent cet équilibre fragile simplement parce que ce tourisme sexuel rapporte de l'argent à un pays qui en a bien besoin. A ce titre, les ordres de ces femmes blanches sont exécutés et elles-mêmes sont respectées ou à tout le moins tolérées, parce qu'elles apportent des devises. Elles ne sont jamais inquiétées quand un meurtre a lieu dans cette communauté de jeunes hommes. En revanche ces éphèbes sont rejetés, à l'image de l'attitude révélatrice du patron de l'hôtel face à Legba, ce qui n'est pas du racisme mais du mépris.
Ce qui au départ n'était qu'un jeu, une simple quête du plaisir pour ces femmes qui trouvaient dans ce pays l'opportunité de faire ce qu'elle ne pouvaient pas ou n'osaient pas faire chez elles, se transforme pour Brenda en un drame. Ses larmes du début, quand elle se souvient de son premier adultère avec Legba, font écho à celles qu'elle verse pour la mort de son amant et aussi à celles d'Ellen qui prend conscience, en rentrant définitivement chez elle, de la fin de ce jeu de l'amour, de la perte de Legba à qui, malgré tout elle était attachée et aussi à celle de Brenda désormais sans attache, qui choisit de rester dans ce sud paradisiaque pour oublier ce bouleversement dans sa vie.
D'ordinaire on jetait, avec raison, l'opprobre sur ces hommes qui choisissaient des pays d'Asie, non pour leur culture ou leurs paysages, mais parce qu'ils y trouvaient l'occasion de pratiques sexuelles proscrites et surtout condamnées dans leur propre pays. On a beaucoup parlé des situations dont les femmes ont toujours été victimes dans toutes les couches de la société, de la part d'hommes influents qui ont profité de leur position dominante. Une certaine littérature, notamment vaudevillesque, s'en est même largement nourrie. Des actions judiciaires sont actuellement pendantes, des esclandres ont été dénoncés, des scandales ont éclaté et un mouvement général de libération de la parole s'est développé, dénonçant cette situation inacceptable de dépendance dans un pays où la femme est traditionnellement regardée comme un pilier de la famille.

Ce film, tourné en République dominicaine et à Haïti, a l'avantage de lever l'hypocrisie sur la réalité du tourisme sexuel, sur cette nature humaine à laquelle nous appartenons tous, où la recherche du plaisir charnel est une constante, nonobstant toutes les paroles lénifiantes qui peuvent être dites, que cela implique les hommes autant que les femmes, jusques dans l'oubli du risque des maladies vénériennes. Cela est rappelé par une mère de famille au début du film «  Les bons masques sont mélangés avec les mauvais, mais tous portent un masque ». C'est là une marque universelle soulignée par le mélange des langues anglaise et française.

Le décès de Laurent Cantet a provoqué un grand nombre d'hommages bienvenus pour faire connaître son oeuvre. C'est peut-être dommage qu'on ne le reconnaisse que maintenant.

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Roman qui m'a un peu déçu : j'avais entendu Dany Laferrière parler à la radio et j'envisageais autre chose. Je le vois comme une juxtaposition d'histoires de femmes vers la cinquantaine succombant au plaisir physique avec de jeunes noirs, mais pas grand chose de plus. L'auteur aborde bien sûr la pauvreté matérielle des Haïtiens, comparée à la richesse des Occidentaux, vivant entre eux, presque "ghettoisés". Il l'oppose à la richesse individuelle et personnelle de chaque Haïtien, qui sait profiter de la vie avec le peu qu'il possède, et notamment son corps et sa sensualité. La lecture n'est pas désagréable, loin s'en faut, mais elle ne me laissera pas un souvenir indélébile.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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J'ai trouvé ce roman plutôt superficiel et vulgaire, alors que je m'attendais à autre chose d'un autre aussi prisé par la critique. À part une histoire de femmes vieillissantes qui payent des "gigolos" noirs afin de combler leurs désirs physiques et émotifs dans un pays pauvre où vendre son corps est pour certain un moyen de survie, je n'ai rien compris ou retiré d'autre.
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Pas mal, étrange, à la fois érotique et vulgaire. Un livre qui m'a interloquée par sa construction.
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