AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 510 notes
5
46 avis
4
53 avis
3
28 avis
2
9 avis
1
0 avis
Joseph est ouvrier agricole dans une ferme du Cantal ; Joseph n'est pas marié, sa mère est morte et son frère jumeau vit avec sa famille en Normandie. Joseph est donc heureux de profiter de la chaleur d'un foyer à la ferme, chez le patron et la patronne qui sont des personnes bienveillantes.
Dès le départ, ça n'a pas été facile pour Joseph : un prénom « de vieux » à l'école, un frère jumeau plus vif, plus brillant que lui, puis sa mère qui a pris le parti d'aller vivre en Normandie avec le frère, un amour malheureux, l'alcool… mais ça, heureusement, Joseph s'en est sorti et il attend donc la retraite dans cette ferme où il compte « se finir ».
Autopsie d'un monde rural qui n'est plus : le monde des ouvriers logés à la ferme et qui ne comptaient pas leur temps. Joseph est un homme silencieux, qui observe les gens, le monde et les animaux, plein de sensibilité et d'empathie silencieuses, de lucidité et de compréhension. Il est plus à l'aise avec les animaux qu'avec les hommes, mais cela ne l'empêche pas d'observer et de porter un regard bienveillant sur le monde qui l'entoure, sans jugement ni acrimonie.
Après l'Annonce et Les pays, un tout petit roman qui, dans une belle langue du terroir, ausculte avec beaucoup de pudeur et de justesse un monde paysan finissant. J'ai beaucoup aimé !
Commenter  J’apprécie          230
J'aime les livres de Marie-Hélène Lafon à la folie et je retarde toujours un peu le moment d'en découvrir un que je n'ai encore jamais ouvert.
J'aime l'idée qu'un de ses romans est là, qui m'attend encore et la beauté et le plaisir avec lui.
"Joseph" me faisait envie depuis longtemps et m'attendait au pied du sapin. J'ai un peu attendu et puis le moment est venu. Quant il aurait fallu le gouter, le savourer, moi je l'ai dévoré. Je crois même l'avoir préféré à mes préférés: "L'annonce", "Les Pays" et "Histoire du Fils"...

Joseph n'est plus tout jeune, c'est un ouvrier agricole qui s'est loué de ferme en ferme dans son coin du Cantal. C'est un taiseux, un silencieux sans doute plus à l'aise avec les animaux qu'avec les hommes qu'il ne comprend pas toujours… ou qu'il connaît trop bien. Il ne parle pas beaucoup, mais il regarde, il observe : le passage des saisons, les bêtes, la patronne qui remplit ses grilles de mots croisés, la patron, les voitures qui empruntent les coursières, le ciel. Et puis, il se souvient. L'enfance et puis l'école, les bals, ceux qu'il a aimé et qui sont partis : le père qui buvait un peu trop, le frère jumeau installé en Normandie après le service, la mère qui n'aimait plus la ferme. Et Sylvie. C'est que la vie n'a pas été tendre avec Joseph ou alors c'est qu'il était trop gentil. Ses pensées sont un fil qu'on dévide et qui nous emmène au creux de lui et de sa solitude tranquille. Il y a bien un trou de quinze ou seize ans dans la mémoire du paysan... c'est que c'était trop dur de vivre à ce moment-là et que la bouteille n'était jamais loin... Mais il va bien aujourd'hui et tout doucement, il convoque des images, des bribes de souvenirs, des pensées qu'il nous offre en partage.

« Joseph » est un roman bref mais dense, c'est une respiration. Une seule. Presque une seule phrase qui court sur un peu plus d'une centaine de pages. C'est un fil qu'on attrape et qu'on remonte, on pourrait presque le faire sans respirer mais l'apnée est douce au plongeur qui accepte de se laisser happer par les profondeurs. Il n'y a pas vraiment d'intrigue : c'est le roman d'un homme comme les autres, ni plus ni moins avec ses petits bonheurs et ses chagrins, ses failles et ses douleurs. C'est le roman d'une vie.
Comme toujours et malgré cette forme particulière, la langue de Marie-Hélène Lafon est d'un limpidité d'eau de source, d'une clarté éblouissante sans être trop nue, trop sèche. Il y a beaucoup de poésie dans son écriture, de cette poésie qui jaillit du quotidien pour qui sait la voir. C'est une langue rigoureuse, ciselée aussi : chaque mot est à sa place dans une ordonnance parfaite, virtuose. La langue de Marie-Hélène Lafon se savoure sur le papier ; lue à voix haute, c'est un cadeau.

Et puis au delà de cette espèce de pureté formelle, il y a toutes l'émotion que renferme « Joseph ». le roman est poignant, profondément touchant et son personnage principal est bouleversant de tendresse et de mélancolie, de profondeur.
A travers lui et le récit fragmenté de sa vie à la fois simple et âpre, Marie-Hélène Lafon rend hommage au monde rural et agricole, à ce monde qui a tant et irrémédiablement changé. A ce monde qui sent bon la terre et la sueur mais que les jeunes ont fui parfois, laissant les plus vieux avec leurs souvenirs et leurs bols de café sur la toile cirée, sans savoir la beauté de l'automne derrière un vol d'hirondelles. C'est que le Cantal peut-être beau comme « La Montagne » et Joseph est un moment de grâce.
Commenter  J’apprécie          224
"Une vie", racontée par Marie-Hélène Lafon, celle de Joseph, un ouvrier agricole, qui à l'aube de la soixantaine voit se profiler la fin de son existence de dur labeur, en même temps que les difficultés croissantes de tout un monde paysan.

Joseph est un observateur, un taiseux, tout en économie de mots. Par opposition, pour nous livrer ses souvenirs, Marie-Hélène Lafon ne l'est pas. Certes le livre est court, à peine 140 pages, mais l'écriture est dense et se compose de chapitres longs, de phrases interminables sans ponctuation classique, ni paragraphes. Alors que j'avais adoré "Histoire du fils", j'ai trouvé cette lecture très exigeante et de ce fait, presque pénible. Au milieu de cette logorrhée, malgré tout, l'émotion a réussi à passer car un parfum de nostalgie s'y est glissé. La prose de l'auteure m'a rappelé des discussions animées entre personnes de la génération de mes grands-parents, où il était impossible d'évoquer quelqu'un sans en reconstituer tout l'arbre généalogique (mais si, rappelle-toi, c'est le fils d'un tel, ou la nièce d'une telle qui était de ma classe, etc), et où un mot en entraînant un autre, on passait rapidement du coq à l'âne.

Une lecture en demie teinte à laquelle j'accorde un 12/20. Après un début difficile à cause du style, j'ai malgré tout, été conquise par la fin.
Commenter  J’apprécie          192
Voici un livre touchant mais étonnant par sa forme, très court (140 pages) il est écrit d'un seul tenant, sans véritable ponctuation ni paragraphes, mais il se lit agréablement.

C'est le récit d'une vie que nous livre ici Marie-Hélène Lafon, une vie ordinaire, celle de Joseph, un ouvrier agricole qui a toujours travaillé pour les autres, dans des fermes du Cantal. Il a maintenant cinquante-neuf et économise pour sa future maison de retraite, car il n'a pas de "chez lui" ; Il n'a pas "fait maison" et habite chez ses patrons. Il partage leur vie tout en restant à sa place, il accomplit sa tâche rigoureusement, il regarde, observe mais jamais ne donne son avis.

Joseph est un taiseux. Il vit dans une grande solitude, mais Il garde en lui ses souvenirs d'enfance, ses parents, son frère jumeau Michel qui a toujours pris le dessus et avec qui il a peu de contacts. Il se souvient des humiliations subies à l'école où il a peu brillé, même s'il était le meilleur en calcul mental. C'est un homme gentil et doux. Avec Sylvie, il a vécu une grande histoire d'amour, qui hélas s'est mal terminée et l'a détruit. Une cassure de quelques années dans la vie de Joseph, l'alcool à outrance, les beuveries et trois cures de désintoxication. Mais l'homme est fort, résistant, il va se relever, ressortir vivant de cette faille et continuera sans heurt son labeur d'ouvrier agricole.

Le Cantal est la terre d'origine de Marie-Hèlène Lafon. Elle y est née et y a passé toute sa jeunesse. Elle en connait parfaitement tous ses petits coins de terroir, ses rivières, ses forêts, ses champs où paissent vaches et chèvres. Tout un monde rural qui va finir progressivement, tout doucement, comme bientôt la vie de Joseph.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (15 - Cantal)


Commenter  J’apprécie          190
Marie-Hélène Lafon dans son dernier roman reste dans la lignée de ses précédents livres "l'Annonce"et "Les pays",avec le portrait de Joseph,un homme dans la soixantaine,ouvrier agricole dans le Cantal.Un homme taciturne,solitaire,très simple,qui n'a pas eu la vie facile.Il est le hérault d'un monde et d'une ruralité en pleine mutation.Dans ce court roman au ton toujours juste et au langage très imagé,l'auteur lui prête sa voix pour détailler tout ce qu'il connaît,tout ce qu'il entend,tout ce qu'il ressent.Un récit émouvant,un vrai plaisir de Lecture!
Commenter  J’apprécie          190
Joseph je le connais de puis que je suis petit.
Il habitait une ferme isolée dans les Combrailles avec sa mère. J'aimais son chien Dick un berger qui me donnait ses puces en partage.
C'était aussi mon grand-oncle célibataire et probablement puceau, qui avait une ferme au dessus de St-jean de Maurienne et qui a passsé sa vie à aider ses fréres et belle-soeurs et ses voisins , une belle vie a-t-il dit. Il n'a jamais eu de toilettes dans sa ferme ni au fond du jardin. Quand on venait prendre un lapin pour le civet, un tour par le clapier un coup sur la tête, une fermeture éclair, les boyaux fumants dehors, la fourrure tirée et le lapin dénudé était prêt pour la pollente.
Ton Miche il s'appelait (Michel) et il avait un gros avantage sur Joseph: après deux verres de vin il était saoul, alors il évitait le premier… et son frère n'habitait pas loin et il a vécu avec sa mère jusqu'à la fin.
Mais Joseph et lui, c'est pareil.
Alors il n'y a pas de doute Joseph c'est une histoire de famille, qu'on ne me demande pas d'être objectif.
Commenter  J’apprécie          180
Joseph - Marie Hélène Lafon

Très beau texte sur la ruralité, la vie simple, les "coutumes", le mode de vie des gens dans les campagnes.
Joseph est un paysan, un ouvrier agricole dans le Cantal de nos jours, il vieillit doucement. Il raconte sa vie au fil des pages. Pas une vie extraordinaire, non , simplement la vie d'un homme de la terre, né à la campagne et ne l'ayant jamais quitté. Il se souvient et songe à sa vie passée. Il y a eu le départ de sa mère, partie vivre avec le frère de Joseph en Normandie. Ensuite se fut Sylvie la femme qu'il a aimé mais qui partit avec un autre et puis l'avant et l'après cures de désintoxication, et bientôt la retraite.

Marie Hélène Lafon nous offre une très belle histoire tout en simplicité, en douceur pas de violence ni de tumulte rien que de choses douces et banales qui font la vie des gens simples

Vraiment un très beau texte à lire
Commenter  J’apprécie          170
Marie-Hélène Lafon témoigne, par la force de son écriture, pour ceux qui n'ont pas la parole aisée. Ici, c'est Joseph, un ouvrier agricole. Elle décrit d'abord ses mains et petit à petit se déroulent les phrases, gestes et pensées de l'homme. Vie dérisoire et poignante.
Bel hommage rendu à ce monde agricole en voie de disparition.
Commenter  J’apprécie          170
Ici, c'est la prose introspective qui fait le livre et non l'histoire car d'histoire, il n'y en a pas ou si peu... Joseph est un paysan du Cantal.
Le roman explore sa vie, son entourage et son travail.
On traverse différentes périodes de l'existence de Joseph dans le désordre de ses souvenirs. Les défis, les joies et les peines qu'il rencontre sont abordées avec une égalité de regard qui est celle de la vie d'un paysan "à l'ancienne", très humble et très modeste ; une vie qui n'a quasiment pas goûté à la modernité apportée par les grandes transformations technologiques et le progrès. Il faut dire qu'entre 1985 et 2001, Joseph a plutôt été en cure pour ses problèmes d'alcoolisme que dans les champs.
L'autrice utilise un langage simple et direct qui reflète le parler quotidien des habitants de la région rurale où se déroule l'histoire. Ce choix contribue à créer une atmosphère immersive et ancre les personnages dans leur réalité tout en créant une vraie proximité avec le lecteur.
A mon sens, la particularité de ce roman mais aussi sa plus grande réussite réside dans le phrasé du récit car on peut dire ce qu'on veut, c'est un véritable challenge d'écrire et de susciter l'émotion à partir d'une matière aussi ténue que la vie de Joseph. Les phrases, bien que simples, sont longues car elles ne comportent pratiquement pas de virgules ni de points. Cette utilisation minimale de la ponctuation crée un rythme particulier qui sollicite une attention soutenue de la part du lecteur mais c'est justement cette attention demandée qui permet d'entrer dans la profondeur et la poésie du roman. Une lecture superficielle de Joseph est impossible.
Les descriptions précises, souvent accompagnées d'images évocatrices, créent la profondeur psychologique des personnages et favorisent cette introspection massive des différents thèmes abordés que sont la répétitivité du quotidien, l'amour, le travail, la solitude et le passage du temps. À travers le personnage si simple de Joseph, l'autrice explore purement et simplement les méandres de la condition humaine. Un roman qui se mérite !
Commenter  J’apprécie          163
Joseph est un ouvrier agricole qui travaille dans une ferme au coeur du Cantal. Joseph aurait pu avoir sa propre ferme tant il travaille bien. Il aime les bêtes et ne rechigne pas à la tâche. Mais à la suite d'une déception amoureuse, Joseph à sombré dans l'alcool. Il lui aura fallu 3 cures pour qu'il puisse s'en sortir. A 50 ans passés, il a maintenant une hygiène de vie saine et simple et nous relate ses souvenirs.

J'ai eu beaucoup de mal à accrocher a cette histoire, du moins sur la première moitié du livre. Des phrases longues, sans trop de ponctuation (peu de virgules par exemple). Pas de chapitres bien définis non plus. Moi qui aime bien lire juste avant de m'endormir et m'arrêter à un chapitre, j'ai eu du mal à trouver un endroit où m'arrêter.
Le manque de chronologie m'a également un peu dérangé. Marie-Hélène Lafon nous livre le passé de Joseph pêle-mêle.
Mais finalement, une fois habituée à cette narration un peu particulière, je suis totalement rentrée dans l'histoire, somme toute banale, mais racontée avec beaucoup d'émotion et de douceur.
Et malgré un démarrage assez laborieux, je ressort finalement satisfaite de cette première incursion dans l'univers de Marie-Hélène Lafon.
Commenter  J’apprécie          162





Lecteurs (880) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}