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Joseph, ouvrier agricole de presque 60 ans vit logé, nourri dans une ferme du Cantal. Il a travaillé dans bon nombre de villages et de fermes des environs et de cette place particulière de celui qui vit avec les patrons tout en étant un étranger, il a beaucoup observé; il connaît l'intimité des familles mais a toujours gardé pour lui ses pensées. Son regard sur le monde est bienveillant.
Il est le jumeau fragile, rétif aux apprentissages scolaires qui a vécu chez sa mère jusqu'à l'âge de 30 ans. Après le départ de celle-ci il rencontre une fille, Sylvie qui le subjugue avant de l'humilier profondément. Il s'ensuit une période noire où l'alcool tient toute la place. Après plusieurs cures il est abstinent, heureux chez ses derniers patrons.
C'est le description d'un monde rural finissant, loin du productivisme, un univers de labeur permanent mais aussi de petits bonheurs.
Belle langue épurée, des images marquantes.
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Marie Hélène Lafon vient de la terre ; ce monde rural l'a façonnée, pétrie. Il a fait d'elle un écrivain qui n'a pas besoin de s'épancher longuement pour exprimer ce qu'elle à dire, et surtout l'exprimer de la plus belle façon qui soit.

Avec elle chaque mot est pesé ; chaque phrase est travaillée. Certains lui reprocheront un style un peu sec.

Avec Joseph, elle nous emmène dans un monde disparu ; celui des ouvriers agricoles qui vivaient avec les patrons, leur étaient dévoués et leur restaient fidèles, jusqu'au bout.
Joseph, c'est le bon gars, qui n'a pas trop eu de chance ; qui a aimé, et s'est fait plaqué ; un homme au coeur tendre ; un simple qui est lucide jusqu'au bout des ongles ; un prévoyant. Un homme avec ses faiblesses que l'on a envie de prendre sous son aile pour le protéger car en voie d'extinction.

De cette vie rurale, dure, pleine de labeur, et de sueur, Marie Hélène Lafon s'est inspirée en puisant sans aucun doute de ses souvenirs personnels. Elle y fait une description au scalpel d'un monde révolu qu'elle a connu. Ses personnages à la parole rare et pertinente sont travaillés finement d'une écriture qui peut rebuter, mais qui pour moi me donne à chaque fois, davantage de plaisir et d'émotions.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Des comme Joseph, ouvriers agricoles, ne s'étant pas attardé à l'école mais ayant cependant une intelligence, ayant mené une vie simple et plutôt solitaire, il y en a eu beaucoup et il n'y a pas encore longtemps (j'en ai connu plusieurs).
Des gens qui ne font pas de bruit, besogneux, que l'on ne remarque que si l'on en prend le temps.

Marie-Hélène Lafon, avec sa plume si bien adaptée à ce type d'histoires, leur rend ici un bien bel hommage, bien mérité.
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J'ai apprécié de découvrir ce roman, présenté sous la forme d'un monologue intérieur, avec la distance juste que permet la troisième personne. Ce monde des ouvriers agricoles vivant dans les fermes où ils travaillent renaît sous nos yeux, et pourtant, ce quotidien de la campagne ne m'était pas si inconnu, mais l'on oublie facilement.

Le prénom de Joseph est important, car il est la racine d'une douleur : à l'école, on se moquait de ce "prénom de vieux", et son frère ne le défendait pas. Joseph s'est senti inadapté à l'école, parce qu'il n'apprenait pas, ne savait pas restituer ses connaissances. Et pourtant, quel gâchis ! Il est excellent en calcul mental, il n'oublie pas les chiffres, enregistre mille détails de la vie autour de lui. Cet échec scolaire est peut-être l'aspect le plus poignant du roman.

Joseph nous fait saisir tout ce que contient une vie minuscule, l'amour filial qui ne se dit pas, le savoir-faire, le soin apporté au travail, la manière d'être avec les bêtes, les distractions, les bals, l'amour fugace et désillusionné. L'homme a pourtant eu sa part d'ombre et de démesure, il a dû combattre ses démons, se libérer de l'alcool.

L'écriture est sobre et stylée, je dirais volontiers qu'elle rend un son mat, comme les bruits du matin dans la cour de la ferme, pour celui qui se lève et va commencer une journée de travail. Elle se resserre au plus près des réflexions de Joseph, qui n'en pense pas moins, même s'il ne parle pas beaucoup. Elle honore la mémoire, les souvenirs des gestes simples, parfois la douleur de vies vécues à côté d'elles-mêmes. Elle nous apprend l'humilité, la manière dont passe une vie, en peu de pages et peu de temps.
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Roman du terroir, genre auquel je suis peu habituée, qui dépeint la vie de Joseph, ouvrier agricole du Cantal. Dans un style concis et assez proche du parler, l'auteure nous décrit la vie dans ces campagnes françaises, le travail des hommes sur les exploitations et des femmes à la maison, les gens, les rumeurs, le village. Et le modernité de la société de ce début de millénaire qui gagne peu à peu ces coins reculés, même si tout cela reste bien étranger à Joseph et ses derniers patrons, ceux qu'il a choisi pour "se finir" comme il dit. Car Joseph est calme, besogneux. Il n'a jamais "fait maison" et avoir "fréquenté" ne lui a pas apporté que de belles choses dans sa vie.
Un fresque sociétale douce amère de cette société d'antan, campagnarde, aux valeurs terrestres solidement ancrées dans les habitudes quotidiennes avec ses bons côtés : la solidarité, le mérite, la chaleur humaine, comme ses déboires : l'alcoolisme, la solitude, le "nomadisme" qu'impose cette condition d'ouvrier agricole.
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé les phrases courtes et le style de l'auteure mais l'histoire et le contexte ne m'a pas touchée, ni tellement intéressée. Une impression d'ensemble mitigée pour moi même si je conseille ce livre aux amateurs de romans de terroir.
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‘Joseph', au titre aussi court que le livre, est l'histoire simple d'un homme resté de même. Sous la plume de Marie-Hélène Lafon, on découvre ce Joseph assis, les deux mains à plat sur les cuisses. Il ne parle pas beaucoup, encore moins aux autres. Quand il parle, c'est à lui-même. Mais il pense si haut, si fort, si juste que le lecteur peut le suivre au gré de ses souvenirs, de ses listes de personnes, faits, gestes, lieux et dates glanés aux champs de vie qu'il a arpentés, de fermes en fermes, dans sa vie d'ouvrier agricole.
Ouvrier, pas patron, il a partagé leurs vies, leurs maisons ou, à tout le moins, les quelques petits coins qui lui étaient dévolus. Il a beaucoup observé. Joseph est un voyeur. Il accueille en lui et retient la vie des autres, la sienne aussi.
Marie-Hélène Lafon possède cette écriture puissante des pointillistes. Touche après touche, dans le désordre des souvenirs, des humeurs, des coups de tristesse, avec ses longues phrases qui ne le paraissent jamais, elle nous brosse le portrait d'une agriculture finissante, d'une époque où les travailleurs étaient d'abord des maîtres dans l'art de faire, de s'occuper des bêtes, de les soigner, de les aimer. On lit ce livre comme on découvrirait, en audiodescription, un tableau de Seurat, de van Gogh, les ramasseurs de pommes de terre, par exemple. La vie de Joseph n'a pas été particulièrement heureuse. Il a connu les rivalités dont il a fait les frais, les abandons, les espoirs et les échecs d'une vie de couple et puis la boisson, celle pousse au fond du fond … dont pourtant on peut sortir !
‘Joseph', l'histoire touchante d'un homme simple qui observe la vie et s'y tient debout. ‘Joseph', la découverte, pour moi, d'une écriture étonnante, efficace, maîtrisée ! ‘Joseph', un court roman à aimer !
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Un récit poignant sur la vie d'un journalier, un métier comme il n'en existe plus.

La narration est axée sur le personnage, ses souvenirs, sa vie. Ses petites joies et ses grandes peines. La vie qui s'en va, doucement.

Un homme proche des animaux et qui sait se faire apprécier là où il travaille.

Un homme qui m'a touché par sa simplicité et son besoin de s'effacer, tout le temps.

Son problème avec l'alcool ne m'a pas touché plus que cela, plutôt le fait que cela ai mis entre parenthèses des années de sa vie.

Un homme qui aurait pu être un de mes arrière grand père.

L'image que je retiendrai :

Celle de la mère partie en Normandie pour aider sa belle fille avec les jumelles, laissant Joseph.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
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D'une écriture soignée, très "visuelle", bien adaptée à son sujet, Marie-Hélène Lafon nous raconte l'histoire de Joseph. Ouvrier agricole, Joseph aime les bêtes, les chiens et les vaches surtout ; certaines n'aiment que lui, n'obéissent qu'à lui. II habite chez "les patrons" et participe à la bonne tenue de la ferme. C'est un observateur plutôt taiseux, à qui rien n'échappe ; il a pour certaines choses une prodigieuse mémoire.
Un peu différent des autres, il a eu du mal à l'école ; pas en calcul mental pour lequel il était exceptionnellement doué, mais pour tout ce qui concernait l'écrit : "ce qui était écrit ne lui restait pas". Les autres se sont moqués de lui, même son frère jumeau, Michel, dont le père disait qu'il avait tout pris.
Et il y a eu une période difficile, à l'âge adulte, quand Sylvie, sa compagne, l'a quitté ; une période pendant laquelle il se détruisait au vin rouge. Autrement, Joseph est un homme simple, qui pense beaucoup, rumine parfois et aime faire des listes dans sa tête ; ce qu'il aime, le travail bien fait, être propre, tenir les choses en ordre.
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« Ils savaient comment faire, et que ça s'arrêterait avec eux. »


Lors de ma dernière lecture (Selon Vincent de Christian Garcin), j'avais relevé cette citation : « Le monde n'est pas peuplé de gens mais d'histoires »

Marie-Hélène Lafon nous prouve le contraire. Joseph, c'est un homme , une vie qui passe, sans histoire mais pleine de petits riens qui font un tout. Un homme à peine regardé, empêché en quelque sorte, dont l'ultime espoir est de ne pas être enterré comme un chien.
Un homme qui n'a guère la parole, guère de place. Qui est là sur le côté, qui observe, note, encaisse et se souvient dans une humilité sans tristesse, car tel est le monde.

Marie-Hélène Lafon avance pas à pas , opiniâtre, décrit les gestes qui reviennent, les mots et les non-mots, ces émotions qui ne savent pas s'exprimer, faute de mots, et faute d'oreilles prêtes à les recueillir. Elle sait parler de gens dont la vie est hors de notre monde de vitesse et de plaisir, un monde de travail , de devoir, de patience et qui se meure. Un monde de rituels qui sécurisent , et d'angoisse à se savoir les derniers, à n'avoir nul à qui transmettre. Joseph n'est pas un homme heureux, épanoui, comme nous l'envisageons nous, mais un sage un résigné, qui se satisfait de son sort, s'applique à bien réaliser ce qui se doit. Il a toujours mieux su y faire avec les bête qu'avec les gens, dit-il.  Et alors, ça n'est pas donné à tout le monde...

Ce livre de vie de Joseph est vraiment touchant. S'il n'exprime pas d'affect, c'est que ce droit-là ne lui est pas reconnu. Il plonge tête en avant dans le chemin à suivre, le travail à faire, les rituels à respecter, les convenances à ne pas bouleverser et quelques listes et calculs pour affirmer son moi . Il avance sans chambouler cet équilibre aussi austère que précaire, dont la rupture serait d'une douleur insupportable. Joseph avec son savoir ancestral, son chemin tout tracé, au fil des heures et des années, sa place qu'il sait garder face aux patrons - qui jouent sans doute mieux leur rôle que sa famille n'a su le faire - et face au monde.

Une vie insignifiante dont Marie Hélène Lafon se réapproprie les mots pour mieux lui donner la parole, et en dénicher et nous communiquer le sens.
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Marie Hélène Lafon poursuit dans ce roman son évocation de la région dont elle est originaire : le Cantal et en particulier le monde rural. Il s'agit du portrait d' un ouvrier agricole appelé Joseph, proche de la retraite. Elle décrit très bien ce monde en train de disparaître sans bruit, les gens taiseux, plus à l'aise avec les animaux qu'avec les hommes. C'est l'histoire d'une vie simple avec des malheurs (alcoolisme) et des petits bonheurs. Un peu de mal avec l'écriture. Je trouve ses phrases trop longues.
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