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sur 316 notes
Le trajet s'était fait en train, de Neussargues à Paris. Les amis de ses parents, Suzanne et Henri, qui habitaient Gentilly, leur ayant fortement déconseillé de venir en voiture. N'en déplaise au père qui se sentait prêt à affronter Paris et sa circulation. On était en mars, le mois du Salon de l'Agriculture. Entre veaux, vaches et cochons, on avait ri et mangé. Des noms et des lieux, pourtant si familiers, leur semblaient soudain très éloignés, vus du Salon.
Quelques années plus tard, Claire monte à Paris pour poursuivre ses études à La Sorbonne. Étudier le latin et le grec. Passer de la terre à la ville, tout en gardant près de soi un bout de son pays. Mais, elle mesurera, au fil des mois puis des années, la distance qui sépare ces deux mondes...

Marie-Hélène Lafon décrit avec précision et justesse le parcours de Claire que l'on suit au cours de trois épisodes de sa vie : le voyage au Salon de l'agriculture, les études à La Sorbonne puis, des années plus tard, la visite du père et du neveu. Elle dépeint un monde rural parfois âpre et besogneux, qui, peu à peu, se vide de ses hommes et de ses femmes. Un monde rugueux, qui ne dit que l'essentiel et n'abuse pas des mots inutiles. Claire aura décidé de quitter le Cantal, de s'installer à Paris et de vivre une vie totalement différente. Un fossé séparera sa vie d'avant et celle d'aujourd'hui même si, au fond d'elle-même, elle ne pourra jamais totalement se défaire de ce coin qui l'a nourri. Un roman dense et condensé, un brin mélancolique et d'une précision saisissante tant chaque mot semble pensé. Un roman d'une beauté singulière servi par une écriture à la fois sensible et puissante, rêche et souple.
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Ce recueil rassemble les nouvelles écrites par Marie-Hélène Lafon. Il a été couronné du Prix Goncourt de la nouvelle 2016. Les histoires se déroulent en Auvergne, pays natal de l'auteur.
Ces nouvelles reviennent sur les événements qui rythment la vie à la campagne : les rencontres, les fêtes de famille, les enterrements... Marie-Hélène Lafon restitue l'ambiance de son enfance. C'est une société fermée qui cache plus qu'elle n'intègre les différences. Ainsi en est-il d'Alphonse, simplet ou de cette famille de boulanger qui peine à s'insérer. Il y est aussi question de la solitude qui ronge et de la vieillesse qui isole. La télévision commence à imposer sa présence. C'est la grande époque des speakerines et des retransmissions du Tour de France. L'école sert de moule pour instruire la jeunesse. C'est là que se forme les espoirs d'ailleurs. Ces nouvelles, bien qu'ancrées dans un terroir et une époque, ont une portée plus large, celle des territoires rudes qui forment des caractères à leur image.

A la fin du recueil, Marie-Hélène Lafon raconte un peu de son parcours d'écrivain. Comment ses textes deviennent des romans ou des nouvelles, sans qu'elle ne le sache au départ...
Lien : http://litterature.calice68...
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J'ai adoré ce style, cette histoire, ces personnages
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Impossible quand on est un provincial, issu d'une campagne pas si éloignée du Cantal, de ne pas retrouver de souvenirs personnels dans cette belle histoire familiale. Impossible de ne pas être touché par un itinéraire, ce « passage » que l'on a connu soi-même. L'objectivité n'est donc plus de mise dans la mesure où l'on ne peut réagir qu'avec son coeur.
Je ne peux donc que vous dire le plus grand bien de ce livre et je remercie son auteure (que j'ai découverte à cette occasion) de l'avoir écrit.
En nous racontant son enfance à la ferme, les travaux quotidiens, Marie-Hélène Lafon nous fait ici partager l'évolution d'une société rurale qui se meurt et il y a forcément de la mélancolie devant la disparition de ce monde. Un monde , un « pays », où l'on mange sa soupe en faisant du bruit.
Claire, l'héroïne, découvre qu'elle aime étudier et à partir de ce jour, elle sait que, même si elle aime aussi la ferme, elle ne peut pas envisager d'y construire sa vie. Ce sera donc d'abord le lycée avec son internat et les deux heures hebdomadaires de voyage en car. Et puis, la Sorbonne et la vie parisienne. Et là, Claire découvre qu'elle ne sera, malgré tout, jamais une vraie parisienne mais aussi qu'elle n'est déjà plus une vraie provinciale. On se retrouve n'être finalement de nulle part.
C'est juste (je peux confirmer), pudique, touchant, superbe.
Par ailleurs , l'écriture est belle et efficace. Il y a des effets de style, des observations et réflexions perspicaces qui rendent la lecture agréable et enrichissante.
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Ce récit m'a profondément touché : la justesse de ton de M.H Lafon, sa grande tendresse envers la terre du Cantal - sans sombrer dans les clichés du choc culturel entre paysans et citadins, la joie d'apprendre et de transmettre... Une oeuvre dans le sillage des romans de Pierre Michon ou du Ramuz de la fête des vignerons.
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C'est suite à ma rencontre avec Marie-Hélène Lafon à la médiathèque de ma petite ville (eh oui, tout arrive...tout ne se passe pas toujours sur Paris, il y a aussi des événements en Province - trop rares à mon goût certes, mais il y en a !) que j'ai acheté cet ouvrage. le fait de l'avoir rencontré m'a aidé à mieux comprendre sa façon d'aborder l'écriture. le lecteur peut parfois se sentir frustré (ce qui fut mon cas au tout début je dois l'avouer) car il n'y a que très peu d'actions dans ses écrits mais ce qui m'a réconcilié avec ces derniers est cette phrase qu'elle a prononcé lors de notre rencontre " Je ne suis pas une raconteuse d'histoires. Je suis une travailleuse du verbe". Je pense que l'on a compris et accepté cette phrase, on a tout compris de l'écriture de Marie-Hélène Lafon.

Lorsque je dis qu'il n'y a pas d'action, j'exagère bien évidemment et pour cause, en voici un petit aperçu. Claire est une jeune campagnarde (enfin, disons plutôt qu'elle est fille de paysans et qu'elle a toujours vécu à la ferme) jusqu'au jour où elle prend le train pour Paris afin de poursuivre ses études en Lettres à La Sorbonne et là, c'est tout un monde qui s'ouvre à elle. Certes, Claire n'a que peu d'amis et ne sort pratiquement jamais mais ce qu'elle apprend en cours et ce qu'elle découvre dans les livres d'apprentissage va lui être comme une révélation. Claire est faite pour la ville, les grandes études et celui qui va avoir le plus de mal à accepter cette situation dans tout ça, c'est le père, en tant que bon vieux paysan (et fier de l'être) mais là est une autre histoire...

Un livre qui se lit très vite et dans lequel le lecteur se laisse bercer par la poésie qui ressort des phrases de Marie-Hélène Lafon, bien que parfois un peu trop longues à mon goût -ce qui explique le fait que je n'ai mis que 4 étoiles à cette lecture. A découvrir !
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Claire, fille de paysans du Cantal, vient s'installer à Paris et faire ses études à la Sorbonne. Elle choisit la voie difficile des lettres classiques. Pourtant tout l'éloigne des étudiants qu'elle côtoie. A eux la facilité, l'élégance, la légèreté, l'humour, les sorties. A elle le travail, la discrétion, la transparence, et encore le travail. En effet la seule manière pour elle de réussir est de travailler deux fois plus que les autres. Il lui manque les "codes" pour faire partie du monde étudiant parisien, elle réussira grâce à son obstination.


Obstination est un terme qui convient bien à ce roman. En effet l'héroïne (l'auteur elle-même ?) réussira dans cette voie (voir la fin du roman) en "creusant son sillon". le parrallèle avec le monde paysan court tout le long du livre mais ce bel hommage au monde paysan n'empêche pas le désir d'en sortir.


Le style est très riche, la langue recherchée, trop parfois, presque étouffante. Mais cette manière de raconter son itinéraire et son ascension sociale, à l'opposé de l'écriture au scalpel d'Annie Ernaux, est intéressante.
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L'écriture de Marie-Hélène Lafon est toujours très travaillée, le style est parfois un peu ardu car le vocabulair est ciselé et les phrases plutot longues.L'histoire de cette jeune femme issue du milieu agricole qui part étudier à la Sorbonne est intéressante mais il faut quand meme "s'accrocher" pour suivre le rythme de cette écriture très littéraire.
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Récit d'apprentissage? Chronique d'un passage entre deux pays, deux civilisations? le couloir reliant les plateaux cantaliens et les amphis de la Sorbonne est le Clermont-Paris, mais toutes les scènes décrites ou presque se passent dans la capitale. Itinéraire d'une paysanne perdue? le récit est extérieur, comme désubjectivé. Il est aussi blanc que la peau de la narratrice, qui parle d'elle-même à la troisième personne. Les scènes les plus réussies sont celles qui s'incarnent dans les personnages secondaires: l'étudiante belle brillante et socialement plus élevée, qui fascine la jeune Claire, ou le jeune dandy homosexuel qui la complimente à propos d' un exposé sur.. Manon Lescaut.
Un récit sans émotion, écrit, mais qui à certains moments égrène les adjectifs les uns derrière les autres dans des périodes d'une longueur horripilante.Finalement, la vérité de cette histoire n'apparaît pas, elle est peut-être cachée dans le trou relevé par un lecteur perspicace, "comme si on avait arraché des pages du livre."
Pour moi en effet, l'écrivain Marie-Hélène Lafon reste à découvrir.
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Un très beau livre, superbement écrit, qui nous fait sentir la vie des gens et l'évolution d'une jeune femme qui change sans se renier.
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