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Mohammed, dit Mo, a 33 ans.
Il vit avec sa mère diminuée et travaille dans un centre commercial.
On croit comprendre que Mo n'est pas tout à fait comme les autres.
Peut-être légèrement autiste.
En effet il aime les choses réglées, les habitudes.
Quelle est la part de ce qu'il rêve et de ce qu'il vit ?
Ses aventures avec des femmes sont-elles réelles ?
Très très énigmatiques ce Mo.
L'écriture est monocorde, tellement parfois que la compréhension en est amoindrie, mais c'est sa force en même temps.
On ressent en malaise en lisant l'histoire de Mo.
Est-ce son malaise à lui ou le fait de ne pas savoir où l'auteure veut nous mener.
Comme dans beaucoup de romans de Marie-Hélène Lafon, il est souvent question de solitude du personnage.
Que ce soit dans le milieu paysan qu'elle affectionne ou dans un milieu citadin comme c'est le cas ici.
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Mo pour ne pas dire Mohamed, car c'était le prénom du fils aîné, celui qui est mort trop jeune, et dont Mo a récupéré le prénom pour l'état civil, en espérant qu'il pourrait réaliser les promesses de ce frère trop tôt disparu. Or il n'en est rien, Mo à 33 ans vit avec sa mère, dont il s'occupe, et travaille dans une grande surface, un petit emploi subalterne. En apparence, il laisse sa mère lui dicter sa façon de vivre, mais il arrive à se ménager de petits espaces de liberté, dont elle ne sait rien. C'est un rêveur, qui à la fois imagine et invente, et aussi convoque les souvenirs.

Un jour il remarque dans la boulangerie du centre commercial où il travaille, une nouvelle vendeuse, Maria. Il a une sorte de coup de foudre, et Maria s'intéresse aussi à lui très rapidement. Une nouvelle vie semble possible.

Marie-Hélène Lafon s'aventure dans un univers différent, nous ne sommes plus dans le monde paysan, mais dans la vie de petites gens des périphéries urbaines. Mais les êtres humains sont les mêmes partout, et Mo ressemble étrangement aux portraits de personnages ruraux de l'auteur. Comme eux, il ne sembla pas avoir beaucoup le choix, il subit plus qu'il ne maîtrise son destin, le destin familial et social est finalement aussi inéluctable que le mode de vie paysan réglé par les lois de la nature. le monde dans lequel vit Mo n'est pas plus vaste que celui du village ; ici c'est la cité, le trajet jusqu'au centre commercial où il travaille, parfois quelques escapades un peu plus loin, mais pas très souvent, et pas très loin.

Marie-Hélène Lafont donne à Mo les mots qu'il n'a pas, nous laisse deviner les sentiments qu'il n'arrive pas à dire, à sortir de lui, et qui petit à petit l'étouffent. Les souffrances jamais exprimées, les frustrations qui grossissent. Et qui finiront par provoquer une explosion, d'autant plus définitive que rien n'a pas être évacué avant qu'elle ne survienne.

Un très beau portrait, un très beau livre, triste et poignant.
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Changement de décor !
Marie Hélène Lafon
nous invite dans l'appartement HLM
d'Avignon où vivent Mo et sa mère
Avant le "pauvre Mo" , il y a eu Mohamed,
mort à 13 ans, inégalable, irremplaçable.
Mo, 33 ans veille sur sa mère qui vieillit,
le rudoie, l'espionne, pour se sentir encore là.
Lui, travaille au "centre",
où on ne se moque pas de lui.
Centre commercial, centre de son monde.
Il est gentil, mais lent et vite perdu.
Les femmes se confient à lui,
il oublie leurs secrets mais, pas leurs peaux.
C'est un portrait inoubliable
que nous livre M.H.Lafon
dans ce très court texte
où les mots coulent d'une source naturelle.



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Marie-Hélène Lafon utilise un style simple à l'image de son personnage "Mo" et c'est tout à fait judicieux puisqu'on adopte sa façon de penser. J'ai beaucoup aimé son économie de mots et son sens de la vie au quotidien. Malheureusement, la dernière phrase m'a profondément déçue, j'en ai lâché mon livre avec un "non !".

"Mo" est un trentenaire né dans une famille d'émigrés qui vit dans une cité de la banlieue De Marseille avec sa mère âgée dont il prend soin. Petit dernier d'une fratrie de cinq garçons il ne veut pas porter le prénom de Mohammed celui du frère aîné, le préféré, mort adolescent. Lui c'est "Mo". Il sait lire et écrire mais n'est pas resté longtemps à l'école, un peu simplet, il est gentil et aime son travail au centre commercial où il fait de la manutention. Il reste distant quand on se moque de lui et a des aventures occasionnelles avec des femmes souvent mariées, plus âgées que lui.
Mais celle qui le fait vibrer c'est Maria qu'il aime regarder dans sa blouse sans manche. Elle est vendeuse à la Ronde des pains et il en rêve toutes les nuits jusqu'au jour où ils prennent un café ensemble. L'homme solitaire va enfin vivre une histoire d'amour qui va lui faire oublier les colères de sa mère et les soucis familiaux.

C'est une histoire qui m'a touchée même si vous avez compris que je n'ai pas aimé la fin. Il y a aussi les chapitres nommés Stations, mais je me suis demandé pourquoi parce qu'il n'y a pas de voyage, on reste dans un milieu fermé voire étriqué, celui de la vie de "Mo".


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Écrire comme ça. Un personnage comme celui... Voilà, Mo. Mo de Marie Hélène Lafon. Il n'a pas tous les mots. Ceux des autres . Il a ses gestes. Il a une mère Mo, et puis un centre où il travaille, des corps qu'il apaise. Des femmes qu'ils écoutent. On le devine grand Mo du dedans. Mais il est à l'étroit Mo. Né dans un monde qui l'enserre. Il est un Mo à maux, de ceux des autres. Mais les mots de Mo de quel pont nous seront ils jetés ? Cassés n'est pas jouer. Mo ne joue pas, il regarde et cherche ce que personne ne lui donne.
Un mot peut être. Un mot à Mo. Un seul. le seul.
Une découverte pour moi que celle de l'écriture de Marie-Hélène Lafon. Écriture que j'ai découverte à la lecture d'une de ses nouvelles parue dans le hors série du journal le 1 paru cet été.
Les personnages ont leur langage. de tous récits ils sont les maîtres mots.

Astrid Shriqui Garain

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J'ai découvert cette auteure à travers ce qu'on m'en a dit. je n'avais jamais rien lu d'elle. Et je commence avec "Mo". Ce personnage étrange, entre grande naïveté et innocence, réveille en nous une émotion étrange. Son histoire d'amour avec Maria la portugaise nous étonne, nous interpelle et le roman est tout parsemé de gentils et de méchants, que Mo rencontre et n'oublie jamais. L'écriture est étonnante, monocorde, mais très forte. Un très beau livre.
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Mo n'est pas très doué mais il plaît aux femmes. Maria lui plaît, et il semblerait qu'elle s'en soit aperçue.
Les petites choses de la vie dans un hlm d'Avignon, le travail dans un centre commercial, telles sont les décors de ce petit livre au ton juste
L'ordinaire est le plus difficile à décrire, il banalise un texte, mais non, pas avec cette auteure. Chaque histoire est celle de gens simples, qui passent inaperçus, au destin tracé d'avance. C'est comme si je prenais quelqu'un dans la rue, au hasard et que je lui demandais ne me raconter sa vie. Comme si je racontais la mienne, aussi. Elle nous renvoie à l'humilité de nos existences, à leur extraordinaire richesse d'émotions, simples et complexes à la fois. Je donne la moitié de ma paie à ma mère. Elle m'agace mais je n'ai pas besoin du reste. Karim et son autre frère sont partis, l'un a une famille, il passe de temps en temps, Karim ne passe plus, on ne sait pas, mon frère sait mais ne dira rien, déjà qu'un autre frère n'est plus là, que le père est absent, définitivement. La mère, il faut la préserver, même si, mais c'est la mère, il n'y en a qu'une, ça, on est sûr.
La vie dans une banlieue, loin de son Cantal, Marie-Hélène Lafon est là, le bon mot pour Mo, ou Mohammed, mais Mo, c'est plus simple. Il est simple, pas simplet, simple, naïf, il reste avec sa mère pour ne pas la laisser seule, juste pour ça, les gens simples n'ont pas d'explication à donner, ils ne peuvent pas, n'ont pas à le faire, d'autres disent ces choses inexplicables qu'eux font sans savoir pourquoi, parce que c'est comme ça.
Je parle de ce livre ce soir, c'est un hasard. J'ai visité ma mère, qui ne sait plus qui je suis, ne se souvient plus de mon prénom mais qui aime à me voir parce que je passe la voir? Je sais que tu viens quelquefois mais je ne me souviens plus qui tu es. Elle aime que la personne qu'elle voit de temps en temps vienne la voir, elle ne sait plus qui, mais elle aime bien voir du monde car elle ne voit personne d'autre. Je me demande si elle avait vu du monde plus souvent, comment aurait évolué sa maladie. Je le sais, j'ai eu la réponse ensuite en parlant avec le responsable de l'établissement : Mieux. C'est une maladie qui se freine avec des stimuli, les visites en sont. J'ai un mélange de tristesse et de haine ce soir, vraiment.
J'ai débordé du sujet de cet avis de lecture, je m'excuse. Lisez ce petit livre.
Merci
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Une écriture incroyablement maîtrisée, des phrases courtes, très courtes, juste quelques mots parfois .... une écriture qui distille un malaise dès le départ, on sent, on devine que la fin sera terrible. Une écriture juste qui laisse voir l'entière vérité de ses personnages.
pas un mot de trop, pas un mot inutile.
C'est abrupt, c'est atroce, c'est vrai, c'est beau, du grand art !
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Après avoir découvert Marie-Hélène Lafon avec son ''Histoire du fils'' que j'avais apprécié, j'ai lu ce ''Mo''.
On sort du Cantal natal de l'auteure, mais on reste bien avec cette écriture précise, qui se loge dans la tête du personnage.
MHL écrit sur ce qui ne se dit pas, ou mal. Pour des raisons diverses. Elle explore ces situations où la parole est ténue, fragile, maigre. Elle explore ces silences qui disent long, qui retiennent, enflent.
MO pour Mohammed. Mais Mohammed c'est son frère aîné, mort. Il ne pourra prendre sa place. le premier était inégalable. Lui est si peu. Et ce peu, il y tient. Il est fragile, tout est fragile avec lui. Ses souvenirs, ses trésors, ses fondations. Qu'on ne vienne pas les toucher, les souiller. Surtout pas cette Maria.

Le livre s'ouvre sur la très belle scène du lavement des pieds de la mère. On est le jeudi. Il se referme un dimanche de Pâques, à Notre Dame de la Garde de Marseille. Figure de Golgotha.
Le roman est structuré en ''stations'', au nombre de XIV. C'est un chemin de croix. Dans la tradition chrétienne, on parle de Passion.
Une sorte de jeu de piste, dont je ne suis pas sûr qu'il ne brouille le récit plutôt qu'il ne l'enrichisse.
J'aime beaucoup la fin du récit, ouverte suspendue ; je la lis comme une grande libération, comme une ascension ?
L'auteure, en ouvrant la boîte de Pandore de son personnage, en lui donnant langue, en libérant sa parole, le libere-t-il pour autant ?


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Lorsque j'ai lu la critique de Colombe Schneck évoquant Flaubert à propos de l'Aurillacoise, je trouvais la comparaison un peu gonflée, et puis en me relisant, j'ai vu que j'avais fait pareil.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2018/04/nos-vies-marie-helene-lafon.html
Dans ces 144 pages, M. H. Lafon bouscule la ponctuation, bannit toute fioriture et nous trouble pour mieux retrouver son univers nu.
Peu importe le cadre - cette fois un centre commercial - nous sommes invités au coeur de la solitude, avec un homme de 33 ans dont la pauvre existence est décrite en quatorze stations commencée par une puissante et tendre scène d'ablution.
Mo pour Mohamed, un frère mort, vit chez sa mère, et sa sensibilité entre en conflit, avec une douce indifférence au monde. Un certain malaise peut nous étreindre, signe de l'efficacité de l'auteure, tant le mystère de ce pauvre type reste entier même après le cri final, glaçant. A travers la description d'un morne quotidien, Mo enfermé sur lui-même tout en se montrant sensible à ce qui nous échappe le plus souvent, nous est proche. A chaque mot s'attache son contraire ainsi la banalité va avec l'originalité, comme l'étrangeté avec la platitude, la douceur et la violence.
Une fois encore je me retrouve avec des difficultés à extraire des morceaux de ces tableaux épurés, tant je ne saurai choisir entre chair et minéral, pour dire l'amour et la haine, l'indifférence et le dépassement, les contradictions : la littérature, la vie.

Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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