Mo n'est pas très doué mais il plaît aux femmes. Maria lui plaît, et il semblerait qu'elle s'en soit aperçue.
Les petites choses de la vie dans un hlm d'Avignon, le travail dans un centre commercial, telles sont les décors de ce petit livre au ton juste
L'ordinaire est le plus difficile à décrire, il banalise un texte, mais non, pas avec cette auteure. Chaque histoire est celle de gens simples, qui passent inaperçus, au destin tracé d'avance. C'est comme si je prenais quelqu'un dans la rue, au hasard et que je lui demandais ne me raconter sa vie. Comme si je racontais la mienne, aussi. Elle nous renvoie à l'humilité de nos existences, à leur extraordinaire richesse d'émotions, simples et complexes à la fois. Je donne la moitié de ma paie à ma mère. Elle m'agace mais je n'ai pas besoin du reste. Karim et son autre frère sont partis, l'un a une famille, il passe de temps en temps, Karim ne passe plus, on ne sait pas, mon frère sait mais ne dira rien, déjà qu'un autre frère n'est plus là, que le père est absent, définitivement. La mère, il faut la préserver, même si, mais c'est la mère, il n'y en a qu'une, ça, on est sûr.
La vie dans une banlieue, loin de son Cantal,
Marie-Hélène Lafon est là, le bon mot pour Mo, ou Mohammed, mais Mo, c'est plus simple. Il est simple, pas simplet, simple, naïf, il reste avec sa mère pour ne pas la laisser seule, juste pour ça, les gens simples n'ont pas d'explication à donner, ils ne peuvent pas, n'ont pas à le faire, d'autres disent ces choses inexplicables qu'eux font sans savoir pourquoi, parce que c'est comme ça.
Je parle de ce livre ce soir, c'est un hasard. J'ai visité ma mère, qui ne sait plus qui je suis, ne se souvient plus de mon prénom mais qui aime à me voir parce que je passe la voir? Je sais que tu viens quelquefois mais je ne me souviens plus qui tu es. Elle aime que la personne qu'elle voit de temps en temps vienne la voir, elle ne sait plus qui, mais elle aime bien voir du monde car elle ne voit personne d'autre. Je me demande si elle avait vu du monde plus souvent, comment aurait évolué sa maladie. Je le sais, j'ai eu la réponse ensuite en parlant avec le responsable de l'établissement : Mieux. C'est une maladie qui se freine avec des stimuli, les visites en sont. J'ai un mélange de tristesse et de haine ce soir, vraiment.
J'ai débordé du sujet de cet avis de lecture, je m'excuse. Lisez ce petit livre.
Merci