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4,3

sur 2002 notes
Une médaille dorée frappée du portrait d'Anne Frank a été offerte à Lola Lafon par sa grand-mère Ida lorsqu'elle avait dix ans. Elle lui a fait la promesse de la conserver à jamais. En 2021, Lola passe une nuit seule dans le musée d'Anne Franck à Amsterdam, dans l'Annexe où la petite fille et sa famille ont passé deux ans cachés. Grâce au courage d'employés travaillant à l'étage du dessous et ayant oeuvré pour la survie de cette famille.

Durant cette nuit, elle fait le récit d'Anne Frank comme on la connaît trop peu. Elle évoque sa soif de livres et de connaissances, son quotidien, ses angoisses mais aussi les négationnistes de son existence, les exploitations qui ont été faites de son journal et ses diverses adaptations selon les pays pour coller à la culture locale. Si au début son père Otto, seul survivant de la famille, hésite à lire son journal, il sait aussi que sa fille désire être lue.

Cette nuit au musée à revivre l'histoire d'Anne, c'est aussi l'occasion pour Lola d'affronter enfin son histoire d'exilée, celle qu'elle a souhaité ignorer pendant des années car trop lourde à porter. Cette nuit, c'est l'occasion de rassembler ses souvenirs, de réunir les objets auxquels elle tient tant et de les lier entre eux. C'est aussi le moment de se pencher sur le passé de sa famille, de sa grand-mère et sur une part d'histoire que tout un peuple a partagé.

Ce récit est incroyablement puissant. Au début, je souhaitais le lire d'une traite, comme cette nuit que Lola Lafon a passée au musée. Et finalement, il est tellement intense et chargé en émotions qu'il vaut mieux prendre son temps. C'est à la fois une autre découverte d'Anne Frank et un devoir de mémoire rendu à de nombreux exilés. Terriblement émouvant et nécessaire.
Lien : https://alinebouquine.fr/qua..
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Comment ne pas se laisser happer par ce récit aussi passionnant que bouleversant ?! C'est impossible selon moi ! Et soyez rassuré·es, il n'est pas nécessaire d'avoir lu le Journal d'Anne Frank pour l'apprécier [car non, Lola, chaque enfant n'a pas forcément dû le lire à l'école, du moins en Belgique francophone].

Dans Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon revient en détail sur la manière dont elle a vécu sa nuit au musée mais aussi sur les différentes rencontres qui ont rendu cette expérience possible. Elle met beaucoup en avant deux figures féminines qui ont connu les Frank : Laureen Nussbaum et Miete Gip.

Au cours de ses recherches, Lola Lafon a également pris conscience de la volonté d'Anne Frank de devenir écrivaine et du travail de réécriture que la jeune fille a opéré sur son journal : elle souhaitait qu'il soit lu après la guerre. Raison pour laquelle son père l'a rendu public. L'autrice s'interroge d'ailleurs sur “A qui appartient le droit d'adapter, de diffuser” le journal. Elle revient alors sur les différentes adaptations qui en ont été faites, certaines sont d'ailleurs assez hallucinantes ! Les Américains ont encore frappé par leur incroyable capacité à tout salir, au nom du sacro-saint dieu Argent.

Ce récit, c'est aussi l'occasion pour Lola Lafon de s'interroger sur le travail d'écriture et de nous parler du sien. Cela donne des pages brillantes, qui m'ont à nouveau donné envie de reprendre le chemin de l'écriture.

Il ne vous a pas échappé non plus qu'Anne est une jeune fille. Or, la plupart des personnages principaux des romans de Lola Lafon aussi. Elle trouve dans les adolescentes une source d'inspiration inépuisable et nous invite à cultiver davantage “l'irrévérence des jeunes filles”. Là encore, ce sont des passages qui m'ont profondément marquée.

Enfin, l'autrice aborde son histoire personnelle et celle de sa famille qui a également été décimée par la Shoah. Lola Lafon questionne alors la place que prennent les absents dans notre construction personnelle. Elle rend aussi un magnifique femmage à sa grand-mère.

L'autrice termine son récit par l'explication du choix du titre de cet ouvrage. Et là, si vous avez réussi à garder les yeux secs jusque-là, je pense que ces derniers passages auront [eu] raison de votre résistance…

Vous l'aurez compris, Quand tu écouteras cette chanson est un récit très riche, terriblement intime tout en abordant des thèmes qui sont assez universels et qui redonne sa place et sa valeur littéraire à une grande figure de l'Histoire du XXe siècle. C'est sublime ! Assurément une de mes meilleures lectures de 2022.
Lien : https://www.maghily.be/2022/..
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J'ai fait comme d'habitude, j'ai lu la 4e de couverture. J'ai ainsi appris qu'à l'origine de ce livre, il y a la nuit que l'autrice, Lola Lafon, a passé à Amsterdam, dans la fameuse Annexe où Anne Franck est restée enfermée pendant plus de deux années.
Rappel rapide de ce que tout le monde sait déjà : de l'été 1942 à l'été 1944, Anne, alors adolescente, s'est terrée avec ses parents, sa soeur et quatre autres personnes dans cet endroit affreusement exigu afin d'échapper aux rafles de juifs et aux camps de concentration. Elle y a tenu un journal dans lequel, avec une extraordinaire maîtrise de l'écriture pour son âge, elle décrit son quotidien et ces horribles conditions de vie. Elle parle de ses peines, de ses espoirs, de son éveil à la sexualité, de la peur, des échos de l'extérieur en guerre, des difficultés de tous les jours, etc. Finalement, ils ont été délogés, déportés, et Anne est morte à 16 ans du typhus au camp de Bergen-Belsen, un mois avant la libération. Des millions de gens dans le monde ont lu ce fameux « journal » et ont pleuré dessus. Puis sont passés à autre chose.
J'ai naturellement cru que ce bouquin parlait d'Anne Franck, cependant je me suis trompé. Anne est évidemment très présente dans les pages de Lola Lafon, mais elle parle surtout d'elle-même, et c'est aussi émouvant que le journal. Car ce que j'ignorais, c'est que l'autrice est également juive. Elle a grandi en Bulgarie et en Roumanie, sa famille a subi les atrocités de la Shoah. Ce passé, cette famille décimée, ces souffrances décrites par Anne, elle les connaît par elle-même.
« Nos arbres généalogiques ont été arrachés, brûlés, calcinés. »
Les émotions liées au funeste destin de la petite Anne qui nous ont mis les larmes aux yeux, Lola les retrouve en elle, dans ses parents, dans ses ancêtres, dont un nombre important a été massacré avant sa naissance.
Le récit de ce livre commence avec la décision de passer une nuit en ce lieu, mais très vite, l'autrice nous entraîne dans son histoire personnelle. L'enfance, en rien comparable à celle des autres gosses. Comment s'étonner, alors, que Lola ait tant de mal à simplement pénétrer dans la chambre d'Anne ? Elle écrit, avec franchise « Je ne parviens pas à entrer dans la chambre d'Anne Frank ». Et ailleurs « face à la porte de sa chambre, j'ai hésité, reculé ».
Désormais, l'Annexe se visite. Chaque année se pressent des milliers de touristes venus chercher la présence d'Anne. Mais il n'y a là que l'absence, mise en exergue par quelques traces terribles.
« La présence de la trace témoigne de l'absence de ce qui l'a formée. Les traces ne donnent pas à voir ce qui est absent, mais plutôt l'absence même. »
Tout au long de cette nuit, Lola va faire un voyage au fond d'elle-même, et vers son enfance. le lecteur devine très vite qu'au terme de ces heures si particulières, elle franchira enfin le seuil de cette chambre. Elle franchira aussi celui d'une importante porte en elle-même. Car parmi les nombreuses injustices qui forment le passé de l'autrice, il en est une qui a une place à part. Un jeune homme. « Je n'ai jamais écrit son nom ailleurs que dans mon journal intime. » Elle l'écrit ici, son nom, dans ce livre, dans la chambre d'Anne Franck, et elle trace pour nous la vie de ce gamin de quinze ans. Elle explique aussi le titre de son bouquin, qui m'a touché bien au-delà de ce que j'imaginais en l'ouvrant.
« Nous sommes les enfants des romans que nous avons aimés, ils se déposent au creux de nos peines, de nos manques, ils contiennent tout ce qui se dérobe à nous, qui passe sans qu'on ait pu le comprendre, nous sommes faits d'histoires qui ne nous appartiennent pas. »
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Gros coup de coeur pour ce petit roman tout en délicatesse de la collection "Une Nuit au musée". Lola Lafon a choisi la maison d'Anne Frank. Ce sera l'occasion de nous parler de la jeune fille, bien sûr, dévoilant des aspects moins connus de sa courte histoire et de la naissance de son "musée-maison" mais aussi d'aborder de nombreux autres sujets très intéressants.
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C'est le roman d'une nuit. Une nuit qu'elle passa seule, dans la solitude que ressentent ceux qui ne sont entourés que par les absents, les disparus dont la présence emplit l'espace du vide de leur inexistence, dont les récits silencieux résonnent depuis la nuit des temps ; la nuit éternelle à laquelle ils furent condamnés, qu'elle vient prolonger, pour une durée définie qui entre en écho avec l'infini. Avec elle le silence, donc ; celui qui a troué leurs récits, qui a interrompu leurs lignées et a suspendu les destinées. Dans un temps éternel, de la négation et du néant. Et avec elle il y a les mots, ceux impuissants et ceux qui battent du coeur de l'essentiel. Compagnons des nuits blanches et du noir des ténèbres, ils viennent défier la destinée dans la promesse qu'ils font aux absents. Les textes qui portent en eux les présages d'éternité en une preuve d'espoir, un acte d'espérance ; quand écrire c'est dire que l'on est toujours vivant. Les écrits transmis au monde comme le témoignage du présent et une promesse d'avenir ; qui viennent pourtant rappeler ce qu'on a perdu et que l'on aura plus. Des récits à la périphérie du réel dont la portée s'inscrit en chacun et viennent réveiller l'urgence de conter son histoire. Celle qui jaillit au plus profond de soi, nichée dans les silences, nourrie par les absences. Un récit personnel à la portée universelle quand il vient toucher à l'intime et entre en écho avec son vécu.
C'est le roman d'une nuit. Que Lola Lafon passa seule dans l'Annexe, le lieu où se cachèrent Anne Frank et sa famille, désormais Musée Anne Frank. Entourée de la présence des disparus et portée par les écrits de la jeune fille, dont elle réhabilite la teneur et le projet, Lola Lafon pénètre l'intimité de son âme à mesure qu'elle chemine dans l'annexe, sonde son histoire tant qu'elle explore celle d'Anne Frank.
Qu'elle nous transmet dans un récit sensible et délicat ; suivant le « chemin sans destination de l'écriture » , dans la beauté de ce qui ne mène nulle part et pourtant à l'essentiel. Au coeur des silences qui disent tant.
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J'ai acheté ce livre après avoir lu une critique positive dans un magazine. Ce n'est pas dans mes habitudes pourtant.
Je l'ai littéralement dévoré. Rarement un livre n'a autant parlé à mon coeur parce qu'il a dit exactement ce que je ressens, fille d'une famille qui a connu un génocide.Lola Lafon parle d'Anne Franck comme personne ne l'a jamais fait mais pas seulement. Elle évoque sa propre vie aussi.
Il faut lire ce livre difficile à expliquer. Il donne à réfléchir sur de nombreuses questions. Brillant et très émouvant.
Une lecture marquante.
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Ce livre fait partie de la collection « Ma nuit au musée » des Editions Stock qui demande à un auteur de choisir un musée dans lequel il aimerait passer la nuit et de noter ses impressions ;
Bouleversant, attachant, passionnant. Avec talent, Lola Lafon nous fait part de ses réflexions après avoir choisi de passer une nuit dans l'Annexe, la cache d'Anne Franck à Amsterdam, pendant 2 ans, à 8 personnes sans en sortir, avec l'aide formidable de leurs voisins du dessous qui vont prendre le risque de les nourrir, de leur acheter de quoi se distraire, de mentir. C'est d'ailleurs Miep Gies qui va trouver le journal et tous les dessins d'Anne éparpillés dans sa chambre après avoir été arrêtée. Elle donnera ses témoignages au père d'Anne, seul à être revenu des camps.
Ce livre est si riche qu'il faut le lire et pas en parler. Déjà avant tout, savoir que le journal a été expurgé dans les années 50 de tous les éléments perturbateurs : sexualité, juiverie mais surtout, le fait qu'Anne dit bien qu'ils étaient au courant des camps dès 1942, et personne n'a rien voulu voir ou entendre.
Alors, il y a l'adolescente Anne, tout le contexte de la guerre mais il y a aussi le passé juif de l'autrice, ses souvenirs bouleversants qui se mêlent doucement. le tout n'a rien de racoleur, de violent malgré le sujet. Juste le silence de cette nuit dans ce lieu si intense que ce n'est qu'au petit matin que Lola Lafon arrivera à avoir la force d'entrer dans la chambre d'Anne.
Je recommande ardemment ce livre ainsi que tous ceux de cette formidable collection
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Coup de coeur, Je viens vous parler du dernier livre de Lola lafon aux éditions Stock. (dans le cadre une nuit au musée)

"On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas ; on pourra dire qu'on ne savait pas que faire de ce qu'on savait."

L'autrice Lola lafon s'est installé en août 2021 le temps d'une nuit dans un musée, mais un musée qui n'est pas totalement comme les autres.
En effet, Cette nuit, elle la passera au coeur de l'annexe, la cachette secrète dans la maison consacré à la jeune fille écrivain juive Anne Franck, celle où avec sa famille et quatre autres personnes, elle passera l'été 1942 à l'été 1944 cachée, fuyant la persécution nazie avant d'être déportée à Bergen belsen et d'y mourir.

Dans ce livre, Lola laffont y mêle l'histoire d'Anne Franck, ses propres souvenirs d'enfance en Roumanie jusqu'à ses 12 ans, ses résonances avec l'histoire de sa propre famille, ses réflexions personnelles. Les blessures Transgénérationnelles qui nous hantent. Elle y confronte aussi les silences et l'absence. Non, ce qui hante le musée, la nuit, ce n'est pas tant une présence, c'est l'absence !
L'autrice questionne également la puissance de l'acte d'écrire pour cette jeune fille qui fait abstraction de cette barbarie autour d'elle, pour lui permettre de laisser une trace dans le temps. Connaît-on vraiment cette jeune fille à travers son témoignage, Lola laffont nous ouvre un autre regard sur Anne qui voulait être d'écrivaine et surtout le travail qu'elle a accompli. Elle rend un sublime hommage à Anne Franck autant qu'autrice. Son Journal est l'oeuvre d'une jeune fille victime d'un génocide, perpétré dans l'indifférence absolue de tous ceux qui savaient.

Un récit que j'ai trouvé très intime, d'une grande sensibilité, bouleversante, relatée avec honnêteté. C'est très beau, d'une grande délicatesse Puissant et authentique, cela m'a touchée et fait écho en moi.

C'est un des grands livre de cette rentrée littéraire !

"On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas ; on pourra dire qu'on ne savait pas que faire de ce qu'on savait. On pourra dire l'impuissance qui nous saisit, qui nous écrase, plus on sait et moins, on peut."
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Quel plaisir de retrouver la plume de Lola Lafon dans un nouveau genre littéraire.
Après un immense coup de coeur pour son roman « Chavirer » j'étais vraiment intriguée par ce nouveau roman.
Un livre passionnant et émouvant. J'ai été très touchée par la sincérité qui émane tout au long du récit, que ce soit sur la vie d'Anne Frank ou sur celle de l'autrice.
Un récit alternant passé et présent, vie d'Anne Frank et vie personnelle de Lola Lafon, le tout avec subtilité, grâce à une écriture envoûtante.
Un immense coup de coeur que je vous conseille de découvrir à votre tour !
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Dans l'impeccable collection « ma nuit au musée » imaginée par les éditions Stock, Lola Lafon, au coeur de la pandémie de la Covid 19, arrive à Amsterdam pour passer une nuit entière, non pas dans un musée de beaux-arts, mais dans l'Annexe, où vécurent cachés Anne Frank, sa famille et plusieurs autres juifs avant d'être arrêtés, déportés pour finir exterminés. On connait l'histoire : seul le père, Otto, a survécu. de retour au Pays-Bas, son assistante lui remet le journal de sa fille Anne, miraculeusement récupéré. Au fil des années, le journal devient un des livres les plus lus au monde, presque un passage obligé pour les jeunes filles. le visage d'Anne se transforme en icone, l'Annexe en lieu de mémoire.
Ce choix de destination apparait comme une évidence pour Lola Lafon tant la figure de la jeune fille et de l'enfermement transversent son oeuvre, mais c'est la première fois sa propre judéité y entre en résonnance avec pudeur et délicatesse.
Alors que le silence de la nuit fait place au brouhaha du jour, Lola Lafon s'enfonce peu à peu dans sa propre histoire pour en extraire les mémoires enfouies. Pourtant, la figure mythique de la jeune fille disparue prend progressivement toute sa place. L'absente si présente devient le révélateur de l'antisémitisme et du négationniste nauséabond. Quelle que soit la période, on préfère les images aseptisées hollywoodiennes à une réalité plus crue.
Avec beaucoup de finesse mais aussi de force, dans son dialogue indirect avec Anne Frank, l'autrice nous dit à la fois les espérances et la révolte adolescente mais aussi la permanence de la répression, de la haine d'autrui et de la misogynie.
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