— Que s'est-il passé ?
— Il a été sauvagement assassiné dans la nuit.
— Sauvagement ?
— Vous allez voir…
Cannelle Pourson fronça les sourcils.
« Sauvagement. » Dans la police, ce n'était pas un terme que l'on employait de manière inconsidérée.
— À ce point-là ?
— Oui, à ce point-là. Je n'ai jamais rien vu de pareil, avoua-t-il en hochant la tête.
Strasbourg, dans le froid de janvier.
« Sauvagement assassiné. » C'est ainsi que les hommes du commissaire Cannelle Pourson lui décrivent le meurtre de Georges Toussaint, éminent professeur d'université, prix Nobel de chimie.
À Paris, Simon Vairne, lui, est mis sur l'affaire Haineteaux. Une aubaine : cela lui évitera de taper des rapports – peine dont il a écopé pour son… humour. le scientifique (tiens donc !) a disparu à Lyon quelques jours plus tôt.
Coincidence? Pas pour Simon. Son esprit affûté de joueur de poker faire rapidement fi du hasard pour se pencher sur une vue d'ensemble troublante. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que le crime perpétré sur le professeur Toussaint est peu commun : on lui a extrait le cerveau. Il a été découvert dans un bain de sang à faire pâlir le plus chevronné des enquêteurs.
Tandis que Pourson fait appel à la psy du service – qui est loin d'être sa collègue préférée – pour tenter de cerner l'assassin de Toussaint et de comprendre le symbole griffonné sur un papier qu'on a retrouvé dans sa bouche, l'enquête de Vairne prend une tournure inattendue : Jean-Edouard Hainteteaux réapparaît indemne… sans le moindre souvenir de ce qu'il lui est arrivé ces huit derniers jours.
D'abord Strasbourg, puis Lyon, et maintenant Aix-en-Provence. Il ne fait pas bon être un homme de science en ce moment, et de nouveaux disparus viennent s'ajouter à la liste. Ce qui pousse le lieutenant Mastereaux à contacter Simon…
Probabilité que vous soyez aussi largué que la police et que vous n'ayez aucune hypothèse : 99,9 %.
Pour un premier roman,
Alexis Laipsker a fait fort. En choisissant de passer d'une équipe à l'autre, il attise la curiosité en permanence. L'histoire, prenante, est beaucoup trop bien ficelée pour qu'on anticipe les événements, le pourquoi du comment ne sera dévoilé qu'en temps et en heure… c'est-à-dire après un incroyable triturage de méninges. Les personnages ont de la consistance, les dialogues sont réalistes, et je dois avouer que Simon Vairne m'a tapé dans l'oeil. le mec est intelligent, il a des capacités d'analyse fascinantes, il est têtu, impertinent… diablement efficace. Avec son passé de joueur de poker, il a une façon toute personnelle d'appréhender l'enquête – et la vie en général –, et apporte une touche d'originalité bienvenue. Les femmes ne sont pas en reste, elles aiment marcher en dehors des clous et ont autant de cran que de répondant. L'auteur ne fait pas dans l'à-peu-près, le style est percutant, l'urgence est prégnante, chaque chapitre appelle le suivant : sitôt commencé, ce bouquin va vous ferrer.
Le polar français peut s'enorgueillir de compter un nouveau nom dans ses rangs, monsieur Laipsker m'a bluffée.