Je ne sais pas si vous connaissez
Helen Keller, au moins de nom.
C'est une petite fille qui suite à une maladie contractée à l'âge de 18 mois est devenue sourde, muette et aveugle. A force de recherches, sa mère finit par lui trouver à l'âge de 6 ans une gourvernante qui était elle-même malvoyante avant qu'une opération ne lui rende la vue, et qui a fait ses études à l'institut Perkins pour jeunes aveugles : Ann Sullivan.
Grâce au dévouement d'Ann et à force de travail et de persévérance,
Helen Keller a réussi à communiquer de nouveau avec son entourage, puis à lire, écrire et à parler. Elle est devenue célèbre dans le monde entier en devenant la première femme aveugle diplômée d'une université américaine, et en travaillant sans relâche à améliorer le sort des aveugles, et notamment des enfants aveugles, dans le monde (elle a notamment fait des tournées en France et en Europe après la guerre pour les soldats et les civils devenus aveugles suite à des blessures). Elle a écrit de nombreux livres et a été une féministe et une socialiste engagée politiquement.
C'est un personnage que j'admire énormément, et depuis ma lecture de jeunesse du roman L'Histoire d'
Helen Keller de Lorena Hickock, j'ai toujours été intéressée par ce qui parlait d'elle.
Quand j'ai vu cette BD dans la liste de la sélection "La BD fait son festival", j'ai tout de suite sauté sur l'occasion.
Et je ne regrette pas du tout, car j'ai énormément aimé cette lecture. L'histoire est moins centrée sur
Helen Keller et l'on apprend beaucoup de choses sur la femme de l'ombre qu'est restée Ann Sullivan, son enfance miséreuse et ses années passées dans un asile (dont les dirigeants seront d'ailleurs condamnés dans un long procès quelques années plus tard), son handicap et sa soif de connaissance, son caractère têtu et emporté qui lui aura valu bien des souffrances, et enfin, son dévouement total à sa jeune et brillante élève.
Au niveau graphisme, je n'ai pu m'empêcher de penser à
Manu Larcenet (que j'aime énormément) et à son Combat Ordinaire pour le trait et le dessin des personnages, et pour l'alternance de planches lumineuses et de planches sombres. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la façon dont sont dessinées les planches dont Helen est la "narratrice", avec de vagues formes esquissées sur fond noir, planches qui évoluent bien sûr au fur et à mesure qu'Helen sort de sa "prison" sensorielle pour s'ouvrir au monde.
Cette BD retrace la rencontre d'Helen et d'Ann, et j'ai bien sûr regretté qu'elle ne poursuive pas plus avant leur histoire commune.
Et je me suis quand même posée la question de la difficulté d'entrer dans l'histoire pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas du tout l'histoire et le contexte, mais je pense que finalement, passé la surprise des premières pages consacrées à Helen, le lecteur entrerait facilement dans ce récit passionnant.