L'auteur, un aviateur, s'appelle Antoine de Saint-Exupéry. Il l'a écrit à New York au début de la guerre et illustré avec ses propres aquarelles. Elle sort "Le petit Prince" de sa poche, l'ouvre à la page qu'elle lit le plus. Elle connaît la phrase par cœur. " Il vaut mieux être moins sérieux pour apprécier le vrai sens des choses." Est-elle trop sérieuse ? Peut-on jouer de la musique sans être sérieux ? Probablement pas.
Le héros appréhende la solitude et l'absurdité de l'existence. Comme lui, elle s'interroge sur l'inconséquence du monde des adultes. Elle surinvestit son instrument pour ne pas laisser la possibilité à la peur de s'infiltrer.
Pourtant, ce Petit Prince aux boucles d'or qui parle à sa rose lui donne envie de croire à l'avenir.
J'ai vécu tellement collée au manque qu'il me coupait parfois la respiration.
Ma mère est morte il y a un mois.
Je ne suis pas allée à son enterrement.
Vingt ans que je ne l'avais pas vue.
Elle ne m'avait jamais dit qu'elle m'aimait.
Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots.
Encore moins avec ses baisers.
Si l'on avait été deux, le silence n'aurait pas pris toute la place. On aurait terrassé le chagrin et l'indifférence. Je ne peux m'empêcher de penser que cela aurait tout changé.
Le manque s'était réveillé, l'emportant sur la bienséance. Il jaillissait, pareil à de l'eau trop longtemps contenue sous la terre. Mal de mère.
Comme dans ma vie, je mélange les ingrédients et je compose au mieux avec les circonstances.
Je ne connais rien qui puisse autant me raccrocher à la vie que l'écriture. C'est aussi fort que d'être amoureuse. Chaque livre est une nouvelle histoire d'amour. Je pensais que celle-ci n'en était pas une.
Pour moi, Juif, cela signifie la terreur, l'horreur, le malheur. J'ai déjà quitté un pays à cause de toi, ma carrière de l'autre côté de l'Atlantique à cause de toi. Je ne suis plus le paquet que vous déplacez à votre guise. Je n'irai pas en Israël, je n'irai pas à New York, je n'irai plus où tu veux. Mon mari deviendra mon continent.
Je ne connais rien qui puisse autant me raccrocher à la vie que l'écriture. C'est aussi fort que d'être amoureuse. Chaque livre est une nouvelle histoire d'amour. Je pensais que celle-ci n'en était pas une.
Pour les sortir de l'oubli, , je suis sourcier, paratonnerre, éponge. J'essaye d'être authentique. J'essaye de réduire au mieux l'écart entre légende et vérité. Je tente de dater avec précision les événements. J'explore les silences, j'appréhende les secrets. Le reste, je peux, je dois le fantasmer. Si je ne trouve pas de réponse factuelle à mes interrogations, je privilégie la dramaturgie de l'histoire.