J'ai vécu tellement collée au manque qu'il me coupait parfois la respiration.
L'écriture, c'est ma maison, mon cocon, mon refuge. Je me sens à l'abri dans le monde que je crée. Aucun inters- tice qui permettrait à la peur de se faufiler. D'habitude, quand j'écris, il ne peut rien m'arriver. Cette fois, tout peut m'arriver.
Je ne peux pas me réconcilier. II faut une dispute pour se réconcilier. ll n'y a pas eu de dispute. Il y a eu le néant, le silence, le vide, le rien.
J'aurais préféré qu'elle me frappe, au mnoins elle m'aurait touchée.
Que sait-on de ses ancêtres, de ses parents ? Souvent le passé oficiel. Rarement les intrigues ou les secrets.
Dans chaque lignée, il subsiste sans doute des points d'interrogation à observer avec prudence et empathie. Si une famille jette un voile, c'est peut-être nécessaire, pour préserver un équilibre.
Je ne connais rien qui puisse autant me raccrocher à la vie que l'écriture. C'est aussi fort que d'être amoureuse. Chaque livre est une nouvelle histoire d'amour.
Ces « personnages » au croisement de la vérité et de mon imaginaire ne sont pas des anonymes, mais ils demeurent des inconnus.
Le manque s'était réveillé, l'emportant sur la bienséance. Il jaillissait, pareil à de l'eau trop longtemps contenue sous la terre. Mal de mère.
Ma mère est morte il y a un mois.
Je ne suis pas allée à son enterrement.
Vingt ans que je ne l'avais pas vue.
Elle ne m'avait jamais dit qu'elle m'aimait.
Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots.
Encore moins avec ses baisers.