Citations sur J'aime pas le lundi (19)
Les mères se remettent d'un tas de choses que beaucoup d'entre nous ne pourraient même pas encaisser.
- Lemeur ! Vous dormez ?
Apparemment la question s'adresse à moi.
D'ailleurs, étant donné le ton aimable sur lequel
ces trois mots viennent de traverser la salle comme
des boulets de canon, on ne peut pas exactement
parler de question. On est plus proche de la gifle.
Quoi qu'il en soit, je suis le seul à porter ce
nom dans cette classe de trente-quatre élèves et
je ne peux pas faire semblant plus longtemps.
Franchement, ça ne m'arrange pas. Je me serais
bien passé d'un réveil aussi brutal. Parce que, pour
répondre à la question du gracieux M. Pointelle
qui me sert de prof de SVT, eh bien oui, je dormais.
Et profondément en plus.
" Une des plus grosses épreuves dans ma vie quotidienne ( à part les endives au jambon au dîner, mais pour ça, il me faudrait six heures de colle pour faire le tour du sujet et expliquer le problème), un des pires moments de mon existence est le matin."
Ce qui me dérange, c'est quand le tyran qui règne sur ses sujets en profite et exige de chacun un peu plus chaque jour. J'ai toujours peur que les gens se perdent eux même, qu'ils ne se retrouvent plus et ne comprennent que des années plus tard, enfin libérés, à quel point ils furent malheureux. Sans parler du nombre d'années supplémentaires pour soigner tout ça, se restaurer, se reconstruire vraiment. Je crois que les mécanismes qui régissent nos cœurs sont beaucoup plus fragiles qu'on ne se le figure.
- Mon petit bonhomme, il faut toujours préférer la joie. Elle est meilleure conseillère. Préfère la à la colère, au malheur, à la tristesse. Si tu y arrives bien sûr, parce que ce n'est pas donné à tout le monde et chacun règle ses problèmes comme il peut.
Les cailloux me paraissaient les êtres les plus enviables de la Création. D'abord parce qu'ils ne s’embarrassent pas de savoir s'ils sont heureux ou non. Ils sont. Point barre. Ensuite parce qu'ils sont toujours bien là où le destin les a posés. Un caillou ne dépare jamais son environnement. Même un galet de plage qui se retrouverait par un concours de circonstances au milieu d'une forêt aurait toujours l'air à sa place. Il ne serait ni trop plat, ni trop salé, ni trop joli. Et je suis sûr que les autres cailloux de la forêt l'accueilleraient sans préjugés. Les cailloux ne jugent pas, les cailloux ne se plaignent pas.
Oui, en effet, on aime le foot en général à mon âge. ET ALORS ? Est-ce que j'ai une tête à faire du foot le mercredi ? Non, je n'aime pas le foot en particulier ni les sports collectifs en général. Ça ne veut pas dire que je suis un cas perdu et ça n'a rien à voir avec le fait d'avoir mauvais caractère. Ce n'est pas obligatoire dans l'existence d'un homme de savoir marquer un but dans la boue en short, que je sache. Des tas de gens réussissent leur vie sans enfiler une paire de crampon, non ?
Et sans manger d'endives.
Enfin, j'espère,sinon les soixante prochaines années s'annoncent mal pour moi.
J’aime pas les filles. Elles me font peur. Et elles crient. Souvent. Fort. Et pour un rien. Les filles crient quand elles sont folles de joie, folles d’émotion, folles de rage, folles d’amour et folles de tristesse. Ça fait beaucoup d’énergie pour rien et ça abîme la peau du visage, me dit mamie.
J'aime pas les sixièmes, ni les cinquièmes, encore moins les troisièmes.
Les quatrièmes, n'en parlons pas.
Les choses gratuites et agréables sont nombreuses paraît-il, mais personnellement, je n'en connais pas encore tant que ça, alors j'en profite quand j'en trouve. (p.40)