Les choses gratuites et agréables sont nombreuses paraît-il, mais personnellement, je n'en connais pas encore tant que ça, alors j'en profite quand j'en trouve. (p.40)
Être d'accord avec quelqu'un n'est pas une chose facile, mais être d'accord avec Fatou, même pour se dire qu'on se déteste mutuellement, cela relève de l'exploit. (p.29)
Il faut rendre à César ce qui appartient à sa salade.
Le mardi, je me suis réveillé de bonne humeur.
Ça m'arrive.
J'ai compris avec son rire. Tout compris. Croûton, aimer, pas aimer, être aimable, tout ! Son rire était comme une couleur qui m'aurait manqué depuis trois jours et qui m'empêchait de comprendre le paysage. Là, je voyais clair, je voyais net, je voyais en couleur et je voulais que son rire ne s'arrête jamais.
Je voyais bien à la petite lumière dans ses iris bleu pâle qu'elle [sa grand-mère] ne pensait qu'à moitié ce qu'elle disait. Malgré toute sa bienveillance, il y avait une légère ironie dans sa voix et, sur les belles rides étoilées autour de ses yeux, une trop grande malice. Comme pour me faire réfléchir à une chose qu'elle ne disait pas, voire pour me faire avouer quelque chose malgré moi. Elle me laissait venir, elle attendait que je réagisse à ce qu'elle venait de me dire. C'est ce qu'on appelle prêcher le faux pour savoir le vrai.
- Mon petit bonhomme, il faut toujours préférer la joie. Elle est meilleure conseillère. Préfère la à la colère, au malheur, à la tristesse. Si tu y arrives bien sûr, parce que ce n'est pas donné à tout le monde et chacun règle ses problèmes comme il peut.
Je ne sais pas pourquoi je me suis confié à elle [sa grand-mère]. C'était la première fois et je n'avais rien prémédité. Je ne croyait plus depuis longtemps à cette légende des Ancêtres Qui Connaissent Tout De La Vie, mais j'avais l'impression qu'elle pouvait entendre, me laisser parler, simplement, sans jugement, sans questions morales, sans me demander si c'était bien ou mal, s'il y avait un moyen de réparer les choses. Elle était assise en face de moi, je la sentais présente d'une manière qui se passait de mots et même de gestes, elle me regardait attentivement et sans lourdeur.
Les mystères du cerveau féminin m'échappent, et, si certains préfèrent s'en moquer et penser que les filles viennent d'une planète différente que les garçons, je me dis plutôt qu'on devrait y réfléchir. Ou peut-être est-ce qu'on ne trouve pas de réponse à ce sujet dans la réflexion. Peut-être devrait-on essayer de comprendre comment certaines subtilités nous échappent au lieu d'essayer de savoir pourquoi elles nous échappent.
Les mères se remettent d'un tas de choses que beaucoup d'entre nous ne pourraient même pas encaisser.