Le Lambeau

Sorte de journal de bord de l'auteur grièvement blessé au cours de l'attentat terroriste contre Charlie Hebdo.
Toutefois, l'auteur ayant écrit des romans, le style est malgré tout littéraire. Ce qui donne au texte un relief que n'aurait pas un témoignage pur et dur.

L'histoire commence par le soir précédent au cours duquel Philippe Lançon est allé au théâtre voir une pièce de Shakespeare et se termine à New York le jour de l'attentat au Bataclan.

Pendant ce temps, on assiste (sans voyeurisme aucun) à sa reconstruction physique et psychologique d'abord à la Pitié-Salpêtrière, puis aux Invalides.
Il y dit sans détour son ressenti, ses douleurs, son vécu sans colère et sans haine, sans victimisation, sans jérémiades. Juste de l'humilité et de la résilience.

Tout n'est pas "agréable" à lire car les faits y sont décrits tels que l'auteur les a vécus. On partage toute une palette d'émotions avec P. Lançon qui a une furieuse envie de VIVRE, de s'en sortir. Même s'il sait qu'il y a un avant et un après.

7 janvier 2015. 2 minutes ont suffi. le monde entier va devenir Charlie...

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai acheté ce livre. Je l'ai laissé traîner longtemps sur ma table de chevet. Pas vraiment le coeur à me plonger dans la lecture d'un fait divers sordide qui remplit tout de même plus de 500 pages ! Je le pressens ennuyeux… Puis, j'ai commencé à le feuilleter… Je n'ai pas été déçue !
Au-delà du simple témoignage, ce livre a une dimension littéraire certaine. Il dépasse largement le fait divers. Ce n'est pas non plus un documentaire sur le terrorisme ou sur l'Islam mais plutôt une méditation existentielle.
L'auteur met son âme à nu et se livre entièrement. Il nous fait partager ses peurs, sa souffrance, son cheminement intérieur, sa douleur et sa métamorphose avec une sincérité absolue.
Les mots sont puissants et l'introspection est tellement criante de vérité qu'elle nous ramène à nos propres fragilités.
Ce roman est, à mon sens, exceptionnel.

Ce livre est d'une force et d'une authenticité rare.
Par certains côtés, ce livre me fait penser à Montaigne, parce que l'auteur devient objet de sa propre étude et parce que j'y trouve la même sincérité que celle de Montaigne.
Pour s'en sortir et ne pas rester seul, pour retrouver peu à peu le monde de ceux du dehors, il a besoin d'analyser le nouveau rapport qu'il va avoir avec les autres, il ne peut que passer par l'introspection et une analyse vraie et sincère de ce que les événements ont fait de lui. Il n'a pas d'autre choix pour cela que de se mettre à nu,
et la capacité même qu'a Philippe Lançon de se mettre à nu est saisissante. Après de tels événements, on ne peut plus mentir ou se mentir. Pour supporter son état, Philippe Lançon décide de devenir le chroniqueur de son cas de patient. Sa démarche n'est pas tant introspection qu'observation minutieuse d'un patient par un narrateur.
La structure du récit, globalement chronologique, mais avec des retours en arrière et des projections dans le futur, impose au lecteur la lenteur qui s'impose à lui, patient, dans son parcours de soin. le récit n'est jamais déprimant, alors que la douleur et la peur sont toujours bien présentes : il s'agit essentiellement de se reconstruire, au sens littéral comme au figuré.
Un livre inclassable et incontournable !

Un témoignage d'une rare force qui évite les nombreux écueils qui se dressaient sur sa route. Difficile de raconter l'horreur quand on est un des rares survivants de la tuerie de Charlie Hebdo. Lançon y parvient magistralement avec une justesse de ton, une distanciation et un humour qui forcent l'admiration et qui bouleversent. Mais le livre est plus que le récit de la reconstruction d'un homme, Lançon revient aussi sur les éléments qui ont fait de lui l'homme qu'il était au moment de l'attentat et celui qu'il sera après. Magistral.

Blessé et défiguré lors de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, il y a exactement 4 ans, Ph. Lançon raconte sa longue reconstruction, comment il a affronté la mort et s'est battu pour rester du coté de la vie, comment il a dû réapprendre à parler, manger et à vivre tout simplement. D'une belle écriture, parfois âpre, parfois drôle mais toujours lucide, Ph. Lançon se livre avec sincérité et courage pour témoigner de l'impensable et on assiste, fébrile à cette renaissance.
Prix Femina, prix Renaudot, mais au-delà des prix et du succès un témoignage magnifique que je recommande +++

J'ai découvert Philippe Lançon en lisant son livre "le lambeau" livre de l'on m'a offert. Quel livre et quel auteur !....ce n'est pas un livre facile, l'émotion est toujours présente au fil des pages. Après nous avoir donné des détails de cet horrible attentat, l'auteur nous prévient qu'il ne sera pas une victime en colère après ses agresseurs,
pour ne pas plaisir à ces assassins ; il relate cet événement comme un reporter de guerre le ferait. Ensuite il nous décrit avec beaucoup de détails cette traversé du désert qu'est sa reconstruction physique et humaine . ce n'est pas larmoyant mais on comprend à chaque page ce qu'est une "gueule cassée" et comment la résilience aide à se relever d'un drame horrible.
L'écriture de Ph.lançon est magnifique et son analyse très pertinente et efficace. et puis il y a toutes ces références musicales et littéraires. Marcel Proust et Kafka sont de ses compagnons d'hôpital même si ce n'est pas la littérature la plus gaie !.....sa relation avec les soignants et avec les autres malades est aussi passée au microscope pour être plus grand plaisir . ce livre pourrait s'arrêter sur un message d'espoir mais l'histoire en a décidé autrement , ce qui fait dire à sa Chirurgienne " je suis heureuse de vous savoir loin, ne rentrez pas trop vite" et malheureusement quatre années plus tard le problème reste entier.

Le Lambeau de Philippe Lançon a toutes les qualités littéraires que l'on attend d'un livre. C'est aussi un témoignage d'une rare intensité et d'un humanisme absolu.
Malgré l'atrocité de l'attentat de Charlie Hebdo, malgré les profondes blessures reçues, Philippe Lançon parvient à être tout à la fois précis sur la soudaineté d'un évènement d'une violence telle qu'il en devient incongru - l'irruption dans la vie quotidienne d'un acte de guerre, accompli avec des armes de guerre qui donnent des blessures de guerre – et humain, profondément humain dans son récit malgré le calvaire que devient sa vie.
Il reste attentif aux autres, pense à ses compagnons blessés ou tués.
Philippe Lançon nous prend par la main, ne nous épargne rien et pourtant, il n'est pas une page, pas une ligne, pas un mot qui porte la haine ou l'amertume. Il n'a pas le temps pour cela, Philippe Lançon, il lui faut se reconstruire sur les décombres de lui-même. Parfois, il est submergé. Il a mal, il a peur, il doute, il fatigue. Alors il se préserve pour garder ses forces vives. Cette « résilience » il la partage avec nous. le Lambeau est un livre qui porte en lui tout à la fois la douleur de l'épreuve et la force salvatrice.
J'ai lu ce livre presque sans pause. En ces temps funestes, il est urgent de le lire ou le relire, de s'imprégner de cette force pour garder l'esprit clair, la capacité de discernement et un projet d'avenir pour les générations suivantes.

le 7 janvier 2015, Philippe Lançon participe à la conférence de rédaction dans les locaux de Charlie Hebdo. Les frères K. font irruption et tire sur les personnes présentes, Wolinski, Cabu, Charb ainsi que huit autres personnes sont tués. Philippe Lançon est grièvement blessé aux mains et au visage. A partir de cette cette effroyable atteinte à son intégrité, l'auteur nous raconte les trois années qui ont suivi.
le récit n'est pas réellement chronologique, il fait des détours, des circonvolutions, pour dire la vie, les souvenirs, l'histoire, les gens, les lieux, la musique, le théâtre, l'art en général. Philippe Lançon se raconte, par petites touches il dit son monde, l'avant et l'après avec humilité et humanité.
le récit est un sincère remerciement adressé à tous ceux qui l'ont aidé : les soignants en particulier mais aussi tous les autres : les amis, la famille, les célèbres, les anonymes, les policiers....
le récit est un témoignage irremplaçable sur le rôle de patient : l'auteur parvient à exprimer tous les aspects de cette expérience. Il dit l'ensemble des peurs dans leurs aspects physique et psychique, il décrit la crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir répondre à l'investissement de l'extérieur.
Ce récit souvent bouleversant mais jamais pleurnichard où haineux m'a plongé au coeur d'angoisses profondes autour de la souffrance, de la maladie, de la dépendance et de l'acceptation du réel.
Comment affronter l'horreur ?
Comment continuer ?
Où puiser la force pour rester humain ?
Livre fort et violent d'où paradoxalement émerge une infinie humanité.:alors que notre monde se révèle plus désespérant que jamais n'est ce pas la voie, l'ultime rempart contre la barbarie?

Un livre fort qui ne peut laisser le lecteur indifférent tant l'écriture est dense et la relation des faits rigoureuse. L'attentat de Charlie Hebdo ne constitue que quelques pages du propos. L'essentiel se passe à La Salpêtrière et à l'hôpital des Invalides où il se recrée physiquement et mentalement après avoir été défiguré par une balle lui ayant ôté la bouche. Il décrit inlassablement et chronologiquement tous les personnages des soignants , infirmières, kinés, médecins et chirurgiens avec lesquels il noue une véritable amitié et dont les visages et les attitudes alimentent son imagination à la manière d'un Thomas Mann dans "la Montagne Magique" un de ses livres de chevet. On est d'ailleurs frappé par l'importance des livres de la littérature classique et de l'art en général qui lui donnent la force de l'espoir même si toujours et encore il reste obsédé par "les jambes noires" des assaillants et la cervelle de Bernard gisant à côté de lui dans la salle de rédaction de Charlie hebdo.
Les personnages de sa nouvelle vie ,Chloé, la chirurgienne, Gabriella, son amie américaine se confondent avec les personnages des romans de la littérature française et sud-américaine dont il est féru. Sa vie semble un rêve éveillé dont il sortira difficilement pour retourner dans la vraie vie.

Philippe Lançon nous donne presque trois ans après, son témoignage sur l'attentat. Il nous parle de sa vie d'avant mais surtout de sa vie après. Un basculement terrible. Si on a tous été Charlie, un jour, en lisant le lambeau, on est tous Philippe Lançon. Même si c'est impossible de se mettre à sa place. On revit avec lui l'horreur de l'attentat. Et aussi de toutes les conséquences de ce drame sur la vie de cet homme. 9 mois d'hospitalisation et un nombre incalculable d'opérations pour tenter de lui redonner une figure humaine. Une reconstitution physique mais aussi psychologique... Une grande leçon de vie.